SECTION III

LE "SAINT DES SAINTS"

SA DEGRADATION

 

Le Sanctum Sanctorum des anciens, appelé aussi l'Adytum – réduit situé à l'extrémité Occidentale du Temple, qui était clos de trois côtés par des murs blancs et dont l'unique ouverture était [IV 16] fermée par un rideau – était commun à toutes les nations anciennes.

On constate aujourd'hui une grande différence entre la signification secrète de cet endroit symbolique, telle qu'elle est expliquée dans l'ésotérisme des païens et celle que lui attribuèrent plus tard les Juifs, bien que son symbolisme ait été originairement identique pour toutes les races et toutes les nations. Les Gentils plaçaient dans l'Adytum un sarcophage ou une tombe (taphos), dans laquelle se trouvait le Dieu Solaire à qui le temple était consacré et, en leur qualité de Panthéistes, ils le tenaient en grande vénération. Ils le considéraient, dans, sa signification ésotérique, comme le symbole de la résurrection, cosmique solaire ou diurne et humaine. Il embrassait le vaste champ des Manvantaras périodiques et ponctuels (dans le temps), ou des réveil du Cosmos de la Terre et de l'Homme à de nouvelles existences ; le Soleil était le symbole le plus poétique et, en même temps, le plus grandiose de ces Cycles, dans le Ciel, et l'homme – durant ses réincarnations – l'était, sur la Terre. Les Juifs – dont le réalisme, si l'on s'en tient à la lettre morte, était aussi pratique et aussi grossier à l'époque de Moïse qu'il l'est aujourd'hui 17 – durant leur éloignement des Dieux de leurs voisins païens, consommèrent une politique nationale et lévitique en mettant en avant leur Saint des Saints comme le plus solennel emblème de leur Monothéisme – exotériquement, alors qu'ils ne voyaient en lui qu'un symbole phallique universel – ésotériquement. Alors que les Cabalistes ne connaissaient qu'Aïn-Suph et les "Dieux" des Mystères, les Lévites n'avaient ni tombe, ni Dieu, dans leur Adytum, mais seulement l'Arche "Sacrée" de l'Alliance – leur "Saint des Saints".

17 mais il n'en était pas ainsi en réalité, comme le prouvent leurs prophètes. Ce sont les Rabbins Postérieurs et le thème talmudique qui ravirent toute spiritualité à, leurs symboles, en ne laissant subsister que leurs Ecritures – une coque vide, dont l'âme avait disparu.

 

Toutefois, lorsque la signification ésotérique de ce réduit sera clairement expliquée, le profane sera plus à, même de comprendre pourquoi David dansait "nu" devant l'Arche de l'Union et cherchait tant à paraître vil en l'honneur de son "Seigneur" et bas à ses propres yeux 18.

L'Arche est l'Argha en forme de navire des Mystères. Parkhurst, qui disserte longuement sur l'Arche dans son dictionnaire grec et n'en dit jamais un mot dans son dictionnaire hébreu, l'explique de  la  façon suivante :

Arché (Άρχὴ) correspond dans ce cas au Rasit ou sagesse des [IV 17] hébreux... mot qui signifiait l'emblème de la faculté génératrice femelle, l'Arg ou Arca, dans lequel on supposait que le germe de toute la nature flottait sur le grand abîme, durant l'intervalle de temps qui suivait chaque cycle de ce monde.

C'est exact ; et l'Arche juive de l'Union avait précisément la même signification en ajoutant, toutefois, qu'au lieu d'un beau et chaste sarcophage (symbole de la Matrice, de la Nature et de la Résurrection), comme dans le Sanctum Sanctorum des Païens, ils avaient rendu la construction de l'Arche plus réaliste, grâce aux deux Chérubins placés face à face sur le coffre de l'Union et dont les ailes étaient déployées de façon à former un parfait Yoni (comme on le voit maintenant aux Indes). En outre, la signification de ce symbole générateur était accentuée par les quatre lettres mystiques du nom de Jéhovah, savoir YHVH (הוהי) ; Jod (י) signifiait le membrum virile ; Hé (ה) la matrice ; Vau (ו) un crochet ou un croc, un clou et encore Hé (ה) qui signifiait aussi "une ouverture" ; le tout formait le parfait emblème ou symbole bisexuel ou Y (é) H (o) V (a) H, le symbole mâle et femelle.

18 Voyez il, Samuel, VI, 16-22,

 

Peut-être aussi que lorsque la véritable signification de la charge et du titre des Kadesh Kadeshim, des "saints" ou des "êtres consacrés au Temple du Seigneur" sera connue, "les Saints des Saints" de ces "êtres Saints" pourront revêtir un aspect fort peu édifiant.

Iaochus aussi est Iao ou Jéhovah et Baal ou Adon, tout comme Bacchus était un Dieu phallique.

"Qui s'élèvera sur la colline (le lieu élevé) du Seigneur, demande le saint roi David, qui, occupera l'emplacement de son Kadoushou (ושדק) 19 ? "Kadesh peut signifier, dans un sens, "dévouer", "sanctifier", "consacrer" et même "initier" ou "mettre de côté", mais il signifie aussi le mystère des rites lascifs – le culte de Vénus – et la véritable interprétation du mot Kadesh est crûment indiquée dans, le Deutéronome XXIII,  17 ;  dans Osée IV, 14 et dans la Genèse XXXVIII, 15-22. Les "saints" Kadeshim de la Bible étaient identiques, au point de vue des devoirs de leur charge, aux Bayadères des pagodes hindoues postérieures. Les Kadeshim hébreux, ou Eunuques, vivaient "près de la maison du Seigneur, où les femmes tissaient des draperies pour le bocage" ou pour le buste de Vénus-Astarté 20.

La danse exécutée par David autour de l'Arche était une "danse circulaire" qui avait été, dit-on, prescrite par les Amazones pour [IV 18] les Mystères. Telle est la danse des filles de Shiloh 21 et tels étaient les  sauts des prophètes de Baal 22. Ce n'était qu'une caractéristique du culte Sabéen, car cela rappelait le mouvement des Planètes autour du Soleil. Il est évident que cette danse était une furie bacchique. On employait des Sistres à cette occasion, et les sarcasmes de Michal, ainsi que la réponse du roi, sont, très expressifs 23.

 19 Psaumes XXIV, 3.

20 II Rois. XXIII, 7 ; voyez Dunlap, Sôd ; The Mysteries of Adoni, p. 41.

21 Juges, XXI, 21, 23 et passim.

22 I Rois, XXVIII, 26.

23 Isis Dévoilée, III, chap. 1.

 

L'Arche dans laquelle sont conservés les germes de toutes les choses vivantes nécessaires au  repeuplement de la Terre, représente la survivance de la Vie et la suprématie de l'Esprit sur la Matière, dans le conflit des forces opposées de la Nature. Dans la carte Astrothéosophique du Rite Occidental, l'Arche correspond au nombril et se trouve placée à gauche, du côté de la femme (la Lune), dont l'un des symboles est le pilier gauche du Temple de, Salomon – Boaz. L'ombilic se rattache (par le placenta) au réceptacle où sont fructifiés les embryons de la race. L'Arche, c'est l'Argha sacrée des Hindous et nous pouvons aisément  nous rendre compte des rapports qu'elle avait avec l'Arche de Noé, lorsqu'on nous dit que l'Argha était un vaisseau oblong, employé par les prêtres en guise de calice, dans les sacrifices du culte d'Isis, d'Astarté et de Vénus- Aphrodite, qui étaient les Déesses des pouvoirs générateurs de la Nature ou de la Matière – et, par conséquent, représentaient symboliquement l'arche contenant les germes de toutes les choses vivantes 24.

