LES PLUS ANTIQUES TRADITIONS PERSES AU SUJET DU CONTINENT POLAIRE ET DES CONTINENTS SUBMERGES
Les traditions légendaires ne sauraient déformer les faits au point de les rendre méconnaissables. Entre les traditions de l'Egypte et de la Grèce d'une part et celles, d'autre part, de la Perse – pays toujours en guerre avec le précédent – il y a une trop grande similitude de chiffres et de nombres, pour que l'on puisse attribuer une pareille coïncidence au seul hasard. Cela a été bien établi par Bailly. Arrêtons-nous un moment pour étudier ces traditions, puisées à toutes les sources disponibles, afin de mieux comparer celles des Mages avec les prétendues "fables" grecques. [III 492]
Ces légendes sont maintenant passées dans les contes populaires, le folklore de la Perse, de même que bien des fictions réelles, se sont glissées dans notre histoire universelle. L'histoire du Roi Arthur et de ses Chevaliers de la Table-Ronde, a aussi toutes les apparences d'un conte de fées et pourtant elle est basée sur des faits et appartient à l'histoire d'Angleterre. Pourquoi le folklore de l'Iran ne ferait-il pas partie intégrante de l'histoire et des événements préhistoriques de l'Atlantide ? Voici ce qu'il dit :
Avant la création d'Adam, deux races ont vécu successivement sur la terre ; les Devs qui régnèrent 7.000 ans et les Péris (les Izeds) qui ne régnèrent que 2.000 ans et cela pendant que les premiers existaient encore. Les Devs étaient des géants, forts et méchants ; les Péris étaient plus petits de taille, mais plus sages et plus doux.
Nous reconnaissons là les Géants Atlantes et les Aryens, ou les Râkshasas du Râmâyana et les enfants de Bharatavarsha, ou Inde ; les Ante et les Post-diluviens de la Bible. Gyan (ou Gñan, Jñâna, Sagesse et Connaissance Véritable et Occulte), appelé aussi Gian-ben-Gian (ou Sagesse, fils de la Sagesse), était le roi des Péris 960. Il possédait un bouclier aussi célèbre que celui d'Achille, seulement, au lieu d'être employé à la guerre contre un ennemi, il servait à protéger contre la Magie Noire, contre la sorcellerie des Devs. Gian-ben-Gian régnait depuis 2.000 ans, lorsqu'Iblis, le Diable, fut autorisé par Dieu à mettre les Péris en déroute et à les éparpiller à l'autre bout du monde. Le bouclier magique lui-même, bien qu'il fût construit d'après les principes de l'Astrologie et détruisît les charmes, les enchantements et les mauvais sorts, ne put avoir raison d'Iblis qui était un agent du Destin ou de Karma 961. Ils comptent dix rois dans leur dernière capitale, appelée Kanoom, et identifient le dixième, Kaimourath, avec l'Adam hébreu. Ces rois correspondent aux dix générations antédiluviennes de rois telles que les donne Bérose.
Si déformées que soient actuellement ces légendes, on ne saurait guère s'empêcher de les identifier aux traditions [III 493] chaldéennes, égyptiennes, grecques et même hébraïques, car le mythe juif, bien qu'il dédaigne, dans son exclusivisme, de parler des nations Pré-Adamiques, n'en admet pas moins implicitement leur existence, en envoyant Caïn – un des deux seuls hommes existant sur la Terre – dans le territoire de Nod, où il se marie et fonde une ville 962.
960 Quelques personnes font dériver le mot de Paras qui se serait transformé en Pars, Pers, Perse, mais il peut aussi dériver de Pitaras ou Pitris, les progéniteurs hindous de la Cinquième Race – les Pères de la Sagesse ou les Fils "de la Volonté et du Yoga" – que l'on appelait les Pitaras, de même que les divins Pitris de la Première Race.
