LA DOCTRINE SECRETE VOL 5 http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5 Tue, 16 Apr 2024 05:25:54 +0000 Joomla! - Open Source Content Management fr-fr bon.christo@free.fr (MAITRE M) LA DOCTRINE SECRETE - VOLUME V http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/227-la-doctrine-secrete-volume-v http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/227-la-doctrine-secrete-volume-v

LA DOCTRINE SECRETE

VOLUME V

 

 Synthèse de la Science, de la Religion et de la Philosophie

 H.P. BLAVATSKY

 

 MISCELLANEES

 LIVRE

 

Quant à ce que tu entends dire à d'autres, qui font croire à la foule que l'âme, une fois libérée du corps ne souffre pas... de maux et n'est pas consciente, je sais que tu es trop versé dans les doctrines que nous ont transmises nos ancêtres et dans les orgies sacrées de Dionysos pour le croire, car les symboles mystiques nous  sont bien connus, à nous qui appartenons à la Fraternité.

PLUTARQUE.

 Le problème de la vie, c'est l'homme. La Magie, ou plutôt la Sagesse, est ta connaissance développée des pouvoirs de l'être intime de l'homme, forces qui sont des émanations divines, de même que l'intuition est la perception de leur origine et que l'initiation  est notre mise en contact avec cette connaissance... Nous commençons par l'instinct, pour aboutir à l'omniscience.

  1. WILDER.
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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 5 Sat, 17 Jan 2015 10:23:38 +0000
PREFACE http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/228-preface http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/228-preface

PREFACE

 

La tâche de préparer ce volume avant de le livrer à l'impression a été difficile, inquiétante et il est nécessaire d'exposer clairement ce qui a été fait. Les manuscrits qui m'avaient été remis par H. P.  B. n'étaient nullement classés et rien n'indiquait dans quel ordre ils devaient l'être. J'ai donc considéré chaque manuscrit comme une Section séparée et je les ai classés aussi logiquement que possible. Sauf la correction d'erreurs grammaticales et l'élimination de termes évidemment non anglais, les manuscrits sont tels qu'H.P.B. les a laissés, excepté quand il est fait mention du contraire. Dans quelques rares cas, j'ai comblé une lacune, mais toute addition de ce genre est placée entre des parenthèses carrées, pour la bien distinguer du texte. Dans "le Mystère de Bouddha", une nouvelle difficulté a surgi ; quelques-unes des Sections avaient été écrites quatre ou cinq fois et chaque version contenait quelques phrases qui ne se trouvaient pas dans les autres. J'ai réuni ces versions en un seul tout, en prenant la complète comme base et en y insérant tout ce qui avait été ajouté dans les autres. Ce n'est cependant pas sans hésitation que j'ai compris ces Sections dans la DOCTRINE SECRETE. En même temps que quelques pensées très suggestives, elles renferment de très nombreuses erreurs de faits et beaucoup d'exposés qui sont basés sur des écrits exotériques et non sur la connaissance ésotérique. M'ayant été confiées pour être publiées, comme faisant partie du Troisième Volume de la DOCTRINE SECRETE, je ne me reconnais pas le droit de m'interposer entre l'auteur et le public, soit en modifiant les exposés pour les mettre d'accord avec les faits, soit en supprimant les Sections. L'auteur déclare qu'il agit sous sa propre responsabilité et il sera évident, aux vœux de tout lecteur instruit, que certains de ses exposés sont si [V 4] confus – peut-être à dessein – qu'ils constituent de simples Voiles et que d'autres de ses exposés ne sont – probablement par inadvertance – que l'interprétation exotérique erronée de vérités ésotériques. Ici, comme ailleurs, le lecteur doit faire appel à son propre jugement, mais tout en me croyant tenue de publier ces Sections, je ne puis les livrer à la publicité sans avertir qu'une grande partie de leur contenu est certainement erronée. Il est hors de doute que si l'auteur avait publié lui-même ce livre, il aurait recommencé la rédaction de cette division tout entière ; en l'état, il a paru préférable de donner tout ce que l'auteur avait dit dans les différents textes et de le laisser dans l'état où il se trouvait, car les étudiants préféreront avoir ce que l'auteur a dit, tel qu'il l'a dit, même en présence de l'obligation d'étudier de plus près qu'il ne l'eût fallu s'il était resté pour terminer son œuvre.

Les citations faites ont été vérifiées autant que possible et des références correctes ont été données ; dans ce travail ardu, quelques étudiants, dévoués et laborieux se sont volontairement constitués mes auxiliaires, sous la direction de Cooper-Oakley. Sans leur aide, il m'eût été impossible de donner les références, car il fallut souvent parcourir un livre tout entier, pour y découvrir un paragraphe de quelques lignes.

Ce volume représente le reste des manuscrits laissés par H.P.B., à l'exception de quelques articles épars qui seront publiés dans sa propre revue Lucifer. Ses élèves savent bien que les personnes de la génération actuelle qui rendront justice au savoir occulte d'H. P. B. et à la magnifique étendue du champ qu'embrassait sa pensée seront très rares ; mais, de même qu'elle peut attendre la venue de futures générations pour la justification de son éminence comme instructeur, de même ses élèves peuvent bien attendre pour la justification de leur confiance.

Annie BESANT.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 5 Sat, 17 Jan 2015 10:23:58 +0000
INTRODUCTION VOLUME V http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/229-introduction-volume-v http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/229-introduction-volume-v

INTRODUCTION

 

"Le POUVOIR appartient à celui qui sait" ; c'est un axiome très ancien. La connaissance – dont le premier pas est la faculté de saisir la vérité, de discerner le réel du faux – n'est destinée qu'à ceux qui, après s'être libérés de tout préjugé et avoir vaincu leur suffisance humaine et leur égoïsme, sont prêts à accepter toute vérité, dès qu'elle leur est démontrée. Ceux-là sont fort rares. La plupart jugent une œuvre d'après les préjugés respectifs de ses critiques, qui se laissent guider à leur tour par  la popularité ou l'impopularité de l'auteur, plutôt que par ses propres fautes ou par ses mérites. En dehors du cercle théosophique, il est donc certain que ce volume sera accueilli par le public en général, avec plus de froideur encore que ses deux prédécesseurs. De nos jours, aucun exposé ne peut avoir l'espoir d'être jugé impartialement, ou même d'être écouté, si ses arguments ne suivent pas la voie tracée aux recherches légitimes et acceptées, en se maintenant strictement dans les limites de la Science officielle et de la Théologie orthodoxe.

Notre époque constitue une anomalie paradoxale. Elle  est éminemment matérialiste et tout aussi éminemment piétiste. Notre littérature et ce que l'on appelle notre pensée et notre progrès modernes, suivent ces deux voies parallèles, si complètement dissemblables et pourtant toutes deux si populaires et si foncièrement orthodoxes, chacune dans son genre. Celui qui voudrait tenter de tracer une troisième voie, comme trait d'union réconciliant les deux autres, devrait être tout à fait prêt au pire. Son œuvre sera mutilée par les critiques, tournée en dérision par les sycophantes de la Science et de l'Eglise, citée d'une manière inexacte par ses adversaires et repoussée [V 6] même par les pieux cabinets de lecture. Les absurdes mésinterprétations de l'antique Religion Sagesse (Bodishm), par les soi-disant cercles instruits de la société, après les explications si admirablement claires et si scientifiquement  présentées dans Le Bouddhisme Esotérique, en sont une bonne preuve. Elles auraient pu servir d'avertissement même aux Théosophes qui, endurcis par une lutte presque aussi longue que leur vie, au service de leur Cause, n'ont pas la plume timide, et ne sont pas épouvantés le moins du monde par les suppositions dogmatiques ou par l'autorité de la Science. Pourtant, quoi que fassent les écrivains Théosophes, ni le Matérialisme, ni le Piétisme doctrinal, ne prêteront jamais une oreille impartiale à leur Philosophie. Leurs doctrines seront systématiquement repoussées et l'on refusera une place à leurs théories, même parmi ces éphémères de la Science, les fluctuantes "hypothèses de travail" de nos jours. Pour les avocats de la théorie "animale", nos enseignements cosmogénétiques et anthropogénétiques sont tout au plus des "contes de fée". En effet, pour ceux qui veulent éviter toute responsabilité morale, il semble plus commode d'accepter un ancêtre simiesque commun et de considérer comme un frère un babouin muet et sans queue, que d'admettre la paternité des Pitris, les "Fils de Dieu", et d'avoir à reconnaître pour frère un famélique des taudis.

"Arrière !" clament à leur tour les piétistes. "Vous ne transformerez jamais de respectables Chrétiens qui fréquentent les églises, en Bouddhistes Esotériques".

En vérité, nous ne désirons pas le moins du monde tenter cette métamorphose. Mais cela ne peut empêcher et n'empêchera pas les Théosophes de dire ce qu'ils ont à dire, surtout à ceux qui, en opposant à notre doctrine la Science moderne, ne le font pas loyalement par amour pour elle, mais seulement pour assurer le succès de leurs propres marottes et leur glorification personnelle. S'il est beaucoup de nos dires que nous ne pouvons pas prouver, ils ne le peuvent pas davantage ; nous pouvons cependant montrer qu'au lieu d'exposer des faits historiques et scientifiques – pour l'édification de ceux qui, moins instruits qu'eux, comptent sur les Savants pour penser pour eux et former leurs opinions – beaucoup d'entre eux ne paraissent chercher qu'à détruire les anciens faits ou à les transformer en points d'appui pour soutenir leur propre manière de voir. C'est fait sans intention méchante ou même critique, car l'auteur admet volontiers que la plupart de ceux, qu'il trouve en faute sont incommensurablement plus savants que lui, mais une grande érudition n'exclut pas les préjugés ni les préventions et ne met pas non plus à l'abri de la suffisance ; c'est plutôt le contraire. En outre, ce n'est que pour la légitime défense de nos propres déclarations, c'est-à-dire [V 7] pour la justification de l'Antique Sagesse et de ses grandes vérités, que nous prenons à partie nos "hautes autorités".

En vérité, à moins que l'on ne prenne la précaution de répondre d'avance   à   certaines   objections   que   feront   naître   les propositions fondamentales que renferme cet ouvrage – objections qui se produiront certainement sous l'égide de tel ou tel Savant, à propos du caractère Esotérique de tous les traités de Philosophie, archaïques ou anciens – nos déclarations seront encore une fois contredites et discréditées. Un des buts principaux de ce volume est de révéler, dans les oeuvres des anciens Philosophes Aryens, Grecs et autres, ainsi que dans toutes les Ecritures de ce monde, la présence d'une puissante allégorie et d'un puissant symbolisme Esotériques. Un autre but est de prouver que la clef d'interprétation, telle qu'elle est fournie par le canon de l'Occultisme Hindou-Bouddhique Oriental – clef qui s'adapte aussi bien aux Evangiles Chrétiens qu'aux livres archaïques Egyptiens, Grecs, Chaldéens, Persans et même Hébreux mosaïques – doit avoir été commune à toutes les nations, si différents qu'aient pu être leurs méthodes respectives et leurs "voiles" exotériques. Ces affirmations sont énergiquement repoussées par quelques- uns des savants les plus éminents de nos jours. Dans ses Conférences d'Edimbourg, le professeur Max Müller écarte cette déclaration fondamentale des Théosophes, en faisant allusion aux Shâstras et aux Pandits Hindous qui ignorent cet Esotérisme 1. Le savant sanscritiste déclara en quelques mots qu'il n'y avait ni sens occulte, ni éléments Esotérique, ni "voiles" dans les Pourânas ou les Oupanishads. Considérant que le mot "Oupanishad" veut dire "DOCTRINE SECRETE", cette assertion semble tout au moins extraordinaire. Sir M. Monier Williams est aussi du même avis en ce qui concerne le Bouddhisme. A l'entendre, on devrait considérer Gautama, le Bouddha, comme l'adversaire de toute prétention à des enseignements Esotériques. Lui-même ne les aurait jamais enseignés ! Toutes ces "prétentions" au savoir Occulte et aux "pouvoirs magiques" sont dus aux Arhats postérieurs, aux disciples de la "Lumière de l'Asie !" Le professeur B. Jowett passe aussi dédaigneusement l'éponge sur les "absurdes" interprétations du Timée de Platon et des Livres Mosaïques, par les Néo-Platoniciens. Il n'y a pas trace de l'esprit Oriental (Gnostique) de [V 8] Mysticisme, dans les Dialogues de Platon, nous dit le professeur royal de grec, pas plus que la moindre trace de Science. Enfin, pour couronner l'édifice, le professeur Sayce, l'Assyriologue, tout en ne niant pas que les tablettes assyriennes et la littérature cunéiforme contiennent réellement un sens caché – Beaucoup de textes sacrés... étant écrits de façon à n'être intelligibles que pour les initiés – prétend pourtant que "les clefs et les commentaires" sont maintenant entre les mains des Assyriologues. Les savants modernes, affirme-t-il, possèdent, pour interpréter les Archives Esotériques, des indices Que les prêtres initiés (de la Chaldée), eux-mêmes, ne possédaient pas.

 1 La plupart des Pandits ignorent maintenant la philosophie Esotérique, parce qu'ils en ont perdu la clef ; pourtant aucun d'entre eux, s'ils est honnête, ne niera que les Oupanishads et surtout les Pourânas soient allégoriques et symboliques ; il ne niera pas non plus qu'il n'existe encore en Inde quelques grands érudits qui pourraient, s'ils le voulaient, leur donner la clef de ces interprétations. Les Pandits ne nient pas davantage l'existence réelle des Mahatmas – Yogis et Adeptes initiés même à notre époque de Kali Youga.

 

Ainsi, suivant la savante interprétation de nos Orientalistes et de nos professeurs modernes, la science était dans son enfance à l'époque des astronomes Egyptiens et Chaldéens. Pânini, le plus grand Grammairien du monde, ignorait l'art d'écrire. Il en était de même, en Inde, du Seigneur Bouddha et de toute autre personne, jusqu'à l'an 300 avant J.-C. L'ignorance la plus grossière régnait à l'époque des Richis Indiens et même à celle de Thalès, Pythagore et Platon. Il faut, en vérité, que les Théosophes soient de superstitieux ignorants pour parler comme ils le font, en présence d'aussi savantes preuves du contraire !

On dirait vraiment que depuis la création du monde il n'y eu sur terre qu'une seule époque de réel savoir – l'époque actuelle. Dans le crépuscule embrumé, à la terne aurore de l'histoire, on distingue les pâles ombres des antiques Sages universellement renommés. Ils tâtonnaient désespérément à la recherche de la signification véritable de leurs propres Mystères, dont l'esprit a disparu sans se révéler aux Hiérophantes et est resté latent dans l'espace jusqu'à la venue des initiés de la Science et de la Recherche Modernes. L'éclat maximum du savoir n'a été atteint qu'à présent par le "Sachant Tout" qui, se chauffant au soleil éblouissant de l'induction, s'active à son travail de Pénélope, consistant en "hypothèses de travail", et proclame hautement ses titres au savoir universel. Qui s'étonnerait alors qu'en raison des opinions actuelles, le savoir de l'antique Philosophe et parfois même celui de ses successeurs directs des siècles passés, aient toujours été inutiles au monde et sans valeur pour lui-même ? Ainsi que nous l'avons maintes fois expliqué, en effet tandis que les Richis et les Sages de jadis s'étaient portés fort en avant à travers les champs arides du mythe de la superstition, les savants du Moyen Age et même la moyenne de ceux du XVIIIème  siècle, ont toujours été plus ou moins empêchés par [V 9] leur religion "surnaturelle" et par leurs croyances. Il est vrai que l'on admet généralement que certains savants anciens même du Moyen Age, tels que Pythagore, Platon, Paracelse et Roger Bacon, suivis par une pléiade de noms glorieux, avaient laissé de nombreux jalons sur les précieuses mines de la Philosophie et les filons inexplorés de la Science Physique. Mais les fouilles opérées, la fusion de l'or et de l'argent et la taille des pierres précieuses qu'elles renfermaient, tout cela est dû aux patients travaux du Savant moderne. N'est-ce pas au génie incomparable de ce dernier que le monde, jusqu'alors ignorant et trompé, est redevable de la connaissance exacte qu'il a de la réelle nature du Cosmos, de la véritable origine de l'univers et de l'homme, telles que les révèlent les théories automatiques et mécaniques des Physiciens, d'accord avec la Philosophie strictement scientifique ? Avant notre époque cultivée, la Science n'était qu'un mot, la Philosophie une illusion et un piège. Suivant les modestes prétentions des autorités modernes en fait de  véritable Science et de véritable Philosophie, c'est maintenant seulement que l'Arbre de la Connaissance a jailli des broussailles de la superstition, comme un magnifique papillon émerge d'une laide chrysalide. Nous ne devons donc aucune reconnaissance à nos aïeux. Les Anciens ont, tout au plus, préparé et fertilisé le sol ; ce sont les modernes qui ont planté les germes du savoir et élevé les charmantes plantes que l'on appelle la négation absolue et l'agnosticisme stérile.

Tel n'est cependant pas l'avis des Théosophes. Ils répètent ce qu'ils ont déclaré il y a vingt ans. Il ne suffit pas de parler des "conceptions insoutenables d'un passé sans culture intellectuelle" (Tyndall) du "parler enfantin" des poètes Védiques (Max Müller) des "absurdités" des Néo- Platoniciens (Jowett) et de l'ignorance des Prêtres initiés Chaldéo- Assyriens en ce qui concerne leurs propres symboles, lorsqu'on la compare à la connaissance qu'en ont les Orientalistes de la Grande-Bretagne (Sayce). De telles affirmations doivent s'appuyer sur quelque chose de plus solide que la simple parole de ces érudits. Aucun degré d'arrogante vantardise ne saurait voiler les carrières intellectuelles d'où proviennent les pierres sur lesquelles ont été gravés les exposés de tant de Philosophes et de Savants modernes. Quant au nombre des Savants les plus distingués de l'Europe qui ont acquis honneur et réputation en habillant les idées de ces anciens Philosophes qu'ils sont toujours prêts à dénigrer, nous laissons à la postérité impartiale le soin de le déterminer. Il semble donc assez juste de dire, comme dans Isis Dévoilée, que certains Orientalistes et Savants en langues mortes préféreraient laisser fuir leur suffisance sans limites et leur opiniâtreté en compagnie de leur logique et de leur faculté de raisonner, plutôt que [V 10] d'admettre que les anciens Philosophes  aient pu connaître quelque chose que les modernes ne connaissent pas.

Comme une partie de cet ouvrage traite des Initiés et des connaissances secrètes communiquées durant les Mystères, il y a lieu, tout d'abord, d'étudier les déclarations de ceux qui, bien que Platon ait été un Initié, soutiennent que l'on ne peut découvrir aucune trace de Mysticisme occulte dans ses oeuvres. Trop nombreux sont les érudits en Grec et en Sanscrit qui, à notre époque, sont portés à oublier facilement les faits, dans l'intérêt de leurs propres théories préconçues, basées sur leurs préjugés personnels. Ils oublient complaisamment, dans toutes les occasions, non seulement les nombreuses modifications de langage, mais encore que le style allégorique des oeuvres des anciens Philosophes et le secret gardé par les Mystiques, avaient leur raison d'être ; que les auteurs classiques pré- Chrétiens et même Chrétiens – la grande majorité d'entre eux, du moins – étaient soumis à l'obligation sacrée de ne jamais divulguer les secrets solennels qui leur étaient confiés dans les sanctuaires et que ce fait seul suffit à dérouter complètement leurs traducteurs et leurs critiques profanes. Mais, comme on va le voir, ces critiques ne veulent rien admettre de semblable.

Pendant vingt-deux siècles, tous ceux qui ont lu Platon savaient que, de même que la plupart des autres Philosophes Grecs, il avait été initié et que, par suite, lié comme il l'était par le serment Sodalien, il ne pouvait parler de certaines choses que sous le voile de l'allégorie. Son respect pour les Mystères est sans limites ; il avoue franchement écrire en termes "énigmatiques" et on le voit prendre les plus grandes précautions pour dissimuler le véritable sans de ses paroles. Toutes les fois que le sujet effleure les grands secrets de la Sagesse Orientale – la cosmogonie de l'univers, ou le monde idéal préexistant – Platon voila sa philosophie dans les ténèbres les plus profondes. Son Timée est si confus, qu'un Initié seul peut en saisir le sens caché. Ainsi que nous l'avons déjà dit dans Isis Dévoilée :

Les spéculations de Platon dans le Banquet, sur la création ou plutôt sur l'évolution des hommes primordiaux, et l'essai de cosmogonie dans Timée, doivent être pris allégoriquement, si on les accepte. C'est ce sens pythagoricien caché du Timée, du Cratyle, du Parménide et de quelques autres trilogies ou dialogues, que les Néo-Platoniciens cherchèrent à expliquer, autant que le leur permettait leur vœu théurgique de garder le secret. La doctrine pythagoricienne, d'après laquelle Dieu est le mental universel diffusé à travers toutes choses  et le dogme de l'immortalité de l'âme sont les traits principaux de ces enseignements, en apparence hétérogènes. Sa piété et sa grande vénération pour les Mystères sont de [V 11] sûrs garants que Platon n'aurait pas permis à son indiscrétion de dominer le profond sentiment de responsabilité qu'éprouvent tous les Adeptes. "Ce n'est qu'en se perfectionnant sans  cesse dans les parfaits Mystères que l'homme devient réellement parfait", dit-il dans Phèdre.

Il ne cherchait pas à cacher son mécontentement de ce que les Mystères fussent devenus moins secrets qu'auparavant. Au lieu de les profaner en les mettant à la portée de la foule, il eût voulu les cacher avec un soin jaloux à tous, sauf aux plus dévoués et au plus dignes de ses disciples 2. Bien qu'il parle des Dieux à chaque page, son monothéisme est indubitable, car tous ses récits indiquent que par le mot "Dieux" il voulait indiquer une classe d'êtres inférieurs aux divinités et supérieurs aux hommes, seulement d'un degré. Josèphe lui-même constata et reconnut ce fait, en dépit des  préjugés naturels de sa race. Dans son fameux plaidoyer contre Apion, cet historien dit : "Ceux qui, parmi les Grecs, philosophaient d'accord avec la vérité, n'ignoraient rien... ni ne manquaient de percevoir la superficialité glaciale des allégories mythiques et c'est pour cela qu'ils les méprisaient avec raison... Platon, ému par ce fait, déclara qu'il était inutile d'admettre aucun autre poète dans "la République" et il en chassa doucement Homère, après l'avoir couronné et avoir versé sur lui des parfums, afin qu'il ne détruisît pas par ses mythes la croyance orthodoxe en un Dieu unique 3."

Et tel est le "Dieu" de tout Philosophe ; Dieu infini et impersonnel. Tout cela, et bien d'autres choses encore que nous ne pouvons citer ici faute de place, conduit à l'indéniable certitude que : puisque toutes les Sciences et toutes les Philosophies étaient à la disposition des Hiérophantes des Temples, Platon, initié par  eux, a dû les connaître et que la logique suffit seule à justifier amplement ceux qui considèrent les oeuvres de Platon comme des allégories et des "écrits obscurs", voilant des vérités qu'il n'avait pas le droit de divulguer.

