SECTION VII

VIE, FORCE OU GRAVITATION

 

Les fluides impondérables ont fait leur temps ; on parle moins de "Forces mécaniques" ; la Science a revêtu un nouvel aspect durant ce dernier quart de siècle, mais la gravitation demeure vivante grâce à de nouvelles combinaisons, après avoir été presque tuée par les anciennes. Elle peut très bien répondre à des hypothèses scientifiques, mais toute la question est de savoir si elle répond aussi bien à la vérité et si elle représente un fait de la nature. L'attraction ne suffit pas à elle seule pour expliquer les mouvements planétaires ; comment pourrait-elle donc prétendre à expliquer le mouvement rotatoire dans l'infini de l'Espace ? L'attraction seule ne suffira jamais à combler tous les vides, à moins que l'on n'admette une impulsion spéciale pour chaque corps sidéral et que l'on ne montre que le mouvement de rotation de chaque planète avec ses satellites est dû à une cause qui se combinerait avec l'attraction. Même dans ce cas, dit un Astronome 528, la Science serait tenue de nommer cette cause.

L'Occultisme l'a nommée depuis des siècles, ainsi que l'ont fait tous les anciens Philosophes, mais toutes ces croyances sont aujourd'hui considérées comme des superstitions démodées. Le Dieu "extra-cosmique" a tué toute possibilité de croire à des Forces intra-cosmiques intelligentes, et pourtant qu'est celui, ou ce, qui, à l'origine, donne la poussée à ce mouvement ? Francœur dit 529 :

Lorsque nous aurons appris à connaître la cause, unique et spéciale, qui met en mouvement, nous serons en mesure de la combiner avec celle qui attire.

528 Philosophie naturelle, art. 142.

529 Astronomie, p. 342.

 

Et, plus loin :

 L'attraction qui se manifeste entre les corps célestes n'est que la répulsion ; c'est le soleil qui les entraîne sans cesse en avant, car autrement leur mouvement prendrait fin.

Si cette théorie de la Force Solaire, constituant la cause primordiale de toute vie sur terre et de tout mouvement dans le ciel, est jamais acceptée et si l'autre théorie, bien plus audacieuse, d'Herschel, au sujet de certains organismes dans le Soleil, est acceptée, ne fût-ce qu'à titre d'hypothèse provisoire, [II 283] nos enseignements seront alors justifiés et il sera prouvé que l'allégorie Esotérique a probablement devancé la Science moderne de millions d'années, car tels sont les antiques enseignements. Mârtânda, le Soleil, surveille et menace ses sept frères, les planètes, sans abandonner la position centrale dans laquelle sa Mère, Aditi, l'a relégué. Le Commentaire 530  dit :

Il les poursuit, tournant lentement sur lui-même... suivant de loin la direction dans laquelle se meuvent ses frères, sur la voie qui entoure leurs maisons – c'est-à-dire l'orbite.

Ce sont les fluides Solaires ou Emanations qui donnent tout mouvement et éveillent tout à la vie dans le Système Solaire. C'est l'attraction et la répulsion, non pas comme le comprend la Physique moderne ou selon la loi de gravitation, mais d'accord avec les lois du mouvement Manvantarique conçues depuis le Sandhyâ primordial, l'Aube de la réédification et de la re-formation supérieure du Système. Ces lois sont immuables, mais le mouvement de tous les corps – mouvement qui est varié et change avec chaque Kalpa mineur – est réglé par les Moteurs, les Intelligences dans l'Ame Cosmique. Avons-nous tellement tort  de croire tout cela ? Eh bien, voici un grand Savant moderne qui, en parlant de l'électricité vitale, emploie un langage bien plus apparenté  à l'occultisme qu'à la pensée Matérialiste moderne. Nous renvoyons le lecteur sceptique à un article sur "La Source de la Chaleur dans le Soleil", écrit par Robert Hunt 531 qui, parlant de l'enveloppe lumineuse du Soleil et son "aspect laiteux particulier", dit :

 530 Commentaire de la STANCE IV, Vol. I.

531 Popular Science Review, vol. IV, p. 148.

 

Arago a proposé d'appeler cette enveloppe la Photosphère, nom qui est maintenant adopté d'une façon générale. Son devancier, Herschell, avait comparé la surface de cette photosphère à de la nacre... Elle ressemble à l'océan par une calme journée d'été, lorsque sa surface est légèrement ridée par une douce brise... M. Nasmyth a découvert un état plus remarquable qu'aucun de ceux que l'on avait soupçonnés auparavant... des objets affectant une forme lenticulaire curieuse... comme des "feuilles de saule"... différant de taille... groupés sans ordre aucun... se croisant les uns les autres dans toutes les directions... avec un mouvement irrégulier qui règne parmi eux... On les voit se rapprocher et s'écarter les uns des autres et assumer parfois de nouvelles positions angulaires, de sorte que leur aspect... a été comparé à un épais banc de poissons, que rappelle réellement leur forme... La dimension de ces objets donne une haute idée de la gigantesque échelle suivant laquelle les opérations physiques (?) sont conduites dans le soleil. [II 284] Ils ne peuvent avoir moins de 1.000 milles de long et de deux à trois cents mille de large. La supposition la plus probable qui ait été faite au sujet de ces objets en forme de feuilles ou de lentilles, c'est que la photosphère 532  est un immense océan de matière gazeuse [quelle sorte de "matière" ?]... dans un état d'incandescence [apparent] et que ces objets sont la projection en perspective des langues de flamme.