961 Consultez au sujet de ces traditions la Collection of Persian Legends, en Russe, en Géorgien, en Arménien et en Persan : les Légendes Persanes d'Herbelot, "Bibliothèque Orientale", pp. 298, 387, et les Mémoires de Danville. Nous condensons en un bref récit ce qui est disséminé dans des centaines de volumes, en langues européennes et asiatiques, ainsi que dans les traditions orales.
962 Genèse, IV, 16 seqq.
Or, si nous comparons les 9.000 années dont parlent les contes persans aux 9.000 années qui, suivant Platon, s'étaient écoulées depuis la submersion de la dernière partie de l'Atlantide, un fait très étrange nous saute aux yeux. Bailly a fait cette remarque, mais l'a déformée par son interprétation. La DOCTRINE SECRETE peut rendre aux chiffres leur véritable signification. Nous lisons dans le Critias :
On doit avant tout se souvenir que 9.000 ans se sont écoulés depuis la guerre des nations qui vivaient au-delà des colonnes d'Hercule et de celles qui peuplaient les territoires situés de ce côté-ci.
Platon dit la même chose dans Timée. Comme la DOCTRINE SECRETE déclare que la plupart des derniers insulaires atlantes périrent il y a 830.000 à 700.000 ans et que les Aryens avaient 200.000 ans d'existence lorsque la première "Ile", ou Continent, fut submergée, il ne semble guère possible de concilier entre eux ces différents chiffres, mais c'est pourtant possible. Platon, en sa qualité d'Initié, devait employer le langage voilé en usage dans le Sanctuaire, et les Mages de Chaldée et de Perse, aux révélations exotériques desquels nous sommes redevables de la conservation des légendes persanes et de leur transmission à la postérité, étaient soumis à la même obligation. Ainsi nous constatons que les Hébreux appelaient "sept jours" une semaine et parlaient d'une "semaine d'années" lorsque chacun de ses jours représentait 360 années solaires et que la "semaine" entière représentait, en fait, 2.520 ans. Ils avaient une semaine sabbatique, une année sabbatique, etc., et leur Sabbat durait indifféremment 24 heures ou 24.000 ans, dans les calculs secrets de leurs Sods. Nous autres, à l'époque actuelle, nous employons le mot "siècle" pour désigner une période. Ceux qui vivaient à l'époque de Platon, tout au moins les auteurs initiés, n'entendaient pas désigner par le mot millenium une période de 1.000 ans, mais bien de 100.000 ans ; quant aux Hindous, plus indépendants que tous, ils n'ont jamais caché leur chronologie. Aussi, au lieu de 9.000 ans, les Initiés liraient 900.000 ans, période durant laquelle – c'est-à-dire depuis la première [III 494] apparition de la Race Aryenne, au moment où les parties Pliocènes de l'ancienne grande Atlantide commencèrent à s'affaisser 963 et où d'autres continents commencèrent à émerger, jusqu'à la disparition finale de la petite île d'Atlantide de Platon – les races Aryennes ne cessèrent jamais de lutter contre les descendants des premières races géantes. Cette guerre dura presque jusqu'à la fin de la période qui précéda la Kali Youga et ce fut le Mahâbhârata, ou Grande Guerre, si célèbre dans l'histoire des Indes. Un pareil enchevêtrement d'événements et d'époques et la réduction de centaines de milliers à des milliers d'années, ne change rien au nombre des années qui se sont écoulées, suivant la déclaration faite à Solon par les prêtres égyptiens, depuis la destruction de la dernière partie de l'Atlantide. Les 9.000 ans représentent le chiffre correct. Ce dernier événement n'avait jamais été tenu secret et s'était simplement effacé de la mémoire des Grecs. Les Egyptiens avaient conservé leurs archives complètes, en raison même de leur isolement ; entourés par la mer et par le désert, les autres nations ne les avaient entravés en rien, jusqu'à quelques milliers d'années avant notre ère.