Cela posé, comment se fait-il qu'un des meilleurs Hellénistes de l'Angleterre, le professeur Jowett, traducteur moderne des oeuvres de Platon, cherche à démontrer qu'aucun de ses Dialogues – y compris le Timée – ne renferme le [V 12] moindre élément du Mysticisme Oriental ? Ceux qui sont capables de discerner le véritable esprit de la Philosophie de Platon ne seront guère convaincus par les arguments que le professeur du Balliol College met sous les yeux de ses lecteurs. Il est certes possible que le Timée lui paraisse "obscur et répugnant", mais il est tout aussi certain que cette obscurité n'est pas due, comme le professeur le dit au public, "à l'état d'enfance des sciences physiques" mais plutôt au secret que l'on observait à cette époque ; et qu'elle n'est due ni "à la confusion qui règne entre les notions théologiques, mathématiques et physiologiques" ni "au désir de concevoir l'ensemble de la Nature entière, sans posséder une connaissance suffisante de ses parties" 4. En effet, les mathématiques et la géométrie étaient l'épine dorsale de la cosmogonie Occulte et, par suite, de la "Théologie", et les notions physiologiques des anciens Sages sont journellement vérifiées par la Science actuelle, au moins pour ceux qui savent   comment   il   faut   lire   et   comprendre   les   antiques   ouvrages Esotériques. La "connaissance des parties" nous est peu utile, si elle ne fait qu'augmenter notre ignorance du Tout, ou "de la nature et de la raison d'être de l'Universel", ainsi que Platon appelait la Divinité, et si elle nous fait commettre les plus graves erreurs à cause des méthodes inductives dont nous nous vantons. Il se peut que Platon ait été "incapable d'induction ou de généralisation, au sens moderne du terme" 5 ; et il se peut qu'il ait aussi ignoré la circulation du sang qui, nous dit-on, "lui était absolument inconnue" 6, mais rien ne prouve qu'il ait ignoré ce qu'est le sang – et c'est là une connaissance supérieure à celle à laquelle peuvent prétendre les Physiologistes et les Biologistes modernes.

3 Isis dévoilée, I, 472, 473.

4 The Dialogues of Plato, traduits par B. Jowett, professeur royal de Grec à l'Université d'Oxford, III, 523. – (Voir Oeuvres de Platon, traduction française de Victor Cousin, ou celle de Saisset. N.D.T.)

 

Bien qu'au point de vue des connaissances, le professeur Jowett laisse au "philosophe physicien" une marge plus étendue et beaucoup plus généreuse que ne le font presque tous les autres commentateurs ou critiques modernes, ses critiques dépassent tellement ses louanges, qu'il est peut-être bon de citer ses propres paroles, pour mettre clairement en lumière ses préventions. C'est ainsi qu'il dit :

Mettre le bon sens sous le contrôle de la raison ; découvrir un chemin à travers le labyrinthe ou le chaos des apparences, soit la grande route des mathématiques, soit des sentiers plus détournés (lui suggèrent l'analogie de l'homme avec le monde et du monde avec l'homme ; constater que toute chose a une cause et tend vers [V 13] un but, tel est l'esprit de l'antique philosophe physicien 7. Mais nous n'apprécions pas les conditions de savoir auxquelles il était soumis et les idées auxquelles s'attachait son imagination ne produisent pas le même effet sur nous. Il flotte entre la matière et le mental ; il est dominé par les abstractions ; ses impressions sont empruntées presque au hasard au côté extérieur de la nature ;  il  voit  la  lumière, mais  ne  voit  pas  les objets qu'elle rend visibles ; enfin il juxtapose des choses qui, à nos yeux, sont aussi éloignées entre elles que le sont les pôles, parce qu'il ne trouve rien à placer entre elles.

5 Op. cit., p. 561.

6 Op. cit., p. .591.

7 Cette définition place (involontairement, bien entendu) l'antique philosophe physicien" bien des coudées au-dessus de ses confrères "physiciens" modernes, puisque l'ultima thule de ces derniers est d'amener l'humanité à croire que ni l'Univers, ni l'homme ne sont les produits d'une cause quelconque – tout au moins, pas d'une cause intelligente et qu'ils doivent leur existence à un hasard aveugle et à un tourbillonnement d'atomes insensibles. Quelle est la plus rationnelle et la plus logique des deux hypothèses, c'est ce que nous laissons au lecteur impartial le soin de décider.

 

L'avant-dernier membre de phrase doit être évidemment désagréable pour le "philosophe physicien" moderne, qui voit les "objets" qu'il a sous les yeux, mais n'arrive pas à distinguer la lumière du Mental Universel qui les rend visibles, c'est-à-dire procède d'une manière diamétralement opposée. Aussi le savant professeur arrive-t-il à cette conclusion que l'antique philosophe, tel qu'il le juge maintenant d'après le Timée  de Platon, doit avoir décidément agi d'une manière antiphilosophique et irrationnelle, car :

Il passe brusquement des personnes aux idées et aux nombres et des idées et des nombres aux personnes 8, il confond le sujet et l'objet, la première cause et la cause finale et en rêvant à des figures géométriques 9, se perd dans un flot de significations. Il [V 14] nous faut alors un effort mental pour comprendre son double langage, ou pour saisir le caractère obscur du savoir et le génie d'antiques philosophes qui, dans ces conditions (?), semblent, dans bien des cas, avoir anticipé la connaissance de la vérité en vertu d'un pouvoir divin 10.

Nous ignorons si "ces conditions" impliquent l'ignorance et la sottise du  "génie  des  anciens  philosophes"  ou  autre  chose,  mais  ce  que nous savons c'est que le sens des phrases que nous donnons en italique est parfaitement clair. Que le professeur royal de Grec croie ou non à un sens caché dans des figures géométriques et du "jargon" Esotérique, il n'en admet pas moins la présence d'un "double langage" dans les oeuvres de ces Philosophes. Il en résulte qu'il admet l'existence d'un sens caché qui a dû avoir son interprétation. Pourquoi donc contredit-il sa propre déclaration dans la page suivante ? Pourquoi refuse-t-il tout sens occulte au Timée – le Dialogue pythagoricien (mystique) par excellence – et se donne-t-il tant de mal pour faire croire à ses lecteurs que :

L'influence exercée par Timée sur la postérité est due, en partie, à un malentendu.

La citation suivante, tirée de son Introduction, est en contradiction directe avec le paragraphe qui la précède et que nous avons cité plus haut :

Dans les prétendues profondeurs de ce dialogue, les Néo- Platoniciens découvraient des sens cachés et des rapports avec les Ecritures Juives et Chrétiennes, puis ils en tiraient des doctrines différant complètement de l'esprit de Platon. Croyant qu'il avait été inspiré par le Saint- Esprit, ou qu'il tenait sa sagesse de Moïse 11, ils semblaient découvrir dans ses œuvres la Trinité Chrétienne, le Verbe, l'Eglise... et les Néo-Platoniciens possédaient une méthode d'interprétation qui leur permettait de découvrir n'importe quel sens à n'importe quel mot. Ils étaient réellement incapables d'établir une distinction entre les opinions  de  deux  philosophes, ou [V 15] entre les pensées sérieuses de Platon et ses fantaisies passagères 12... [mais] il n'y a pas à craindre que les commentateurs modernes de Timée commettent la même absurdité que les Néo-Platoniciens.

 8 Les italiques sont de moi. Tout élève en Philosophie Orientale, tout Cabaliste, comprendra la raison de cette association de personnes avec les idées, les nombres et les figures géométriques. Le nombre, disait en effet Philolaüs, "est le lien dominant et auto-généré de l'éternelle continuité des choses". Seul le Savant moderne est aveugle à la grandiose vérité.

9 Ici encore l'antique philosophe semble être en avance sur le moderne. En effet, il se borne à "confondre... les causes premières et finales (confusion que nient ceux qui connaissent l'esprit de la science antique), tandis que son moderne successeur avoue qu'il ignore absolument les unes et les autres. M. Tyndall représente la science comme "impuissante" à résoudre un seul des problèmes ultimes de la Nature et "l'imagination disciplinée [lisez, matérialiste moderne] comme fuyant avec effroi la contemplation des problèmes" du monde de la matière. Il doute même que les hommes de la science actuelle possèdent "les éléments intellectuels qui leur permettraient de saisir les ultimes énergies structurales de la Nature". Mais pour Platon et ses disciples, les types inférieurs n'étaient que les images concrètes des types supérieurs abstraits ; l'Ame immortelle a une origine, en tant que reflet du grand Archée universel (Anima Mundi), est auto-motrice et du centre se diffuse sur tout le corps du Macrocosme.

10 Op. cit., p. 523.

 11 Les Néo-Platoniciens n'ont commis nulle part une pareille absurdité. Le savant professeur de grec a dû penser à deux ouvrages apocryphes attribués par Eusèbe et saint Jérôme à Ammonius Saccas, qui n'a rien écrit, ou bien il a dû confondre les Néo-Platoniciens avec Philon le Juif, bien que Philon vécut plus de 130 ans avant la naissance du fondateur du Néo-Platonisme. Il appartenait à l'Ecole d'Aristobule le Juif, qui vivait sous Ptolémée Philometer (150 ans av. J.-C.) et on lui attribue l'origine du mouvement tendant à prouver que Platon et même la Philosophie Péripatéticienne dérivaient des Livres Mosaïques "révélés". Valckenaer cherche à prouver que l'auteur des Commentaires des Livres de Moïse ne fut pas Aristobule, le sycophante de Ptolémée, mais quel qu'ait été cet auteur, ce ne fut pas un Néo-Platonicien et il vécut avant, ou durant l'époque de Philon le Juif, puisque ce dernier semble connaître ses oeuvres et suivre ses méthodes.

12 Seulement Clément d'Alexandrie, un Néo-Platonicien chrétien et un auteur très fantasque.

 

Aucun danger, bien entendu, pour la bonne raison que les commentateurs modernes n'ont jamais eu la clef des interprétations Occultes. Et avant d'ajouter un seul mot pour défendre Platon et les Néo- Platoniciens, il faudrait respectueusement poser les questions suivantes au savant professeur du Balliol College. Que sait-il, ou que peut-il savoir, au sujet du canon Esotérique d'interprétation ? Par le mot "canon" nous entendons parler ici de la clef qui était donnée verbalement, de "bouche à oreille", par le Maître à son disciple, ou par l'Hiérophante au candidat à l'initiation, et cela de temps immémorial, durant une longue série de siècles, au cours desquels les Mystères intimes – non pas les publics – constituaient, en tous pays, l'institution la plus sacrée. Sans cette clef, il est impossible d'interpréter correctement, ni les Dialogues de Platon,  ni aucune Ecriture, depuis les Védas jusqu'à Homère et depuis le Zend-Avesta jusqu'aux Livres Mosaïques. Comment donc le Rév. Dr. Jowett pourrait-il savoir que les interprétations des divers livres sacrés des nations que donnent les Néo-Platoniciens, sont des "absurdités" ? De plus, où a-t-il eu l'occasion d'étudier ces "interprétations" ? L'histoire établit que tous les ouvrages de ce genre furent détruits par les Pères de l'Eglise Chrétienne et par leurs fanatiques catéchumènes, partout où on les découvrit. Prétendre qu'un homme comme Ammonius, un génie et un saint, qui par son savoir et sa vie saine conquit le titre de Théodidactos ("Instruit par Dieu"), que des hommes comme Plotin, Porphyre et Proclus étaient "incapables d'établir une distinction entre les opinions de deux philosophes, ou entre les pensées sérieuses de Platon et ses fantaisies", c'est se placer dans une position intenable pour un Savant. Cela équivaut à dire : qu'un grand nombre des Philosophes les plus fameux et des plus grands Savants et Sages de la Grèce et de l'Empire Romain n'étaient que des tristes sots et que tous les autres commentateurs, admirateurs de la Philosophie Grecque et dont quelques-uns comptent parmi les esprits les plus subtils de l'époque – qui ne sont pas de l'avis du Dr. Jowett – sont aussi des sots qui ne valent pas mieux que ceux qu'ils admirent.

Le ton protecteur des passages que nous avons cités plus haut est empreint de la suffisance la plus naïve, remarquable même à notre époque de glorification personnelle et de coteries d'admiration mutuelle. Il nous faut comparer les opinions du professeur avec celles de quelques autres érudits. [V 16]

Voici ce que dit le professeur Alexandre Wilder, de New York, un des meilleurs platoniciens de nos jours, et parlant d'Ammonius, le fondateur de l'Ecole Néo-Platonicienne :

Sa profonde intuition spirituelle, ses connaissances étendues, son intimité avec les Pères de l'Eglise, Pantène, Clément et Athénagore et avec les philosophes les plus érudits de son époque, tout cela concourut à le rendre apte à la tâche qu'il a si bien accomplie 13. Il réussit à rallier à ses opinions les plus grands savants et fonctionnaires publics de l'Empire Romain, qui étaient peu enclins à perdre leur temps en  recherches dialectiques on en pratiques superstitieuses. Les résultats obtenus par son ministère sont perceptibles de nos jours dans tous les pays du monde chrétien ; car tous les principaux systèmes de doctrines portent aujourd'hui la marque de sa main plastique. Toutes les anciennes philosophies ont eu leurs fidèles parmi les modernes,  et le Judaïsme lui-même... a subi des changements qui furent suggérés par l'Alexandrin "Instruit par Dieu"... C'était un homme d'une rare érudition, admirablement doué, menant une vie sans tache, pleine d'aimables dispositions. Son savoir presque surhumain et de nombreuses autres qualités lui valurent le titre de Théodidactos, mais il suivit le modeste exemple de Pythagore et se contenta de prendre le titre de Philalèthe, ou ami de la vérité 14.

Ce serait un bonheur pour la vérité et les faits si nos modernes érudits marchaient aussi modestement sur les traces de leurs grands prédécesseurs. Mais ce ne sont pas eux les Philalèthes !

13 La tâche de réconcilier les différents systèmes religieux.

14 New Platonism and Alchemy, par Alex. Wilder, M. D. pp. 7, 4.

 

Nous savons en outre que :

 De même qu'Orphée, Pythagore, Confucius, Socrate et Jésus lui-même 15, Ammonius n'écrivait rien 16. Au  lieu de cela... il communiquait [V 17] ses doctrines les plus importantes à des personnes dûment instruites et disciplinées, en leur imposant l'obligation du secret, comme l'avaient fait avant lui Zoroastre et Pythagore et comme on le faisait dans les Mystères. Sauf quelques rares traités dus à ses disciples, nous n'avons que les déclarations de ses adversaires pour nous apprendre ce qu'il enseignait réellement 17.

C'est probablement en se basant sur les affirmations pleines de parti pris de pareils "adversaires" que le savant traducteur d'Oxford, des Dialogues de Platon, en arriva à la conclusion que :

Ce qu'il y avait en lui [Platon] de vraiment grand et de vraiment caractéristique, ses efforts en vue de comprendre et de rattacher entre elles des  abstractions, ne fut pas compris du tout par eux [les  Néo- Platoniciens] [?].

 15 Il est connu que, bien que né de parents chrétiens, Ammonius avait renoncé aux dogmes de l'Eglise, – quoi qu'en pensent Eusèbe et Jérôme. Porphyre, disciple de Plotin, qui avait vécu pendant onze ans avec Ammonius et qui n'avait aucun intérêt à déguiser la vérité, déclare positivement qu'il avait absolument renoncé au Christianisme. D'autre part, nous savons qu'Ammonius croyait aux Dieux brillants et Protecteurs et que la Philosophie Néo-Platonicienne était "païenne" autant que mystique. Mais Eusèbe, le moins scrupuleux des falsificateurs des textes antiques, et saint Jérôme, un fanatique extrême, qui avaient tous deux intérêt à nier le fait contredisent Porphyre. Nous préférons croire ce dernier, qui a légué à la postérité un nom sans tache et une réputation de grande honnêteté.

16 Deux ouvrages sont faussement attribués à Ammonius. L'un d'eux, aujourd'hui perdu, ayant pour titre De Consensu Moiysis et Jesu, est mentionné par ce même personnage "digne de confiance", Eusèbe, évêque de Césarée et ami de l'empereur Constantin, qui n'en mourut pas moins païen. Tout ce que l'on sait de ce pseudo-ouvrage c'est que Jérôme en fait un grand éloge, (Vir. Illust., § 55, et Eusèbe, H. E., VI, 19). Un second ouvrage est intitulé le Diatesseron (ou "L'Harmonie des Evangiles") et il existe en partie. Toutefois, il n'en existe que la version latine de Victor, évêque de Capoue (VIe siècle), qui l'attribuait lui-même à Tatien et cela avec probablement aussi peu de raison que lorsque les savants plus modernes ont attribué ce Diatesseron à Ammonius. On ne peut donc lui accorder une grande confiance, pas plus qu'à son interprétation "ésotérique" des évangiles. Nous demandons si c'est cet ouvrage qui amena le professeur Jowett à considérer les interprétations Néo- Platoniciennes comme des "absurdités".

17 Op. cit., p. 7.

 

Il déclare, d'une façon assez méprisante pour les anciennes méthodes d'analyse intellectuelle, que : De nos jours... un antique philosophe doit être interprété d'après lui-même et d'après l'histoire contemporaine de la pensée 18.

18 Op. cit., III, 524.

 

Ce qui revient à dire que l'antique canon Grec des proportions (si on le découvre jamais) et l'Athéna Promachos de Phidias, doivent  être interprétés de nos jours d'après l'histoire contemporaine de l'architecture et de la sculpture, d'après l'Albert Hall et le Memorial Monument et d'après les hideuses Madones en crinolines disséminées dans toute l'Italie. Le professeur Jowet fait remarquer que le "mysticisme n'est pas la critique". C'est vrai, mais la critique n'est pas toujours un jugement loyal et sain.

 La critique est aisée, mais l'art est difficile.

 Et cet "art" fait défaut de a à z chez notre critique des Néo- Platoniciens – en dépit de sa qualité d'Helléniste érudit. Il est, en outre, évident qu'il ne possède pas la clef du véritable esprit du Mysticisme de Pythagore et de Platon, puisqu'il nie la présence, même dans le Timée, du moindre élément de Mysticisme Oriental et cherche à nous représenter la philosophie grecque comme réagissant sur l'Orient, oubliant que [V 18] c'est exactement le contraire qui est la vérité ; que c'est "le profond et pénétrant esprit de l'Orientalisme" qui – grâce à Pythagore ou à son initiation aux Mystères – pénétra jusqu'au plus profond de l'âme de Platon.

Mais le Dr Jowett ne voit pas cela. Il n'est pas non plus disposé à admettre que quoi que ce soit de bon ou de rationnel en – accord avec "l'histoire contemporaine de la pensée" – ait jamais pu être tiré de ce Nazareth des Mystères païens ; ni même qu'il y ait quoi que ce soit de secret à interpréter dans le Timée ou dans tout autre Dialogue. Pour lui :

 Le prétendu mysticisme de Platon est purement grec ; il est dû à ses connaissances imparfaites 19 et à ses hautes aspirations et représente le développement d'une époque durant laquelle la philosophie n'est pas complètement séparée de la poésie et de la mythologie 20.

Parmi plusieurs propositions également erronées, nous entendons surtout combattre les affirmations suivant lesquelles aucun élément de Philosophie Orientale n'existe dans les oeuvres de Platon et tout érudit moderne, sans être lui-même un Mystique ou un Cabaliste, peut avoir la prétention de juger l'antique Esotérisme.

Pour atteindre ce but, il nous faut produire des déclarations ayant plus d'autorité que n'en auraient les nôtres et fournir le témoignage d'autres savants aussi grands, sinon plus grands que le Dr Jowett et qui soient, de plus, des spécialistes dans les questions qu'ils traitent, afin d'annihiler les arguments du professeur royal de grec d'Oxford.

Personne ne songera à nier que Platon ait été un admirateur et un disciple de Pythagore et il est également indéniable que Platon, comme le dit le Professeur Matter, a hérité de ses doctrines et a puisé sa sagesse aux mêmes sources que le Philosophe de Samos 21. Or, les doctrines de Pythagore sont foncièrement Orientales et même Brahmaniques, car ce grand philosophe indiquait toujours l'Extrême-Orient comme la  source d'où il tirait ses enseignements et sa Philosophie, et Colebrooke montre que Platon fait la même profession de foi dans ses Epîtres et déclare qu'il a tiré ses enseignements [V 19] "de doctrines antiques et sacrées 22".  En outre, les idées de Pythagore et de Platon coïncident trop bien avec les systèmes de l'Inde et avec le Zoroastrianisme, pour que leur origine puisse être mise en doute par une personne tant soit peu familiarisée avec ces systèmes. Puis : Pantène, Athénagore et Clément connaissaient à fond la philosophie de Platon et comprenaient son unité essentielle avec les systèmes orientaux 23.

L'histoire de Pantène et de ses contemporains peut donner la clef des éléments platoniciens et orientaux à la fois, qui, dans les Evangiles, prédominent d'une manière si frappante sur les Ecritures Juives.

19 "Connaissances imparfaites" de quoi ? Que Platon ait été aussi ignorant d'un grand nombre "d'hypothèses modernes de travail" – que le sera certainement notre postérité immédiate de ces mêmes hypothèses lorsqu'elles auront fait long feu et auront rejoint la "grande majorité" – c'est là, peut-être, une bénédiction déguisée.

20 Op. cit., p. 524.

21 Histoire Critique de Gnosticisme, par M. J. Matter, professeur à l'Académie Royale  de Strasbourg : "C'est dans Pythagore et dans Platon que nous trouvons, en Grèce, les premiers éléments du Gnosticisme (Oriental)", dit-il. (Vol. I., pp. 48 et 50.)

22 Asiat. Trans., I, 597.

23 New Platonism and Alchemy, p. 4.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 5 Sat, 17 Jan 2015 10:24:42 +0000
SECTION I - COUP D'ŒIL PRELIMINAIRE http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/230-section-i-coup-d-oeil-preliminaire http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/230-section-i-coup-d-oeil-preliminaire

SECTION I

COUP D'ŒIL PRELIMINAIRE

 

On peut retrouver les traces d'initiés ayant acquis des pouvoirs et un savoir transcendants, en remontant jusqu'à la Quatrième Race-Racine. Comme la multiplicité des sujets à traiter ne nous permet pas de placer un pareil chapitre historique qui, tout en étant véritablement historique en fait, serait repoussé a priori comme un blasphème et une fable par l'Eglise aussi bien que par la Science, nous nous bornerons à effleurer le sujet. La Science raye, suivant son caprice et sa fantaisie, des douzaines de noms d'anciens héros, simplement parce qu'un trop grand élément de mythe entre dans leur histoire : l'Eglise insiste pour que les patriarches bibliques soient considérés comme des personnages historiques et donne à ses sept "Anges- Etoiles" le nom de "canaux et agents historiques du Créateur". Elles ont raison toutes deux, puisque chacune trouve un puissant parti pour la soutenir. L'humanité n'est tout au plus qu'un triste troupeau de moutons de Panurge, qui suit aveuglément le chef qui a momentanément la vogue. L'humanité – la majorité tout au moins – déteste penser par elle-même. Elle considère comme une insulte, la plus humble invitation d'avoir à quitter pour un instant les antiques sentiers battus et, jugeant par elle- même, d'avoir à s'engager dans une autre voie suivant une nouvelle direction. Donnez-lui à résoudre un problème qui ne lui soit pas familier et s'il déplaît à ses mathématiciens et que ceux-ci refusent de s'en occuper, la foule, peu familiarisée avec les mathématiques, considérera avec stupéfaction la quantité inconnue et se perdant sans espoir au milieu des x et des y, se retournera furieuse en cherchant à mettre en pièces le fâcheux qui trouble son Nirvâna intellectuel. Cela pourrait expliquer peut-être les facilités et les succès extraordinaires de l'Eglise Romaine dans ses conversions de Protestants et de Libres Penseurs nominaux, dont le nom est légion, mais qui ne se sont jamais donnés la peine de penser par eux- mêmes à ces très importants et terribles problèmes de la nature intime de l'homme.