Les "flammes" Solaires vues au moyen de télescopes sont des réflexions, dit l'Occultisme, mais le lecteur a déjà vu ce que les Occultistes ont à dire à ce sujet.

Quoi qu'elles [ces langues de flammes] puissent être, il est évident qu'elles sont la source immédiate de  la chaleur et de la lumière solaire. Nous avons là une enveloppe  extérieure  de  matière  photogénique 533 qui oscille comme un pendule avec une énergie puissante et produit, en communiquant son mouvement au milieu éthéré qui remplit l'espace inter-stellaire, la chaleur et la lumière dans des mondes très éloignés. Nous avons dit que ces formes ont été comparées à certains organismes et Herschel dit : "Il serait trop audacieux de parler de tels organismes  comme  participant  à  la   vie   [pourquoi pas ?] 534, et pourtant nous ne savons pas si l'action vitale est susceptibles de développer chaleur, lumière, électricité"... Cette belle pensée renfermerait-elle une vérité ? Les pulsations de la matière vitale dans le soleil central de notre système, seraient-elles la source de toute cette vie qui couvre la terre et s'étend sans doute aux autres planètes et dont le soleil est le puissant ministre ?

L'Occultisme répond affirmativement à ces questions et la Science reconnaîtra un jour qu'il en est ainsi.

532 Ainsi que la masse centrale, comme on le verra, ou, plutôt, ainsi que le centre de la réflexion.

533 Cette "matière" ressemble exactement à la réflexion dans un miroir de la flamme que produit une mèche de lampe "photogénique".

 

M. Hunt écrit encore :

Si nous considérons la Vie – la Force Vitale – comme une puissance infiniment supérieure à la lumière, la chaleur ou l'électricité et qui serait vraiment capable d'exercer un pouvoir de contrôle sur elles toutes [ceci est absolument Occulte]... nous serons  certainement disposés à examiner avec satisfaction la théorie d'après laquelle la photosphère serait le siège primordial de la puissance vitale et à considérer avec un poétique plaisir l'hypothèse qui attribue l'énergie solaire à la Vie535.

Nous avons donc une importante corroboration scientifique [II 285]

pour l'un de nos dogmes fondamentaux – à savoir que :

  1. le Soleil est le réservoir de la Force Vitale, qui est Noumène de l'Electricité et que
  2. c'est de ses profondeurs mystérieuses et à jamais insondables que jaillissent ces courants vitaux qui vibrent à travers l'Espace, comme ils vibrent à travers l'organisme de tout ce qui vit sur Terre. Voyez, en effet, ce que dit un autre médecin éminent, qui donne à notre fluide vital le nom "d'Ether Nerveux". Changez quelque phrases dans l'article dont nous donnons ci-dessous des extraits et vous aurez un autre traité quasi Occulte sur la Force Vitale. C'est encore le docteur B. W. Richardson qui donne son opinion, comme suit, sur "l'Ether Nerveux", ainsi qu'il l'a donnée sur "la Force Solaire" et sur "la Force Terrestre" :

L'idée que la théorie cherche à faire naître, c'est qu'entre les molécules de matière, solide ou fluide, dont sont composés les organismes nerveux et, à vrai dire, toutes les parties d'un corps il existe un milieu subtil affiné, vaporeux ou gazeux, qui maintient les molécules dans un état leur permettant de se mouvoir les unes sur les autres et favorisant la constitution et la reconstitution de la forme ; un milieu à travers lequel et grâce auquel un organe ou une partie du corps mis en union avec les autres parties ; à travers lequel et grâce auquel le monde vivant extérieur communique avec l'homme vivant ; un milieu qui, par sa présence, permet la démonstration des phénomènes de la vie et qui, s'il était universellement absent, laisserait le corps réellement mort.

534 Voyez Five Years of Theosophy, p. 258, pour avoir une réponse à cette théorie d'Herschell.

535 Five Years of Theosophy, p. 156.

 

L'auteur aurait pu ajouter – et le Système Solaire tout entier entrerait en Pralaya – mais continuons à lire :