C'est à Hérodote que l'Histoire doit ses premières notions sur l'Egypte et ses grands Mystères, si nous ne tenons pas compte de la Bibleet de sa singulière chronologie 964. Hérodote expose le peu qu'il pouvait dire, lorsqu'il raconte, en parlant de la mystérieuse tombe d'un Initié, située à Saïs, dans l'enceinte sacrée de Minerve :
Derrière la chapelle.... se trouve la tombe de Quelqu'un, dont je considère comme impie de divulguer le nom... Dans l'enclos se dressent de grands obélisques et il y a tout près un lac, entouré d'un mur de pierre en forme de cercle... Sur ce lac, on représente, la nuit, les aventures de cette personne. Les Egyptiens leur donnent le nom de Mystères ; sur ce sujet, toutefois, bien que j'en connaisse exactement tous les détails, je dois observer un silence discret. 965
963 Le continent principal disparut à l'époque Miocène, comme nous l'avons déjà dit.
964 Depuis Bède, tous les chronologistes de l'Eglise ont été en désaccord entre eux et n'ont cessé de se contredire. "La chronologie du texte hébreu a été grossièrement altérée, surtout en ce qui concerne l'époque qui suit immédiatement le Déluge", dit Whiston. (Old Test., p. 20.)
965 II, 170, 171.
966 De ce roi Salomon, dont on ne retrouve trace nulle part, en dehors de la Bible. La description de son magnifique palais et de sa ville concorde avec celle des contes perses, bien que tous les voyageurs païens les ignorassent : même Hérodote.
967 Herbelot, op. cit., p. 829.
D'autre part, il est bon de bien savoir qu'aucun secret n'était mieux gardé et plus sacré pour les Anciens, que celui [III 495] de leurs cycles et de leurs computations. Depuis les Egyptiens jusqu'aux Juifs, tous considéraient comme le plus grand des péchés de divulguer quoi que ce fût au sujet de la mesure correcte du temps. C'est pour avoir divulgué les secrets des Dieux, que Tantale fut plongé dans les régions infernales ; les gardiens des Livres Sybillins sacrés étaient menacés de la peine de mort s'ils en révélaient un mot. Il y avait des Sigalions, ou des images d'Harpocrate, dans tous les temples – surtout dans ceux d'Isis et de Sérapis
– et toutes le représentaient avec un doigt sur ses lèvres. On enseignait aux Hébreux que le fait de divulguer les secrets de la Cabale, après avoir été initié aux Mystères Rabbiniques, équivalait à goûter au fruit de l'Arbre de la Connaissance et rendait passible de la peine de mort.
Et pourtant, nous, les Européens, nous avons accepté la chronologie des Juifs ! Qu'y a-t-il d'étonnant à ce qu'elle ait, depuis lors, toujours influencé et coloré toutes nos conceptions au sujet de la Science et de la durée des choses ?
Les traditions Perses sont donc remplies d'allusions à deux nations ou races, aujourd'hui complètement éteintes, d'après ce que pensent certains. Mais il n'en est pas ainsi ; elles ne sont que transformées. Dans ces traditions, on parle sans cesse des Montagnes de Kaf (le Kafiristan ?), où se trouvait une galerie, construite par le géant Argeak et dans laquelle étaient conservées des statues des anciens hommes, sous toutes leurs formes. On les appelle les Soulimans (Salomons) ou les rois sages de l'Orient et l'on compte soixante-douze rois 966 de ce nom. Trois d'entre eux régnèrent chacun 1.000 ans 967.
Siamek, le fils bien-aimé de Kaimourath (Adam), leur premier roi, fut assassiné par son frère géant. Son père faisait entretenir un feu perpétuel dans la tombe qui renfermait ses cendres ; c'est là, suivant l'opinion de certains Orientalistes, l'origine du culte du feu !
Ensuite vint Houschenk, le prudent et le sage. Ce fut sa Dynastie qui découvrit de nouveau les métaux et les pierres précieuses, après qu'ils eurent été cachés par les Devs, ou Géants, dans les entrailles de la Terre, et qui découvrit l'art de travailler le cuivre, de creuser des canaux et d'améliorer l'agriculture. Comme d'habitude, c'est encore Houschenk que l'on représente comme étant l'auteur de l'ouvrage intitulé [III 496] Eternelle Sagesse et comme ayant fondé les villes de Luz, Babylone et Ispahan, bien qu'en réalité elles aient été fondées beaucoup plus tard. Pourtant, de même que la ville moderne de Delhi est construite sur six autres villes plus anciennes, il se peut que celles que nous venons de nommer soient construites sur l'emplacement d'autres villes d'une immense antiquité. Quant à l'époque à laquelle il a vécu, on ne peut que l'inférer d'une autre légende.