Il est dans l'erreur, celui qui accepte les ouvrages cabalistiques d'aujourd'hui et les interprétations que les Rabbins donnent du Zohar comme représentant la véritable science cabalistique de jadis 25. En effet, aujourd'hui, comme à l'époque de Frédéric [IV 19] von Schelling, la Cabale, qui est accessible à l'Europe et à l'Amérique, ne contient guère que :

 Des ruines et des fragments, qui sont cependant les restes bien déformés du système primitif qui est la clef de tous les systèmes religieux 26.

24 Ib. IV, 132.

25 L'auteur de la Qabbalah tente à plusieurs reprises de prouver l'antiquité du Zohar d'une manière concluante. Ainsi il prouve que Moïse de Léon ne pouvait pas être l'auteur ou le falsificateur des ouvrages zohariques du treizième siècle, comme on l'accuse de l'être, puisque Ibn Gébirol donnait les mêmes enseignements philosophiques 225 ans avant l'époque de Moïse de Léon. Aucun Cabaliste ou savant véritable ne niera jamais le fait. Il est certain qu'Ibn Gébirol basait ses doctrines sur les plus antiques sources cabalistique, par exemple sur le Livre des Nombres chaldéen, comme sur certains Midrashim qui n'existent plus et qui sont sans doute, les mêmes que ceux qu'employait Moïse de Léon. C'est justement la différence qu'il y a entre les deux manières de traiter les mêmes sujets Esotériques, qui – tout en prouvant l'énorme antiquité du système Esotérique – établit l'existence d'un cercle bien déterminé de sectaires Talmudiques et même Chrétiens, au moment de la compilation des glossaires du système zoharique par le Rabbin Moïse. Ibn Gébirol ne citait jamais les Ecritures pour donner de la force aux enseignements (Qabbalah, de Myer, p. 7). Moïse de Léon, au contraire, a fait du Zohar ce qu'il est jusqu'à présent, "un commentaire courant des Cinq Livres ou Pentateuque" (ibid.), avec quelques additions plus récentes dues à des mains chrétiennes. L'un suit la Philosophie Archaïque Esotérique ; l'autre ne s'attache qu'à la partie qui fut adaptée aux livres perdus de Moïse, restaurés par Ezras. Aussi, tandis que le système ou le tronc, sur lequel fut greffé l'original primitif du Zohar, est d'une immense antiquité, beaucoup des rameaux zohariques (plus récents) sont fortement colorés par les opinions particulières des Gnostiques Chrétiens (Syriens et Chaldéens), amis et collaborateurs de Moïse de Léon qui, acceptait leurs interprétations, ainsi que Munsk le prouve.

26 Voyez la Préface de la Cabbalede Franck. Paris 2ème édition.

 

Le plus ancien des systèmes et la Kabalahchaldéenne étaient identiques. Les versions les plus récentes du Zohar sont celles de la Synagogue des premiers siècles – c'est-à-dire la Thorah (ou Loi), dogmatique et intransigeante.

La "Chambre du Roi" de la pyramide de Chéops est donc un "Saint des Saints" égyptien. A l'époque des Mystères de l'Initiation, le Candidat, représentant le Dieu Solaire, devait descendre dans le Sarcophage et représenter le rayon vivifiant pénétrant dans la matrice féconde de la Nature. Lorsqu'il émergeait de ce sarcophage, le lendemain matin, il symbolisait la résurrection de la Vie, après le changement que l'on appelle la Mort. Dans les Grands Mystères, sa "mort" figurée durait deux jours, jusqu'au moment où, le matin du troisième jour, le Soleil se levait après une dernière nuit remplie des plus cruelles épreuves. Tandis que le Postulant représentait le Soleil – l'orbe omnivivifiant qui ne "ressuscite" tous les matins que pour infuser la vie à tout – le Sarcophage  symbolisait le principe féminin. Ceci pour l'Egypte ; sa forme et son  aspect changeaient dans chaque pays, pourvu que ce fût toujours un vaisseau, un "navis" symbolique, ou un véhicule en forme de bateau et un "récipient" contenant symboliquement les germes ou le germe de la vie. Aux Indes, c'est la Vache d' "Or", que le candidat au Brahmanisme doit traverser, s'il désire être un Brahmane et devenir Dvi-ja, ou "né une seconde fois". L'Argha en forme de croissant des Grecs était le symbole de la Reine du Ciel – Diane ou la Lune. Elle était la Grande Mère de toutes  les Existences, comme le Soleil en était le Père. Les Juifs, avant comme après [IV 20] avoir métamorphosé Jéhova en un Dieu mâle, adoraient Astoreth, ce qui lit dire à Isaïe : "Vos nouvelles lunes et... fêtes, mon âme les hait" 27 ; déclaration évidemment injuste de sa part. Les Fêtes d'Astoreth et de la Nouvelle Lune (le croissant Argha) n'avaient pas, comme genre de culte public, une signification plus mauvaise que la signification occulte de la Lune, en général, qui, au point de vue cabalistique, se rattachait directement à Jéhovah, auquel elle était consacrée, comme on le sait, avec cette seule différence toutefois, que l'une était l'aspect femelle et l'autre l'aspect mâle de la Lune et de l'étoile Vénus.

Le Soleil (le Père), la Lune (la Mère) et Mercure-Thoth (le Fils) constituaient la plus ancienne Trinité des Egyptiens, qui les personnifiaient par Osiris, Isis, Thoth (Hermès). Dans l'Evangile Gnostique intitulé Pistis Sophia, les sept Grands Dieux, divisés en deux Triades et le Dieu suprême (le Soleil), sont les Triples Puissances inférieures (Τριδυνάµεις), dont la puissance réside respectivement en Mars, Mercure et Vénus et la Triade supérieure – les trois "Dieux Invisibles", qui habitent dans la Lune, Jupiter et Saturne 28.