Et pourtant, si l'on ne tient pas compte de l'évidence des faits, des traditions conservées par l'Histoire et des anathèmes [V 21] incessants que l'Eglise lance contre la "Magie Noire" et les Magiciens de race maudite de Caïn, nos efforts paraîtront en vérité bien mesquins. Alors que depuis près de deux milliers d'années un groupe d'hommes n'a jamais cessé d'élever la voix contre la Magie Noire, la conclusion irréfutable devrait être que si la Magie Noire est un fait réel, sa contrepartie – la Magie Blanche– doit exister quelque part. Il ne pourrait exister de fausses pièces d'argent s'il n'y en avait pas de véritables. La Nature est double dans tout ce qu'elle entreprend et cette persécution ecclésiastique aurait dû, à elle seule, ouvrir depuis longtemps les yeux du public. Si disposés que soient certains voyageurs à dénaturer les faits, lorsqu'il s'agit des pouvoirs anormaux dont quelques hommes sont doués dans les pays païens ; si empressés qu'ils soient à édifier sur ces faits une construction mensongère et – pour employer un vieux proverbe – "à appeler un cygne blanc, oie noire" et à le tuer, il n'en faut pas moins tenir compte des preuves fournies même par des missionnaires Catholiques Romains, alors qu'ils affirment unanimement certains faits, et parce qu'il leur plaît d'attribuer certaines manifestations à une intervention Satanique, ce n'est pas non plus une raison pour dédaigner la preuve qu'elles fournissent de l'existence de ces pouvoirs. Que disent-ils en effet, au sujet de la Chine ? Les missionnaires qui ont vécu de longues années dans ce pays, qui ont étudié tous les faits et toutes les croyances pouvant mettre obstacle au succès des conversions qu'ils entreprennent et qui se sont familiarisés avec tous les rites exotériques de la religion officielle et des sectes – affirment tous l'existence d'un certain groupe d'hommes, dont personne ne peut approcher, sauf l'Empereur et quelques hauts fonctionnaires de choix. Il y a quelques années, avant la guerre du Tonkin, l'archevêque de Pékin [Peiping], sur les rapports de quelques centaines de missionnaires et de Chrétiens, transmis à Rome identiquement le même récit qui avait déjà été transmis vingt-cinq ans auparavant et auquel les journaux cléricaux avaient donné une grande publicité. On avait sondé, disait-on, le mystère de certaines ambassades officielles envoyées, aux jours de danger, par l'Empereur et par les Gouverneurs, à leurs Sheu et à leurs Kiuay, comme on les appelle dans le peuple. Ces Sheu et ces Kiuay, explique t-on, sont les Génies des montagnes, qui sont doués des pouvoirs les plus miraculeux. Les masses "ignorantes" les considèrent comme les protecteurs de la Chine et les bons et "savants" missionnaires les tiennent pour des incarnations du pouvoir Satanique.

 Les Sheu et les Kiuay sont des hommes appartenant à un état d'être différent de celui des hommes ordinaires, ou de celui qui était le leur alors qu'ils étaient revêtus de leurs corps. Ce sont [V 22] des esprits désincarnés, des fantômes et des larves, qui vivent néanmoins sur terre sous une forme objective et qui habitent les solitudes de montagnes inaccessibles à tous, sauf à ceux qu'ils autorisent à leur rendre visite 24.

Au Tibet, certains ascètes sont aussi appelés Lha, Esprits, par ceux avec lesquels il ne leur plaît pas d'entrer en communication. Les Sheu et les Kiuay, qui jouissent de la plus haute considération de l'Empereur et des Philosophes, ainsi que de celles des Confucianistes qui ne croient pas aux "Esprits", sont simplement des Lohans – des Adeptes qui vivent dans la solitude la plus grande au fond de leurs retraites inconnues.

Mais l'exclusivisme des Chinois, ainsi que la Nature, semblent s'être alliés contre la curiosité européenne et – suivant l'opinion sincère des Tibétains – contre ses profanations. Le fameux voyageur Marco Polo, fut peut-être l'Européen qui s'aventura le plus loin dans l'intérieur de ces contrées. Nous pouvons répéter maintenant ce qui fut dit de lui en 1876.

Le district du désert de Gobi et, par le fait, toute la surface de la Tartarie Indépendante et du Tibet sont soigneusement gardés contre l'intrusion des étrangers. Ceux auxquels on accorde la permission de les traverser sont confiés aux soins et mis sous la direction de certains agents de l'autorité suprême et ils ont pour devoir de ne transmettre au monde extérieur aucun renseignement sur les localités et sur les gens. Si cette restriction n'existait pas, beaucoup de personnes pourraient, ajouter à ces pages des récits d'explorations, d'aventures et de découvertes, que l'on lirait avec intérêt. Un jour viendra, tôt ou tard, où le terrible sable du désert livrera ses secrets enfouis depuis si longtemps et, ce jour-là, notre vanité moderne éprouvera, certes, des mortifications très inattendues.

 24 Ce fait, comme bien d'autres, se trouve dans les Rapports des Missionnaires de Chine et dans un ouvrage écrit par Mgr Delaplace, évêque en Chine, Annales de la propagation de la Foi.

 "Les gens de Pashai 25, dit Marco Polo, l'audacieux voyageur du XIIIème siècle, sont de grands adeptes en sorcellerie et en arts diaboliques." Et son savant éditeur ajoute : "Ce Pashai, ou Oudiana, était le pays natal de Padma Sambhava, un des principaux apôtres du Lamaïsme, c'est-à-dire du Bouddhisme Tibétain, et un grand maître en enchantements. Les doctrines de Sakya, telles qu'elles avaient cours à Oudiana dans l'antiquité, étaient probablement fortement teintées de magie sivaïtique et les Tibétains [V 23] considèrent encore la localité comme la terre classique de la sorcellerie."

Les "temps anciens" sont absolument comme les "temps modernes" ; rien n'est changé en ce qui concerne les pratiques de magie, sauf qu'elles sont devenues encore plus ésotériques et secrètes et que les précautions prises par les adeptes augmentent de pair avec la curiosité des voyageurs. Hiouen-Thsang dit des habitants : "Les hommes... aiment l'étude, mais étudient sans ardeur. La Science des formules magiques est devenue pour eux un véritable travail professionnel 26." Nous ne contredirons pas les vénérables pèlerins Chinois sur ce point et nous sommes prêts à admettre qu'au VIIème siècle quelques personnes faisaient de la magie un "travail professionnel", tout comme quelques personnes le font encore maintenant, mais certainement pas les   véritables adeptes. De plus, à cette époque, le Bouddhisme avait à peine pénétré dans le Tibet et les races qui l'habitaient étaient plongées dans les sorcelleries du Bon – la religion pré-lamaïque. Ce n'est pas Hiouen-Thsang, l'homme pieux qui risqua cent fois sa vie pour avoir le bonheur d'apercevoir l'ombre de Bouddha dans la caverne de Peshawur, qui aurait accusé les bons lamas et les moines thaumaturges "de faire profession" de la montrer aux voyageurs. L'injonction de Gautama, contenue dans sa réponse à son protecteur le roi Prasenajit, qui l'invitait à accomplir des miracles, devait être toujours présente à l'esprit de Hiouen-Thsang. "Grand Roi, dit Gautama, je n'enseigne pas la loi à mes disciples en leur disant : Allez, ô saints, et, sous les yeux des Brahmanes et des chefs de familles, accomplissez, grâce à vos pouvoirs surnaturels, des miracles supérieurs à ceux  qu'aucun autre homme ne pourrait accomplir. Je leur dis, au contraire, lorsque je leur enseigne la loi : Vivez, ô saints, en cachant vos bonnes actions et en laissant voir vos péchés."

Frappé par les récits de spectacles magiques dont furent témoins et que racontèrent les voyageurs de toutes les époques qui visitèrent la Tartarie et le Tibet, le colonel Yule arrive à la conclusion que tous les indigènes devaient "disposer de toutes les encyclopédies des Spirites modernes". Duhalde mentionne parmi leur sorcellerie, l'art de produire dans les airs, par leurs invocations, l'apparition de Lao-Tseu 27 et de leurs divinités et de faire écrire des réponses à des questions par un crayon sans que personne ne le touche 28.

25 Région qui se trouve quelque part du côté d'Oudiana et le Cachemire d'après ce que pense le traducteur et l'éditeur de Marco Polo (le colonel Yule), I, 173.

26 Voyage des Pèlerins Bouddhistes, Vol. I ; Histoire de la Vie de Hiouen-Tshang, etc., traduit du chinois en français par Stanislas Julien.

 27 Lao-tseu, le Philosophe Chinois.

28 The Book of Ser Marco Polo, I, 318. Voir Isis Dévoilée, I, p. 599-601.

 

Les premières invocations font partie des mystères religieux de leurs sanctuaires ; si on les accomplit autrement, ou dans un but de gain, on les considère comme de la sorcellerie, de la nécromancie  [V 24] et elles sont strictement interdites. Le dernier artifice, celui de faire écrire un crayon sans contact, était connu et pratiqué en Chine et dans d'autres pays avant l'ère Chrétienne. Cela constitue l'A. B. C. de la magie, dans ces pays.

Lorsque Hiouen-Thsang éprouva le désir  d'adorer l'ombre de Bouddha, ce ne fut pas à des "magiciens de profession" qu'il s'adressa, mais il fit appel aux pouvoirs d'invocation de sa propre âme ; aux pouvoirs que confèrent la prière, la foi et la contemplation. Tout était sombre et lugubre auprès de la caverne dans laquelle on disait que le miracle se produisait parfois. Hiouen- Thsang entra et commença ses dévotions. Il se prosterna cent fois mais ne vit ni n'entendit rien. Alors, se considérant comme un trop grand pécheur, il pleura amèrement et se désespéra, mais au moment où il allait renoncer à tout espoir, il aperçut une faible lueur sur la paroi du côté est, puis cette lueur disparut. Il recommença à prier, plein d'espoir cette fois et, de nouveau, il vit la lueur, qui brilla et disparut encore. Il fit alors un vœu solennel : celui de ne pas quitter la caverne avant d'avoir eu le bonheur de voir enfin l'ombre du "Vénérable des Ages". Il attendit longtemps encore, car ce ne fut qu'après deux cents prières que, tout à coup, la sombre caverne "fut inondée de lumière et l'ombre de Bouddha, d'une brillante couleur blanche, s'éleva majestueusement sur la paroi, comme lorsque des nuages s'entrouvrent soudain et laissent voir la merveilleuse image de la "Montagne de Lumière". Une éblouissante splendeur éclairait les traits du personnage divin. Hiouen-Thsang était abîmé dans la contemplation et l'admiration et ne voulait pas détacher ses yeux de cet objet sublime et incomparable". Hiouen-Thsang ajoute, dans son propre journal, See-yu-Kee, que ce n'est que lorsqu'un homme prie avec une foi sincère et s'il a reçu d'en haut une impression cachée, qu'il voit clairement l'ombre, mais ne peut jamais jouir longtemps de ce spectacle (Max Müller, Buddhis Pilgrims).

Le pays est, d'un bout à l'autre, rempli de mystiques, de philosophes religieux, de saints Bouddhistes et de magiciens. La croyance en un monde spirituel, plein d'êtres invisibles qui, dans certaines conditions, apparaissent aux mortels d'une façon objective, est universelle. "Suivant la croyance répandue parmi les peuples de l'Asie centrale, fait remarquer I. J. Schmidt, la terre et son intérieur, ainsi que l'atmosphère qui l'entoure, sont remplis d'êtres spirituels, qui exercent, sur toute la nature organique et inorganique une influence en partie bienfaisante et en partie maligne... Les déserts et les autres lieux sauvages ou inhabités, ou les régions dans lesquelles les influences de la nature se manifestent sur une échelle gigantesque et terrible, sont particulièrement considérés comme la principale demeure ou le lieu de rendez-vous des mauvais esprits, et c'est pour cela que les steppes du Turan et particulièrement le grand désert de sable de Gobi, [V 25] ont été considérés comme lieux de séjour d'êtres malfaisants et cela depuis l'antiquité la plus reculée."

Les trésors exhumés à Mycène par le Dr Schliemann ont éveillé la cupidité populaire et les yeux des spéculateurs audacieux se sont tournés, du côté des localités où l'on suppose que les richesses d'anciens peuples ont été enfouies, dans des cryptes ou des cavernes, ou sous le sable et les dépôts d'alluvions. Entre tous les pays, y compris le Pérou, c'est le désert de Gobi auquel se rattache le plus de traditions. La Tartarie  indépendante, ce désert de sables mouvants tout rempli de hurlements, fut jadis, si l'on en croit les traditions, le centre d'un des plus riches Empires que le monde eût jamais connus. On dit que sous sa surface sont cachées sous forme d'or, de joyaux, de statues, d'armes, d'ustensiles et de tout ce qui indique la civilisation, le luxe et les beaux-arts, des richesses comme aucune des capitales actuelles de la Chrétienté n'en saurait déployer aujourd'hui. Les sables du désert de Gobi se déplacent régulièrement de l'est à l'ouest, sous l'impulsion de terribles ouragans qui soufflent sans cesse. Parfois, quelques-uns des trésors cachés sont mis à découvert, mais aucun des indigènes n'ose y toucher, car la région tout entière est placée sous l'anathème d'un puissant enchantement. La peine encourue serait la mort. Les Bahti – gnomes hideux mais fidèles – gardent les trésors cachés de ce peuple préhistorique, en attendant le jour où la révolution des périodes cycliques fera de nouveau connaître son histoire pour l'instruction de l'humanité 29.

La citation Précédente est intentionnellement empruntée à Isis Dévoilée, pour rafraîchir la mémoire du lecteur. Une des  périodes cycliques vient précisément de prendre fin et il se peut qu'il ne nous faille pas attendre la fin du Mahâ-Kalpa pour qu'il nous soit révélé quelque chose de l'histoire du mystérieux désert, en dépit des Bahti et même des non moins "hideux" Râkshasas de l'Inde. Nous n'avons donné ni contes ni fictions dans nos premiers volumes, malgré leur état chaotique, que l'auteur, absolument dépourvu de vanité, reconnaît publiquement avec mille excuses.

On admet généralement aujourd'hui que, de temps immémorial, l'Extrême-Orient, l'Inde en particulier, était le pays du savoir et des connaissances de tous genres. Pourtant le pays des primitifs  Aryas [Aryens] est, entre tous, celui auquel on dénie le plus l'origine de tous ses Arts et de toutes ses Sciences. Depuis l'Architecture jusqu'au Zodiaque, toute science digne de ce nom était importée par les Grecs, les mystérieux Yavanas – si l'on en croit les Orientalistes ! Il est donc logique que l'on refuse à l'Inde jusqu'à la connaissance de la Science Occulte, puisque l'on en sait moins au sujet [V 26] de sa pratique générale dans ce pays, que chez tous les autres peuples antiques. S'il en est ainsi, cela tient simplement à ce que :

Chez les Hindous elle était, et elle est encore, plus ésotérique, si possible, que même chez les prêtres égyptiens. On considérait cette science comme si sacrée, que son existence n'était admise qu'à moitié et on ne la mettait en pratique qu'en cas de difficultés d'ordre public. C'était plus qu'une question religieuse, car elle était [et elle est encore] considérée comme divine. Les hiérophantes égyptiens, malgré la pratique d'une moralité rigide et pure, ne pouvaient être comparés un seul instant aux ascètes Gymnosophistes, tant au point de vue de la sainteté de la vie, qu'au point de vue des pouvoirs miraculeux qu'avait développés en eux le renoncement surnaturel  à  toutes  les  choses  terrestres.  Ceux  qui les connaissaient bien avaient pour eux encore plus de respect que pour les Mages de la Chaldée. "Se refusant le moindre confort dans la vie, ils habitaient dans les bois et menaient la vie des ermites les plus retirés 30", tandis que leurs frères égyptiens vivaient au moins groupés. Malgré le blâme qui s'attache à tous ceux qui pratiquent la magie et la divination, l'histoire a proclamé qu'ils possédaient les plus grands secrets dans la science médicale et une habileté incomparable dans sa pratique. Nombreux sont les volumes que l'on conserve dans les Mathams Hindous et dans lesquels sont consignées les preuves de ce savoir. Quant à essayer de dire si ces Gymnosophistes furent les réels fondateurs de la magie en Inde, ou s'ils ne firent que mettre en pratique ce qui leur avait été transmis en héritage par les Richis 31 – les sept sages primordiaux  – ce serait considéré comme une simple spéculation par les étudiants des sciences exactes 32.

29 Isis Dévoilée, I, 430 et suivantes.

30 Ammien Marcellin, XXIII, 6.

31 Les Richis – le premier groupe de sept – vivaient à une époque antérieure à la période védique. On les considère aujourd'hui comme des Sages et on les vénère comme des demi-dieux, mais on peut établir maintenant qu'ils sont quelque chose de plus que de simples philosophes mortels. Il y a d'autres groupes de dix, de douze et même de vingt et un. Haug montre qu'ils occupent dans la religion Brahmanique une position équivalente à celle qu'occupent les douze fils de Jacob dans la Bible Juive. Les Brahmanes prétendent descendre directement des Richis.

32 Isis Dévoilée, I, 199.

 

Il nous faut cependant le tenter. Dans Isis Dévoilée, tout ce que l'on pouvait dire au sujet de la Magie était donné sous forme d'allusions et, en raison de la grande quantité de matériaux éparpillés dans de forts volumes, beaucoup de son importance a été perdue par le lecteur, en même temps que les défauts de composition empêchaient encore l'éveil de son attention. Mais maintenant les allusions peuvent être transformées en explications. On ne saurait le répéter trop souvent – la Magie est aussi ancienne que l'homme. On ne peut plus la qualifier de charlatanisme ou d'hallucination, alors [V 27] que ses rameaux inférieurs – comme le mesmérisme, improprement appelé aujourd'hui "hypnotisme", "lecture de la pensée", "action par suggestion", et qui sait quoi encore ! uniquement pour éviter de lui donner son nom véritable et légitime – sont aujourd'hui si sérieusement étudiés par les plus fameux Biologistes et Physiologistes tant d'Europe que d'Amérique. La Magie est indissolublement mélangée à la religion de chaque pays et en est inséparable dès l'origine. Il est impossible à l'histoire d'indiquer l'époque où elle n'existait pas, ou celle à laquelle elle prit naissance, à moins de prendre en considération les doctrines conservées par les Initiés. La Science ne peut non plus résoudre le problème de l'origine de l'homme, si elle repousse les preuves que fournissent les plus antiques archives du monde et refuse de recevoir la clef du Symbolisme Universel des mains des légitimes gardiens des mystères de la Nature. Toutes les fois qu'un auteur a tenté de rattacher la fondation de la Magie à un pays déterminé, à un événement ou à un personnage historique, les recherches ultérieures ont prouvé que son hypothèse n'était pas fondée. On constate sur ce point de lamentables contradictions parmi les Symbologistes. Quelques-uns voudraient qu'Odin 33, le prêtre et monarque scandinave, ait créé la pratique de la Magie quelque soixante-dix ans avant Jésus-Christ, bien qu'il en soit fait fréquemment mention dans la Bible. Comme il a été prouvé que les rites mystérieux des prêtresses Valas (Voilers) étaient bien antérieurs à l'époque d'Odin, Zoroastre entra  en scène et on a cherché à établir qu'il a été le fondateur des rites des Mages, mais Ammien Marcellin, Pline et Arnobe, ainsi que d'autres historiens anciens, ont démontré que Zoroastre n'a été qu'un réformateur de la Magie, telle que la pratiquaient les Chaldéens et les Egyptiens, et nullement son fondateur 34.

Qui donc, parmi ceux qui se sont constamment détournés de l'Occultisme et même du Spiritisme, comme étant "antiphilosophique" et, par suite, indignes de la pensée scientifique, qui donc a le droit de dire qu'il a étudié les Anciens, ou que, les ayant étudiés, il a compris tout ce qu'ils ont dit ? Ceux-là seuls qui prétendent être plus sages que leur génération, qui croient savoir tout ce que savaient les Anciens et qui, par conséquent, en sachant beaucoup plus aujourd'hui, s'imaginent qu'ils ont le droit de se moquer de leur antique simplicité d'esprit et de leurs superstitions , ceux-là qui s'imaginent avoir découvert un grand secret en déclarant que l'antique sarcophage royal, aujourd'hui veuf de son Roi Initié, est une "huche" et la pyramide qui le renferme, un [V 28] grenier ou peut-être une cave à vin  35.

 33 Voyez Münter. "Sur les plus anciennes religions du Nord avant Odin". Mémoires de la Société des Antiquaires de France, 11, 230.

34 Ammien Marcellin, XXVI, 6.

35 "Il est impossible de fixer, au moyen d'une des règles de la science moderne, la date de la construction des centaines de pyramides qui se trouvent dans la Vallée du Nil ; Hérodote nous

 

Se basant sur l'autorité de quelques Savants, la société moderne appelle la Magie du charlatanisme, mais il y a jusqu'à présent sur la surface du globe huit cent millions d'être qui y croient ; on dit qu'il y a vingt millions d'hommes et de femmes, parfaitement sains d'esprit et souvent très intellectuels, qui font partie de cette même société et qui, sous le nom de Spiritisme, croient aux phénomènes de la Magie. Tout l'ancien  monde, avec ses Savants et ses Philosophes, ses Sages et ses Prophètes, y croyait. Où est la contrée où elle n'est pas mise en pratique ? A quelle époque fut- elle bannie, même de notre propre pays ? Dans le Nouveau Monde comme dans l'Ancien (ce dernier bien plus jeune que l'autre), la Science des Sciences était connue et pratiquée depuis l'antiquité la plus reculée. Les Mexicains avaient leurs Initiés, leurs Prêtres-Hiérophantes et leurs Magiciens, ainsi que leurs cryptes servant aux Initiations. Une des deux statues découvertes dans les Etats du Pacifique représente un Adepte Mexicain, dans la posture prescrite à l'ascète Hindou et l'autre une Princesse Aztèque portant une coiffure que l'on pourrait retrouver sur la tête d'une Déesse Indienne ; en outre, la "Médaille Guatémaltèque" représente "l'Arbre de la Connaissance" – avec ses centaines d'yeux et d'oreilles, symbolisant la vue et l'ouïe – autour duquel s'enroule le "Serpent de la Sagesse" chuchotant à l'oreille de l'oiseau sacré. Bernard Diaz de Castilla, un des compagnons de Cortez, nous donne quelque idée du raffinement extraordinaire, de l'intelligence, de la civilisation et aussi des arts magiques du peuple que les Espagnols vainquirent par la force brutale. Leurs pyramides sont celles de l'Egypte, construites suivant le  même canon secret de proportions que celles des Pharaons et il semble que les Aztèques aient puisé de plus d'une façon leur civilisation et leur religion à la même source que les Egyptiens et, avant eux, les Indiens. Parmi ces trois peuples, les arcanes de la Philosophie Naturelle, ou Magie, étaient cultivées au plus haut degré. [V 29] Le fait que les Anciens  considéraient la Magie comme naturelle et non pas comme surnaturelle, ressort de ce apprend que chaque roi en érigea une pour commémorer son règne et lui servir de sépulture. Mais Hérodote n'a pas tout dit, bien qu'il sût que le but réel de la pyramide fut bien différent de celui qu'il lui assigne. S'il n'avait pas été retenu par ses scrupules religieux, il eût pu  ajouter, qu'extérieurement, la pyramide symbolisait le pouvoir créateur de la Nature et servait  aussi à éclairer les principes de la géométrie, des mathématiques, de l'astrologie et de l'astronomie. Intérieurement, c'était un temple majestueux, dans les profondeurs duquel s'accomplissaient les Mystères et dont les murs avaient été souvent témoins des scènes d'initiation de membres de la famille royale. Le sarcophage de porphyre, que le professeur Piazzi Smith, astronome royal d'Ecosse, ravale au niveau d'une huche à blé, constituait les fonts baptismaux en sortant desquels le néophyte "renaissait" et, devenait un Adepte." (Isis Dévoilée, I 320, 321.) que nous dit Lucien au sujet du "Philosophe rieur", Démocrite qui, dit-il à ses lecteurs,

Ne croyait pas [aux miracles]... mais s'appliquait à découvrir la méthode qu'employaient les théurgistes pour les produire ; en un mot, sa philosophie l'amène à conclure que la Magie se bornait entièrement à l'application et à l'imitation des lois et des œuvres de la nature.

Qui donc pourrait alors qualifier encore la Magie des Anciens de "superstition" ?