Dans la même tradition, on représente ce sage prince comme ayant livré bataille aux Géants, monté sur un Cheval à douze jambes, dont la naissance était attribuée aux amours d'un crocodile avec un hippopotame femelle. Le "Dodécapode" fut découvert sur "l'île sèche" ou nouveau continent : il fallut déployer beaucoup de force et de ruse pour se rendre maître du merveilleux animal, mais à peine Houschenk fut-il monté dessus, qu'il battit tous ses ennemis. Aucun Géant ne pouvait lutter contre sa redoutable puissance. Cependant, ce roi des rois finit par être tué par un énorme rocher que les Géants jetèrent sur lui du haut de la grande montagne de Damavend 968.
968 Orient. Trad., p. 454. Voyez aussi les Lettres sur l'Atlantide, de Bailly.
Tahmourath fut le troisième roi de Perse, le saint Georges de l'Iran, le chevalier qui eut toujours le dessus dans sa lutte contre le Dragon et qui finit par le tuer. C'est le grand ennemi des Devs qui, à son époque, habitaient dans les Montagnes de Kaf et faisaient parfois des incursions contre les Péris. Dans les vieilles chroniques françaises qui traitent des légendes perses, on l'appelle le Dev-bend, le vainqueur des Géants. A lui aussi, on attribue la fondation de Babylone, Ninive, Diarbek, etc. De même que son grand-père Houschenk, Tahmourath (Taimouraz) avait aussi son coursier, mais bien plus rare et bien plus rapide – c'était un oiseau appelé Simorgh-Anke. Un merveilleux oiseau, en vérité : intelligent, polyglotte et même très religieux 969. Que disait ce Phénix Perse ? Il se plaignait de sa vieillesse, car il était né bien des cycles avant l'époque d'Adam (Kaimourah). Il avait vu s'écouler de longs siècles. Il avait vu le commencement et la fin de douze cycles de 7.000 ans chaque, qui, multipliés ésotériquement, nous donneront encore le chiffre de 840.000 ans 970. Simorgh est né [III 497] au moment du dernier Déluge des Pré- Adamites, dit le "Roman de Simorgh et du bon Khalife" 971 !
Que dit le Livre des nombres ? Au point de vue ésotérique, Adam Rishoon est l'Esprit Lunaire (Jéhovah, dans un sens, ou les Pitris) et ses trois fils Ka-yin, Habel et Seth représentent les trois Races, ainsi que nous l'avons déjà expliqué. Noë Xisuthrus représente à son tour (suivant la clef cosmogéologique), la Troisième Race séparée, et ses trois fils, ses trois dernières races. Cham symbolise en outre la race qui découvrit la "nudité" de la Race-Mère et des "Sans-Mental", c'est-à-dire qui commit le péché.
Tahmourath, monté sur son coursier ailé, visite les montagnes de Koh- Kaf ou de Kaph. Il y trouve les Péris maltraités par les Géants et tue Argen, ainsi que le Géant Demroush. Il met ensuite en liberté la bonne Péri Mergiana 972 que Demroush gardait prisonnière et la transporte sur "l'île sèche", c'est-à-dire sur le nouveau continent d'Europe 973. Après lui vint Giamschid qui fonda Esikekar ou Persépolis. Ce roi règne pendant 700 ans et, dans son orgueil, se croit immortel et réclame des honneurs divins. Le destin le punit ; il erre dans le monde pendant 100 ans sous le nom de Dhulkarnayn, "aux deux cornes". Mais cette épithète n'a aucun rapport avec le personnage "aux deux cornes" et aux pieds fourchus. "Aux deux cornes" est l'épithète ajoutée en Asie – pays assez peu civilisé pour ignorer complètement les attributs du Diable – aux conquérants qui ont soumis le monde, de l'Orient à l'Occident.