J'emploie le mot éther dans son sens général, comme voulant dire de la matière très légère, vaporeuse ou gazeuse ; bref, je m'en sers comme s'en servent les astronomes lorsqu'ils parlent de l'Ether de l'Espace en voulant exprimer l'idée d'un milieu subtil mais matériel... Lorsque je parle d'un éther nerveux, je n'entends pas exprimer l'idée que l'éther n'existe que dans les tissus nerveux ; je crois véritablement que c'est une partie spéciale de l'organisme nerveux, mais, comme les nerfs traversent toutes les structures susceptibles de mouvement et de sensibilité, il en résulte que l'éther nerveux les traverse également et comme l'éther nerveux est, suivant mon opinion, un produit direct du sang, nous pouvons le considérer comme formant une partie de l'atmosphère du sang... Les preuves qui militent  en faveur de l'existence d'un milieu élastique, imprégnant la matière nerveuse et susceptible d'être influencé par la simple pression, sont tout à fait convaincantes... Dans les tissus nerveux, il existe, indubitablement, un véritable fluide nerveux,  comme  l'ont  enseigné  nos prédécesseurs 536. L'exacte [II 286]  composition chimique (?) 537 de ce fluide n'est  pas  encore  bien connue ; ses caractères physiques ont été peu étudiés. Nous ignorons si son mouvement affecte la forme des courants, s'il circule, s'il est constitué dans les centres d'où il passe dans les nerfs ou s'il est formé en n'importe quel endroit où le sang entre dans les nerfs. Il s'ensuit que nous ne connaissons pas l'exact emploi de ce fluide. Il me vient toutefois à l'esprit que le véritable fluide de matière nerveuse ne suffit pas à lui seul pour agir en qualité de milieu subtil mettant en rapports l'univers extérieur et l'univers intérieur de l'homme et de l'animal. Je pense – et c'est la modification que je propose d'introduire dans l'ancienne théorie – qu'un autre état de matière doit exister durant la vie ; état de matière existant à l'état de vapeur ou de gaz, envahissant tout le système nerveux, entourant comme une  enveloppe atmosphérique 538 chaque molécule des structures nerveuses et servant de milieu à tout mouvement communiqué aux centres nerveux ou en provenant... Lorsque l'esprit s'est bien habitué à l'idée que durant la vie il existe dans le corps animal un genre de matière subtilement diffusé, une vapeur qui en remplit toutes les parties – et qui est même accumulée en certains endroits, une matière sans cesse renouvelée par la chimie vitale, une matière dont on se débarrasse aussi facilement que du souffle de la respiration après qu'il a rempli son but – alors un nouveau flot de lumière envahit l'intelligence 539.

536 Paracelse, entre autres, qui l'appelait Liquor vitæ et Archæus.

537 La composition Alchimique, plutôt.

538 "Cette force vitale... s'irradie autour de l'homme sous forme d'une sphère lumineuse", dit Paracelse dans Paragranum.

539 Popular Science Review, vol. X, pp. 380-3.

540 De Generatiorie Hominis.

541 De Viribus Membrorum. Voyez Life of Paracelsus, par le Dr Frantz Hartmann. M.S.T.

 

La sagesse de l'Occultisme antique et médiéval, ainsi que celle de ses adeptes, est certainement éclairée par un nouveau flot de lumière, car Paracelse a écrit la même chose il y a plus de trois cents ans, durant le seizième siècle. Il s'exprime ainsi :

Le microcosme tout entier est potentiellement contenu dans la Liquor Vitæ, fluide nerveux... qui enferme la nature, la qualité, le caractère et l'essence des êtres 540.

L'Archæus est une essence qui est répartie d'une façon égale dans toutes les parties du corps humain... Le Spiritus Vitæ tire son origine du Spiritus Mundi. Comme c'est une émanation de ce dernier, il contient les éléments de toutes les influences cosmiques et constitue par suite la cause grâce à laquelle l'action des étoiles [les forces cosmiques] sur le corps invisible de l'homme [son Linga Sharira vital] peut être expliquée 541.

Si le docteur Richardson avait étudié toutes les œuvres [II 287] secrètes de Paracelse, il n'aurait pas été obligé de dire aussi souvent, "nous ne savons pas", "il n'est pas à notre connaissance", etc. Il n'aurait pas non plus écrit la phrase suivante, par laquelle il rétracte les meilleures parties de ses redécouvertes indépendantes.

On peut prétendre que ce nouveau courant d'opinion ne comprend rien de plus que la théorie de l'existence de l'éther... supposé répandu dans l'espace... On peut dire que cet éther universel imprègne tout l'organisme du corps animal, comme venant du dehors et comme faisant partie de tous les organismes. Cette manière de  voir serait le Panthéisme découvert physiquement, si elle était vraie [!!] Elle ne peut être vraie parce qu'elle détruirait l'individualité de chaque sens individuel 542.

Nous ne voyons pas en quoi et nous savons qu'il n'en est pas ainsi. Le Panthéisme peut être "redécouvert physiquement". Il était connu, vu et pressenti par toute l'antiquité. Le panthéisme se manifeste dans la vaste étendue des cieux étoilés, dans le souffle des mers et des océans et dans le frisson de vie qui anime le plus petit brin d'herbe. La Philosophie repousse l'idée d'un Dieu limité et imparfait dans l'univers, la divinité anthropomorphique du Monothéiste telle que la représentent ses adhérents. Elle repousse, en vertu de son nom de Philo-théosophie, l'idée grotesque que la Divinité Infinie, Absolue, ait ou, plutôt, puisse avoir un rapport quelconque, direct ou indirect, avec les évolutions limitées et illusoires de la Matière et, par suite, elle ne saurait se faire une idée d'un univers en dehors de cette Divinité, ou concevoir l'absence de celle-ci dans le plus mince fragment de substance, animée et inanimée. [Cela ne veut pas dire que chaque buisson, chaque arbre ou chaque pierre soit Dieu ou un Dieu, mais simplement que chaque fragment de la matière manifestée  du Cosmos appartient à la Substance de "Dieu" et est cette substance, quelque bas qu'il ait pu tomber au cours de son évolution cyclique à travers les Eternités du Toujours-Devenir et aussi que chacun de ces fragments, pris individuellement, et le Cosmos, pris collectivement, est un aspect qui rappelle cette Ame Unique universelle – que la Philosophie refuse d'appeler Dieu, en limitant ainsi cette racine et cette essence éternelles et toujours présentes.]