[A ce point de vue], l'opinion du "philosophe rieur" [Démocrite] a la plus grande importance pour nous, puisque les Mages laissés par Xerxès, à Abdère, furent ses instructeurs et qu'en outre il avait longtemps étudié la magie avec les prêtres égyptiens 36. Pendant près de quatre-vingt-dix ans, sur les cent neuf que dura sa vie, ce philosophe se livra à des expériences qu'il nota dans un livre qui, suivant Pétrone 37, traitait de la Nature – de faits qu'il avait vérifiés lui-même. Et nous le voyons non seulement nier et repousser absolument les miracles, mais encore affirmer que tous ceux qui étaient certifiés par des témoins oculaires avaient été et pouvaient être produits, car tous, même les plus incroyables, étaient produits suivant "les lois secrètes de la Nature 38"... Ajoutez à cela que la Grèce, le "berceau postérieur des arts et des sciences" et l'Inde, le berceau des religions, se consacrèrent, et que l'une des deux se consacre encore à l'étude et à la pratique de la Magie – et qui oserait discréditer son étude et sa profondeur en  tant  que science 39 ?

 36 Diog. Laërt., dans la Vie de Démocrite.

37 Satyricon, IX, 3.

38 Pline, Hist. Nat.

39 Isis Dévoilée, 1, 310.

 

Aucun vrai Théosophe ne le fera jamais. En sa qualité de membre de notre grand corps Oriental, il sait, en effet, d'une manière indubitable, que la DOCTRINE SECRETE de l'Orient renferme l'Alpha et l'Oméga de la Science Universelle ; il sait que dans ses textes obscurs, sous le débordement luxuriant, mais peut-être trop exubérant, du Symbolisme allégorique, se trouvent cachées la pierre d'assise et les clefs de voûte, toutes les connaissances anciennes et modernes. Cette Pierre, apportée ici- bas par le Divin Constructeur, est aujourd'hui repoussée par les ouvriers trop humains et, cela parce que, dans sa matérialité mortelle, l'homme a perdu tout souvenir non seulement de sa sainte enfance, mais même de son adolescence, alors qu'il était lui-même un des Constructeurs ; alors que "les étoiles du matin chantaient en chœur et que [V 30] les Fils de Dieu poussaient des cris de joie" après avoir pris les mesures pour les fondations de la terre – pour employer le langage profondément significatif et poétique de Job, l'Initié Arabe. Mais ceux qui sont encore capables de faire place au Rayon Divin au plus profond de leur for intérieur et qui acceptent, par suite, les données des Sciences Secrètes avec foi et humilité, ceux-là savent bien que c'est dans cette Pierre qu'est enfoui l'absolu  en Philosophie, qui constitue la clef de tous les obscurs problèmes de la Vie et de la Mort, dont quelques-uns au moins peuvent trouver une explication dans ces volumes.

L'auteur a pleine conscience des immenses difficultés que soulève la discussion de questions aussi abstraites et des dangers qu'implique cette tâche. Si honteux que ce soit pour la nature humaine de flétrir la vérité du nom d'imposture, nous le voyons faire journellement et nous l'acceptons. Toute vérité occulte doit, en effet, traverser cette phase de dénégation et ceux qui la défendent doivent subir le martyre avant qu'elle soit enfin acceptée ; même après cela, elle ne demeure que trop souvent :

... une couronne,

D'or, en apparence, mais pourtant une couronne d'épines.

Les vérités qui reposent sur des mystères Occultes rencontreront mille lecteurs qui les flétriront du nom d'imposture, contre un seul qui les appréciera. C'est tout naturel et le seul moyen dont disposerait un Occultiste pour l'éviter, consisterait à se lier "par le vœu du silence" Pythagoricien et à renouveler ce vœu tous les cinq ans. Autrement, la société instruite – dont les deux tiers s'imaginent sincèrement tenus, par devoir, de croire que, depuis la première apparition du premier Adepte une moitié de l'humanité n'a pas cessé de tromper et d'abuser l'autre – la société instruite, disons-nous, ne manquerait pas d'affirmer son droit héréditaire et traditionnel de lapider l'intrus. Les bienveillants critiques qui promulguent très volontiers l'axiome aujourd'hui fameux que Carlyle appliquait à ses concitoyens, à savoir qu'ils étaient "pour la plupart fous", après avoir pris la précaution de se ranger eux-mêmes parmi les rares exceptions à cette règle, puiseront dans cet ouvrage une nouvelle force et la triste conviction que la race humaine n'est composée que de coquins et d'idiots  de naissance, mais cela importe peu, la justification des Occultistes et de leur Science Archaïque se fraye lentement mais sûrement un chemin jusqu'au cœur même de la société, heure par heure, jour par jour, année par année, sous forme de deux énormes branches, de deux rameaux égarés issus du tronc de la Magie – le Spiritisme et l'Eglise Romaine. Les faits se font souvent jour à travers la fiction. Semblable à un immense boa constrictor, l'Erreur, sous toutes ses [V 31] formes, enveloppe l'humanité, s'efforçant d'étouffer, dans ses replis mortels, toute aspiration vers la vérité et la lumière. Mais l'erreur n'est puissante qu'à la surface, grâce à la Nature Occulte qui l'empêche de pénétrer plus avant, car cette même Nature Occulte enveloppe le globe entier dans toutes les directions, sans que le coin le plus sombre soit privé de sa visite. Que ce soit par le phénomène ou le miracle, par le croc de l'esprit ou par la crosse de l'évêque, l'Occultisme doit  remporter  la  victoire  avant  que  l'ère  actuelle  n'atteigne  "le triple septénaire de Shani (Saturne)" du Cycle Occidental en Europe, ou, en d'autres termes, avant la fin du XXIème siècle.

En vérité, le sol du lointain passé n'est pas mort, mais n'a fait que se reposer. Les squelettes des chênes sacrés des anciens Druides peuvent encore faire jaillir des rameaux de leurs branches desséchées et renaître à une vie nouvelle, tout comme cette poignée de grains de blé, tirés du sarcophage d'une momie vieille de 4 000 ans et qui, une fois plantés, germèrent, grandirent et "donnèrent une belle récolte". Pourquoi pas ? La vérité est plus étrange que la fiction. Elle peut, le jour où l'on s'y attendra le moins, affirmer sa sagesse et démontrer la vanité de notre époque, en prouvant que la Fraternité Secrète ne périt pas avec les Philalèthes de l'ancienne école Electique, que la Gnose continue à fleurir sur la terre et que ses disciples sont nombreux bien qu'inconnus. Tout cela peut être accompli par un ou plusieurs des grands Maîtres, visitant l'Europe, et en démasquant,  à  leur  tour,  les  prétendus  interprètes  et  détracteurs de la Magie. Ces Fraternités secrètes ont été mentionnées par plusieurs auteurs très connus et on en parle dans la Royal Masonic Cyclopoedia de Mackenzie. L'auteur, faisant face aux millions de gens qui nient, répètent hardiment aujourd'hui ce qui a été dit dans Isis Dévoilée :

S'ils [les Initiés] ont été considérés comme de simples fictions des romanciers, cela n'a fait qu'aider les "frères- adeptes" à conserver plus facilement leur incognito...

Les Saint-Germain et les Cagliostro de ce siècle, se souvenant des amères leçons tirées des humiliations et des persécutions du passé, emploient aujourd'hui une tactique différente 40.

Ces Paroles prophétiques ont été écrites en 1876 et vérifiées en  1886.

Néanmoins, nous répétons encore :

Il y a nombre de ces Fraternités mystiques qui n'ont rien à faire avec les pays "civilisés" et c'est au sein de leurs communautés inconnues que sont cachés les squelettes du passé. Ces "adeptes" pourraient, s'ils le voulaient, se réclamer d'étranges [V 32] ancêtres et produire des documents vérifiables qui expliqueraient mainte page mystérieuse tant de l'histoire sacrée que de l'histoire profane 41. Si les Pères Chrétiens avaient possédé  les clefs des écrits hiératiques et le secret du symbolisme égyptien et hindou, ils n'auraient pas laissé sans mutilation un seul des monuments de jadis 42.

Mais il existe en ce monde une autre classe d'adeptes, appartenant aussi à une Fraternité, plus puissante que toutes celles qui sont connues du profane. Beaucoup de ces adeptes sont personnellement bons  et charitables, parfois même purs et saints en tant qu'individus. Néanmoins, comme ils poursuivent collectivement un but égoïste, avec une vigueur et une détermination inlassables, il faut les classer parmi les adeptes de l'Art Noir. Ce sont nos modernes "pères" Catholiques Romains et le clergé. Depuis le Moyen Age, ils ont déchiffré la majeure partie des écrits et des symboles hiératiques. Cent fois plus versés dans le Symbolisme secret et dans les antiques Religions que ne le seront jamais nos Orientalistes, personnifiant l'astuce et l'habileté, chacun de ces adeptes tient les clefs du symbolisme dans sa main énergiquement fermée, et veille avec le plus grand soin à ce que le secret ne soit pas divulgué facilement, s'il peut l'empêcher. Il y a à Rome et dans toute l'Europe et l'Amérique, plus de cabalistes profondément instruits qu'on ne le soupçonne en général. Ainsi les "fraternités" d'adeptes "noirs" qui se déclarent publiques, sont plus puissantes et plus dangereuses pour les pays Protestants que toute une légion d'Occultistes Orientaux. Les gens se rient de la Magie !  Les Savants, les Physiologistes et les Biologistes, raillent la puissance et même la croyance à l'existence de ce qu'on appelle vulgairement "la Sorcellerie" et la "Magie Noire" ! Les Archéologues ont leurs Stonehenge en Angleterre, avec ses milliers de secrets et son frère jumeau de Karnac en Bretagne et pourtant il n'y a pas un seul d'entre eux qui soupçonne même ce qui s'est passé dans leur cryptes et dans leurs mystérieux coins et recoins, durant le dernier siècle. Bien plus, ils ne connaissent pas l'existence de "salles magiques" dans leur Stonehenge où se passent des scènes curieuses, toutes les fois qu'il s'agit d'une nouvelle conversion. Des centaines d'expériences ont été faites et se font journellement à la Salpetrière et aussi par des savants hypnotiseurs dans leurs domiciles privés. Il est aujourd'hui prouvé que certains sensitifs – hommes ou femmes – lorsqu'ils reçoivent du praticien qui opère sur eux, l'ordre d'exécuter telle [V 33] ou telle chose – depuis le fait de boire un verre d'eau, jusqu'à celui de simuler un meurtre – perdent, en revenant à leur état normal, tout souvenir de l'action qui leur a été inspirée – "suggérée", dit aujourd'hui la Science. Néanmoins, au moment fixé, le sujet, bien que conscient et parfaitement éveillé, est obligé par une irrésistible force interne d'accomplir l'acte qui lui a été suggéré par celui qui l'a mesmérisé et cela, quel que soit cet acte et quel que soit le moment fixé par celui qui exerce une influence sur le sujet, c'est-à-dire qui tient ce dernier courbé sous sa volonté, comme un serpent exerce sa fascination sur un oiseau et finit par l'obliger à sauter dans sa gueule ouverte. C'est même pire, car l'oiseau a conscience du danger ; il résiste, bien que  ses  efforts soient vains, tandis que le sujet hypnotisé ne se révolte pas, mais semble obéir à l'impulsion de son libre arbitre et de son âme. Quel est celui de  nos Savants Européens qui, croyant à ces expériences scientifiques – et il y en a aujourd'hui bien peu qui en doutent et qui ne soient pas convaincus de leur réalité – quel est celui d'entre eux, demandons-nous, qui serait prêt à admettre que ce soit là de la Magie Noire ? Pourtant c'est la véritable, indéniable et réelle fascination, la sorcellerie de jadis. Les Moûlou Kouroumbas des Nîlgiris ne procèdent pas autrement pour leurs envoûtements, lorsqu'ils cherchent à détruire un ennemi, et les Dougpas du Sikkim et du Bhoûtân ne connaissent pas d'agent plus puissant que leur volonté. Seulement, avec eux, cette volonté ne procède pas que par bonds, mais agit avec certitude : elle ne dépend pas du degré de réceptivité ou d'impressionnabilité nerveuse du "sujet". Ayant choisi sa victime et s'étant mis en rapport avec elle, le fluide du Dougpa est certain de se frayer un chemin, car sa volonté est incommensurablement plus forte et plus développée que celle de l'expérimentateur européen – le sorcier dans l'intérêt de la Science, qui s'est fait lui-même sans guide et qui est inconscient – qui n'a pas d'idée (ni de croyance) en ce qui concerne la diversité et la puissance des méthodes, vieilles comme le monde, que le sorcier conscient, le "Magicien Noir" de l'Orient et de l'Occident, emploie pour développer cette force.

Et maintenant nous posons ouvertement et carrément cette question : Pourquoi le prêtre fanatique et zélé, qui brûle du désir de convertir un membre riche et influent de la société, n'emploierait-il pas, pour atteindre son but, les mêmes moyens que ceux dont usent le médecin et l'expérimentateur français vis-à-vis de leurs sujets ? Il est plus que probable que rien ne trouble la conscience du prêtre Catholique Romain. Personnellement, il ne poursuit aucun but égoïste, mais il cherche  à "sauver une âme" de la "damnation éternelle". Dans son [V 34] opinion, s'il y a là de la Magie, c'est une Magie sainte, méritoire et divine. Telle est la puissance de la foi aveugle.

Aussi, lorsque des personnes respectables et dignes de foi, occupant une haute situation et jouissant d'une réputation inattaquable, nous affirment qu'il existe parmi les prêtres Catholiques Romains  de nombreuses sociétés bien organisées qui, sous prétexte de Spiritisme Moderne et de médiumnité, tiennent des séances dans le but d'obtenir, directement et à distance, des conversions sur suggestion –  nous répondons : Nous le savons. Et lorsque l'on nous déclare, en outre, que, toutes les fois que ces prêtres-hypnotiseurs éprouvent le désir d'acquérir de l'influence sur un ou plusieurs individus choisis par eux pour  être convertis, ils se retirent dans un souterrain choisi et consacré par eux  pour cet usage (c'est-à-dire pour la Magie cérémonielle) et que là, formant un cercle, ils projettent la puissance combinée de leurs volontés dans la direction de ces individus et, en le faisant à plusieurs reprises, obtiennent ainsi un contrôle complet de leurs victimes – nous répondons encore : C'est très probable. De fait, nous savons qu'il en est ainsi dans la pratique, que ce genre de Magie Cérémonielle et d'envoûtement soit pratiqué à Stonehenge ou ailleurs. Nous le savons par expérience personnelle et aussi parce que beaucoup des meilleurs et des plus chers amis de l'auteur ont été inconsciemment attirés dans l'Eglise Romaine et sous sa "bénigne" protection, par ces mêmes moyens. Aussi est-ce avec un sourire de pitié que nous contemplons l'ignorance et l'entêtement des Savants et  des érudits expérimentateurs plongés dans l'erreur, qui, tout en admettant que le docteur Charcot et ses disciples ont le pouvoir "d'envoûter" leurs sujets, ne trouvent rien de mieux qu'un sourire méprisant lorsque l'on parle en leur présence de la Magie Noire et de sa puissance. Eliphas Lévi, l'abbé Cabaliste, mourut avant que la Science et la Faculté de Médecine eussent accepté l'hypnotisme et l'influence par suggestion parmi les expériences scientifiques, mais voici ce qu'il disait, il y a vingt-cinq ans, dans son Dogme et Rituel de Haute Magie, sur les Envoûtements et les Sorts :

"Ce que les sorciers et les nécromanciens cherchaient avant tout dans leurs évocations de l'Esprit du Mal, c'est le pouvoir magnétique qui est la propriété légale du véritable Adepte et dont ils désiraient obtenir la possession dans de mauvaises intentions... Un de leurs objectifs principaux était le pouvoir de jeter des sorts ou de produire des influences délétères... Ce pouvoir peut être comparé à un réel empoisonnement au moyen d'un courant de lumière astrale. A l'aide de cérémonies, ils exaltaient leur volonté au point de la rendre venimeuse à distance... Nous avons dit dans [V 35] notre "Dogme" ce que nous pensions des enchantements magiques et à quel point ce pouvoir était réel et dangereux. Le véritable Mage jette un sort sans avoir recours à des cérémonies et en se bornant à désapprouver ceux dont la conduite ne lui plaît pas et qu'il juge nécessaire de punir 43 ; il jette un sort même en pardonnant à ceux qui lui font du mal et les ennemis des Initiés ne jouissent jamais longtemps de l'impunité. Dans bien des circonstances, nous avons eu nous-mêmes des preuves de cette fatale loi. Les exécuteurs des martyrs périssent toujours misérablement et les Adeptes sont les martyrs de l'intelligence. La Providence [Karma] semble mépriser ceux qui les méprisent et met à mort ceux qui cherchent à les empêcher de vivre. La légende du Juif errant représente le côté poétique populaire de cet arcane. Un peuple avait crucifié un sage ; ce peuple lui avait crié "marche" lorsqu'il cherchait à se reposer un moment. Eh bien ! ce peuple sera désormais sous le coup d'une condamnation similaire ; il sera absolument proscrit et durant de longs siècles, il s'entendra dire "Marche ! marche" sans trouver ni repos, ni pitié 44."

43 C'est exprimé d'une façon incorrecte. Le véritable adepte de la "Main Droite" ne punit jamais personne, pas même le plus mauvais et le plus dangereux de ses ennemis ; il se contente de l'abandonner à son Karma, et Karma ne manque jamais de le punir, tôt ou tard.

 44 Op. cit., II, 239, 240, 241.

 

"Fables" et "superstition", nous répondra-t-on. Soit ! Sous le souffle mortel de l'égoïsme et de l'indifférence, tout fait gênant se trouve transformé en fiction dépourvue de sens et toutes les branches, jadis verdoyantes, de l'Arbre de la Vérité se sont desséchées et ont été dépouillées de leur signification spirituelle primordiale. Nos Symbologistes modernes ne sont superlativement adroits que pour découvrir un culte phallique et des attributs sexuels là où il n'en a jamais été question. Mais pour le véritable étudiant de Science Occulte, la Magie Blanche ou Divine ne pourrait pas plus exister dans la Nature sans sa contrepartie, la Magie Noire, que le jour ne pourrait exister sans la nuit, que sa durée soit de douze heures ou de six mois. Pour lui, tout dans la Nature a un côté Occulte – un côté brillant et un côté sombre. Les Pyramides et les chênes des Druides, les dolmens et les arbres-Bo, les plantes et minéraux tout avait un sens profond, tout était rempli des vérités sacrées de sagesse, lorsque l'Archi-Druide exécutait ses cures magiques et ses incantations et que le Hiérophante égyptien évoquait et dirigeait Chemnu, le "spectée charmant", la création féminine de Frankenstein de jadis, suscitée pour torturer et mettre à l'épreuve la force d'âme du candidat à l'initiation, simultanément avec le dernier cri d'agonie de sa nature humaine terrestre. Il est vrai que la Magie a perdu son nom, en même temps que le droit d'être reconnue, mais sa pratique est d'un usage journalier et sa [V 36] progéniture "l'influence magnétique", "la puissance oratoire", la "fascination irrésistible", "tout un public subjugué et tenu sous le charme", sont des termes reconnus et employés par tous, bien qu'aujourd'hui ils soient généralement dépourvus de sens. Cependant les effets de la Magie sont plus distincts, plus déterminés, parmi les congrégations religieuses comme celle des Shakers, des  nègres Méthodistes et des Salutistes qui les appellent "l'action du Saint-Esprit" et "la grâce". La vérité réelle c'est que la Magie bat toujours son plein au milieu de l'humanité, si inconsciente que cette dernière soit de sa présence et de son influence sur ses membres, si ignorante que puisse être et que soit encore la Société au sujet des effets bienveillants et malfaisants qu'elle produit journellement et heure par heure. Le monde est rempli de ces magiciens inconscients dans la politique comme dans la vie journalière, dans l'Eglise comme dans les bastions de la Libre Pensée. Malheureusement la plupart des Magiciens sont des "sorciers", non pas métaphoriquement mais réellement, en raison de l'égoïsme qui est inhérent à leur nature, vindicative, envieuse et méchante. Le véritable étudiant de la Magie, bien au courant de la vérité, se contente de jeter des regards de pitié et s'il est sage, garde le silence. En effet, tout effort qu'il ferait pour remédier à la cécité universelle, ne serait payé que par de l'ingratitude, des calomnies et souvent des malédictions qui, incapables de l'atteindre, réagiraient sur ceux qui lui voudraient du mal. Les mensonges et la calomnie – cette dernière, mensonge mordant qui ajoute de véritables morsures aux faussetés vides et inoffensives – deviennent son lot, de sorte que l'homme de bien est bientôt mis en pièces, en récompense de son charitable désir d'éclairer son prochain.

Nous pensons en avoir dit assez pour prouver que l'existence d'une Doctrine Secrète Universelle, à part ses méthodes pratiques de Magie, n'est nullement du domaine du roman ou de la fiction. Le fait était connu de tout l'ancien monde et cette connaissance a survécu en Orient et particulièrement en Inde. Or si cette Science existe, ses professeurs, ou Adeptes, doivent naturellement exister quelque part. En tout cas, il importe peu que les Gardiens du Trésor Sacré soient considérés comme des mythes ou comme des hommes vivants ayant une réelle existence. C'est leur Philosophie qui doit triompher ou s'effondrer par ses propres mérites et sans l'intervention d'aucun Adepte. Suivant les paroles que le sage Gamaliel adressait au Sanhédrin : "Si cette doctrine est fausse, elle périra et s'effondrera d'elle-même, mais si elle est vraie, alors elle ne peut être détruite."

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 5 Sat, 17 Jan 2015 10:25:26 +0000
SECTION II - LA CRITIQUE MODERNE ET LES ANCIENS http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/231-section-ii-la-critique-moderne-et-les-anciens http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/231-section-ii-la-critique-moderne-et-les-anciens

SECTION II

LA CRITIQUE MODERNE ET LES ANCIENS

 

La DOCTRINE SECRETE de l'Orient Aryen se  trouve reproduite dans les livres d'Hermès, sous le symbolisme et avec la phraséologie des Egyptiens. Vers le commencement du siècle actuel tous les livres appelés Hermétiques étaient considérés, par la moyenne des Savants, comme indignes d'une attention sérieuse. On proclamait hautement que ce n'était qu'un recueil de contes, de prétextes frauduleux et d'absurdes prétentions. "Ils n'ont jamais existé avant l'ère chrétienne, disait-on, ils  furent tous écrits dans un triple but de spéculation, de tromperie et de fraude pieuse"  ; tous, y compris les meilleurs d'entre eux, sont sottement apocryphes 45. Sous ce rapport, le XIXème siècle s'est montré le digne rejeton du XVIIIème, car à l'époque de Voltaire, tout comme au siècle actuel, tout ce qui n'émanait pas directement de l'Académie Royale était considéré comme faux, superstitieux et insane. La croyance en la sagesse des Anciens était tournée en dérision avec peut-être encore plus de mépris qu'elle ne l'est maintenant. L'idée seule d'accepter comme authentique les œuvres et les divagations "d'un faux Hermès, d'un faux Orphée, d'un faux Zoroastre", de faux Oracles et de fausses Sibylles et d'un trois fois faux Mesmer, avec son absurde fluide, était condamnée sur toute la ligne. Ainsi, tout ce qui avait eu son origine en dehors de l'enceinte savante et dogmatique d'Oxford et de Cambridge 46, ou de l'Institut de France, était dénoncé à cette époque comme "antiscientifique" et [V 38] "ridiculement absurde". Cette tendance a survécu jusqu'à présent.

45 Voyez à ce sujet la Pneumatologie des Esprits, du Marquis de Mirville, qui consacra six énormes volumes à démontrer l'absurdité de ceux qui nient la réalité de Satan et de la Magie, ou des Sciences Occultes – les deux étant pour lui synonymes.

46 Il nous semble voir le fantôme sidéral d'Henry More, le vieux Philosophe et Mystique – qui fit jadis partie de l'Université de Cambridge – se mouvoir dans le brouillard astral au-dessus des toits moussus de l'antique cité, dans laquelle il écrivit sa fameuse lettre à Glanvil, au sujet des "sorcières". "L'âme" paraît agitée et pleine d'indignation, comme elle l'était en ce jour de mai 1678 où le docteur se plaignit si amèrement à l'auteur de Sadducismus Triumphatus de Scot, d'Adie et de Webster. "Nos nouveaux saints inspirés, entend-on l'âme murmurer, avocats jurés des sorcières... qui, contrairement au bon sens et à la raison... ne veulent aucun Samuel, mais un misérable comparse... ces bouffons gonflés... d'ignorance, de vanité et de stupide infidélité !" (Voyez "Lettres à Glanvil" et Isis Dévoilée, I, 359, 360.