969 Voyez Orient. Collect., II, 119.
970 Ibid. N'oubliez pas que les Rabbins enseignent qu'il doit se produire sept renouvellements successifs du Globe ; que chacun durera 7.000 ans et que la durée totale sera de 49.000 ans (Voyez la Roue, de Rabbi Parsha et aussi le Book of God, de Kenealy, p. 176). Ceci se rapporte aux sept Rondes, aux sept Races-Racines et aux sept sous-races ; ce sont les véritables chiffres Occultes, mais dans une pénible confusion.
971 Tales of Derbent.
972 Mergain, ou Morgana, la sœur fée du Roi Arthur est ainsi désignée comme étant d'origine Orientale.
973 Où nous la retrouvons, en effet, en Grande-Bretagne, dans le roman des Chevaliers de la Table Ronde. D'où viendrait l'identité du nom et de la qualité de fée, si les deux héroïnes ne symbolisent pas le même événement historique qui est passé à l'état de légende ?
Ensuite vint l'usurpateur Zohac, puis Féridan, l'un des héros Perses, qui triomphe du précédent et l'enferme dans les montagnes de Damavend. Ces deux personnages sont suivis de beaucoup d'autres avant que l'on n'en arrive à Kaikobâd, qui fonda une nouvelle dynastie.
Telle est l'histoire légendaire de la Perse que nous avons à analyser.
D'abord, que sont les montagnes de Kaf ?
Quelle que soit leur situation géographique, que ce soient les montagnes du Caucase ou de l'Asie Centrale, la légende place les Devs et les Péris bien au delà de ces montagnes, vers le Nord ; les Péris sont les ancêtres lointains des Parsîs ou [III 498] Farsîs. La tradition Orientale fait sans cesse allusion à une mer inconnue, glaciale et triste – et à une région sombre au milieu desquelles sont néanmoins situées les "Iles Fortunées" où, depuis les débuts de la vie sur la Terre, bouillonne la Fontaine de Vie 974. La légende affirme, en outre, qu'une partie de la première "île sèche" (continent), s'étant détachée de la portion principale, a formé depuis lors, au-delà des montagnes de Koh-Kaf, "la ceinture rocheuse qui entoure le monde". Un voyage d'une durée de sept mois conduirait le possesseur de "l'anneau de Soliman" jusqu'à cette "Fontaine" s'il marchait dans la direction du Nord, droit devant lui, comme à vol d'oiseau. Quelqu'un qui quitterait ainsi la Perse en se dirigeant droit vers le Nord, suivrait le soixantième degré de longitude, laissant à l'ouest la Nouvelle-Zemble, et, du Caucase, gagnerait les glaces éternelles au delà du Cercle Arctique, et aborderait entre le soixantième et le quarante-cinquième degré de longitude, entre la Nouvelle-Zemble et le Spitzberg. Cela se produirait, naturellement, si l'on disposait du Cheval dodécapode de Houschenk ou du Simorgh ailé de Tahmourath, ou Taimouraz, pour franchir l'Océan Arctique 975.
974 Herbelot, p. 598 ; Armenian Tales, p. 35.
975 Jusqu'à présent, les aborigènes du Caucase appellent leurs montagnes Kap-Kaz, en employant la lettre p au lieu du v habituel (Kav-Kaz ou Caucase), mais leurs bardes disent qu'il faut sept mois à un cheval rapide pour atteindre la "terre sèche" au-delà du Kaf, en se dirigeant toujours vers le Nord, sans jamais dévier de sa route.