Ceci n'exige aucune preuve. Astoreth était, dans un sens, un symbole impersonnel de la Nature, le Vaisseau de la Vie sur toute la surface de l'Océan Sidéral sans limites, les germes de tous les êtres. Et lorsqu'elle n'était pas identifiée à Vénus, comme toutes les autres "Reines du Ciel" auxquelles on offrait en sacrifice des biscuits et des gâteaux, Astoreth devenait le reflet de "Nouah, la Mère Universelle" des Chaldéens (le Noé femelle, considéré comme ne faisant qu'un avec l'Arche) et celui de la Triade femelle, Ana, Bélita et Davikina, appelée, lorsqu'elle est réunie en une, "Souveraine Déesse, Dame de l'Abîme Inférieur, Mère des Dieux, Reine de la Terre et Reine de, la Fécondité". Plus tard, Bélita ou Tamtou 29 (la mer), la Mère de la Cité d'Erech (la grande Nécropole chaldéenne), devint Eve, et maintenant elle est, dans l'Eglise Latine, la Vierge Marie, représentée debout sur le croissant de la Lune et, parfois, sur le Globe, pour varier le programme. Le Navis, ou aspect en forme de navire du croissant, qui réunit en lui tous les symboles communs du Vaisseau de la Vie,  tel  que  l'Arche de  Noé,  le  Yoni des Hindous  et l'Arche de l'Union, n'est autre que le symbole femelle de l'Universelle [IV 21] "Mère des Dieux" et on le trouve maintenant dans toutes les Eglises sous son symbole chrétien ; la "Nef" (de navis) 30. Le Navis, le Vaisseau Sidéral, est fructifié par l'Esprit de la Vie – le Dieu mâle, ou, comme le savant Kenealy l'appelle avec beaucoup de justesse dans son Apocalypse – le Saint-Esprit. Dans le symbolisme religieux Occidental, le croissant était l'aspect mâle et la pleine Lune l'aspect femelle de cet Esprit universel. Le mot mystique ALM, que le prophète Mahomet mit en tête de beaucoup de chapitres du Coran, se rapporte à elle comme à la Vierge Immaculée des Cieux 31. Et – comme le sublime verse toujours dans le ridicule – c'est de cette racine Alm que nous devons faire dériver le mot Almeh – danseuses égyptiennes. Ces dernières sont des "vierges" dans le genre des Bayadères des Indes et des Kadeshim (femelles), des "êtres saints" des temples juifs – consacrées à Jéhovah qui représentait les deux sexes – et dont les saintes fonctions dans les temples israélites étaient identiques à celles des Bayadères.

27 I. 14.

28 Voyez Schwartze, op. cit., pp. 359, 361 et seqq.

29 Sayce, Hibbert Lectures, 1887, p. 374.

30 Timée de Locres parlant de "l'Arka" (Anche) l'appelle "le principe des meilleures choses" (Άρχὰ τω̃ν ὰρίστων). Le mot arcane "caché" ou secret, en est dérivé. "A personne on ne dévoile les Arcanes, sauf au... Très Haut" (Codez Nazaraeus) – allusion à la Nature, pouvoir femelle et à l'Esprit, pouvoir mâle, Esculape, en qualité de Dieu-Solaire, était appelé Arghagetos, "né de l'Arche", la divine Vierge-Mère des Cieux (Voyez Kenealy, Book of God, p. 10).

31 Kenealy, op. cit., ibid.

32 Celui-ci est composé de dix points rangés triangulairement sur quatre rangs. C'est le Tétragrammaton des Cabalistes Occidentaux.

 

Or, Eustathe déclare que IO (ΙΩ) veut dire la Lune dans le dialecte des Argiens ; c'était aussi l'un des noms de la Lune en Egypte. Jablonski dit :

(ΙΩ), Ioh, Ægyptiis Lunam significat neque habent illi, incommuni sermonis usu, aliud nomen quo Lunam designent proeter IO.

Le Pilier et le Cercle (IO), qui, selon Pythagore, était le nombre parfait contenu dans le Tétraktys 32, devint postérieurement un nombre phallique par excellence – chez les Juifs, surtout, pour lesquels il représente le Jéhovah mâle et femelle.

Voici comment un savant explique cela :

 Je trouve sur la pierre de Rosette d'Uhlemann, le mot mooth (dans Seiffarth aussi), le nom de la Lune, employé comme un cycle de temps, le mois lunaire par conséquent, au moyen de l'hiéroglyphe  M , avec (    )   et (0)  comme  déterminatifs,  qui  sont  donnés  comme  le IOH Copte, ou IOH. Le mot hébreu – (יוה) peut aussi être [IV 22]  employé  comme  IOH,  car  la  lettre  vau  (ו)  était employée  pour  o,  pour  u,  ainsi  que  pour  v  ou  w.  Ceci avant la Massore, dont le point (.) était employé comme ()  =  o ;  (וּ)  =  u  et  (ו)  =  v  ou  w.  Or,  mes  recherches originales  m'avaient  amené  à  cette  conclusion  que  la grande  fonction  distinctive  du  nom  divin  de  Jéhovah désignait  l'influence  de  la  Lune,  comme  la  cause  de  la génération et sa valeur exacte comme année lunaire dans la  mesure  naturelle  des  jours,  comme  vous  le  verrez clairement...  Et  voici  que  ce  même  mot  vient  d'une source   bien   plus  ancienne ;   du   Copte,   ou   plutôt   de l'ancien Egyptien du temps des Coptes 33.

33 Tiré d'un manuscrit.

 

Ceci est encore plus remarquable, lorsque l'Egyptologie le compare avec le peu qu'elle sait au sujet de la Triade de Thèbes – composée de Ammon, Mooth (ou Moot) et leur fils Khonsoo. Cette Triade, lorsqu'elle était unie, était contenue dans la Lune, comme dans son symbole commun et, lorsqu'elle était séparée, c'était Khonsoo qui était le Dieu Lunus, que l'on confondait ainsi avec Thoth et Phtah. Sa mère Moot – ce nom, soit dit en passant, signifiait "la Mère" et non pas la Lune qui n'était que son symbole – est appelée la "Reine du Ciel", la "Vierge", etc., car elle était un aspect d'Isis, de Hathor et d'autres Déesses Mères. Elle était moins l'épouse que la mère d'Ammon, dont le titre distinct est celui "d'époux de sa mère". Dans une statuette qui se trouve à Boulac, au Caire, cette Triade est représentée par une momie tenant dans sa main trois sceptres différents et portant le disque lunaire sur sa tête ; une tresse de cheveux caractéristique prouve l'intention de représenter un Dieu enfant, ou le "Soleil" dans la Triade. C'était, à Thèbes, le Dieu de la Destinée et on le rencontre sous deux  aspects : 1° comme Khonsoo, le Dieu-Lunaire et le Seigneur de Thèbes, Nofirhotpoo, "celui qui est dans le repos absolu" et 2° comme "Khonsoo p. iri-sokhroo", ou "Khonsoo qui accomplit la Destinée" ; le premier préparait les événements et les concevait pour ceux qui naissaient sous son influence génératrice, l'autre les mettait en action 34. A la suite de permutations théogoniques, Ammon devint Horus, Hor-Ammon et Moot (h) – Isis nous est montrée lui donnant le sein, dans une statuette de la période Saïtique 35. Dans cette Triade transformée, Khonsoo devient à son tour Thoth-Lunus, "celui qui accomplit le salut". Son front est couronné par une tête d'ibis décorée du disque lunaire et du diadème appelé Io-tef (IO-tef) 36. [IV 23]