 

Rien ne peut être plus contraire aux intentions du véritable Occultiste – qui possède, grâce à la supériorité de son développement psychique, des instruments de recherche d'une puissance bien plus pénétrante que celle de tous les instruments dont disposent les expérimentateurs physiques – que de regarder sans sympathie les efforts tentés sur le terrain des recherches physiques. Le mal que l'on se donne et les travaux auxquels on se livre pour résoudre le plus grand nombre possible des problèmes de la Nature, ont toujours été considérés par lui comme dignes de respect. L'esprit dans lequel Sir Isaac Newton déclara qu'après avoir achevé tout son travail astronomique, il se sentait comme un petit enfant ramassant des coquillages aux bords de l'Océan du Savoir, provient d'un sentiment de respect pour l'immensité sans limites de la Nature, que la Philosophie Occulte elle-même ne peut éclipser. Et l'on peut franchement reconnaître que l'état d'esprit qu'indique cet exemple célèbre représente assez exactement celui qu'adopte la grande majorité des vrais Savants vis-à-vis de tous les phénomènes du plan physique de la Nature. Lorsqu'ils en parlent, ils sont souvent toute prudence et modération. Ils observent les faits avec une patience qui ne saurait être surpassée. Ils sont lents à les transformer en théories, donnant ainsi un exemple de prudence que l'on ne saurait trop louer et, soumis comme ils le sont aux limitations  sous l'empire desquelles ils observent la Nature, ils sont magnifiquement précis dans l'exposé de leurs observations. On peut en outre reconnaître que les Savants modernes ont bien soin de ne pas affirmer des négations. Il peut leur arriver de dire qu'il est extrêmement improbable qu'une découverte quelconque vienne jamais contredire telle ou telle théorie, basée aujourd'hui sur tel ou tel ensemble de faits enregistrés, mais, même en ce qui concerne les généralisations les plus larges – qui ne revêtent une forme dogmatique que dans les manuels scientifiques populaires – le ton de "la Science" elle-même (si cette abstraction peut être considérée comme incarnée dans les personnes de ses représentants les plus distingués), est plein de réserve et souvent de modestie.

Par conséquent, loin d'être disposé à se moquer des erreurs que les limitations de leurs méthodes peuvent faire commettre aux Savants, le véritable Occultiste sera plutôt porté à apprécier le côté pathétique d'une situation dans laquelle un grand labeur et une ardente soif de vérité sont condamnés à la déception et souvent à la confusion.

 Ce qu'il faut toutefois déplorer, en ce qui concerne la  Science moderne, c'est une fâcheuse manifestation de l'excessive [V 39] prudence qui, sous son aspect le plus favorable, protège la Science contre les conclusions hâtives : nous voulons parler de la répugnance des Savants à admettre que l'on puisse appliquer à la recherche des mystères de la Nature des instruments de recherches autres que ceux du plan physique et, qu'en conséquence, il puisse être impossible d'apprécier correctement les phénomènes d'un plan quelconque sans les observer aussi en se plaçant aux points de vue que procurent les autres. Le fait qu'ils ferment opiniâtrement leurs yeux à l'évidence qui aurait dû leur prouver clairement que la Nature est plus complexe que ne semblent l'indiquer les seuls phénomènes physiques, qu'il existe des moyens grâce auxquels les facultés de perception de l'homme peuvent parfois passer d'un plan à un autre et que leur énergie est mal orientée lorsqu'ils l'appliquent exclusivement à l'étude des minutieux détails des structures ou des forces physiques, les rend moins dignes de sympathie que de blâme.

On se sent amoindri et humilié en lisant ce que M. Renan, savant "destructeur" moderne de toutes les croyances religieuses, passées, présentes et futures, écrit au sujet de la pauvre humanité et de ses facultés de discernement. Il croit que :

... l'humanité a un esprit très étroit et que le nombre des hommes capables de saisir finement la véritable analogie des choses est tout à fait imperceptible 47.

Cependant, en comparant cette déclaration avec une autre opinion exprimée par le même auteur, à savoir que :

... l'esprit du critique devrait s'incliner devant les faits et se livrer pieds et poings liés, pour être entraîné par eux partout où ils le conduiraient 48

on se sent soulagé. En outre, lorsque ces deux déclarations philosophiques sont fortifiées par une troisième opinion exprimée par le célèbre Académicien, qui déclare que :

Tout parti pris a priori, doit être banni de la science 49.

 on n'a plus grand-chose à craindre. Malheureusement, M. Renan est le premier à enfreindre cette règle précieuse.

Les preuves fournies par Hérodote – appelé, ironiquement sans doute, le "Père de l'Histoire", puisque dans toutes les questions au sujet desquelles la Pensée Moderne est en désaccord avec lui, on ne tient aucun compte de son témoignage, – les affirmations raisonnables et sincères que renferment les narrations philosophiques de Platon et de Thucydide, de Polybe et de Plutarque et jusqu'à certaines déclarations [V 40] d'Aristote lui-même, sont invariablement mises de côté, lorsqu'elles se rapportent à ce que la critique moderne se plaît à considérer comme un mythe. Il y a déjà quelque temps que Strauss a proclamé que :

La présence dans un récit d'un élément surnaturel, ou miracle, est un signe infaillible qu'il renferme un mythe.

et elle est la règle adoptée tacitement par tous les critiques modernes. Mais qu'est-ce qu'un mythe – µυ̃θος – tout d'abord ? Des auteurs anciens ne nous disent-ils pas clairement que le mot veut dire tradition ? Le mot latin fabula, fable, ne signifiait-il pas quelque chose que l'on racontait comme s'étant passé dans les temps préhistoriques sans que ce fût nécessairement une invention ? Avec des critiques autocrates et despotes comme le sont la plupart des Orientalistes français, anglais et allemands, on peut s'attendre à des surprises sans fin, historiques, géographiques et ethnologiques, durant le cours du prochain siècle. Le burlesque en philosophie a fini par devenir si commun, que sous ce rapport rien ne saurait surprendre le public. Un savant a déjà déclaré, au cours de ses spéculations, qu'Homère n'était "qu'un mythe personnifiant l'épopée 50" ; un autre, qu'Hippocrate, fils d'Esculape, "ne pouvait être qu'une chimère" ; que les Asclépiades, malgré leurs sept cents ans de durée, pourraient bien n'être qu'une "fiction" ; que "la ville de Troie (malgré le docteur Schliemann) n'existait que sur les cartes", etc. Après cela pourquoi le monde ne serait-il pas invité à considérer désormais tous les personnages de jadis comme des mythes ? Si la Philologie n'avait pas besoin d'Alexandre le Grand, en guise de massue pour écraser les prétentions chronologiques des Brahmanes, celui-ci ne serait déjà plus, depuis longtemps, qu'un "symbole de l'annexion" ou "un génie des conquêtes", comme l'a déjà suggéré quelque auteur français.

La négation pure et simple est le seul refuge qui reste aux critiques. C'est, pour quelque temps encore, l'asile le plus sûr pour y  abriter le dernier des sceptiques. En effet, celui qui nie systématiquement n'a pas besoin de se donner la peine de discuter et évite ainsi ce qu'il y a de pire, c'est-à-dire d'avoir à céder parfois sur un ou plusieurs points, en présence des arguments irréfutables de son adversaire et des faits qu'il expose. Creutzer, le plus grand des Symbologistes modernes, le plus savant parmi les nombreux Mythologues allemands érudits, doit avoir envié la placide confiance en [V 41] soi-même de certains sceptiques, lorsqu'il se vit forcé d'admettre dans un moment de perplexité désespérée que :

Nous sommes obligés d'en revenir aux théories des trolls et des génies, telles que les comprenaient les anciens ; [c'est une doctrine] sans laquelle il devient absolument impossible de comprendre quoi que ce soit, en ce qui touche aux Mystère 51...des Anciens, Mystères qui sont indéniables.

Les Catholiques Romains qui se rendent précisément coupables du même culte et cela au pied de la lettre – l'ayant emprunté aux derniers Chaldéens, aux Nabatéens du Liban et – aux Sabéens baptisés 52 et non pas aux savants Astronomes et Initiés de jadis – voudraient maintenant, en lançant contre elle l'anathème, dissimuler la source d'où il provient. La Théologie et le Cléricalisme voudraient bien troubler maintenant la claire fontaine qui les a alimentés dès le début, afin d'empêcher la postérité d'y regarder et d'y voir leur prototype originel. Les Occultistes pensent cependant que le moment est venu d'allouer à chacun son dû. Quant à nos autres adversaires – le sceptique et l'Epicurien modernes, le cynique et le Sadducéen – ils pourront trouver dans nos premiers volumes une réponse à leurs dénégations. En ce qui concerne les calomnies lancées contre les antiques doctrines, les raisons qui les ont motivées ont exposées en ces termes dans Isis Dévoilée :

 47 Etudes religieuses.

48 Etudes historiques.

49 Mémoire lu à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en 1859.

50 Consultez Histoire des Religions de la Grèce, d'Alfred Maury, I, 248, ainsi que les  spéculations de Holzmann dans Zeitschrift für Vergleichende Sprachforschung, ann. 1852, p. 487, sq.

51 Introduction des Mystères, de Creutzer, III, 456.

52 Les derniers Nabatéens adhéraient aux mêmes croyances que les Nazaréens et les Sabéens, honoraient saint Jean-Baptiste et pratiquaient le Baptême. (Voyez Isis Dévoilée, III, 172 ; Palestine, de Munck, p. 525 ; Sôd, the Son if Man, de Dunlap, etc.)

 

La pensée du commentateur et du critique de nos jours, en ce qui concerne l'érudition antique, se limite à l'exotérisme des temples autour duquel elle tourne ; le critique ne veut pas pénétrer ou est incapable de le faire dans les solennels sanctuaires de jadis, où l'hiérophante apprenait au néophyte à considérer le culte public sous son véritable jour. Aucun des anciens sages n'aurait enseigné que l'homme est le roi de la création et que le ciel étoilé, ainsi que notre mère la Terre, furent créés pour lui 53.

Lorsque nous voyons imprimer de nos jours des livres comme Phallicisme 54, il est aisé de constater que le moment est passé de cacher et de travestir les choses. La Science a fait trop de progrès en Philologie, en Symbolisme et en Religions comparées, pour persévérer plus longtemps dans la négation systématique et l'Eglise est trop sage et trop prudente pour ne pas tirer aujourd'hui le meilleur parti possible de la situation. En attendant, les "losanges d'Hécate" et les "roues [V 42] de Lucifer" 55, découverts journellement dans les fouilles de Babylone, ne peuvent désormais plus servir de preuves d'un culte de Satan, puisqu'on découvre les mêmes symboles dans le rituel de l'Eglise Latine. Cette dernière est trop savante pour ignorer que les derniers Chaldéens eux-mêmes, qui avaient versé graduellement dans le dualisme et ramené toutes choses à deux Principes primordiaux, n'avaient jamais voué de culte, ni à Satan ni aux idoles, pas plus que ne l'avaient fait les Zoroastriens, contre lesquels on lance aujourd'hui la même accusation, mais que leur Religion était aussi hautement philosophique que toute autre ; leur Théosophie, double et exotérique, devint l'héritage des Juifs qui durent, à leur tour, la partager avec les Chrétiens. Jusqu'à présent, on accuse les Parsis d'Héliolâtrie et pourtant, dans les Oracles chaldéens, parmi les "Préceptes Magiques et Philosophiques de Zoroastre", on trouve ce qui suit :

N'oriente pas ta pensée vers les vastes surfaces  de la terre ;

Car la plante de vérité n'est pas sur le sol.

 53 II, 343.

54 Par Hargrave Jennings.

55 Voyez la Pneumatologie de Mirville, III, 207 et seq.

 

Ne   prend    pas   non   plus   les   mesures   du   soleil,   en assemblant des lois,

Car il est conduit par la volonté éternelle du Père, et non par égard pour toi.

Laisse de côté le cours impétueux de la lune ; car elle avance toujours sous l'impulsion de la nécessité.

La progression des étoiles n'a pas été créée pour toi.

Il y avait une grande différence entre le véritable culte, enseigné à ceux qui s'en montraient dignes, et les religions d'Etat. Les Mages sont accusés de toutes sortes de superstitions, mais voici ce que dit le même Oracle Chaldéen :

Le large vol aérien des oiseaux n'est pas véridique,

Pas plus que la dissection des entrailles des victimes ; ce sont tous de simples jouets.

Servant de base à des fraudes mercenaires ; fuis-les Si tu veux ouvrir le Paradis sacré de la pitié,

Où sont assemblées, la vertu, la sagesse et l'équité 56.

Comme nous le disons dans notre précédent ouvrage :

Sûrement, ce ne sont pas ceux qui mettent les gens en garde contre la "fraude mercenaire" qui peuvent être accusés de la commettre et s'ils accomplissent des actes qui semblent miraculeux, qui pourrait loyalement se permettre, de nier que c'est simplement parce qu'ils possèdent la philosophie naturelle et la Science psychologique à un  degré  inconnu  de  nos  écoles 57  ? [V 43]

Les stances que nous avons reproduites ci-dessus constituent un enseignement  plutôt  étrange,  pour  émaner  de  ceux  que  l'on  considère universellement comme ayant adoré le soleil, la lune et les Régions étoilées, comme Dieux. La sublime profondeur des préceptes des Mages étant hors de la portée de la pensée matérialiste moderne, les Philosophes Chaldéens sont accusés de Sabéisme et de culte du Soleil, quand ce n'était que la religion des masses sans éducation.

 56 Psellus, 4 ; dans les Ancient Fragments de Cory, 269.

57 Isis Dévoilée, II, 343, 344.

[V 44]

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 5 Sat, 17 Jan 2015 10:25:57 +0000
SECTION III - L'ORIGINE DE LA MAGIE http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/232-section-iii-l-origine-de-la-magie http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/232-section-iii-l-origine-de-la-magie

SECTION III

L'ORIGINE DE LA MAGIE

 

Les choses ont changé depuis peu, c'est très vrai. Le champ des recherches s'est élargi ; les antiques religions sont un peu mieux comprises, et depuis le triste jour où le Comité de l'Académie française des Sciences, présidé par Benjamin Franklin, étudia les phénomènes de Mesmer seulement pour proclamer que ce n'était que charlatanisme et friponnerie habile, la Philosophie Païenne et le Mesmérisme ont conquis  certains droits et privilèges, et on les considère aujourd'hui en se plaçant à un point de vue tout différent. Leur rend-on, toutefois, pleine justice et sont-ils mieux appréciés ? Nous craignons que non. La nature humaine est aujourd'hui telle qu'elle était à l'époque où Pope disait, au sujet de la force du parti pris, que :

La différence est aussi grande entre

Les yeux qui voient, qu'entre les objets qui sont vus, Toutes les coutumes revêtent une teinte des nôtres,

Ou sont décolorées par les passions que nous laissons voir,

Ou bien la fantaisie les élargit, les multiplie,

Les contracte, les inverse et les revêt de mille nuances.

Ainsi, durant les premières décennies du XIXème siècle, la Philosophie Hermétique était considérée par les Clercs et les Savants sous deux points de vue complètement différents. Les premiers l'appelaient coupable et diabolique ; les autres niaient catégoriquement son authenticité, malgré les preuves mises en lumière par les hommes les plus érudits de toutes les époques, y compris la nôtre. On ne tenait même pas compte du savant Père Kircher, par exemple ; et son assertion que tous les fragments connus sous les titres d'œuvres d'Hermès Trismégiste [Hermès ou Mercure trois fois grand] de Bérose, de Phérécyde de Scyros, etc., étaient des rouleaux qui avaient été sauvés du grand incendie qui dévora 100 000 volumes de la grande Bibliothèque d'Alexandrie – était simplement tournée en ridicule. Pourtant les classes instruites d'Europe savaient alors, comme elles le savent maintenant, que la fameuse Bibliothèque d'Alexandrie, la "merveille des siècles", avait été fondée par Ptomélée Philadelphe, qu'un grand nombre de ses manuscrits avaient été scrupuleusement copiés sur des textes hiératiques et sur les plus anciens parchemins Chaldéens, Phéniciens, Persans, etc., et que ces transcriptions [V 45] et ces copies atteignaient le chiffre de 100 000 rouleaux suivant l'affirmation de Josèphe et de Strabon.

Il y a aussi le témoignage de Clément d'Alexandrie, dont il y aurait lieu de tenir compte jusqu'à un certain point 58. Clément se porte garant de l'existence d'un groupe total de 30 000 volumes des Livres de  Thoth, placés dans la bibliothèque du tombeau d'Osymandias, au-dessus de la porte duquel étaient inscrits ces mots : "Une cure pour l'Ame".

Depuis lors, comme tout le monde le sait, des textes entiers des œuvres   "apocryphes"   du   "faux"   Pymandre  et  du  non  moins   "faux" Asclépios, ont été découverts par Champollion dans les plus anciens monuments de l'Egypte 59.

58 Les quarante-deux Livres Sacrés des Egyptiens, que Clément d'Alexandrie cite comme ayant existé de son temps, ne formaient qu'une partie des Livres d'Hermès. Jamblique, s'appuyant sur l'autorité du prêtre égyptien Abammon, attribue 1 200 de ces livres à Hermès et Manéthon 36 000, mais le témoignage de Jamblique, un Néo-Platonicien et un Théurgiste, est naturellement repoussé par les critiques modernes. Manéthon, que Busen tient en haute estime en tant que "personnage purement historique", auquel "aucun des historiens égyptiens postérieurs ne saurait être comparé" (Voyez Egypte, I. 97), devient tout à coup un pseudo-Manéthon, aussitôt que les idées qu'il met en avant sont en désaccord avec le parti pris de la Science contre la Magie et le savoir Occulte que prétendaient posséder les anciens prêtres. Cependant aucun des Archéologues ne met un seul moment en doute l'antiquité presque incroyable des Livres Hermétiques. Champollion montre le plus grand respect pour leur authenticité et leur véracité, qui sont corroborées par beaucoup des plus anciens monuments et Bunsen fournit des preuves irréfutables de leur âge. Ses recherches nous apprennent, par exemple, qu'il y eut, avant l'époque de Moïse, une lignée de soixante et un rois, qui firent précéder l'époque mosaïque d'une civilisation de plusieurs milliers d'années, dont on retrouve clairement les traces. Nous sommes ainsi autorisés à croire que les œuvres d'Hermès Trismégiste existaient bien des siècles avant la naissance du législateur juif. "On a souvent découvert des stylets et des encriers dans des monuments de la Quatrième Dynastie, la plus ancienne du monde, dit Bunsen." Si l'éminent Egyptologue repousse la période de 48863 ans avant Alexandre, à laquelle Diogène Laërte fait remonter les archives des prêtres, il est évidemment plus embarrassé par les dix mille observations astronomiques et fait remarquer que "si ce furent de réelles observations, elles ont dû porter sur une période de plus de 10 000 ans" (p. 14). "Un de leurs propres ouvrages astronomiques nous apprend cependant, ajoute-t-il... que les véritables traditions égyptiennes concernant la période mythologique, portaient sur des myriades d'années". (Egypte, I, 15 ; Isis Dévoilée, I, 125.)

59 Ces détails sont empruntés à la Pneumatologie, III, pp. 204, 205.

60 Egypte, p. 143 ; Isis Dévoilée, II, 469.

 

Comme nous le disons dans Isis Dévoilée :

Après avoir consacré leurs vies entières à l'étude des archives de l'antique sagesse égyptienne, Champollion- Figeac et Champollion le Jeune ont publiquement déclaré, en dépit des nombreux jugements pleins de préventions qu'avaient hasardé certains critiques aussi vifs que peu sages, que les Livres d'Hermès "renferment véritablement une masse de traditions égyptiennes, qui sont [V 46] sans cesse corroborées par les archives les plus authentiques et par les monuments de l'Egypte qui remontent à l'antiquité la plus reculée" 60.

Personne ne mettra en doute la valeur de Champollion, en tant qu'Egyptologue, et s'il déclare que tout démontre l'exactitude des écrits du mystérieux Hermès Trismégiste ; si l'assertion que leur antiquité se perd dans la nuit des temps est corroborée par lui dans les plus minimes détails, la critique devrait se montrer pleinement satisfaite. Champollion dit que :

Ces inscriptions ne sont que l'écho fidèle et l'expression des plus antiques vérités.

Depuis l'époque où furent écrits ces mots, quelques-uns des versets "apocryphes" du "mythique" Orphée ont été découverts, reproduits mot pour mot, en hiéroglyphes, dans certaines inscriptions de la Quatrième Dynastie, dédiées à diverses Divinités. Enfin Creutzer a découvert et a immédiatement signalé le fait très significatif que de nombreux passages d'Homère et d'Hésiode ont été incontestablement empruntés par les deux grands poètes aux Hymnes Orphiques, ce qui prouve que ces dernières sont bien antérieures à l'Illiade et à l'Odyssée.

La vérité des antiques affirmations se trouve ainsi graduellement confirmée, et la critique moderne est obligée de s'incliner devant l'évidence. Nombreux sont maintenant les auteurs qui avouent que l'on ne saurait assigner une date trop reculée dans les époques préhistoriques, à une littérature du type des œuvres Hermétiques de l'Egypte. Les textes de beaucoup de ces anciens ouvrages, y compris celui d'Enoch,  si bruyamment qualifiés d' "apocryphes" au commencement de ce siècle, sont aujourd'hui découverts et reconnus dans les sanctuaires les plus secrets et les plus sacrés de la Chaldée, de l'Inde, de la Phénicie, de l'Egypte et de l'Asie Centrale, mais ces preuves elles-mêmes n'ont pas été suffisantes pour convaincre la masse de nos Matérialistes. La raison en est très simple et très évidente. Tous ces textes universellement vénérés dans l'antiquité, découverts dans les bibliothèques secrètes de tous les temples, étudiés (sinon toujours compris) par les plus grands hommes d'Etat, des auteurs classiques, des philosophes, des rois et des laïques, tout autant que par des Sages renommés – qu'étaient-ils ? Purement et simplement des traités de Magie et d'Occultisme ; la Théosophie que l'on tourne aujourd'hui en dérision et que l'on exclut – tel est le motif de cet ostracisme. [V 47]

Les gens étaient-ils donc si simples et si crédules à l'époque de Pythagore et de Platon ? Les millions d'habitants de la Babylonie, de l'Egypte, de l'Inde et de la Grèce, avec les grands Sages qui les conduisaient, étaient-ils tous des fous, pour que, durant les périodes de grand savoir et de haute civilisation qui précédèrent la première année de notre ère – qui ne donna naissance qu'aux ténèbres intellectuelles du fanatisme médiéval – tant d'hommes si grands sous d'autres rapports aient consacré leur vie à une simple illusion, à une superstition appelée Magie ? Il semblerait qu'il en fut ainsi si l'on s'en tenait aux paroles et aux conclusions de la Philosophie moderne.

Pourtant tous les Arts et toutes les Sciences, quelle qu'ait été leur valeur, ont eu des gens qui les ont découverts et pratiqués ; et d'autres qui, plus tard, les ont possédés assez complètement pour pouvoir les enseigner. Quelle est donc l'origine des Sciences Occultes, ou Magie ? Qui furent ses professeurs et que sait-on d'eux, soit par l'histoire, soit par la légende ? Clément d'Alexandrie, un des plus intelligents et des plus instruits parmi les premiers Pères Chrétiens, répond à cette question dans ses Stromates. Cet ancien élève de l'école Néo-Platonicienne dit ainsi :

S'il y a instruction, vous devez chercher l'instructeur 61.