Néanmoins, les chanteurs ambulants de la Perse et du Caucase continuent à soutenir jusqu'à présent, que bien au-delà des sommets neigeux du Kap, ou Caucase, il existe un grand continent aujourd'hui caché aux yeux de tous ; que ce continent est atteint par ceux qui peuvent s'assurer les services de la progéniture aux douze pieds du crocodile et de l'hippopotame femelle, dont les jambes deviennent à volonté douze ailes 976, ou par ceux qui ont la patience d'attendre le bon plaisir de Simorgh-Anke qui a promis qu'avant de mourir elle révélerait le continent caché aux yeux de tous et le rendrait une fois de plus visible et facile à atteindre, au moyen d'un pont que les Devs de l'Océan jetteraient entre cette [III 499] partie de "l'île sèche" et ses parties détachées 977. Cela se rapporte, bien entendu, à la Septième Race, Simorgh étant le cycle Manvantarique.
Ce qui est très curieux, c'est que Cosmas Indicopleustes, qui vivait au sixième siècle après J.-C., ait toujours soutenu que l'homme était né et avait d'abord vécu dans un pays "au-delà de l'Océan", fait dont la preuve lui avait été fournie, aux Indes, par un savant Chaldéen. Il dit :
Les terres sur lesquelles nous vivons sont entourées par l'Océan, mais au-delà de cet Océan, il y a une autre terre qui touche les murailles du ciel et c'est dans cette terre que l'homme fut créé et vécut en Paradis. Pendant le Déluge, Noë fut transporté dans son arche jusqu'à la terre qu'habite aujourd'hui sa postérité. 978
976 Bailly croyait voir dans ce cheval un navire à douze rames. La DOCTRINE SECRÈTE enseigne que la Troisième Race primitive construisit des barques et des flottilles avant de construire des maisons. Mais le "cheval", bien que ce soit un animal postérieur de beaucoup, n'en a pas moins une signification primitive plus occulte. Le crocodile et l'hippopotame étaient considérés comme sacrés et représentaient des symboles divins, chez les anciens Egyptiens, comme chez les Mexicains. Dans Homère, Poséidon est le Dieu du Cheval et en assume lui-même la forme pour plaire à Cérès. Arion, leur progéniture, est l'un des aspects de ce "Cheval" qui est un Cycle.
977 Les parties détachées doivent être la Norvège et d'autres terres dans le voisinage du Cercle Arctique.
978 Cosmas Indicopleustes dans Collect. Novâ Patrum, t. II, p. 188 : voyez aussi Journ. des Savants, Suppl. 1707, p. 20.
Le Cheval aux douze pieds de Houschenk fut découvert sur ce continent appelé "l'île sèche".
On connaît fort bien la "Topographie Chrétienne" de Cosmas Indicopleustes et le mérite qu'elle peut avoir, mais le bon père ne fait que répéter ici une tradition universelle qui, de plus, se trouve aujourd'hui corroborée par des faits. Tous les explorateurs des régions arctiques soupçonnent l'existence d'un continent ou d'une "île sèche" au-delà de la région des glaces éternelles. Peut-être que, maintenant, le passage suivant de l'un des Commentaires pourra sembler plus clair.
Lors des premiers débuts de la vie [humaine], l'unique terre sèche se trouvait à l'extrémité droite de la Sphère, là où il [le Globe] est immobile 979. La terre tout entière était un vaste désert liquide et les eaux étaient tièdes... Là naquit l'homme sur les sept zones de la partie immortelle, de la partie indestructible du Manvantara 980. Un éternel printemps [III 500] régnait dans les ténèbres. [Mais], ce qui est ténèbres pour l'homme d'aujourd'hui, était lumière pour l'homme des débuts. Là les Dieux se reposaient et Fohat 981 y règne depuis lors... Aussi les Pères sages disent-ils que l'homme est né dans la tête de sa Mère [la Terre] et que les pieds de celle-ci à l'extrémité gauche, générèrent [engendrèrent] les mauvais vents qui s'échappent de la bouche du Dragon inférieur... Entre la Première et la Seconde [Races], la [Terre] Centrale Eternelle fut divisée par l'Eau de la Vie 982.
979 Plus on se rapproche des Pôles et moins la rotation est sensible : aux Pôles mêmes la révolution diurne est complètement neutralisée. De là l'expression que la Sphère est "immobile".