34 Voyez le Guide au musée de Boulac de G. Maspéro, 1884, p. 168, n° 1981.

35 Ibid., p. 169, n° 1998.

36 Ibid, p. 172, n° 2068.

 

Or, tous ces symboles se trouvent certainement reflétés dans le Yavé ou Jéhovah de la Bible(certains croient qu'ils lui sont identiques). Ceci deviendra évident aux yeux de tous ceux qui liront The Source of Measures, ou "The Hebrew-Egyptian Mystery" et qui comprendront les preuves mathématiques, claires et indéniables, qui y sont données pour établir que les fondations ésotériques ou le système suivi dans la construction de la Grande Pyramide et dans les mesures architecturales du Temple de Salomon (que celui-ci soit mythique ou réel), de l'Arche de Noé et de l'Arche de l'Union, sont les mêmes. Si quelque chose au monde peut trancher la question de savoir si les anciens Juifs, aussi bien que les Juifs post-babyloniens plus récents, mais surtout les premiers, ont édifié leur Théogonie et leur Religion sur les fondations mêmes employées par les Païens, c'est le livre en question.

Il serait bon, maintenant, de rappeler au lecteur ce que nous avons dit de I A O dans Isis Dévoilée :

Aucune divinité ne fournit une aussi grande variété d'étymologies que Iaho et il n'existe pas d'autre nom qui puisse être prononcé de tant de façons différentes. Ce n'est qu'en l'associant aux points massorétiques que les Rabbins moins anciens arrivèrent à faire de Jéhovah "Adonaï" – ou le Seigneur. Philon de Byblos l'écrit en lettres  grecques  (ΙΕΥΩΙΕVΟ). Théodoret dit que les Samaritains le prononçaient Iabé (Yahva) et les Juifs Yaho ; ce qui en ferait, comme nous l'avons démontré, I- Ah-O. D'après Diodore, "les Juifs racontent que Moise appelait le Dieu IAO". C'est en nous basant sur l'autorité de la Bibleelle-même que nous soutenons que Moïse, avant d'être initié par Jethro, son beau-père, n'avait jamais connu le mot Iaho 37.

Ce qui précède est corroboré par une lettre privée reçue d'un Cabaliste très érudit. Dans notre premier Volume 38, il est dit qu'au point de vue ésotérique, Brahma (le neutre), que les Orientalistes confondent si inconsidérément et si souvent avec Brahmâ (le mâle), est parfois appelé Kâla-hansa, le "Cygne dans l'Eternité" et le sens ésotérique de A-ham-sa est traduit par "Je [IV 24] suis (lui)", So-ham étant égal à, Sah "lui" et Aham "Je" – un anagramme mystique et une permutation. C'est aussi le Brahmâ "aux quatre faces", le Chatur-mukham (le Cube Parfait), se formant dedans et par le Cercle Infini et de nouveau l'emploi des 1, 3 et 5 et du 7/7 = 14, comme Hiérarchie Esotérique des Dhyân  Chohans, se trouve expliqué. Le correspondant dont j'ai fait mention se livre, à, propos de cette question, aux commentaires suivants :

Au sujet des 1, 3 et 5 et du deux fois 7, signifiant tout spécialement 13514, chiffre qui, placé sur un cercle, peut être lu comme 31415 (ou valeur de π, je crois que le doute est impossible, surtout lorsqu'on les considère avec les marques symboliques sur Sacr' 39, "Chakra", ou Cercle de Vishnou.

37 L'étudiant doit savoir que Jethro n'est pas appelé le "beau-père" de Moise parce que celui-ci était réellement marié à l'une de ses filles. Moïse, s'il n'a jamais existé, fut un Initié et, comme tel, un Ascète, un Nazar, qui ne pouvait être marié. C'est une allégorie comme tout le reste. Zipporah (la "brillante") est la personnification d'une des Sciences Occultes transmises  par  Reuel-Jethro, le prêtre Initiateur Midien, à son disciple égyptien Moise. Le "puits" près duquel Moïse s'assit lorsqu'il fuyait Pharaon, symbolise le "Puits du Savoir".

38 Doctrine Secrète, Stance IV.

39 En hébreu, le symbole phallique du Lingam et du Yoni.

 

Permettez-moi de pousser votre description un peu plus loin : Vous dites, "l'Unique provenant de l'Œuf, le Six  et le Cinq 40, donnent le nombre 1065, la valeur du premier- né". S'il en est ainsi, nous avons dans 1065 le fameux nom de Jéhovah, le Jvé ou Javé, ou Jupiter et en y remplaçant (ה) par (נ), ou h par n, nous avons (יונ) ou le mot latin Jun ou Junon, la base de l'énigme chinoise, la clef servant à mesurer les nombres de Sni (Sinaï) et de Jéhovah descendant de cette montagne, nombre (1065) qui n'est que l'emploi de notre raison de 113 à 335, parce que 1065 = 355 ´ 3, ce qui représente la circonférence d'un diamètre de 113 ´ 3 = 339. Ainsi le premier-né de Brahmâ-Prajâpati (ou de tout Démiurge) indique l'emploi comme mesure d'un rapport circulaire tiré de Chakra (ou Vishnou) et, comme il est dit plus haut, la Manifestation Divine revêt la forme de la Vie et du Premier-né.

Il y a une chose très singulière : A l'entrée du passage qui conduit à la Chambre du Roi, la mesure prise de la surface de la Grande Marche 41 et de la Grande Galerie, jusqu'au sommet de cette même Galerie est, d'après les mesures très soigneusement prises par Piazzi-Smyth, de 339 pouces. Or, si l'on décrit un cercle avec un rayon de 339 : le diamètre de ce cercle sera de 339 ´ 2 = 678, et ces nombres sont ceux mêmes de l'expression "et le corbeau" dans les scènes ou tableaux "de la colombe et du corbeau" du Déluge de Noé (le rayon est pris pour faire ressortir la division en deux parties qui sont de 1065 chaque) ; car 113 (l'homme ´ 6 = 678, et le diamètre d'une circonférence de 1065 ´ 2 – nous avons donc ici une indication de l'homme cosmique sur ce haut degré, à l'entrée de la Chambre du Roi (le Saint des Saints) – qui est la matrice. Or, l'élévation de ce passage est telle que, pour y [IV 25] entrer, un homme doit se courber. Mais l'homme debout est 113, et 113 brisé ou courbé il devient 113 / 2 = 56,5 ou 5,65 ´ 10 (הוהי), ou Jéhovah. C'est-à-dire qu'il le personnifie 42 comme entrant dans le Saint des Saints. Mais d'après l'Esotérisme Hébreu, la fonction principale de Jéhovah était de donner des enfants, etc., et cela parce que, de par les nombres de son nom, il était le mensurateur de l'année lunaire, cycle de temps qui – parce qu'en raison de son facteur 7 (sept), fit concordait si bien avec les périodes d'animation, de viabilité et de gestation – était considéré comme la cause de l'action génératrice et était, par suite, vénéré et imploré.