 61 Strom., VI, chap. VII. Le paragraphe suivant est la paraphrase du même chapitre.

 

Et il montre Cléanthe instruit par Zénon, Théophraste par Aristote, Métrodore par Epicure, Platon par Socrate, etc., et il ajoute que lorsqu'il remonte plus haut jusqu'à Pythagore, Phérécyde et Thalès, il lui fallut encore chercher leurs maîtres. De même pour les Egyptiens, les Indiens, les Babyloniens et aussi les Mages. Il ne cessait d'interroger, disait-il, afin d'apprendre les noms de ceux qu'ils aient eu pour maîtres. Et lorsqu'il eut (lui, Clément) fait remonter ses recherches jusqu'au berceau même de l'humanité, jusqu'à la première génération d'hommes, il répéta une fois encore son interrogation, disant : "Qui fut leur instructeur ?" Assurément, déclarait-il, leur instructeur ne pouvait pas "avoir été l'un des humains", et même en remontant jusqu'au niveau des Anges, la même question s'imposerait : "Qui furent leurs instructeurs ?" (en parlant des Anges "divins" et "déchus").

Le but des longs arguments du bon Père de l'Eglise est, bien entendu, de découvrir deux instructeurs distincts, l'un le précepteur des patriarches bibliques, l'autre celui des Gentils, mais les étudiants de la Doctrine Secrèten'ont pas besoin de se donner tant de mal. Leurs professeurs savent fort bien qui furent les Maîtres de leurs prédécesseurs en Sciences et en Sagesse occultes. [V 48] Les deux professeurs sont enfin découverts par Clément et sont, ainsi que l'on devait s'y attendre, Dieu et son éternel ennemi et adversaire, le Diable ; objet des recherches de Clément au sujet du double aspect de la Philosophie Hermétique, en tant que cause et effet. Admettant la beauté morale des vertus prêchées dans tous les ouvrages Occultes dont il avait connaissance, Clément était désireux de connaître la cause de l'apparente contradiction qui existait entre la doctrine et la pratique, entre la bonne et la mauvaise Magie, et il en arrivait à conclure que la Magie avait deux origines – l'une divine et l'autre diabolique. Il la voyait bifurquer dans deux directions et en inférait cette déduction.

Nous constatons aussi le même fait, sans toutefois qualifier nécessairement cette bifurcation de diabolique, car nous jugeons la "voie de gauche" telle qu'elle sortit des mains de son fondateur. Autrement, s'ils jugeaient ainsi d'après les effets de la religion de Clément et par l'attitude en cette vie de certains de ses instructeurs, depuis la mort de leur Maître, les Occultistes seraient en droit d'en arriver à la même conclusion que Clément. Ils auraient le droit de proclamer que si le Christ, le Maître de tous les vrais Chrétiens, était divin sous tous les rapports, ceux qui eurent recours aux horreurs de l'inquisition, à l'extermination et à la torture des hérétiques, Juifs et Alchimistes, le Protestant Calvin, qui fit brûler  Michel Servet, et les persécuteurs Protestants qui lui succédèrent, ainsi que les flagellateurs et brûleurs de sorcières en Amérique, d'avoir eu pour leur Maître, le Diable. Mais les Occultistes, qui ne croient pas au Diable, ne peuvent se venger de cette façon.

Le témoignage de Clément a cependant de la valeur, en ce qu'il prouve 1° le nombre énorme des œuvres traitant des Sciences Occultes qui existaient de son temps ; et 2° les pouvoirs extraordinaires que certains hommes avaient acquis grâce à ces Sciences.

Il consacre ainsi, en entier, le sixième livre de ses Stromates à la recherche des deux premiers "Maîtres", de la vraie et de la fausse Philosophie, qui sont toutes deux conservées, dit-il, dans les sanctuaires égyptiens. Il apostrophe aussi les Grecs très justement, en leur demandant pourquoi ils n'acceptaient pas les "miracles" de Moïse comme tels, puisqu'ils réclament le même privilège pour leurs propres Philosophes, et il cite un certain nombre de cas. Eaque obtenant, grâce à ses pouvoirs Occultes, une pluie merveilleuse ; Aristée faisant souffler les vents ; Empédocle calmant l'ouragan et le forçant à prendre fin, etc. 62. [V 49]

Les livres d'Hermès Trismégiste attiraient surtout son attention 63. Il faisait aussi chaudement l'éloge d'Hystaspe (ou Gushtasp), des livres Sibyllins et même de la véritable Astrologie.

A toutes les époques, on usa et on abusa de la Magie, comme on use et on abuse, de nos jours, du Mesmérisme ou Hypnotisme. L'ancien monde avait ses Apollonius et ses Phérécyde, et les gens intellectuels pouvaient les distinguer entre eux, comme ils le peuvent maintenant. Alors qu'aucun auteur classique ou païen n'a jamais articulé un blâme contre Apollonius de Tyane, il n'en est pas de même en ce qui concerne Phérécyde. Hésichios de Milet, Philon de Byblos et Eustathe, accusent impitoyablement ce dernier d'avoir édifié sa Philosophie et sa Science sur des traditions diaboliques – c'est-à-dire sur la Sorcellerie. Cicéron déclare que Phérécyde est potius divinus quam medicus, "plutôt devin que médecin", et Diogène Laërte nous donne de nombreux récits ayant trait à ses prédictions. Un jour Phérécyde annonce le naufrage d'un vaisseau à des centaines de milles du point où il se trouvait ; une autre fois, il prédit la capture des Lacédémoniens par les Arcadiens ; enfin, il prévoit  sa  propre fin misérable 64.

62 Voyez Pneumatologie, III, 207. En conséquence, Empédocle est appelé χωλυθάνεµος le "dominateur du vent". Strom., VI, ch. II.

63 Pneumatologie, IV.

64 Résumé d'après Pneumatologie, III, 209.

65 Loc. cit.

 

Pensant aux objections que feront naître les enseignements de la Doctrine Esotérique, tels qu'ils sont exposés ici, l'auteur se trouve dans l'obligation d'y répondre d'avance.

Des accusations du genre de celles que Clément lance contre les Adeptes "païens" prouvent seulement qu'il existait de tous temps des facultés de clairvoyance et de prévision, mais ne constituent nullement une preuve de l'existence d'un Diable. Elles n'ont donc aucune valeur, sauf pour les Chrétiens, pour qui Satan est un des principaux piliers de la foi. Baronius et de Mirville, par exemple, trouvent une incontestable preuve de Démonologie dans la croyance à la coéternité de la Matière et de l'Esprit !

De Mirville écrit que Phérécyde

Pose en principe la primordialité de Jupiter ou de l'Ether, puis, sur le même plan, l'existence d'un principe, co- éternel et co-actif, qu'il appelle le cinquième élément, ou Ogénos 65.

Il fait alors remarquer qu'Ogénos signifie ce qui enferme, ce  qui retient captif, et que c'est le Hadès, "ou, en un mot, l'enfer". [V 50] Les synonymes sont connus de tous les écoliers, sans que le Marquis ait besoin de se donner la peine de les expliquer à l'Académie ; quant à la déduction, tous les Occultistes la repoussent, naturellement, et ne feront que rire de sa folie. Nous en arrivons maintenant à la conclusion théologique.

Le résumé des opinions de l'Eglise Latine – tel qu'il est fourni par les auteurs du même genre que le Marquis de Mirville – est que : les Livres Hermétiques, en dépit de leur sagesse – pleinement reconnue par Rome – sont "l'héritage transmis à l'humanité par Caïn, le maudit". L'Histoire "admet d'une façon générale", dit ce moderne mémorialiste de Satan qu'immédiatement après le Déluge, Cham et ses descendants propagèrent de nouveau les enseignements des Caïnites et de la Race submergée 66.

Cela prouve, en tout cas, que la Magie, ou Sorcellerie comme il l'appelle, est un art antédiluvien, et c'est toujours un point de gagné. Ainsi qu'il le dit, en effet :

Les preuves fournies par Bérose identifient Cham avec le premier Zoroastre, fondateur de Bactres, le premier auteur de tous les arts magiques de Babylone, le Chémésénua ou Cham 67 l'infâme 68  des  fidèles Noachides, enfin objet d'adoration pour l'Egypte, qui après avoir reçu son nom de χηµεα, d'où vient chimie, construisit en son honneur une ville appelée Choemnis, ou la "cité du feu 69". Cham l'adorait, dit-on, d'où le nom de Chammain donné aux pyramides, [V 51] qui ont été vulgarisées à leur tour sous le nom moderne de "cheminées 70".

 66 Op. cit., III, 208.

67 Les peuples de langue anglaise, qui adoptent pour le nom du fils irrespectueux de Noé l'orthographe "Ham", sont avertis que l'on devrait écrire "Kham" ou "Cham".

68 La Magie Noire ou Sorcellerie, est le mauvais résultat obtenu, sous quelque forme ou de quelque manière que ce soit, grâce à la pratique des Arts Occultes ; on ne peut donc la juger que par ses effets. Ni le nom de Cham, ni celui de Caïn, n'ont jamais tué personne lorsqu'on les a prononcés, tandis que si nous en croyons le même Clément d'Alexandrie, qui fait descendre du Diable les instructeurs de tous les Occultistes n'appartenant pas au Christianisme, le nom de  Jéhovah (prononcé Jévo et d'une certaine façon) avait pour effet de tuer un homme à distance. Le mystérieux Shemhamphorasch n'était pas toujours employé par les Cabalistes dans un but pieux, surtout depuis que le Sabbat, ou Samedi, consacré à Saturne ou au mauvais Shani, fut – chez les Juifs – consacré à "Jéhovah".

69 Khoemnis, la cité préhistorique, a pu être ou ne pas être construite par le fils de Noé, mais ce ne fut pas son nom qui fut donné à la ville, mais bien celui de la mystérieuse déesse Khoemnon, ou Khoemnis (forme grecque), de la divinité qui était créée par l'ardente imagination du néophyte, qui se trouvait ainsi soumis au supplice de Tantale durant ses "douze travaux" de probation, avant son initiation définitive. Sa contre-partie mâle est Khem. La ville de Choemnis ou, Khoemnis (aujourd'hui Akmin) était le siège principal du Dieu Khem. Les Grecs, identifiant Khem avec Pan, appelèrent cette ville "Panopolis".

70 Pneumatologie, III, 210. Cela ressemble à une pieuse vengeance plutôt qu'à de la philologie. Le tableau semble toutefois incomplet, car l'auteur aurait dû ajouter à la "cheminée", une sorcière en jaillissant, à cheval sur un manche à balai.

 

Cette déclaration est absolument fausse. L'Egypte était le pays natal et le berceau de la Chimie – c'est assez connu de nos jours. Seulement Kenrick et d'autres établissent que la racine du mot est chémi ou chem, ce qui n'est ni Cham ni Ham, mais Khem, le Dieu phallique égyptien des Mystères.

Mais ce n'est pas tout. De Mirville s'attache à découvrir une origine Satanique, même aux innocents Tarots d'aujourd'hui.

Il continue en ces termes :

En ce qui concerne le mode de propagation de cette mauvaise Magie, la tradition le retrouve dans certains caractères runiques tracés sur des plaques métalliques (des feuilles ou lames) qui ont échappé à la destruction par le Déluge 71. On aurait pu considérer cela comme légendaire, si des découvertes ultérieures n'avaient démontré qu'il était loin d'en être ainsi. On a découvert des lames couvertes de caractères curieux et absolument indéchiffrables, d'une incontestable antiquité, auxquels les Chamites [des sorciers d'après l'auteur] attribuent l'origine de leurs merveilleux et terribles pouvoirs 72.

Nous pouvons, en attendant, abandonner le pieux auteur à ses propres croyances orthodoxes ; lui, au moins, paraît être tout à fait sincère dans ses convictions. Néanmoins, ses arguments habiles doivent être sapés par la base, car il importe d'établir mathématiquement qui étaient, ou plutôt ce qu'étaient, Caïn et Cham. De Mirville n'est que le fils fidèle de son Eglise, intéressé à maintenir Caïn dans son caractère anthropomorphique et à sa place actuelle dans "l'Ecriture Sainte". Par contre, l'étudiant  de l'Occultisme ne s'intéresse qu'à la vérité. Mais laissons le siècle suivre le cours naturel de son évolution.

 71 Comment ont-elles pu échapper au Déluge, à moins que Dieu ne l'ait voulu ? Ce n'est guère logique.

72 Loc. cit., p. 210.

 

[V 52]

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 5 Sat, 17 Jan 2015 10:26:30 +0000
SECTION IV - LE SECRET DES INITIES http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/233-section-iv-le-secret-des-inities http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/233-section-iv-le-secret-des-inities

SECTION IV

LE SECRET DES INITIES

 

Il ne faut pas s'étonner le moins du monde, de ce qu'un certain nombre de paraboles et de propos de Jésus aient été mal rendus. Depuis Orphée, premier Adepte initié que l'histoire puisse entrevoir au milieu des brumes de l'ère préchrétienne, jusqu'à Ammonius Saccas, en passant  par Pythagore, Confucius, Bouddha, Jésus et Apollonius de Tyane, aucun Instructeur ou Initié n'a jamais rien écrit pour le public. Tous, sans exception, ont invariablement recommandé le silence et le secret pour certains faits et certaines actions ; depuis Confucius, qui refusa d'expliquer publiquement et d'une manière satisfaisante ce qu'il entendait par son "Grand Extrême", ou de donner la clef de la divination au moyen de "fétus de paille", jusqu'à Jésus qui enjoignait à ses disciples de ne dire à personne qu'il était Christ 73 (Chrestos), "l'homme de douleurs" et d'épreuves,  avant sa suprême et dernière Initiation ou qu'il eut accompli – un "miracle" de résurrection 74. Les Apôtres devaient garder le silence afin que la main gauche ignorât ce que faisait la main droite ; pour parler plus clairement, que les dangereux maîtres de la Science de Gauche – les terribles ennemis des Adeptes de Droite, surtout avant leur Initiation suprême – ne pussent profiter de la publicité pour nuire au guérisseur comme au patient. Et si l'on vient prétendre que ce qui précède n'est qu'une simple supposition, quel serait donc le sens de ces terribles paroles :

Il vous est donné à vous de connaître le mystère du royaume de Dieu, mais pour ceux qui sont dehors, toutes choses se traitent par paraboles, afin qu'en voyant ils voient et ne distinguent point, et qu'en entendant, ils entendent et ne comprennent point ; de peur qu'ils ne se convertissent et que leurs péchés ne leur soient pardonnés 75.

 73 Mathieu, XVI, 20.

74 Marc, V, 43.

75 Marc, IV, 11, 12.

 

A moins qu'on ne l'interprète dans le sens de la loi du silence et de Karma, le profond égoïsme et l'esprit peu charitable [V 53] de cette remarque ne sont que trop évidents. Ces paroles se rattachent directement au terrible dogme de la prédestination. Le bon et intelligent chrétien voudra-t-il accuser son Sauveur d'un aussi cruel égoïsme ? 76

La tâche de propager ces vérités au moyen de paraboles était laissée aux disciples des hauts Initiés. Leur devoir était de se conformer au sens fondamental des Enseignements secrets sans en révéler les mystères. L'histoire de tous les grands Adeptes en est la preuve. Pythagore divisait ses classes en auditeurs de conférences exotériques et ésotériques. Les Mages étaient instruits et initiés dans les cavernes les plus cachées de Bactres. Lorsque Josèphe déclare qu'Abraham enseignait les Mathématiques, il entendait par-là "la Magie", car dans le langage de Pythagore, Mathématiques veut dire Science Esotérique ou Gnose.

Le professeur Wilder fait remarquer que :

Les Esséniens de Judée et du Carmel établissent des distinctions similaires, en divisant leurs adhérents en néophytes, frères et parfaits... Ammonius obligeait ses disciples, sous serment, à ne pas divulguer ses  plus hautes doctrines, excepté à ceux qui auraient été complètement instruits et exercés [préparés pour l'initiation] 77.

Une des plus puissantes raisons qui imposent la nécessité du secret le plus strict, est donnée par Jésus lui-même, si l'on en croit Mathieu. En effet, il fait dire clairement au Maître :

 Ne donnez point les choses saintes aux chiens et ne jetez point les perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds et que se retournant ils ne vous déchirent 78.

Paroles profondément vraies et sages. Nombreux sont, de [V 54] nos jours et même parmi nous, ceux auxquels elles ont été rappelées avec force – souvent lorsqu'il était trop tard 79.

76 N'est-il pas évident que les mots : "de peur qu'ils ne se convertissent (ou : "de peur qu'ils ne retournent peut-être" – comme dans la version revue et corrigée) et que "leurs péchés leur soient pardonnés" – n'impliquent pas du tout que Jésus craignait que, grâce au repentir, un étranger, un "de ceux qui sont dehors", n'échappât à la damnation ainsi que l'indique clairement le sens littéral – mais ont un sens tout à fait différent ? Savoir – "de peur qu'un profane ayant compris ses prédications, non voilées sous des paraboles, ne se rendît maître des enseignements secrets et des mystères de l'Initiation – et même de pouvoirs Occultes" ! "Etre converti" veut dire, en d'autres termes, obtenir des connaissances qui appartiennent exclusivement à l'Initié et "que leurs péchés leur soient pardonnés" veut dire que leurs péchés retomberaient sur les auteurs de la publication illicite, sur ceux qui auraient aidé les indignes à récolter, là où ils ne s'étaient jamais donné la peine de semer et leur auraient ainsi fourni le moyen d'échapper sur cette terre au Karma qu'ils avaient mérité et qui doit réagir sur le révélateur qui, au lieu de faire du bien, a fait du mal et a failli.

77 New-platonisn and Alchemy, 1899, pp. 7, 9.

78 VII, 6.

79 Les preuves de ceci abondent dans l'histoire. Si Anaxagore n'avait pas proclamé la grande vérité enseignée dans les Mystères, à savoir que le Soleil était certainement plus grand que le Péloponnèse, il n'aurait pas été persécuté et presque mis à mort par la foule fanatique. Si la populace soulevée contre Pythagore avait compris ce que voulait dire le mystérieux Sage de Crotone en parlant de son souvenir d'avoir été le "Fils de Mercure" – Dieu de la Sagesse Secrète – il n'aurait pas été forcé de fuir pour sauver sa vie, pas plus que Socrate n'aurait été mis à mort s'il avait gardé le secret sur les révélations de son divin Daïmon. Il savait combien peu son siècle le comprendrait – à part les initiés – s'il communiquait tout ce qu'il savait au sujet de la lune, aussi limita-t-il son exposé à une allégorie, que l'on reconnaît aujourd'hui comme plus scientifique qu'on ne l'avait d'abord cru. Il soutenait que la lune était habitée, et que les êtres lunaires vivaient dans des vallées profondes, vastes et obscures, notre satellite étant dépourvue d'air et d'atmosphère en dehors de ces profondes vallées. Sans parler de la révélation significative destinée à quelques-uns seulement, il doit nécessairement en être ainsi, s'il existe la moindre atmosphère autour de notre brillant Séléné. Les faits enregistrés dans les annales secrètes des Mystères devaient demeurer cachés sous peine de mort.

 

Maimonide, lui-même, recommande le silence en ce qui touche le véritable sens des textes Bibliques. Cette injonction détruit l'affirmation habituelle, d'après laquelle "Les Ecritures Saintes" sont le seul livre de ce monde dont les oracles divins renferment la vérité claire et sans tache. Il peut en être ainsi pour les savants Cabalistes, mais c'est certainement le contraire en ce qui concerne les Chrétiens. Voici, en effet, ce que dit le savant philosophe hébreu :

Celui qui découvrira le véritable sens du Livre de la Genèsedevra faire bien attention à ne pas le divulguer. C'est une maxime que tous nos sages nous répètent, surtout en ce qui concerne l'œuvre des six jours. Si quelqu'un en découvrait le vrai sens, à lui seul ou avec l'aide d'un autre, il devrait garder le silence, ou, s'il parlait, il devrait le faire en termes obscurs et énigmatiques,  comme  je  le  fais  moi-même,  laissant  à ceux qui sont capables de me comprendre le soin de deviner le reste.

Le Symbolisme et l'Esotérisme de l'Ancien Testament se trouvant ainsi avoués par un des plus grands philosophes Juifs, il est tout naturel de voir les Pères Chrétiens faire le même aveu en ce qui concerne le Nouveau Testament et la Bibleen général. Nous voyons ainsi Clément d'Alexandrie et Origène l'admettre d'une façon aussi claire que possible. Clément, qui avait été initié aux Mystères d'Eleusis, dit que :

Les doctrines qui y étaient enseignées renfermaient la fin de toutes les instructions, car elles étaient empruntées à Moïse et aux prophètes.

Légère perversion des faits bien pardonnable au bon Père. Ces mots admettent, après tout, que les Mystères des Juifs [V 55] étaient  identiques à ceux des Grecs païens, qui les avaient pris aux Egyptiens et que ceux-ci, à leur tour, les avaient empruntés aux Chaldéens, qui les avaient reçus des Aryens, des Atlantéens et ainsi de suite – bien au-delà des temps de cette Race. La signification secrète de l'Evangile est encore avouée publiquement par Clément lorsqu'il dit que les Mystères de la Foi ne doivent pas être divulgués à tous :

Mais puisque cette tradition n'est pas publiée uniquement pour celui qui perçoit la magnificence de la parole, il est, par suite, requis de voiler, sous un Mystère, la sagesse énoncée, qu'enseignait le Fils de Dieu 80.

Origène n'est pas moins explicite en ce qui concerne la Bibleet ses fables symboliques. Il s'écrie :

Si nous nous en tenions à la lettre et qu'il nous fallût interpréter ce qui est écrit dans la loi, à la façon des Juifs et des gens du commun, je rougirais alors d'avouer que c'est Dieu qui nous a donné ces lois : les lois des hommes sembleraient alors meilleures et plus raisonnables 81.

80 Stromates, I., chap. XII.

81 Voyez Homélies 7, dans le Lévitique ; cité dans Source of Measures, p. 306-7.

 

Et il aurait eu raison de "rougir", le sincère et honnête Père du Christianisme primitif, à son époque de pureté relative. Mais les Chrétiens de notre époque hautement littéraire et civilisée ne rougissent pas du tout ; au contraire, ils avalent la "lumière" avant la formation du Soleil, le Jardin de l'Eden, la baleine de Jonas, tout enfin, bien qu'Origène, dans un moment d'indignation bien naturelle, pose la question suivante :

Quel est l'homme sensé qui admettrait que le premier, le second et le troisième jour, à propos desquels il est fait mention du soir et du matin, étaient sans soleil, sans lune et sans étoiles et que le premier jour il n'y avait pas de ciel ? Quel est l'homme qui serait assez idiot pour supposer que Dieu plantait des arbres dans le Paradis, dans l'Eden, comme un cultivateur, etc. ? Je suis d'avis que les hommes devraient considérer ces choses comme des images, sous lesquelles un sens est caché 82.

Pourtant on trouve des millions de ces "idiots" non seulement au IIIème siècle, mais encore à notre époque de lumières. Lorsque l'on ajoute à cela la déclaration peu équivoque que Paul fait dans l'épître aux Galates, IV, 22-25, disant que l'histoire d'Abraham et de ses deux fils est  une "allégorie" et "qu'Agar est le mont Sinaï", on ne saurait guère blâmer le Chrétien ou le Païen qui refuse d'accepter la Bibleautrement que comme une ingénieuse allégorie. [V 56] Le rabbin Siméon Ben- "Jochaï", le compilateur du Zohar, ne communiqua jamais les points les plus importants de sa doctrine autrement que verbalement et encore à un nombre très restreint de disciples. Aussi, sans l'initiation finale à la Mercavah, l'étude de la Cabalesera toujours incomplète, et la Mercavahne peut être enseignée que "dans les ténèbres, dans un endroit désert et après de nombreuses et terribles épreuves". Depuis la mort du grand Initié Juif, cette doctrine est restée, pour le monde extérieur, un secret inviolé.

Parmi les membres de la vénérable secte des Tanaim, ou plutôt des Tananim, hommes sages, il y en avait qui enseignait pratiquement les secrets et initiaient quelques disciples au grand Mystère final. Mais la  Mishna Hagiga, 2ème  section, dit que la table des matières de la Mercavah  "ne  doit  être  confiée  qu'aux  sages  d'un âge avancé". La Gemaraest encore plus dogmatique. "Les plus importants secrets des Mystères n'étaient même pas révélés à tous les prêtres. On ne les divulguait qu'aux Initiés". Nous voyons ainsi ce même profond secret dominer dans toutes les anciennes religions 83.