Celui qui est familiarisé avec la réelle nature de cet "Ether Nerveux" sous son nom sanscrit, ou plutôt sous son nom Esotérique et Cabalistique, ne saurait comprendre pourquoi l'Ether de l'Espace ou "Ether Nerveux" "détruirait l'individualité" de chacun des sens. Le docteur Richardson reconnaît que : [II 288]

Si nous ne produisions pas individuellement le milieu de communication entre nous et le monde extérieur, s'il était produit extérieurement et adapté à un seul genre de vibrations, il aurait fallu moins de sens que nous n'en possédons. Prenons, en effet, deux exemples seulement – l'éther de lumière n'est pas adapté au son et pourtant nous entendons aussi bien que nous voyons ; l'air qui sert de milieu au mouvement du son, ne sert pas de milieu à la lumière et pourtant nous voyons et entendons.

542 p. 384.

 

Il n'en est pas ainsi. L'opinion qu'il émet que le Panthéisme "ne peut être vrai, parce qu'il détruirait l'individualité de chaque sens individuel", prouve que toutes les conclusions du savant docteur sont basées sur les théories physiques modernes, si désireux qu'il soit de les réformer, mais il constatera qu'il est impossible de le faire à moins d'admettre l'existence de sens spirituels pour combler le vide causé par la graduelle atrophie des sens physiques. "Nous voyons et entendons" (d'après le docteur Richardson, bien entendu), conformément à l'explication des phénomènes de la vue et de l'ouïe qui est fournie par cette science Matérialiste qui prétend que nous ne pouvons voir et entendre autrement. Les Occultistes et les Mystiques en savent davantage. Les Aryens Védiques étaient aussi familiarisés que nos Physiologistes avec les mystères du son et de la couleur sur le plan physique, mais ils avaient aussi déchiffré leurs secrets sur des plans qui sont inaccessibles aux Matérialistes. Ils avaient connaissance d'une double série de sens : spirituels et matériels. Chez l'homme qui est privé d'un ou plusieurs sens, ceux dont il conserve l'usage se développent davantage ; par exemple, l'aveugle retrouvera la vue au moyen du toucher, de l'ouïe, etc. ; et le sourd parviendra à entendre au moyen de la vue, en voyant intelligiblement les mots articulés sur les lèvres et la bouche de son interlocuteur. Ce sont là, toutefois, des cas qui relèvent encore du monde de la matière. Les sens spirituels, ceux qui agissent sur un plan de conscience plus élevé, sont niés a priori par la Physiologie, parce que celle-ci ignore la Science Sacrée. Elle limite l'action de l'Ether à des vibrations et le séparant de l'air – bien que l'air ne soit que de l'Ether différencié et composé – lui fait remplir des fonctions cadrant avec les théories spéciales du Physiologiste. Il y a pourtant dans les enseignements des Oupanishads plus de Science réelle, lorsqu'on les comprend bien, que ne sont disposés à l'admettre les orientalistes qui ne les comprennent pas du tout. Les corrélations mentales, aussi bien que physiques, des sept sens – sept sur le plan physique et sept sur le plan mental – sont clairement expliquées et décrites dans les Védas et, particulièrement, dans l'Anougîtâ :

L'indestructible et le destructible, telle est la double manifestation [II 289] du Soi. De ces deux, c'est l'indestructible qui existe [la véritable essence ou nature du Soi, les principes sous-jacents], la manifestation sous forme d'un individu (entité) est appelée le destructible 543.

Ainsi parle l'Ascète dans l'Anougîtâ, et il ajoute :

[Chacun de ceux qui sont deux fois nés (initiés) sait que tel est l'enseignement des anciens...] L'Espace est la première entité... Or l'Espace [l'Akâsha ou le Noumène de l'Ether] possède une qualité... et l'on assure que  c'est le son, seul... [et les] qualités du son [sont] Shadja, Rishabha, ainsi que Gândhâra, Madhyama, Panchama et au-delà de celles-ci [il faudrait se rendre compte que sont] Nishâda et Dhaivata [la gamme indienne] 544.