40 Voyez vol. I, Stance IV, Shloka 3.

41 C'est à cette marche que l'on arrive sur le plan du niveau de l'entrée ouverte de la Chambre du Roi, le "Saint des Saints" Egyptien.

 

Cette découverte rattache encore plus Jéhovah à tous les autres Dieux Créateurs et Générateurs, tant Solaires que Lunaires et particulièrement au "Roi" – Soma, le Deus Lunus Hindou, la Lune, à cause de l'influence Esotérique que l'Occultisme attribue à, cette Planète. Il y a toutefois d'autres corroborations de ceci, dans la tradition hébraïque elle-même. Maimonides, dans le More Névochim (ou  "Guide  du  Perplexe"  –  en effet !), nous présente Adam sous deux aspects ; comme un homme issu, de même que tous les autres, d'un homme ou d'une femme et – comme le Prophète de la Lune ; la raison de ceci est maintenant apparente et doit être expliquée.

Adam, en sa qualité de "Progéniteur supposé de la Race Humaine" est, comme Adam Kadmon, fait à l'image de Dieu – une image priapique par conséquent. Les mots hébreux Sacr' et N'cabvah, traduits littéralement, veulent dire Lingam (phallus) et Yoni (Ctéïs), malgré leur traduction dans la Biblepar "mâle et femelle" 43. Ainsi qu'il y est dit "Dieu créa l'homme à son image ; il le créa à l'image de Dieu ; il les créa mâle et femelle" – l'Adam-Kadmon androgyne. Or, ce nom cabalistique n'est pas celui d'un homme vivant, ni même d'un Etre humain ou divin, mais bien celui des deux sexes ou des deux organes de procréation, appelés en Hébreu, avec une   sincérité   de   langage éminemment [IV 26] biblique, Sacr' et N'cabvah 44 ; ces deux organes constituent donc l'image sous laquelle le "Seigneur Dieu" apparaissait habituellement à son peuple élu. Il est aujourd'hui prouvé, d'une façon indéniable, qu'il en est ainsi, par presque tous les grands symbologistes et les hébraïsants, ainsi que par la Kabalah. Il s'ensuit que, dans un sens, Adam n'est autre que Jéhovah. Ceci rend parfaitement clair une autre tradition, générale en Orient, que Grégoire mentionne dans Notes and Observations upon several Passages in Scripture 45  et que Hargrave Jennings cite dans son Phallicism.

42 Le Candidat à l'initiation personnifiait, toujours le Dieu du Temple auquel il appartenait, comme le Grand Prêtre personnifiait le Dieu à tous moments ; exactement comme le Pape personnifie maintenant Pierre et même Jésus-Christ lorsqu'il entre dans le sanctuaire intérieur – le "Saint des Saints" Chrétien.

43 Genèse, 1, 27.

 

Dieu ordonna à Adam que son corps mort demeurât à la surface de la Terre jusqu'à ce que les temps fussent accomplis pour le déposer... au milieu de la Terre, par les soins d'un prêtre du Dieu Très Haut...

En conséquence,

Noé priait journellement dans l'Arche devant le "Corps d'Adam" 46.

ou devant le phallus qui se trouvait dans l'Arche, ou encore, le "Saints des Saints". Le. Cabaliste qui est habitué aux permutations incessantes des noms bibliques, dès qu'on les interprète numériquement et symboliquement, comprendra la signification.

Les deux mots qui composent le nom de Jéhovah constituent l'idée originale de mâle-femelle, comme source de la naissance car le (י) était le membrum virile et Hovah était Eve. Ainsi... l'être parfait, comme source des mesures, revêt aussi la forme de naissance, comme être hermaphrodite ; de là l'emploi phallique de la forme 47.

 44 Jéhovah dit à Moïse : "la somme de mon nom est sacr' le porteur du germe" – phalllus. "C'est... le véhicule de l'énonciation et, en vérité, en tant que sacr' ou porteur du germe, son emploi a traversé toutes les époques jusqu'au sacr-factum du prêtre Romain et jusqu'au sacr-fice et sacr-ment de la race de langue anglaise" (Source of Measures, p. 236). Aussi le mariage est-il un sacrement pour l'Eglise Grecque et l'Eglise Romaine.

45 Londres, 1864, vol. I, pp. 120, 121.

46 Op. cit., P. 159.

47 Source of Measures, p. 67.

 

En outre, le même auteur expose et démontre, numériquement et géométriquement, que (a) Arets, "terre", Adam, "homme" et H-adam-h, sont analogues et sont personnifiés dans la Biblesous une seule forme, comme le Mars Egyptien et Hébreu, le Dieu de la Génération 48 et (b) que Jéhovah, ou, Jah, est Noé, car "Jéhovah est Noé" s'écrivait en Hébreu (הני), ou littéralement, en Anglais, Inch (pouce).

48 Op. cit., p. 187.

 

Ce qui précède fournit donc une clef de ces traditions. Noé, une permutation divine, le Sauveur supposé de l'Humanité, qui transporte dans son Arche ou Argha (la Lune) les germes de toutes les choses vivantes, fait ses dévotions devant le "Corps d'Adam", corps qui est l'image du Créateur et qui est lui-même [IV 27] un Créateur. C'est pourquoi Adam est appelé le "Prophète de la Lune" l'Argha ou "Saint des Saints" du Yod (י). Ceci explique aussi l'origine de la croyance populaire des Juifs, que la figure de Moïse est dans la Lune – c'est-à-dire les taches de la Lune. En effet, au point de vue cabalistique, Moïse et Jéhovah sont encore des permutations, ainsi que cela a été démontré. L'auteur de The Source of Measures s'exprime ainsi :

Il y a, par rapport à Moïse et à ses œuvres, un fait qui est trop important pour être omis. Lorsqu'il est instruit par le Seigneur au sujet de sa mission, le nom de puissance assumé par la Divinité est, Je suis ce que je suis, ce qui s'écrit ainsi en Hébreu :

 

(היהא-רשא-היהא) ;

une variation de (הוהי). Or, Moïse est (השמ) et égale

 

345

Ajouter la valeur de la nouvelle forme du nom de Jéhovah, 21 + 501 + 21 = 543, ou, en lisant à rebours, 345 ; cela nous montre Moïse comme étant une forme de Jéhovah dans cette combinaison. 210/2 = 105 ou, à rebours, 501, de sorte que asher ou le "ce que" dans la phrase "Je suis ce que je suis" est simplement un guide  pour l'emploi de 21 ou (7 ´ 3) et de (501)2  = (251 ´  103) + 1, un très précieux nombre pyramidal, etc. 49.

Afin de fournir une explication plus claire à ceux qui ne sont pas Cabalistes, nous exposons la chose ainsi : "Je suis ce que je suis" est en Hébreu :

 

Ahiyé (היהא)

5 10 5 1


Asher (רשא)

200 300 1


Ahiyé (אהיה)

5 10 5 1

 

 

Additionnez les nombres de ces mots séparés et vous avez :

 

(היהא) 21


(רשא) 501


(היהא) 21

 

 

Ceci a trait au processus de descente sous forme de Feu sur la Montagne pour faire l'Homme, etc. et c'est expliqué comme étant un obstacle 50 et l'emploi des nombres des montagnes, car d'un  côté nous avons 10 + 5 + 6 = 21, vers le milieu 501 et de l'autre côté 6 + 5 + 10 = 21.