Que dit la Cabaleelle-même. ? Ses grands Rabbins menacent réellement celui qui accepte à la lettre ce qu'ils disent. Nous lisons dans le Zohar :

 Malheur... à l'homme qui ne voit dans la Thorah, c'est-à- dire la Loi, que de simples récits et des mots ordinaires ! En effet, si elle ne contenait véritablement que cela, nous serions capables, même aujourd'hui, de composer une Thorah encore plus digne d'admiration. Si nous ne découvrions que les simples mots, nous n'aurions qu'à nous adresser aux législateurs de la Terre84, à ceux chez lesquels nous rencontrons fréquemment le plus de grandeur. Il suffirait de les imiter et de composer une Thorah d'après leurs paroles et leurs exemples. Mais il n'en est pas ainsi ; chaque mot de la Thorah renferme un sens élevé et un mystère sublime... Les récits de la Thorah constituent le revêtement de la Thorah.  Malheur à celui qui confond ce revêtement avec la Thorah elle- même... Les simples ne remarquent que le vêtement ou les récits de la Thorah, ils ne savent rien de plus, ils ne voient pas ce qui est caché sous le vêtement. Les plus instruits ne font pas attention au vêtement mais concentrent  leur  attention  sur  le  corps   qu'il enveloppe 85.[V 57]

 82 Origène : Huet., Origineniana, 16 ; Franck, 21 ; citation tirée du Sod de Dunlap, p. 176.

 83 Isis Dévoilée, IV, 4.

84 Les "législateurs" matérialistes, les critiques et les Sadducéens, qui ont tâché de mettre en pièces les doctrines et les enseignements des grands Maîtres Asiatiques passés et présents – pas des savants au sens moderne du mot – feraient bien de réfléchir là-dessus. Il est hors de doute que si les doctrines et les enseignements secrets avaient été inventés et rédigés à Oxford ou à Cambridge, leur forme extérieure eût été plus brillante. Répondraient-ils aussi bien aux vérités universelles et aux faits voilà ce qu'il reste à voir ?

85 III, fol. 1, 526 ; cité dans la Qabbalahde Myer, p. 202.

 

Ammonius Saccas enseignait que la DOCTRINE SECRETE de la Religion-Sagesse se trouvait, au complet, dans les Livres de Thoth (Hermès), où Pythagore et Platon avaient puisé leurs connaissances et beaucoup de leur Philosophie, et il déclarait que ces Livres étaient "identiques aux enseignements des Sages de l'Extrême-Orient". Le professeur A. Wilder fait la remarque suivante :

Comme le nom de Thoth veut dire un collège ou une assemblée, il est assez probable que ce nom fut donné à ces livres, parce qu'ils constituaient la collection des oracles et des doctrines de la fraternité sacerdotale de Memphis. Le rabbin Wise a émis la même hypothèse à propos des maximes divines conservées dans les Ecritures hébraïques 86.

C'est fort probable. Seulement, les "propos divins" n'ont jamais été compris, jusqu'à présent, par les profanes. Philon, le Juif, qui n'était pas initié, tenta d'expliquer leur sens secret et échoua.

Toutefois, les Livres de Thoth comme la Bible, les Védas comme la Cabale, tous prescrivent le même secret au sujet de certains mystères de la nature qui y sont symbolisés. "Malheur à celui qui divulgue indûment les paroles murmurées à l'oreille de Manoushi par le Premier Initiateur." Le Livre d'Enoch indique clairement qui fut cet "Initiateur" :

Par eux [les Anges] j'ai entendu toutes choses et j'ai compris ce que je voyais ce qui ne se produira pas durant cette génération [Race], mais durant une génération qui lui succédera à une époque lointaine [les 6ème et 7ème Races] au sujet des Elus [les Initiés] 87.

Il est dit aussi, au sujet du jugement de ceux qui, ayant appris "tous les secrets des anges", les révèlent, que :

Ils ont découvert des secrets et ce sont eux qui ont été jugés, mais pas toi, mon fils [Noé]... tu es pur, bon et à l'abri du reproche  d'avoir  découvert  [révélé]  des secrets 88.

Il existe cependant à notre siècle des gens qui, ayant "découvert des secrets" sans être aidés et grâce seulement à leur savoir et à leur pénétration, homme honnêtes et directs, et n'étant effrayés ni par des menaces ni par des avertissements, puisqu'ils n'ont jamais prêté serment de garder le secret, sont très surpris par ces révélations. Un de ceux-ci est l'auteur de "Key to the Hebrew-Egyptian Mystery". Ainsi qu'il le dit, il y a "quelques traits étranges qui se rattachent à la promulgation et à la condition de la Bible". [V 58]

Ceux qui ont compilé ce livre étaient des hommes comme nous. Ils savaient, voyaient, maniaient et comprenaient, au moyen de la mesure de la clef 89 la loi de Dieu vivant et à jamais actif 90. La foi ne leur était pas nécessaire pour savoir qu'il existait, qu'il travaillait, traçait des plans et les mettait à exécution comme un puissant mécanicien et architecte 91. Qu'était donc ce qui leur réservait, à eux seuls, ce savoir, alors qu'en qualité d'hommes de Dieu, d'abord, puis en qualité d'Apôtres de Jésus-Christ, ils répartissaient un service rituel aveuglant et un vain enseignement de foi, sans substance ni preuve, découlant naturellement de la mise en exercice des sens précisément donnés à tous les hommes par la Divinité, comme le moyen essentiel d'obtenir une compréhension correcte ? Le Mystère et la Parabole, les paroles obscures et l'action de voiler le véritable sens, constituent le fardeau des Testaments, tant Ancien que Nouveau. Tenez pour certain que les récits de la Biblefurent   inventés   à   dessein pour tromper les masses ignorantes, même lorsqu'ils recommandaient un code parfait d'obligations morales : comment serait-il possible de justifier de telles fraudes comme faisant partie d'un système divin, lorsque la nature même des choses exige que l'on assigne, comme attribut, à ce système la véracité simple et parfaite ? Qu'est-ce que le mystère a à faire, ou que pourrait-il avoir à faire avec la promulgation des vérités de Dieu 92 ?

Absolument rien, très certainement, si ces mystères avaient été dévoilés dès le début, et il en était ainsi pour les premières Races, semi- divines, pures et spirituelles de l'Humanité. Elles possédaient les "vérités de Dieu" et y conformaient leur vie et leur idéal. Elles les conservèrent tant qu'il n'y eut pour ainsi dire pas de mal et, par suite, de possibilité d'abuser de la connaissance de ces vérités. Mais l'évolution et la chute graduelle dans la matérialité et aussi une de ces "vérités" est une des lois de "Dieu". A mesure que le genre progresse et devient plus terrestre avec chaque génération, l'individualité de chaque Ego temporaire commence à s'affirmer. C'est l'égoïsme personnel qui se développe et pousse l'homme à abuser de son savoir et de sa puissance ; or, l'égoïsme est un édifice humain, dont les portes et fenêtres sont toujours grandes ouvertes pour laisser entrer dans l'âme de l'homme [V 59] tous les genres d'iniquités. Bien rares furent, durant la première adolescence de l'homme, et plus rares encore sont aujourd'hui, les hommes disposés à mettre en pratique l'énergique déclaration de Pope, disant qu'il mettrait son propre cœur en pièces, si ce dernier n'était disposé qu'à l'aimer lui-même et à se rire de tous ses voisins. De là la nécessité de retirer graduellement à l'homme le savoir et le pouvoir divins, qui devenaient, avec chaque nouveau cycle humain, plus dangereux, pareils à une arme à deux tranchants dont le mauvais côté menaçait sans cesse le voisin, et dont la puissance pour le bien n'était utilisée que pour soi-même. Les rares "élus" chez lesquels la nature interne n'avait pas été affectée par croissance physique externe, devinrent ainsi, avec le temps, les seuls gardiens des mystères révélés et transmirent leurs connaissances à ceux qui étaient les plus aptes à les recevoir, tout en les rendant inaccessibles aux autres. Ecartez cette explication des Enseignements Secrets, et le nom même de Religion deviendra synonyme de déception et de fraude.

  86 New-platonism and Alchemy, p. 6.

87 I, 2.

 88 LXIV, 10.

89 On constate que la clé réside dans "la source des mesures ayant donné naissance au Pouce britannique et à l'ancienne coudée", ainsi que l'auteur cherche à le prouver.

90 Employé au pluriel, le mot eût pu mieux résoudre le mystère. Dieu est toujours présent ; s'il était toujours actif, il ne pourrait plus être un Dieu infini – ni toujours présent dans sa limitation.

91 L'auteur est évidemment un franc-maçon qui partage la manière de penser du Général Pike. Tant que les francs-maçons américains et anglais repousseront le "Principe créateur" du "Grand Orient" de France, ils resteront dans les ténèbres.

 92 Sources of Measures, pp. 308, 309.

 

On ne pouvait cependant abandonner les masses sans un frein moral quelconque. L'homme aspire sans cesse à un "au-delà" et ne peut vivre sans un idéal quelconque, en guise de phare et de consolation. En même temps, même à notre époque d'instruction universelle, on ne pourrait confier à aucun homme ordinaire des vérités trop métaphysiques, trop subtiles pour que son intellect puisse les comprendre, sans courir le risque de voir se produire une réaction imminente, et de voir la croyance à Dieu et aux Saints céder la place à un pur Athéisme peu scientifique. Aucun véritable philanthrope, par suite aucun Occultiste, ne rêverait jamais, un seul instant, d'un genre humain sans une Religion quelconque. La Religion moderne de l'Europe, limitée aux dimanches, est elle-même mieux que rien. Mais, si, suivant l'expression de Bunyan : "La Religion constitue la meilleure armure que puisse posséder un homme", c'est certainement le "pire des manteaux" et c'est ce "manteau" et les faux-semblants, contre lesquels luttent les Occultistes et les Théosophes. La véritable Divinité idéale, l'unique Dieu vivant dans la Nature, ne peut jamais souffrir dans le culte de l'homme, si l'on met de côté le manteau extérieur tissé par l'imagination humaine et jeté sur la Divinité par les soins de prêtres rusés, avides de pouvoir et de domination. Avec le commencement de ce siècle, l'heure a sonné de détrôner le "Dieu suprême" de chaque nation, en faveur d'une Divinité Universelle Unique – le Dieu de la Loi Immuable, non pas le Dieu de charité ; le Dieu de la Juste Rétribution, non pas le Dieu de merci, ce qui n'est qu'une incitation à mal faire et à recommencer. Le plus grand crime dont on se soit rendu coupable envers [V 60] l'humanité a été commis le jour où un prêtre inventa la première prière ayant un objectif égoïste. Un Dieu qui peut être amené, au moyen de prières iniques, à "bénir les armes" de celui qui l'invoque et à envoyer la défaite et la mort à des milliers de ses ennemis – ses frères ; une Divinité que l'on peut considérer comme ne restant pas sourde aux chants pleins de louanges mêlés de prières pour obtenir "un vent favorable" pour soi,  et naturellement désastreux pour les autres navigateurs qui viennent en sens contraire – telle est l'idée de Dieu qui a développé l'égoïsme chez l'homme et l'a amené à ne pas compter sur lui-même. La prière est un acte qui ennoblit lorsqu'elle découle d'une sensation intense, d'un ardent désir qui jaillit du fond de notre cœur pour le bonheur d'autrui et qu'elle n'est entachée d'aucune intention personnelle égoïste ; l'aspiration à l'au-delà est une chose naturelle et sainte chez l'homme, mais à condition de partager cette  béatitude  avec  les  autres.  On  comprend  et  on  apprécie  bien  les paroles du "païen" Socrate, qui déclarait, dans sa sagesse profonde, et acquise sans aide, que :

Nos prières ne devraient demander que des bénédictions pour tous, en général, car les Dieux savent mieux que nous ce qu'il nous faut.

Mais les prières officielles – au sujet d'une calamité publique, ou pour le bien d'un individu, sans tenir compte des pertes de milliers d'autres – est le plus ignoble des crimes, sans ajouter que cela indique une impertinente suffisance et de la superstition. C'est l'héritage direct, par spoliation, des Jéhovites – les Juifs du désert et du Veau d'Or.

C'est "Jéhovah", ainsi que nous allons l'établir, qui suggéra  la nécessité de voiler et de cacher ce substitut du nom qui ne peut être prononcé, et qui conduisit à tous ces "mystères, paraboles,  paroles obscures et voilées". Moïse avait, en quelque manière, initié ses soixante- dix Anciens aux vérités cachées, de sorte que les auteurs de l'Ancien Testament se trouvent justifiés jusqu'à un certain point. Ceux du Nouveau Testament n'ont pas réussi à en faire autant ou aussi peu. Ils ont défiguré par leurs dogmes la grande figure centrale du Christ et, depuis lors, ils ont plongé le public dans des milliers d'erreurs et dans les crimes les plus sombres, en invoquant Son nom sacré.

Il est évident qu'à l'exception de Paul et de Clément d'Alexandrie, qui avaient tous deux été initiés aux mystères, aucun des Pères ne savait grand-chose au sujet des vérités elles-mêmes. C'étaient, en général, des gens ignorants et sans éducation et si des hommes comme Augustin et Lactance, ou comme le Vénérable Bède et d'autres encore, se montrent, [V 61] jusqu'à l'époque de Galilée 93, si lamentablement ignorants des plus importantes vérités qui étaient enseignées dans les temples païens – de la rotondité de la Terre, par exemple, sans parler du système héliocentrique – combien grande doit avoir été l'ignorance des autres ! Pour les premiers Chrétiens, le savoir et le péché étaient synonymes. De là l'accusation de commerce avec le Diable, lancée contre les Philosophe païens.

93 Dans le 4ème volume de la Pneumatologie, pp. 105-113, le marquis de Mirville attribue au pape Urbain VIII la connaissance du système héliocentrique – avant Galilée. L'auteur va plus loin. Il s'efforce à dépeindre ce fameux pape, non pas comme le persécuteur de Galilée, mais comme ayant été persécuté par lui et comme ayant été, par-dessus le marché, calomnié par l'astronome florentin. S'il en est ainsi, c'est encore pire pour l'Eglise latine, puisque ses papes gardèrent le silence sur ce fait important qu'ils connaissaient, pour couvrir Josué ou leur propre infaillibilité. On comprend facilement que la Bibleayant été tellement exaltée au-dessus de tous les autres systèmes et son prétendu monothéisme dépendant du silence observé, il ne restait plus qu'à accepter tranquillement son symbolisme et à en laisser ainsi attribuer toutes les bévues à son Dieu.

 

La vérité doit pourtant se faire jour. Les Occultistes, que des écrivains comme de Mirville qualifient de "sectateurs du Caïn maudit", sont maintenant en état de renverser la situation. Ce qui n'était connu, jusqu'à présent, que des cabalistes anciens et modernes, de l'Europe et de l'Asie, est aujourd'hui public et démontré comme étant mathématiquement vrai. L'auteur de Key to the Hebrew-Eggptian Mystery or the Source of Measures a maintenant prouvé, à la satisfaction générale, il faut l'espérer, que les deux grands noms divins de Jéhovah et d'Elohim représentaient respectivement, dans un des sens de leur valeur numérique, la valeur d'un diamètre et d'une circonférence, en d'autres termes que c'étaient les indices numériques de rapports géométriques, puis enfin que Jéhovah est Caïn et vice versa.

Cette manière de voir, dit l'auteur :

aide aussi à effacer l'horrible tache qui souille le nom de Caïn, comme pour dénaturer son rôle, car, même sans preuves, il résulte du texte même qu'il (Caïn) était Jéhovah. Les écoles théologiques feraient donc mieux de se préparer à faire amende honorable, si c'est possible, envers le nom et la bonne renommée du Dieu qu'elles adorent 94.[V 62]

 Ce n'est pas le premier avertissement que reçoivent les "écoles théologiques", qui le savaient sans doute depuis le début, tout comme le savaient Clément d'Alexandrie et d'autres. Mais s'il en est ainsi, ils en profiteront encore moins, car le fait d'admettre cela aurait pour eux d'autres conséquences que d'atteindre le caractère sacré et la dignité de la foi établie.

Mais on pourrait se demander aussi pourquoi les religions asiatiques, qui n'ont rien de ce genre à cacher, et qui proclament ouvertement l'Esotérisme de leurs doctrines, suivent la même marche ? Voici pourquoi : tandis que le silence actuel, et sans doute imposé, de l'Eglise sur ce sujet, ne se rapporte simplement qu'à la forme extérieure et théorique de la Bible dont les secrets auraient pu être dévoilés sans causer aucun mal réel, si on les avait expliqués dès le début – la question est bien différente en ce qui concerne l'Esotérisme oriental et le Symbolisme. La grande figure des Evangiles aurait été aussi peu affectée par la révélation du symbolisme de l'Ancien Testament, que l'aurait été le fondateur du Bouddhisme si l'on avait démontré que les écrits brahmaniques des Pourânas qui précédèrent sa naissance, étaient allégoriques. En outre, Jésus de Nazareth aurait gagné plus qu'il n'aurait perdu à être présenté comme un simple mortel, qu'il fallait juger d'après ses préceptes et ses mérites, au lieu d'être présenté à la chrétienté comme un Dieu dont les nombreuses paroles et les  actes donnent aujourd'hui tant de prise à la critique. D'autre part, les symboles et les paroles allégoriques qui voilent les grandes vérités de la Nature dans les Védas, les Brâhmanas, les Oupanishads et surtout dans le Chagpa Thogmed et dans d'autres ouvrages lamaïstes, sont d'une nature tout à fait différente et ont un sens secret bien plus compliqué. Alors que les glyphes bibliques ont presque tous une triple base, ceux des livres orientaux sont basés sur un principe septénaire. Ils se rattachent aussi étroitement aux mystères de la physique et de la physiologie, qu'au psychisme et à la nature transcendante des éléments cosmiques et de la théogonie ; dévoilés, ils seraient plus que néfastes pour les non-initiés ; mis entre les mains des générations d'aujourd'hui, [V 63] en l'état actuel de leur développement physique et intellectuel, en l'absence de toute spiritualité et même de moralité pratique, leur effet serait absolument désastreux.

Néanmoins, les enseignements secrets des sanctuaires ne sont pas demeurés sans témoins ; ils ont été immortalisés de diverses manières. Ils ont été répandus dans le monde sous forme de centaines de volumes remplis des phrases étranges des casse-têtes des alchimistes ; ils ont coulé des plumes des poètes et des bardes comme d'irrésistibles torrents de trésors Occultes. Le génie seul jouissait de certains privilèges durant les sombres époques au cours desquelles aucun rêveur ne pouvait même offrir au monde une fiction, sans avoir adapté son ciel et sa terre au texte biblique. Durant ces siècles d'aveuglement mental, lorsque la crainte du "Saint-Office" jetait un voile épais sur toutes les vérités cosmiques et psychiques, il n'était permis qu'au génie seul de révéler sans en être empêché quelques-unes des plus grandes vérités de l'Initiation. D'où l'Arioste, dans son Roland Furieux, tira-t-il sa conception de la vallée de la Lune où, après notre mort, nous pouvons retrouver les idées et les images de tout ce qui existe sur la terre ? Comment Dante arriva-t-il à imaginer les nombreuses descriptions que renferme son Enfer – véritable apocalypse de Jean, véritable Révélation Occulte en vers – sa visite et sa communion avec les âmes des Sept Sphères ? Toutes les vérités Occultes ont été bien accueillies dans la poésie et dans la satire – aucune n'a été reconnue comme sérieuse. Le comte de Gabalis est plus connu et mieux apprécié, que Porphyre et Jamblique. On proclame que la mystérieuse Atlantide de Platon est une fiction, tandis que le déluge de Noé est jusqu'à présent imprimé dans le cerveau de certains archéologues qui se moquent du monde archétype du Zodiaque de Marcel Palingène et qui se sentiraient offensés si on les invitait à discuter les quatre mondes d'Hermès Trismégiste – l'Archétype, le Spirituel, l'Astral et l'Elémentaire, avec trois autres en arrière de la scène découverte. Il est évident que la société civilisée n'est encore qu'à moitié prête pour la révélation. Aussi les Initiés ne donneront-ils jamais le secret entier, tant que la masse de l'humanité n'aura pas modifié sa nature réelle et ne sera pas mieux préparée à recevoir la vérité. Clément d'Alexandrie avait positivement raison lorsqu'il disait : "Il est nécessaire de cacher sous un mystère la sagesse révélée" – que les "Fils de Dieu" enseignent.

Cette Sagesse, comme on le verra, se rattache à toutes les vérités primordiales communiquées aux premières Races, aux "Nés du Mental", par les "constructeurs" de l'Univers, Eux-mêmes. [V 64]

Dans toutes les anciennes contrées ayant le droit de se dire civilisées, il existait une Doctrine Esotérique, un système désigné sous le nom de SAGESSE 95  et ceux qui

 

 

 

 

 

se consacraient à son étude étaient d'abord appelés sages, ou hommes sages... Pythagore appelait ce système ὴ γνω̃σις τω̃ν οντων, la Gnose ou Connaissance des choses qui existent. Sous le noble titre de SAGESSE, les anciens instructeurs, les sages de l'Inde, les mages de Perse et de Babylone, les voyants et les prophètes d'Israël, les hiérophantes d'Egypte et d'Arabie et les philosophes de Grèce et d'Occident englobaient tout le savoir qu'ils considéraient comme essentiellement divin ; classant une partie comme ésotérique et le reste comme extérieur. Les Rabbins donnaient à la série exotérique et séculière le nom de Mercavah, comme étant le corps ou véhicule renfermant le savoir supérieur 96.

Nous parlerons plus tard de la loi du silence imposée aux Chélas orientaux.

  93 Dans le 4ème volume de la Pneumatologie, pp. 105-113, le marquis de Mirville attribue au pape Urbain VIII la connaissance du système héliocentrique – avant Galilée. L'auteur va plus loin. Il s'efforce à dépeindre ce fameux pape, non pas comme le persécuteur de Galilée, mais comme ayant été persécuté par lui et comme ayant été, par-dessus le marché, calomnié par l'astronome florentin. S'il en est ainsi, c'est encore pire pour l'Eglise latine, puisque ses papes gardèrent le silence sur ce fait important qu'ils connaissaient, pour couvrir Josué ou leur propre infaillibilité. On comprend facilement que la Bibleayant été tellement exaltée au-dessus de tous les autres systèmes et son prétendu monothéisme dépendant du silence observé, il ne restait plus qu'à accepter tranquillement son symbolisme et à en laisser ainsi attribuer toutes les bévues à son Dieu.

  94 Op. cit., app. VII, p. 296. L'auteur est heureux de constater que ce fait est aujourd'hui mathématiquement démontré. Lorsqu'il fut exposé dans Isis Dévoilée que Jéhovah et Saturne ne faisaient qu'un avec Adam Kadmon, Caïn, Adam et Eve, Abel, Seth, etc., et que l'on pouvait les convertir tous en symboles dans la DOCTRINE SECRETE (Voyez Vol. IV, 136, 137, 157 et seq.) ; qu'ils répondaient, en somme, à des nombres secrets et avaient plus d'un sens dans la Biblecomme dans les autres doctrines – les déclarations de l'auteur passèrent inaperçues. Isis n'avait pas réussi à apparaître sous une forme scientifique et tout en donnant trop de choses, n'en donnait par le fait, que trop peu pour satisfaire le chercheur. Mais aujourd'hui, si, en plus des preuves fournies par la Bibleet la Cabale, les mathématiques et la géométrie sont bonnes à quelque chose, le public doit se trouver satisfait. On ne pourrait trouver de preuves plus complètes, plus scientifiquement établies pour montrer que Caïn est la transformation d'un Elohim (la Séphira Binah) en Iah-Veh (ou Dieu- Eve) androgyne et que Seth est le Jéhovah mâle que dans les découvertes combinées de Seyffarsh, Knight, etc. et finalement dans le très érudit ouvrage de M. Ralston Skinner. Nous indiquerons plus tard dans le texte, les rapports subséquents de ces personnifications des premières races humaines, au cours de leur développement graduel.