Les sept notes de la gamme sont les principes du son. Les qualités de tout Elément, comme de tout sens, sont au nombre de sept et le fait de les juger ou de dogmatiser à leur sujet en prenant pour base leur manifestation sur le plan matériel et objectif – manifestation qui est aussi septuple en elle-même – est tout à fait arbitraire. Ce n'est, en effet, que grâce à l'émancipation du SOI du joug de ces sept causes d'illusion, que nous pouvons acquérir la connaissance (la Sagesse Secrète) des qualités des objets, des sens sur leur double plan de manifestation, le visible et l'invisible. Ainsi, l'on dit :

Ecoutez-moi... exposer ce merveilleux mystère... Ecoutez aussi l'assignation complète des causes. Le  nez, la langue, l'œil, la peau, et l'oreille comme le cinquième [organe des sens] le mental et l'entendement 545, ces sept [sens] devraient être reconnus comme étant les causes (de la connaissance) des qualités. L'odorat, le goût, la couleur, le son et le toucher, comme le cinquième, l'objet de [II 290] l'opération mentale et l'objet de l'entendement [le sens spirituel le plus élevé ou perception], ces sept sont causes de l'action. Celui qui sent, qui mange, qui voit, qui parle et qui entend en cinquième lieu, qui pense et qui comprend, doit se rendre compte que ces sept sont les causes des agents. Ceux-ci [les agents] possédant des qualités (sattva, rajas, tamas), jouissent de leurs propres qualités, agréables et désagréables 546.

543 Traduction de Télang, The Sacred Books of the East, Vol. VIII, ch. XIII, p. 292.

544 Ibid., ch. XXXV, p. 384-385.

 545 La division en cinq sens physiques nous vient de la plus haute antiquité ; mais, tout en adoptant ce nombre, aucun Philosophe moderne ne s'est demandé comment ces sens pouvaient exister, c'est- à-dire être reconnus et employés consciemment, à moins que n'existât le sixième sens, la perception mentale, pour les enregistrer et les noter, puis – ceci pour les Métaphysiciens et les Occultistes – le Septième pour en conserver le bénéfice spirituel et le souvenir, comme dans un Livre de la Vie qui appartient à Karma. Les Anciens ne divisaient les sens en cinq que parce que leurs instructeurs, les Initiés, s'arrêtaient à l'ouïe comme étant le sens qui ne se développa sur le plan physique, ou plutôt qui ne fut rapetissé et limité à ce plan, qu'au commencement de la Cinquième Race. La Quatrième Race avait déjà commencé à perdre la condition spirituelle si extraordinairement développée dans la troisième race.

546 Ibid., ch. X, pp. 277, 278.

 

[Les commentateurs modernes, incapables de comprendre la signification subtile du langage des antiques Scoliastes, interprètent la phrase "les causes des agents", comme voulant dire "que la faculté de sentir, etc., lorsqu'elle est attribuée au SOI, le fait apparaître comme un agent, un principe actif" (!) ce qui est tout à fait fantaisiste. On considère ces "sept" comme les causes des agents, parce que "les objets sont des causes, puisque leur jouissance cause une impression". Au sens ésotérique, cela veut dire que ces sept sens sont causés par les agents, qui sont les "divinités" ; autrement, que signifierait, ou que pourrait bien signifier, la phrase suivante ? "Ainsi, dit-on, ces sept [sens] sont les causes de l'émancipation" – c'est-à-dire lorsque ces causes sont rendues ineffectives. Et encore cette phrase, "chez les instruits [les sages initiés] qui comprennent toutes choses, les qualités qui sont dans la position (ou plutôt dans la nature) des divinités, chacune a sa place", etc., signifie simplement que les instruits comprennent la nature des noumènes des divers phénomènes et, dans ce cas, qu'on entend par "qualités" les qualités des Dieux ou des Intelligences Supérieures, Planétaires ou Elémentaires, qui gouvernent les éléments et leurs produits et pas du tout les "sens", comme se l'imagine le commentateur moderne. En effet, les gens instruits ne supposent pas que leur sens aient quoi que ce soit à faire avec eux, pas plus qu'avec leur SOI.]

 dit :

Puis nous lisons dans la Bhagavad Gîtâde Krishna que la Divinité

Quelques-uns seulement me connaissent véritablement. La terre, l'eau, le feu, l'air, l'espace (ou l'Akâsha, l'Æther), le mental, l'entendement et l'égoïsme [ou la perception de tous les précédents sur le plan illusoire]... tout cela constitue une forme inférieure de ma nature. Sache (qu'il existe) une autre (forme de ma) nature, plus haute que celle-ci, qui est animée, ô toi qui as des armes puissantes, et par laquelle l'univers est soutenu... Tout cela est tissé sur moi, comme un certain nombre  de perles sur un fil 547. Je suis le goût dans l'eau, ô Fils de Kunti ! Je suis la lumière du soleil et de la lune. Je suis... le son ("c'est-à-dire l'essence occulte qui est au [II 291] fond de toutes ces qualités et de toutes les autres qualités des différentes choses mentionnées" – traduct.) dans l'espace... le parfum odorant dans la terre, l'éclat dans le feu... etc. 548.

En vérité, on devrait donc étudier la Philosophie Occulte avant de se mettre à chercher et à vérifier les mystères de la Nature, sur sa seule surface, attendu que seul "celui qui connaît la vérité au sujet des qualités de la Nature, celui qui comprend la création de toutes les entités... est émancipé" de l'erreur. L'Instructeur dit :

Lorsque l'on comprend exactement le grand (arbre) – dont le non-perçu [la Nature Occulte, racine de tout] et la jeune pousse sortant de la semence [Parabrahman] qui consiste en l'entendement [Mahat, ou Ame Universelle Intelligente] – comme un tronc dont les branches sont le grand égoïsme 549, dans les trous duquel se trouvent les germes, c'est-à-dire les sens dont les grands éléments [occultes ou invisibles], sont les touffes de fleurs 550, dont les éléments grossiers [la matière objective grossière, forment les petits rameaux, qui sont constamment couverts de feuilles et de fleurs... qui est éternel et dont la semence est le Brahman [la Divinité] et lorsqu'on le coupe  avec  cet  excellent  glaive  –  la  connaissance [la Sagesse Secrète] – on atteint l'immortalité et on rejette la naissance et la mort 551.