Le "Saint des Saints", tant cabalistique que rabbinique, nous est ainsi présenté comme un symbole international et comme une propriété commune. Aucun des deux n'a pris naissance chez [IV 28] les Hébreux, mais grâce aux manipulations trop réalistes des Lévites à demi initiés, le symbole acquit chez eux une signification qu'il n'a guère chez aucun peuple jusqu'à présent et, qu'à l'origine, aucun véritable cabaliste n'eût jamais songé à lui donner. Le Lingam et le Yoni de l'Hindou moderne, de développement moyen, ne vaut évidemment pas mieux que le "Saint des Saints" rabbinique – mais il n'est pas pire et c'est là un point de gagné sur les détracteurs chrétiens des Philosophies religieuses asiatiques. Pour de tels mystères religieux, et pour le symbolisme occulte d'une croyance et d'une philosophie, c'est en effet l'esprit des dogmes exposés qui devrait décider de leur valeur relative. Qui oserait prétendre que cette soi-disant "Sagesse", examinée sous ses deux faces, employée uniquement pour les besoins et pour le bénéfice d'une seule petite nation ait jamais développé chez celle-ci quelque chose qui ressemblât à une morale nationale ? Les prophètes sont là pour nous montrer la manière de vivre du peuple élu mais "opiniâtre", avant, pendant et après l'époque de Moïse. Qu'il ait possédé à un moment donné la Religion Sagesse, ainsi que l'emploi de son langage universel et de ses symboles, cela est prouvé par l'Esotérisme identique qui existe jusqu'à présent aux Indes au sujet du "Saint des Saints". Cet Esotérisme, comme nous l'avons dit plus haut, consistait et consiste encore dans le passage à travers la Vache d' "Or" dans cette même attitude courbée qu'imposait la Galerie de la Pyramide et qui, dans l'Esotérisme Hébreu, identifiait l'homme avec Jéhovah. Chez les Hindous, comme chez les anciens Egyptiens, cet esprit était et est toujours entièrement métaphysique et psychologique ; chez les Hébreux, il était réaliste et physiologique. Il faisait allusion à la première séparation sexuelle de la race humaine – Eve donnant naissance à Caïn-Jéhovah, ainsi qu'il est démontré dans The Source of Measures ; à la consommation de l'union terrestre physiologique et à la conception – comme dans l'allégorie de Caïn versant le sang d'Abel, car Abel était le principe féminin et enfin à la gestation – processus que l'on représente comme ayant  commencé durant le cours de la Troisième Race, ou avec le Troisième Fils d'Adam, Seth, avec le fils duquel, Hénoch, les hommes commencèrent à se donner le nom de Jéhovah ou Jah-hovah, le Jod mâle et Havah ou Eve, c'est-à-dire des êtres mâles et femelles 51. La différence gît donc dans le sentiment religieux et moral, mais les deux symboles [IV 29] sont identiques. Il est hors de doute que pour les Tanaïm Juifs, complètement initiés, le sens du symbolisme était une abstraction aussi sainte que pour les anciens Dvijas Aryens. Le culte de "Dieu dans l'Arche" ne date que de David et pendant un millier d'années Israël ne connut pas de Jéhovah phallique, tandis que l'antique Kabalah, éditée et rééditée, en est maintenant souillée.

51 La Genèse(IV, 26),donne la traduction erronée : "Et il l'appela Enos (homme) ; alors on commença à invoquer le nom du Seigneur" – ce qui n'a pas de sens, puisque Adam et les autres doivent en avoir fait autant.

 

Chez les anciens Aryens, le sens occulte était grandiose, sublime et poétique, quelque grande que puisse être la contradiction qui existe maintenant entre cette prétention et l'aspect extérieur de leur symbole. La cérémonie du passage à, travers le "Saint des Saints" – symbolisé maintenant par la Vache, mais au début par le temple Hiranya-garbha, l'Œuf Radieux, lui-même un symbole de la Nature Universelle Abstraite – signifiait la conception et la naissance spirituelles, ou plutôt la renaissance de l'individu et sa régénération ; l'homme courbé à l'entrée du Sanctum Sanctorum, prêt à traverser la Matrice de la Nature Mère, ou la créature physique prête à, redevenir l'Etre Spirituel original, l'HOMME pré-natal. Pour le Sémite, cet homme courbé représentait la chute de l'Esprit dans la Matière et cette chute, cette dégradation recevait de lui les honneurs de l'apothéose, ce qui avait pour résultat de rabaisser la Divinité au niveau de l'homme. Pour lAryen, le symbole représentait le divorce de l'Esprit d'avec la Matière, son retour à sa Source primordiale dans laquelle il s'immerge ; pour le Sémite, il signifiait l'union de l'Homme Spirituel avec la Nature Matérielle Femelle, le côté physiologique assumant la prédominance sur le côté psychologique et purement immatériel. L'opinion que l'Aryen avait du symbolisme était celte du monde Païen tout entier ; l'interprétation du Sémite était éminemment celle d'une petite tribu dans le sein de laquelle elle avait pris naissance, donnant ainsi la mesure de ses caractéristiques nationales et des défauts idiosyncrasiques qui caractérisent jusqu'à présent beaucoup de Juifs – réalisme grossier, égoïsme et sensualité. Par l'entremise de leur père Jacob, ils avaient conclu un marché avec  la divinité de leur tribu, exaltée au-dessus de toutes les autres, et convenu avec elle que sa "semence serait comme la poussière de la terre" ; aussi cette divinité ne pouvait-elle être désormais mieux représentée que par le symbole de la génération et par un nombre et des nombres.

Carlyle dit des choses très sages à propos de ces nations. Pour l'Aryen Hindou – le peuple le plus métaphysique et le plus spiritualiste [IV 30] du monde – la religion a toujours été, suivant son expression :

Une éternelle étoile polaire, dont l'éclat augmente dans les cieux, à mesure qu'ici-bas la nuit  devient plus sombre, autour de lui.

La religion de l'Hindou le détache de la Terre ; aussi le symbole de la Vache reste-t-il jusqu'à présent un des plus grandioses et des plus philosophiques, dans son sens intérieur. Pour les "Maîtres" et "Seigneurs" des puissances Européennes, les Israélites, certaines expressions de Carlyle sont admirablement justes ; pour eux,

La religion est un sentiment sage et prudent, basé sur de simples calculs. et il en fut ainsi dès les débuts. Ayant assumé ce fardeau, les nations chrétiennes se voient contraintes de le défendre et de le poétiser  aux dépens de toutes les autres religions.