On appelle les deux Pôles, "l'extrémité droite" et "l'extrémité gauche" de notre Globe – la Droite représentant le Pôle Nord – ou bien la tête et les pieds de la Terre. Toute action bienfaisante (astrale et cosmique) vient du Nord ; toute influence fatale, du Sud. Les Pôles ont beaucoup de rapports avec la magie de "droite" et de "gauche" et exercent sur elle une grande influence.
980 Il est avéré en occultisme que la terre ou l'île qui couronne le Pôle Nord comme une boîte crânienne est la seule qui subsiste durant tout le cours du Manvatara de notre Ronde. Toutes les terres et tous les continents centraux émergeront bien des fois, tour à tour, du sein des mers, mais cette terre ne changera jamais.
981 N'oubliez pas que le nom Védique et Avestique de Fohat est Apâm-Napât. Dans l'Avesta, il tient le milieu entre le Yazatas du Feu et les Yazatas de l'Eau. Le sens littéral est celui de "Fils des Eaux", mais ces "Eaux" ne représentent pas le liquide que nous connaissons, mais l'Aether – les Eaux Ardentes de l'Espace. Fohat est le "Fils de l'Aether" dans son aspect le plus élevé, l'Akâsha, le Père-Mère des Sept primitifs et du Son ou Logos. Fohat est la Lumière du Logos.
982 Cette "Eau" est le sang ou fluide de Vie qui anime la Terre, comparée ici à un corps vivant.
Elle coule autour de son corps [celui de la Terre Mère] et l'anime. Une de ses extrémités sort de sa tête et elle devient trouble à ses pieds [le Pôle Sud]. Elle est purifiée [à son retour] vers son cœur – qui bat sous le pied du Shambalah sacré, qui alors [aux débuts] n'était pas encore né. C'est en effet, dans la ceinture de l'habitation de l'homme [la Terre] que se trouvent cachées la vie et la santé de tout ce qui vit et respire 983. Durant la Première et la Seconde [Races], la ceinture était couverte par les grandes eaux. [Mais], la grande Mère était en travail sous les vagues et une nouvelle terre fut jointe à la première, que nos sages appellent la coiffure [la calotte]. Elle travailla encore plus pour la Troisième [Race] et son torse et son nombril apparurent au-dessus de l'eau. Ce fut la ceinture, le Himavat sacré, qui s'étend autour du Monde 984. Elle se fragmente du côté du Soleil couchant, [III 501] depuis son cou 985 jusqu'au bas [jusqu'au Sud-Ouest], en de nombreuses terres et îles, mais la Terre Eternelle [la calotte] ne se brisa pas. Des terres sèches couvrirent la surface des eaux silencieuses aux quatre côtés du Monde. Toutes périrent [à leur tour]. Alors apparut la demeure des méchants [l'Atlantide]. La Terre Eternelle était maintenant cachée, car les eaux étaient devenues solides [glacées] sous le souffle de ses narines et des vents mauvais sortant de la bouche du Dragon, etc.
983 L'enseignement Occulte corrobore la tradition populaire qui proclame l'existence d'une Fontaine de Vie dans les entrailles de la Terre et au Pôle Nord. C'est le sang de la Terre, le courant électro- magnétique qui circule, dans toutes les artères et que l'on représente comme emmagasiné dans le "nombril" de la Terre.