547 Moundakopanishad, p. 298.

548 Bhagavad Gîtâ, Septième Dialogue, Vers. 8, p. 80, de la trad. Ramensky. Paris. 1925.

549 Ahamkâra, je pense, ce sentiment d'être un "Ego" ou un "Aham" qui mène à toutes les erreurs.

550 Les Eléments sont les cinq Tanmâtras de la terre, de l'eau, du feu, de l'air et de l'éther, les producteurs des éléments plus grossiers.

 

C'est l'Arbre de la Vie, l'Ashvattha, seulement APRES l'avoir coupé, que l'HOMME, l'esclave de la vie et de la mort, peut être émancipé.

Pourtant les hommes de Science ne savent rien et ne veulent pas entendre parler du "Glaive de la Connaissance" employé par les Adeptes et les Ascètes. De là les remarques de parti pris que font même les plus libéraux d'entre eux et qui ont pour base et pour source l'importance injustifiée qui est donnée aux divisions arbitraires et à la classification  de la Science Physique. L'Occultisme leur accorde très peu d'attention et la Nature leur en accorde encore moins. Toute la série des phénomènes physiques provient du Primaire de l'Æther-Akâsha, comme l'Akâsha à la double nature provient de ce que l'on appelle le Chaos non différencié qui est lui-même l'aspect primaire de Moûlaprakriti, la Matière Racine et la première Idée abstraite que l'on puisse se faire de Parabrahman. La Science Moderne peut diviser son Ether hypothétique de toutes les manières qu'elle voudra, le réel [II 292] Æther de l'Espace n'en restera pas moins toujours tel qu'il est. Il a ses sept "principes" comme tout l'a dans la Nature et là où l'Æther n'existerait pas, il n'y aurait pas de son, car c'est l'Æther qui est la table de résonance de la nature dans toutes ses sept différenciations. C'est le premier mystère que les Initiés de jadis aient appris. Nos sens physiques normaux, actuels, au point de vue où nous nous plaçons aujourd'hui, étaient anormaux à cette époque d'évolution descendante, lente et progressive et de chute dans la Matière. Il fut aussi un temps où tout ce qui est considéré de nos jours comme exceptionnel, tout ce qui déroute tant les Physiologistes qui sont aujourd'hui forcés d'y croire – comme le transfert de la pensée, la clairvoyance, la clairaudience, etc., en un mot tout ce que l'on appelle maintenant "merveilleux et anormal" – il fut un temps, dis-je, où tout cela et bien d'autres choses encore relevaient des facultés et des sens communs à toute l'humanité. Toutefois, le cycle que nous traversons nous fait rétrograder et avancer en même temps, c'est-à-dire qu'après avoir perdu en spiritualité ce que nous avons acquis sous forme de développement physique, presque jusqu'à la fin de la Quatrième Race, nous (humanité) sommes maintenant en train de perdre, graduellement et d'une manière imperceptible, du côté physique, tout ce que nous regagnons de nouveau en Révolution spirituelle. Ce processus doit se continuer jusqu'à l'époque durant laquelle la Sixième Race-Racine se trouvera, au point de vue spirituel, sur le même niveau que celui qu'occupait la Seconde Race, humanité disparue depuis longtemps.

551 Anougîtâ, ch. XX ; ibid., 313.

 

Cela sera difficilement compris pour le moment. Il nous faut retourner à l'hypothèse, prometteuse mais quelque peu incorrecte, du docteur Richardson, à propos de "l'Ether Nerveux". Sous le nom "d'Espace", appellation trompeuse dont on s'est servi pour traduire le mot, l'Akâsha a été présenté dans l'antique système Hindou comme étant le "premier-né" de l'Unique et comme ne possédant qu'une qualité, le SON, qui est septénaire. Dans le langage Esotérique, cet unique est Dieu le "Père" et le Son est le synonyme du Logos, VERBE ou Fils. Consciemment ou inconsciemment, il doit être ce dernier et le docteur Richardson choisit, en prêchant une doctrine Occulte, la forme la plus basse de la nature septénaire de ce "SON" et il édifie là-dessus des théories, en ajoutant :

La théorie que j'offre, c'est que l'éther nerveux est un produit animal. Il peut, dans différentes classes d'animaux, varier quant à ses qualités physiques de façon à s'adapter aux besoins spéciaux de l'animal, mais il joue essentiellement le même rôle chez tous les animaux, et chez tous il est produit de la même façon. [II 293]