Mais il n'en était pas ainsi chez les nations anciennes. Pour elles, le passage servant d'entrée et le sarcophage de la chambre du Roi signifiaient régénération – et non génération. C'était le symbole le plus solennel, un Saint des Saints en vérité, dans lequel étaient créés d'Immortels Hiérophantes et des "Fils de Dieu" – mais jamais des hommes mortels, des fils du désir et de la chair, comme maintenant, suivant l'interprétation cachée du Cabaliste Sémite. Le motif de cette différence dans la manière de voir des deux races est facile à expliquer. L'Hindou Aryen appartient aux plus anciennes races qui sont actuellement sur la terre ; le Sémite Hébreu appartient à la plus récente. Le premier est âgé de près d'un million d'années ; le dernier constitue une petite sous-race âgée de quelque 8.000 ans, pas davantage 52.

Le culte phallique ne s'est toutefois développé qu'avec la perte [IV 31] graduelle des clefs du sens intérieur des symboles religieux et il fut un temps où les Israélites avaient des croyances aussi pures que celles des Aryens. Mais le Judaïsme d'aujourd'hui, basé uniquement sur le culte phallique, est devenu l'une des croyances les plus en retard de l'Asie, et, théologiquement, une religion de haine et de malveillance envers tout ce qui est en dehors d'elle. Philon le Juif expose ce que fut la véritable foi Hébraïque. Les Ecritures Sacrées, dit-il, prescrivent ce que nous devrions faire et nous commandent de haïr les païens, ainsi que leurs lois et leurs institutions. Il est vrai qu'ils haïssaient publiquement le culte de Baal ou de Bacchus, mais pour en pratiquer en secret les plus mauvais détails. C'est par des Juifs Talmudiques que les grands symboles de la Nature furent surtout profanés. Ainsi que le démontre aujourd'hui la découverte de la clef qui permet de lire correctement la Bible, la Géométrie, la cinquième Science Divine – "cinquième" dans la série des Sept Clefs du Langage Esotérique universel et du Symbolisme – était profanée par eux et employée à voiler les mystères sexuels les plus terrestres et les plus grossiers, au cours desquels la Divinité et la Religion étaient toutes deux dégradées.

52 A strictement parler, les Juifs constituent une race Aryenne artificielle, née dans les Indes et appartenant à la division Caucasienne. Aucun de ceux qui connaissent les Arméniens et les Parsis, ne peut manquer de reconnaître dans les trois le même type Aryen-Caucasien. Des sept types primitifs de la Cinquième Race, il n'en reste plus maintenant que trois sur la terre. Ainsi que le professeur W. H. Flower le disait avec raison en 1885 : "Je ne puis repousser cette conclusion à laquelle arrivent si souvent divers anthropologistes – à savoir, que l'homme primitif, quoi qu'il ait pu être, s'est séparé au cours des temps en trois types extrêmes, représentés par le Caucasien d'Europe, le Mongolien d'Asie et l'Ethiopien d'Afrique et que tous les individus de l'espèce humaine qui existent peuvent être classés dans ces types" (Discours du Président à l'Institut Anthropologique de la Grande-Bretagne, etc.). Si nous considérons que notre race a atteint sa cinquième sous-race, comment pourrait-il en être autrement ?

 

On nous enseigne qu'il en est exactement de même pour notre Brahmâ-Prajâpati, pour Osiris et pour tous les autres Dieux Créateurs. En effet, lorsque leurs rites sont jugés au point de vue ésotérique et externe ; juste le contraire, lorsque leur signification intime est dévoilée, comme nous le constatons. Le Lingam Hindou est identique au "Pilier" de Jacob – c'est incontestable, mais la différence comme nous l'avons dit, semble résider dans le fait que la signification Esotérique du Lingam était trop réellement sacrée et métaphysique pour être révélée au profane et au vulgaire, de sorte que son apparence superficielle était livrée aux spéculations de la foule. L'Héliophante Aryen et le Brahmane, dans leur orgueilleux exclusivisme et dans la satisfaction de leur savoir, ne se donnaient pas non plus la peine d'en voiler la nudité primordiale sous des fables savamment imaginées, tandis que le Rabbin, ayant interprété le symbole de façon à satisfaire ses tendances personnelles, était obligé d'en voiler le sens trop cru. Ceci servait à atteindre un double but : celui de conserver le secret pour lui-même et de se hausser, dans son monothéisme supposé, au-dessus du païen que sa Loi lui ordonnait de haïr 53 – commandement joyeusement accepté aujourd'hui [IV 32] par les Chrétiens aussi, malgré un autre commandement plus récent, celui de : "Aimez-vous les uns les autres". Les Indes, comme l'Egypte, avaient et ont encore leurs lotus sacrés, qui symbolisent le même "Saint des Saints" – le lotus grandissant  dans  l'eau,  un  double  symbole  féminin  –  le  porteur  de sa propre semence et la racine de tout. Virâj et Horus sont tous deux des symboles mâles, émanant du sein de la Nature Androgyne, l'un de Brahmâ et de sa contrepartie femelle Vâch, l'autre d'Osiris et d'Isis – jamais du Dieu Unique Infini. Dans le système Judéo-chrétien, c'est différent. Au contraire, le lotus, renfermant Brahmâ, l'univers, nous est représenté comme jaillissant du Nombril de Vishnou, le Point Central des Eaux de l'Espace Infini, et Horus comme jaillissant du lotus du Nil Céleste – toutes ces idées panthéistes abstraites sont rapetissées et rendues terrestres et concrètes dans la Bible. On est presque tenté de dire que dans leur forme ésotérique elles sont plus grossières et encore plus anthropomorphiques que dans leur forme exotérique. Prenez comme exemple le même symbole, même dans son application chrétienne – les lys dans la main de l'Archange Gabriel 54. Dans l'Hindouisme, le "Saint des Saints" est une abstraction universelle, dont les dramatis personae sont l'Esprit Infini et la nature ; dans le Judaïsme Chrétien, c'est un Dieu personnel, en dehors de cette nature et de la matrice humaine – Eve, Sarah, etc. ; par conséquent un Dieu phallique anthropomorphique et son image – l'homme.

53 Toutes les fois que l'on a signalé ces analogies entre les Gentils et les Juifs, puis, plus tard, les Chrétiens, ces derniers ont invariablement répondu que c'était l'œuvre du Diable qui forçait les Païens à imiter les Juifs dans le but de souiller la religion de l'unique vrai Dieu vivant. Faber répond très justement à cela : "Certaines personnes ont imaginé que les Gentils copiaient servilement les israélites et que chaque point similaire était emprunté, aux Institutions Mosaïques,  mais cette théorie ne peut en aucune façon résoudre le problème. D'abord parce que nous retrouvons, dans les cérémonies de nations très éloignées de la Palestine, identiquement la même ressemblance que celle que nous constatons chez les nations qui en étaient voisines, ensuite parce qu'il parait incroyable que toutes aient copié celle qui était universellement détestée et méprisée" (Pagan Idolatry, 1, 104).