984 L'occultisme désigne la chaîne des Himalayas comme étant cette "ceinture" et soutient que sous l'eau comme au-dessus de l'eau elle entoure le Globe. Le nombril est représenté comme situé dans la direction du Soleil couchant ou à l'Ouest de l'Himavat où se trouvent les racines de Mérou, montagne qui est située au Nord des Himalayas. Mérou n'est pas "la montagne fabuleuse située dans le nombril, ou au centre, de la Terre", mais ses racines, ses assises, sont dans ce "nombril", alors qu'elle se trouve elle-même, loin dans le Nord. Ce fait la rattache à la Terre "Centrale qui ne périt jamais" ; à la terre dans laquelle "la journée du mortel dure six mois et sa nuit six autres mois". Comme le dit la Vishnou Pourâna: "Pour le Nord du Mérou, la nuit règne donc toujours durant le jour des autres régions, car Mérou est au Nord de toutes les Dvîpas et Varshas (îles et contrées)" (Livre II, chap. VIII). Mérou ne se trouve donc, ni dans l'Atlas, comme le suggère Wilford, ni comme Wilson a essayé de le prouver, "absolument au centre du monde" simplement "par rapport aux habitants des différentes parties pour lesquelles l'Orient est le quartier où le Soleil apparaît d'abord".
985 Les Commentaires eux-mêmes n'évitent pas les métaphores orientales. Le Globe est comparé à une femme, "La Terre-Mère". A partir de son cou jusqu'en bas, veut dire depuis la mer intérieure aujourd'hui située au-delà de l'infranchissable barrière de glace. La Terre, comme dit Parâshara, "est la mère et nourrice, augmentée de toutes les créatures et de leurs qualités, celle qui contient tous les mondes".
Cela prouve que le Nord de l'Asie est aussi vieux que la Seconde Race. On peut même dire que l'Asie est contemporaine de l'homme puisque ce Continent-Racine, si l'on peut s'exprimer ainsi, existait déjà dès le début de la vie humaine et que la partie du monde aujourd'hui connue sous le nom d'Asie n'en fut séparée que plus tard et divisée par les eaux glaciales.
Si donc l'enseignement est correctement compris, le premier Continent qui vit le jour recouvrait tout le pôle Nord d'une croûte ininterrompue et il est resté le même jusqu'à présent, au-delà de cette mer intérieure qui apparut comme un mirage impossible à atteindre aux yeux des rares explorateurs des régions arctiques qui l'aperçurent.
Durant la Seconde Race, d'autres terres émergèrent du sein des eaux, comme une continuation de la "tête" à partir du "cou". Commençant dans les deux hémisphères, sur la ligne au-dessus de l'extrême nord du Spitzberg 986, suivant les projections de Mercator, de notre côté, ces terres peuvent [III 502] avoir compris, du côté de l'Amérique, les localités qu'occupe aujourd'hui la baie de Baffin, ainsi que les îles et les promontoires voisins. Là elles atteignaient à peine dans la direction du Sud, le soixante-dixième degré de latitude, ici elles constituaient le continent en fer à cheval dont parle le Commentaire. Des deux extrémités de ce dernier, l'une comprenait le Grœnland avec un prolongement qui coupait le cinquantième degré un peu au Sud-Ouest et l'autre comprenait le Kamtchatka ; les deux extrémités étaient réunies par ce qui est aujourd'hui la limite nord des côtes de la Sibérie Orientale et Occidentale. Ce Continent se rompit et disparut. Au commencement de la Troisième Race, la Lémurie fut formée. Quand elle fut détruite à son tour, l'Atlantide apparut.
986 Les Stances donnent à cette localité un nom qui est traduit dans les Commentaires par un endroit sans latitude (Niraksha), Demeure des Dieux. Comme le dit un Scoliaste dans la Soûrya Siddhânta(XII, 42-44) :
"Au-dessus d'eux va le Soleil lorsqu'il est aux équinoxes ; ils n'ont ni ombre équinoxiale, ni élévation du pôle (akshonnati).
"Dans les deux directions en partant de Mérou sont deux étoiles polaires (dhruvatârâ), fixées au milieu du ciel ; pour ceux qui sont situés dans des endroits sans latitude (niraksha) toutes deux ont leur place à l'horizon.
"En conséquence, il n'y a dans ces villes [dans ce pays] aucune élévation des pôles, puisque les deux étoiles polaires sont situées à l'horizon, mais leurs degrés de co-latitude (lambaka) sont de quatre- vingt-dix. A Mérou, les degrés de latitude (Aksha) ont le même nombre". (Voyez Vishnou Pourâna, trad. de Wilson, II, 208.)