C'est là que se trouve le noyau de l'erreur conduisant à toutes les théories erronées qui en résultent. Cet "Ether Nerveux" est le principe le plus bas de l'Essence Primordiale qui est la Vie. C'estla Vitalité Animale diffusée dans toute la Nature et agissant suivant les conditions qu'elle trouve pour exercer son activité. Ce n'est pas un "produit animal", mais l'animal vivant, la fleur et la plante vivante, sont ses produits. Les tissus animaux se bornent à l'absorber, suivant leur état plus ou moins sain ou plus ou moins morbide – comme le font les matériaux et les structures physiques (dans leur état primordial, nota bene) – et, dès l'instant de la naissance de l'Entité, sont régularisés, renforcés et nourris par elle. Cette vitalité est plus amplement fournie à la végétation dans le Rayon Solaire de Soushoumna qui éclaire et nourrit la Lune, et c'est par l'entremise des rayons de celle-ci qu'il déverse sa lumière sur l'homme et l'animal et les pénètre, durant leur sommeil et leur repos, plutôt que lorsqu'ils sont en pleine activité. C'est pourquoi le docteur Richardson se trompe encore en disant :

 L'éther nerveux n'est, d'après l'idée que je m'en fais, ni actif par lui-même, ni un excitant du mouvement animal, dans le sens d'une force, mais il est essentiel parce qu'il fournit les conditions qui rendent le mouvement possible [c'est juste le contraire]... C'est le conducteur de toutes les vibrations de chaleur de lumière, de son, d'action électrique, de frottement mécanique 552. Il maintient partout la tension parfaite du système nerveux pendant les états de vie [vrai]. Il est dépensé par l'exercice [plutôt généré]... et lorsque la consommation que l'on fait dépasse la quantité fournie, sa déficience est marquée par la dépression ou l'épuisement nerveux 553. Il s'accumule durant le sommeil dans les centres nerveux et les amène, si je puis m'exprimer ainsi, à leur ton normal, ce qui a pour résultat de réveiller l'activité des muscles et de leur donner une vie renouvelée.

Précisément ; cela est tout à fait correct et compréhensible. C'est pourquoi :

Le corps, complètement renouvelé par lui, se montre capable de [II 294] mouvement, de plénitude de la forme, de vie. Privé de cet éther nerveux, le corps se montre inerte, prend l'aspect ratatiné de la mort et prouve qu'il a perdu quelque chose de physique qu'il renfermait lorsqu'il vivait.

La Science Moderne nie l'existence d'un "principe vital". Cet extrait prouve clairement la grande erreur qu'elle commet. Toutefois, ce "quelque chose de physique" que nous appelons le fluide vital – la Liquor Vitae ? de Paracelse – n'a pas abandonné le corps, comme le pense le docteur Richardson. Il est simplement passé de l'état actif à l'état passif et il est devenu latent, à cause de l'état trop morbide des tissus, sur lesquels il ne peut plus agir. Dès que la rigor mortis est absolue, la Liquor Vitae se réveille à l'activité et commence son œuvre chimiquement sur les atomes. Brahma-Vishnou, le Créateur et le Conservateur de la Vie, se sera alors transformé en Shiva, le Destructeur.

552 Conducteur, dans le sens d'Oupâdhi – base matérielle ou physique, mais en qualité de second principe de l'Ame universelle et de la Force Vitale dans la Nature, il est intelligemment guidé par leur cinquième principe.

553 Sa trop grande abondance dans le système nerveux conduit, aussi souvent, à la maladie et à la mort. Si c'était le système animal qui lui donnait naissance, les choses ne se passeraient certainement pas ainsi. Cette dernière circonstance prouve donc son indépendance vis-à-vis du système et les rapports qui l'unissent à la Force-Solaire, comme l'expliquent Metcalfe et Hunt.

 

En dernier lieu, le docteur Richardson écrit :

L'éther nerveux peut être empoisonné ; je veux dire qu'il peut renfermer en dissolution, en vertu d'une simple diffusion gazeuse, d'autres gaz ou vapeurs tirés  du dehors ; il peut tirer du dedans des produits fournis par des substances absorbées et ingérées ou des gaz provenant de la décomposition qui se produit dans le corps lui-même pendant la maladie 554.

L'érudit savant eût pu ajouter, suivant le même principe Occulte : Que "l'Ether Nerveux" d'une personne peut être empoisonné par "l'Ether Nerveux" d'une autre personne ou par ses émanations auriques. Voyons cependant ce que Paracelse a dit au sujet de cet "Ether Nerveux" :

L'Archæus possède une nature magnétique et attire ou repousse d'autres forces sympathiques ou antipathiques, appartenant au même plan. Moins une personne possède de force de résistance aux influences astrales, plus elle leur sera soumise. La force vitale n'est pas renfermée dans l'homme, mais elle s'irradie [en lui et] autour de lui, comme une sphère lumineuse [l'aura] et on peut la faire agir à distance... Elle peut empoisonner l'essence de la vie [le sang] et provoquer la maladie, ou bien elle peut la purifier après qu'elle a été rendue impure et rétablir la santé 555.

L'identité de "L'Archæus" et de "l'Ether Nerveux" est établie par le Savant Anglais qui dit que généralement sa tension peut être trop élevée ou trop basse et qu'il peut en être ainsi : 

Par suite de modifications locales dans la matière nerveuse dont [II 295] il se revêt... sous l'influence d'une violente excitation, il peut vibrer d'une façon orageuse et plonger tous les muscles qui dépendent du cerveau ou de la mœlle dans un mouvement incontrôlé d'inconscientes convulsions.