 54 Luc, I, 28.

55 Leurs Piliers sacrés (en pierres non taillées), érigés par Abraham et Jacob, étaient des Lingams.

 

Nous maintenons donc, qu'au sujet du contenu de la Bible, il faut admettre l'une des deux hypothèses suivantes. Ou bien il y avait, derrière le substitut symbolique Jéhovah, la Divinité Inconnue et  Incommensurable, le cabalistique Aïn Suph, ou bien, dès le début, les Juifs n'ont pas mieux valu que les adorateurs du Lingam 55, pris à la lettre, de l'Inde de nos jours. Nous disons que la première hypothèse est la vraie et que, par suite, le culte [IV 33] secret ou ésotérique des Juifs constituait le même panthéisme que l'on reproche aujourd'hui aux Philosophes Védantins ; Jéhovah était un substitut au Service de la foi nationale exotérique et n'avait ni importance, ni réalité, aux yeux des prêtres érudits et des philosophes – les Saducéens, la plus raffinée et la plus savante des sectes israélites, en sont la preuve vivante avec leur refus méprisant d'accepter aucune croyance, sauf la Loi. Comment ceux qui ont conçu le merveilleux thème connu aujourd'hui sous le nom de la Bible, ou leurs successeurs – qui savaient, comme tous les cabalistes le savent, que ce thème n'avait été conçu que pour servir de "voile" au peuple – comment, nous le demandons, auraient-ils pu éprouver du respect pour le symbole phallique et le nombre qu'était Jéhovah, comme nous le démontrent d'une façon indéniable les ouvrages cabalistiques ? Comment une personne digne du titre de Philosophe et connaissant le véritable sens secret de leur "Pilier de Jacob", de leurs Bethels, phallus enduits d'huile, et de leur "Serpent d'Airain", pourrait-elle vouer un culte à un symbole aussi grossier et le servir en voyant en lui leur "Alliance" – le Seigneur en personne ? Que le lecteur se reporte au Guemara Sanhédrim et juge. Comme l'ont démontré plusieurs auteurs et comme le déclare brutalement Hargrave Jennings dans Phallicism :

Nous savons, grâce aux archives juives, que l'Arche renfermait une table de pierre ; et si l'on peut démontrer que cette pierre était phallique et cependant identique au nom sacré de Jéhovah ou Yéhovah, qui, écrit en Hébreu sans points, au moyen de quatre lettres, est J-E-V-E ou J- H-V-H (l'H n'étant qu'une aspirée semblable à E). Ce procédé nous laisse deux lettres I et V (ou sous une autre de ses formes U) ; si nous plaçons alors l'I dans l'U nous avons le "Saint des Saints" ; nous avons aussi le Linga, le Yoni et l'Argha des Hindous, l'Ishwara (Ishyara) ou "Suprême Seigneur" et nous avons ici tout le secret de sa signification mystique et céleste, confirmée en elle- même comme étant identique au Linyoni (?) de l'Arche de l'Alliance 56.

56 Op. cit, p. 67

 

Les Juifs bibliques de nos jours ne datent pas de Moïse, mais de David même en admettant que les parchemins mosaïques anciens et authentiques soient identiques à ceux qui furent refaits plus tard. Avant cette époque, leur nationalité se perd dans les brumes des ténèbres préhistoriques, dont nous soulevons maintenant les voiles autant que nous le permet l'espace dont nous disposons. Ce n'est que jusqu'à l'époque de la captivité à [IV 34] Babylone que l'Ancien Testament peut être cité par la critique la plus indulgente, comme représentant d'une manière à peu près correcte la façon de voir qui avait cours du temps de Moïse. Même des chrétiens fanatiques et des adorateurs de Jéhovah, comme le Révérend Mgr Horne, sont dans l'obligation  d'admettre  les  nombreux  changements et les nombreuses altérations dus aux nombreux compilateurs du "Livre de Dieu", puisqu'il fut découvert par Hilkiah 57 et puisque :

Le Pentateuque est né de documents primitifs ou plus anciens auxquels on a ajouté un document supplémentaire.

Les textes Elohistiques furent récrits à nouveau 500 ans après l'époque de Moïse ; les textes Jéhovistiques 800 ans après, suivant la chronologie elle-même. Nous maintenons donc que la Divinité, représentée comme l'organe de la génération sous sa forme de pilier et comme un symbole du double organe sexuel dans la valeur numérique des lettres de son nom – le Yod, (י), ou "phallus" et le Hé, (ה), l' "ouverture" ou "la matrice", selon les autorités cabalistiques – est de date beaucoup plus récente que les symboles des Elohims et a été empruntée aux rites païens exotériques, de sorte que Jéhovah marche de pair avec le Lingam et le Yoni que l'on trouve aux Indes sur tous les chemins.

De même que le Iao des mystères était distinct de Jéhovah, de  même le Iao et l'Abraxas, ou Abrasax, postérieurs, de certaines sectes gnostiques, étaient identiques au Dieu des Hébreux, qui était le même que le Horus Egyptien. Ceci est indéniablement prouvé sur les pierres "Païennes", comme sur les pierres Gnostiques "Chrétiennes". Dans la collection des pierres précieuses de ce genre de Matter, il y a un "Horus" –

Assis sur le lotus portant l'inscription (ΑΒΡΑΣΑΞ-ΙΑΩ) (Abraxas-Iao) – invocation exactement équivalente à celle de (ΕΙΣ ΖΕΥΣ ΣΑΡΑΠΙ) (Eis Zeus Sarapi) que l'on trouve sur les pierres païennes contemporaines et qui ne doit, en conséquence, être traduite que par "Abraxas est l'Unique Jéhovah" 58.

Mais qu'était donc Abraxas ? Comme le démontre le même auteur :

 57 Voyez Introduction to the Old Testament et aussi Elohistic and Jehovistic Writers, de l'évêque Colenso.

58 Gnosties and their Rematns, de King. p. 327, 2ème édition

 

La valeur numérique ou cabalistique, du nom d'Abraxas se rapporte [IV 35] directement au titre persan du Dieu "Mithra", Souverain de l'année, adoré depuis les  temps les plus reculés sous le nom de Iao 59.

Il était ainsi le Soleil, sous un aspect, et, sous un autre, la Lune ou le Génie Lunaire, cette Divinité Génératrice que les Gnostiques saluaient ainsi : "Toi qui présides aux Mystères du Père et du Fils, qui brilles pendant la nuit, occupant le second rang, premier Seigneur de la Mort."

Ce n'est qu'en sa qualité de Génie de la Lune – celle-ci étant représentée dans l'antique cosmogonie comme la mère de notre Terre – que Jéhovah peut être considéré comme le Créateur de notre Globe et de son Ciel, c'est-à-dire du Firmament.

La connaissance de tous ces détails ne constituera cependant pas une preuve aux yeux des bigots ordinaires. Les missionnaires continueront leurs virulentes attaques contre les religions des Indes et les Chrétiens continueront à lire avec le même sourire de satisfaction ignorante ces paroles absurdes de Coleridge :

Un fait éminemment digne d'être observé, c'est que les écritures inspirées des Chrétiens se distinguent de tous les autres ouvrages qui prétendent être inspirés, des Ecritures des Brahmanes et même du Coran, par leurs vigoureux et fréquents rappels à la vérité (!!)

 59 Ibid., p. 326.