554 Pop. Sc. Rev., Vol. X, p. 387.

555 Paragranum ; Life of Paracelsus, par le docteur F. Hartmann.

 

On appelle cela l'excitation nerveuse, mais personne, sauf l'Occultiste, ne connaît la raison de ces perturbations nerveuses et n'est à même d'expliquer leur cause première. Le "principe Vital" peut tuer lorsqu'il est trop abondant, tout aussi bien que lorsqu'il fait défaut, mais ce "principe", sur le plan manifesté, c'est-à-dire sur notre plan, n'est que l'effet et le résultat de l'action intelligente de la "Légion" ou du Principe collectif, la VIE et la LUMIERE en manifestation. Ce principe est lui-même subordonné à la VIE UNIQUE Absolue, éternelle, et à jamais invisible d'où il émane, dans une descente et une remontée de degrés hiérarchiques, véritable échelle septénaire, ayant à son sommet le SON, le Logos et à sa base les Vidyâdharas 556, les Pitris inférieurs. [II 296] Les Occultistes, cela – on trouve des faits curieux. L'auteur de ce volume, faisant preuve de plus de prétention que d'érudition, a bourré indistinctement son ouvrage d'enseignements Bouddhiques anciens et modernes et a lamentablement confondu le Lamaïsme avec le Bouddhisme. A la page 404 de ce volume, qui a pour titre Buddhism in Christendom, or Jesus the Essene, notre pseudo-Orientaliste s'occupe à critiquer les "Sept Principes" des "Bouddhistes Esotériques" et cherche à les tourner en ridicule. A la page 405, page finale, il parle avec enthousiasme des Vidyâdharas, "les sept grandes légions d'hommes morts devenus sages". Or ces Vidyâdharas, que certains Orientalistes appellent des "demi-dieux", sont, en fait, au point de vue exotérique, une sorte de Siddhas, "remplis de dévotion" et, au point de vue ésotérique, ils sont identiques aux sept classes de Pitris, dont l'une dote l'homme, durant la Troisième Race, de la Conscience de Soi, en s'incarnant dans les coques humaines. "L'Hymne au Soleil" qui se trouve à la fin de cet étrange volume de mosaïque qui dote le Bouddhisme d'un Dieu personnel (!!!) est un coup fâcheux porté aux preuves mêmes que le malheureux auteur s'est donné tant de peine à rassembler.

Les Théosophes savent parfaitement que Rhys Davids a aussi émis son opinion au sujet de leurs croyances. Il a dit que les théories exposées par l'auteur du Bouddhisme Esotérique "n'étaient ni bouddhistes, ni ésotériques". Cette remarque est le résultat : a) d'une erreur regrettable commise en écrivant "Bouddhisme" au lieu de "Boudhaïsme" ou "Boudhisme" c'est-à-dire en rattachant le système à la religion de Gautama, au lieu de le rattacher à la Sagesse Secrète enseignée par Krishna, Shankarâchârya et bien d'autres, aussi bien que par Bouddha et b) de l'impossibilité où se trouve Rhys Davids de savoir quelque chose des vrais Enseignements  Esotériques. Néanmoins, comme c'est actuellement l'homme le plus versé en littérature Pâli et Bouddhiste, il faut écouter avec respect tout ce qu'il peut dire, mais lorsque quelqu'un qui ne connaît pas plus le Bouddhisme exotérique, au point de vue scientifique et matérialiste, qu'il ne connaît la Philosophie Esotérique, va sans dire, savent parfaitement que "l'erreur vitaliste", si bien tournée en dérision par Vogt et Huxley, n'en est pas moins soutenue dans des milieux scientifiques très élevés, ce qui fait qu'ils sont heureux de sentir qu'ils ne sont pas seuls de leur bord. Ainsi le professeur de Quatrefages écrit :

Il est parfaitement vrai que nous ne savons pas ce qu'est la vie, mais nous ne savons pas davantage quelle est la force qui met les étoiles en mouvement... Les êtres vivants sont pesants et, par suite, soumis à la pesanteur ; ils sont le siège de phénomènes physico-chimiques nombreux et variés, qui sont indispensables à leur existence et que l'on est obligé d'attribuer à l'action de l'éthéro-dynamie [électricité, chaleur, etc.], mais ces phénomènes se manifestent ici sous l'influence d'une autre force... La vie n'est pas en antagonisme avec les forces inanimées, mais elle gouverne et dirige leur action par ses lois 557.

 556 Dans un ouvrage récent sur le Symbolisme dans le Bouddhisme et le Christianisme – ou plutôt dans le Bouddhisme et le Catholicisme romain, car un grand nombre de rituels et de dogmes du Bouddhisme du Nord, dans sa forme populaire exotérique, sont identiques à ceux de l'Eglise Latine diffame par sa haine ceux que nous honorons et se donne vis-à-vis des Théosophes les allures d'un profond érudit, nous ne pouvons que sourire – ou lui rire franchement au nez.

557 The Human Species, pp. 10, 11.

 [II 297]