95 Les écrits qui existaient au temps jadis personnifiaient souvent la Sagesse comme une émanation, un associé du Créateur. Nous avons ainsi le Bouddha Hindou, le Nébo Babylonien, le Thoth de Memphis, l'Hermès de Grèce ; puis les divinités féminines, Néitha, Métis, Athéna et la puissance Gnostique Achamoth ou Sophia. Le Pentateuque Samaritain appelé le Livre de la Genèse, Akamouth ou Sagesse et deux fragments d'antiques traités, la Sagesse de Salomon et la Sagesse de Jésus, se rattachent aux mêmes questions. Le. Livre de Mashalim – les Discours ou Proverbes de Salomon – personnifie la sagesse comme l'auxiliaire du Créateur. Dans la Sagesse  secrète de l'Orient cet auxiliaire se trouve collectivement dans les premières émanations de la Lumière Primordiale, les sept Dhyân-Chohans, que l'on a décrits comme étant identiques aux "Sept Esprits de la Présence" des Catholiques Romains.

96 New-platonism and Alchemy, p. 6.

 

[V 65]

 

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 5 Sat, 17 Jan 2015 10:27:06 +0000
SECTION V http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/234-section-v http://www.m-morya.com/la-doctrine-secrete-vol-5/234-section-v

SECTION V

QUELQUES MOTIFS DU SECRET

 

On s'est souvent plaint que le monde en général ait été privé des Sciences Occultes et que les Initiés les aient refusées à l'Humanité. On a prétendu que les gardiens du Savoir Secret se montraient égoïstes en ne répandant pas les "trésors" de la Sagesse Archaïque ; qu'il était véritablement criminel de cacher aux savants de telles connaissances "si elles existent" – etc.

Il doit y avoir eu cependant de bonnes raisons pour cela, puisque depuis les temps les plus reculés de l'Histoire, tous les Hiérophantes et tous les "Maîtres" ont agi de la sorte. Pythagore, le premier Adepte et  le premier Savant réel de l'Europe pré-chrétienne, est accusé d'avoir publiquement enseigné l'immobilité de la terre et le mouvement de rotation des étoiles autour d'elle, tandis qu'il déclarait à ses Adeptes privilégiés qu'il croyait au mouvement de la terre, comme planète, et au système héliocentrique. Cependant, les raisons qui motivèrent ce secret étaient nombreuses et l'on n'en fit jamais mystère. La principale de ces raisons fut donnée dans Isis Dévoilée et nous pouvons la répéter maintenant.

Depuis le jour où le premier mystique, élève du premier Instructeur des "Dynasties divines" des premières races, fut instruit des moyens de communication qui existent entre ce monde et les mondes de la région invisible, entre la sphère de la matière et celle du pur esprit, il en conclut que le fait de livrer cette science mystérieuse à la profanation, volontaire ou involontaire, de la multitude profane, c'était la perdre. L'abus de cette science pouvait conduire l'humanité à une destruction rapide ; cela équivalait au fait d'entourer des enfants de substances explosives et de leur fournir des allumettes. Le premier Instructeur divin n'initia que quelques rares élus et ceux- ci gardèrent le silence vis-à-vis de la multitude. Ils reconnaissaient leur "Dieu" et chaque Adepte sentait en lui-même le grand "SOI". L'Atman, le Soi, le puissant Seigneur Protecteur, dès que l'homme le reconnaissait comme le "Je suis" "l'Ego sum" "l'Asmi", laissait entrevoir toute sa puissance à celui qui se montrait capable de reconnaître la "petite voix tranquille". Depuis l'époque de l'homme primitif, décrit par le premier poète védique, jusqu'à notre époque moderne, tous les philosophes vraiment dignes de ce titre cachèrent dans le sanctuaire [V 66] silencieux de leur cœur la grande et mystérieuse vérité. Celui qui était initié l'apprenait comme une science sacrée, sinon, comme Socrate, il se répétait à lui-même et répétait à ses semblables, la noble injonction, "O homme, connais-toi toi-même !" et réussissait à reconnaître son Dieu en lui-même. "Vous êtes des Dieux", nous disait le roi-psalmiste et nous voyons Jésus rappeler aux scribes que cette expression s'adressait à d'autres hommes mortels, réclamant pour eux-mêmes le même privilège sans commettre aucun blasphème. Comme un écho fidèle, Paul, tout en affirmant que nous sommes tous le "temple du Dieu vivant", fait prudemment remarquer ailleurs  qu'après tout, ces choses ne sont que pour les "sages" et qu'il est "illégitime" d'en parler 97.

97 III, 427, 428. De nombreuses modifications du texte original d'Isis Dévoilée furent faites par H. P dans les citations qu'elle en tirait et on s'y est conformé d'un bout à l'autre.

 

Quelques-unes des raisons qui motivent ce secret peuvent  être données ici.

La loi fondamentale et la clef maîtresse de la Théurgie pratique, dans ses principales applications à l'étude sérieuse des mystères cosmiques et sidéraux, des mystères psychiques et spirituels, était et est encore, ce que les Néo-platoniciens grecs appelaient la "Théophanie". Celle-ci, dans son sens le plus généralement accepté, est "la communication entre les Dieux (ou Dieu) et les mortels initiés que leur développement spirituel rend aptes à jouir de ces rapports". Esotériquement, pourtant, elle signifie plus que cela ; en effet, ce n'est pas seulement la présence d'un Dieu, mais une incarnation réelle – quoique temporaire – c'est en quelque sorte le mélange de  la  Divinité  personnelle,  du  Soi  supérieur,  avec  l'homme  –  son représentant ou son agent sur terre. Suivant une loi générale, le Dieu le plus haut, la Sur-âme de l'être humain (Atma Bouddhi), se borne à couvrir l'individu de son ombre durant sa vie, dans un but d'instruction et de révélation ou bien, comme le diraient les catholiques romains – qui donnent, à tort, à cette Sur-âme le nom "d'Ange Gardien" "Elle se tient à l'extérieur et veille." Au contraire, dans le cas du mystère théophanique, elle s'incarne dans le théurgiste dans un but de révélation. Lorsque l'incarnation est temporaire, durant ces mystérieuses "extases" que Plotin définit comme La libération du mental des entraves de sa conscience limitée, pour s'unifier et s'identifier à l'Infini.

cette condition sublime est très brève. L'âme humaine étant le rejeton ou l'émanation de son Dieu, le "Père et le Fils" ne font plus qu'un, "la source divine s'écoulant comme un [V 67] torrent dans son lit humain 98". Dans certains cas exceptionnels, pourtant, le mystère devient complet : le Verbe est réellement fait chair et l'individu devient divin dans la pleine acception du terme, puisque son Dieu personnel a fait de lui son tabernacle permanent pour toute la vie – "le temple de Dieu", suivant l'expression de Paul.

Ce que nous entendons ici par le Dieu personnel de l'Homme n'est bien entendu, pas son septième principe seul, attendu que per se et en essence, celui-ci n'est qu'un rayon de l'Océan infini de Lumière. En conjonction avec notre âme divine, Bouddhi, on ne peut l'appeler une Dyade, comme cela aurait lieu autrement, car bien que formé d'Atma et de Bouddhi (les deux Principes supérieurs), le premier n'est pas une entité, mais une émanation de l'Absolu dont on ne peut réellement pas le séparer. Le Dieu personnel n'est pas la Monade, mais bien le prototype de cette dernière, ce que, faute de mieux, nous appelons le Kâranâtma 99 manifesté (Ame Causale), un des "sept" réservoirs principaux des Monades ou Egos humains. Ces derniers sont graduellement formés et fortifiés durant leur cycle d'incarnation par de constantes additions d'individualité, tirée des personnalités dans lesquelles s'incarne le principe androgyne, mi-spirituel et mi-terrestre, qui appartient à la fois au ciel et à la terre, que les Védantins appellent Jiva et Vijnânamaya Kosha et que les occultistes appellent Manas (le mental) ; bref, ce qui s'incarne à chaque nouvelle naissance en s'unissant partiellement à la Monade. En parfaite unité avec son (septième) Principe, l'Esprit sans mélange, c'est le Soi Supérieur divin, comme le savent tous les étudiants en Théosophie. Après chaque nouvelle incarnation, Bouddhi-Manas recueille, pour ainsi dire, l'arôme de la fleur qu'on appelle personnalité, dont les résidus purement terrestres – les déchets – sont abandonnés et s'effacent comme des ombres. Cela constitue la partie la plus difficile de la doctrine – parce qu'elle appartient à la métaphysique transcendante.

98 Proclus prétend avoir éprouvé six fois cette sublime extase durant sa vie mystique ; Porphyre affirme qu'Apollonius de Tyane fut ainsi uni quatre fois à sa divinité – déclaration que nous considérons comme erronée, puisque Apollonius était un Nirmânakâya (incarnation divine – et non Avatar) – et lui (Porphyre) une seule fois, lorsqu'il avait dépassé la soixantaine. La Théophanie (ou apparition réelle d'un dieu à l'homme), la Théopathie (inspiration, ou plutôt pouvoir mystérieux d'entendre les enseignements oraux d'un dieu), n'ont jamais été bien comprises.

99 Le Kârana-Sharîra est le corps "causal" et on le représente parfois comme le "Dieu personnel"  – et il l'est, dans un sens.

 

Comme je l'ai répété maintes fois, dans cet ouvrage et dans d'autres, ce ne sont pas les Philosophes, les Sages et les Adeptes de l'antiquité que l'on pourrait accuser d'idolâtrie. [V 68] En fait, ce sont eux qui, reconnaissant l'unité divine, étaient, grâce à leur initiation aux mystères de l'Esotérisme, les seuls en état de comprendre correctement l'ὺπόνοια (hyponoia), ou sens sous-jacent de l'anthropomorphisme de ce que l'on appelle les Anges, les Dieux et les Etres spirituels de toute sorte. Chacun d'eux, vouant un culte à l'unique Essence Divine qui imprègne le monde entier de la nature, respectait, mais n'adorait jamais, ni ne transformait jamais en idole, aucun de ces "Dieux", tant supérieurs qu'inférieurs – pas même sa propre Divinité personnelle, dont il était un rayon et à laquelle il faisait appel 100.

100 Cela constituerait, dans un sens, un culte de Soi-même.

 

La Triade sainte émane de l'Unique et c'est la Tétraktys ; les Dieux, les démons et les âmes, sont une émanation de la Triade. Les Héros et les Hommes répètent eux-mêmes la hiérarchie.

Ainsi parlait le pythagoricien Métrodore de Chio, la dernière partie de la phrase voulant dire que l'homme possède en lui-même sept pâles reflets des sept Hiérarchies divines ; son Soi Supérieur n'est, par suite, en lui- même, qu'un rayon réfracté du Rayon direct. Celui qui considère ce dernier comme une entité, au sens habituel du terme, est un "des infidèles et des athées" dont parle Epicure, car il rattache à ce Dieu "les opinions de la multitude" – anthropomorphisme de la nature la plus grossière 101. L'Adepte et l'Occultiste savent que "ceux que l'on appelle les Dieux ne sont que les premiers principes" (Aristote). Ce sont néanmoins des "Principes" intelligents, conscients et vivants, les Sept Lumières Primordiales manifestées provenant de la Lumière non manifestée – qui, pour nous, est Ténèbres. Ce sont les Sept Koumâras – exotériquement quatre – ou "Fils Nés-du-Mental" de Brahmâ. Ce sont encore eux, les Dhyân-Chohans, qui sont, au cours de l'éternité æonique, les prototypes des Dieux inférieurs et des hiérarchies d'Etres divins ; au bas de cette échelle d'être il y a nous – les hommes.

Il se pourrait donc que le Polythéisme, philosophiquement interprété, fût d'un degré supérieur même au Monothéisme des Protestants, par exemple, qui limitent et conditionnent la Divinité en qui ils persistent à voir l'Infini, alors que les actes qui lui sont attribués font de cet "Absolu et Infini" le paradoxe le plus absurde de la Philosophie. A ce point de vue, le Catholicisme Romain est incommensurablement supérieur et plus logique que le Protestantisme, bien que l'Eglise Romaine ait jugé à propos d'adopter l'exotérisme de la "multitude" [V 69] païenne et de repousser la Philosophie du pur Esotérisme.

Chaque mortel a donc sa contrepartie immortelle, ou plutôt son archétype, dans le ciel. Cela veut dire que le premier est indissolublement uni à son archétype, durant chacune de ses incarnations et pour toute la durée du cycle des naissances ; seulement c'est par le Principe spirituel et intellectuel en lui, absolument distinct du soi inférieur, et jamais par la personnalité terrestre. Quelques-unes de celles-ci sont même susceptibles de rompre entièrement l'union, en cas d'absence, chez l'individu moral, de liens contraignants, c'est-à-dire spirituels. Vraiment, comme l'explique Paracelse dans son style étrange et tourmenté, l'homme avec ses trois Esprits (composés) est suspendu comme un fœtus, par tous trois, à la matrice du Macrocosme ; le fil qui le maintient uni est "l'Ame-Fil", le Soûtrâtma et Taijasa (le "Brillant") des Védantins. C'est par ce Principe spirituel et intellectuel de l'homme, c'est par Taijasa – le Brillant "parce qu'il a pour associé l'organe lumineux interne" – que l'homme est ainsi  uni à son prototype céleste, et jamais par son soi inférieur interne au Corps Astral, auquel, dans la plupart des cas, il ne reste plus qu'à se dissiper peu à peu.

L'Occultisme, ou Théurgie, enseigne les moyens de réaliser cette union, mais ce sont les actions de l'homme – son mérite personnel seul – qui peuvent la produire sur la terre, ou en déterminer la durée. Cette durée varie entre quelques secondes – un éclair – et plusieurs heures, durant lesquelles le Théurgiste ou Théophaniste est lui-même ce "Dieu" qui adombre tout ; il se trouve donc momentanément doué d'omniscience et d'omnipotence relatives. Avec des Adeptes aussi parfaits (divins) que Bouddha 102 et certains autres, cet état hypostatique de la condition avatarique peut durer toute la vie, tandis que, dans le cas des Initiés complets, qui n'ont pas encore atteint l'état parfait de Jîvanmoukta 103, la Théopneustie lorsqu'elle est complète, a pour résultat que le haut Adepte garde un souvenir complet de tout ce qu'il a vu, entendu ou ressenti.

Taijâsa a la jouissance du supersensible 104. [V 70]

Pour quelqu'un de moins parfait cela ne se termine que par  un souvenir partiel et indistinct ; tandis que le commençant, durant  la première période de ses expériences psychiques, est plongé dans une confusion suivie d'un oubli rapide et complet des mystères entrevus au cours de cet état super-hypnotique. Le degré d'intensité du souvenir, lorsque l'on revient à son état normal et à ses sens physiques, dépend de la purification spirituelle et psychique, car le plus grand ennemi de la mémoire spirituelle, c'est le cerveau physique de l'homme, l'organe de sa nature sensorielle.

Les états ci-dessus sont décrits en vue d'une compréhension plus claire des termes employés dans cet ouvrage. Il y a tant de variétés de ces états, qu'un Voyant est lui-même susceptible de les confondre entre eux. Bref, nous le répétons, le mot grec, rarement employé, de "Théophania" avait, chez les Néo-Platoniciens, un sens plus étendu que pour les auteurs modernes de dictionnaires. Le mot composé de "Théophania" (formé de "Théos", "Dieu" et de "phainomai", "apparaître"), ne signifie pas simplement "une manifestation de Dieu à l'homme par apparition réelle" – une absurdité, soit dit en passant – mais la présence réelle d'un Dieu dans l'homme, une incarnation divine. Lorsque Simon le Magicien prétendait être "Dieu le Père", il voulait dire précisément ce que nous venons d'expliquer, à savoir qu'il était une incarnation divine de son propre Père, que nous voyions en ce dernier un Ange, un Dieu ou un Esprit ; c'est pourquoi on l'appelait "cette puissance de Dieu qui est appelée Grande" 105, ou cette puissance en vertu de laquelle le Soi Divin se loge dans son soi inférieur – l'homme.

 101 "Les dieux existent, dit Epicure, mais ils ne sont pas ce que les οι πολλοι [la multitude] supposent. Il n'est ni infidèle, ni athée, celui qui nie l'existence des Dieux qu'adore la foule, mais celui-là l'est, qui rattache aux Dieux les opinions de la foule.

 102 Le Bouddhisme, tant ésotérique qu'exotérique, repousse la théorie d'après laquelle Gautama était une incarnation ou un Avatar de Vishnou mais enseigne la doctrine que nous exposons ici. Chaque homme possède en lui, sinon les conditions, du moins les matériaux, permettant d'atteindre les rapports théophaniques et la Théopneustie bien que, dans tous les cas, le "Dieu" qui inspire soit son propre Soi supérieur ou prototype divin.

103 Etre entièrement et absolument purifié, qui n'a rien de commun avec la terre, sauf son corps.

104 Mândoûkyopanishad, 4.

 

C'est là un des nombreux mystères de l'être et de l'incarnation. Un autre de ces mystères, c'est que lorsqu'un Adepte atteint, durant sa vie, l'état de sainteté et de pureté qui fait de lui "l'égal des Anges", son corps d'apparition ou corps astral devient, au moment de sa mort, aussi solide et aussi tangible que l'était son ancien corps et se trouve transformé en l'homme réel 106. L'ancien corps physique tombe comme la peau d'un serpent et le corps du "nouvel" homme demeure visible ou, au choix de l'Adepte, disparaît grâce à l'enveloppe Akasique qui lui fait écran. Dans ce dernier cas, trois voies s'ouvrent devant l'Adepte.

 105 Actes, VIII, 10 (version révisée).

106 Voyez les explications données sur ce sujet dans "The Elixir of life" par G. M. (d'après le Journal d'un Chélâ) ; Five Years of Theosophy, pp. 18 et seq.

 

  1. Il peut rester sur la sphère de la terre (Vâyou ou Kâmaloka), dans la localité éthérée cachée aux yeux humains, sauf durant  les éclairs de clairvoyance. Dans ce cas, son corps [V 71] astral n'étant plus, en raison de sa grande pureté et de sa grande spiritualité, dans les conditions requises pour que la lumière Akasique (l'éther inférieur ou terrestre) absorbe ses particules semi-matérielles, l'Adepte devra demeurer en compagnie des coques qui se désagrègent – sans rien faire de bon ou d'utile. Bien entendu, cela ne saurait être.
  2. Il peut, grâce à un suprême effort de volonté, se fondre entièrement dans sa Monade et s'unir à elle. Toutefois, en agissant de la sorte,  il priverait son Soi Supérieur de tout Samâdhi posthume – béatitude qui n'est pas le véritable Nirvâna – car l'astral, si pur qu'il soit, est trop terrestre pour un pareil état, et il s'exposerait par là à l'action de la loi Karmique, car son choix n'aurait été déterminé, en somme, que par un égoïsme personnel – recueillir les fruits de ses propres efforts, pour soi – seul.

L'Adepte est libre de renoncer au Nirvâna et au repos conscients, pour travailler sur terre pour le bien de l'humanité. Il peut le faire de deux manières ; ou bien, comme il est dit plus haut, il peut, en consolidant son corps astral, sous un aspect physique, assumer à nouveau la même personnalité ; ou bien il peut se procurer un corps physique complètement nouveau, soit celui d'un enfant nouveau-né, soit – comme on dit que Shankarâchârya l'a fait avec le corps d'un Rajah décédé – en "entrant dans une enveloppe abandonnée" et en y vivant aussi longtemps qu'il le veut. C'est ce que l'on appelle "l'existence continuelle". La Section intitulée : "Le Mystère de Bouddha" mettra mieux en lumière cette théorie, incompréhensible pour le profane, ou simplement absurde pour le public en général. Telle est la doctrine enseignée, chacun restant libre, soit de la sonder encore plus profondément, soit de la laisser sans attention.

Ce qui précède ne constitue qu'une faible portion de ce qui aurait pu être donné dans Isis Dévoilée si le moment en avait été venu, comme il l'est maintenant. On ne saurait étudier avec fruit la Science  occulte, à moins de s'y consacrer – cœur, âme et corps. Quelques-unes de ses vérités sont trop redoutables, trop dangereuses pour le mental moyen. Personne ne saurait jouer impunément avec des armes aussi terribles. C'est pourquoi, comme le dit saint Paul, il est "illégitime" d'en parler. Acceptons cette recommandation et ne parlons que de ce dont il est "légitime" de parler.

La dernière citation tirée d'Isis Dévoilée n'a du reste trait qu'à la Magie psychique ou spirituelle. Les enseignements pratiques de la Science Occulte sont tout différents et rares sont les puissantes intelligences capables de les comprendre. Quant à l'extase et autres genres d'auto- illumination, on peut y arriver seul, sans instructeur ni initiation, car l'extase  est  atteinte  grâce  à  la  maîtrise  et  au  contrôle  interne  de l'Ego [V 72] physique par le Soi ; pour obtenir la maîtrise des forces de la Nature, il faut un long entraînement ou les capacités de celui qui naît "Magicien naturel". En attendant, nous conseillons fortement à ceux qui ne possèdent aucune des qualifications requises, de s'en tenir au développement purement spirituel. Celui-ci même est difficile, car la première des qualifications nécessaires est une foi inébranlable dans ses propres facultés et dans la Divinité qui est en soi ; autrement le développement de l'homme ferait simplement de lui un médium irresponsable. Dans toute la littérature mystique de l'ancien monde, nous retrouvons cette même idée de l'Esotérisme spirituel, d'après laquelle le Dieu personnel existe dans l'adorateur et nulle part hors de lui. Cette Divinité personnelle n'est pas un vain souffle ou une fiction, mais une Entité immortelle, l'Initiateur des Initiés, maintenant que les Initiateurs du ciel ou Initiateurs-Célestes de l'humanité primitive – les Shishta des cycles précédents – ne sont plus parmi nous. Semblable à un courant souterrain, rapide et clair, elle coule sans mélanger la pureté cristalline de ses eaux avec les eaux fangeuses et troubles du dogmatisme : Divinité anthropomorphe et intolérance religieuse imposées. Nous retrouvons cette idée dans le style tourmenté et barbare du Codex Nazaraeus et dans la superbe langue néo-platonicienne du Quatrième Evangile de la Religion postérieure, dans le plus antique Véda et dans l'Avesta, dans l'Abhidharma, dans le Sânkhya de Kapila et dans la Bhagavad Gîtâ.Nous ne pouvons atteindre l'Adeptat et le Nirvâna, la Béatitude et le "Royaume du Ciel", à moins de nous rattacher d'une manière indissoluble à notre Rex Lux, au Seigneur de Splendeur et de Lumière, au Dieu immortel en nous. "Aham éva param Brahman". – "Je suis, en vérité, le suprême Brahman" – qui a toujours été l'unique vérité vivante dans le cœur et l'esprit des Adeptes et c'est ce qui aide le Mystique à en devenir un. On doit avant  tout reconnaître son propre Principe immortel, et c'est alors seulement que l'on peut conquérir le Royaume des Cieux ou s'en emparer par violence. Mais cela doit être exécuté par l'homme supérieur non pas par l'homme intermédiaire ni par le troisième homme, car ce dernier n'est que poussière. Le second homme, le "Fils", ne peut non plus rien faire – sur ce plan, puisque le "Père" est le Fils, sur un plan encore plus élevé – sans le secours du premier, le "Père", mais, pour réussir, il faut s'identifier avec son Père divin.

 Le premier homme est de la terre ; le second homme [l'interne, notre supérieur] est le Seigneur venu du Ciel... Regardez, je vous montre là un mystère 107.[V 73]

Ainsi parle Paul, ne faisant allusion qu'à l'homme double et trinitaire, pour être mieux compris des non-initiés. Mais ce n'est pas tout, car l'injonction de Delphes doit être accomplie : l'homme doit se connaître lui- même, afin de devenir un parfait Adepte. Combien peu, pourtant, sont capables d'acquérir ce savoir, non seulement dans son sens mystique intérieur, mais même dans son sens littéral, car ce commandement de l'Oracle a deux sens. Telle est la doctrine pure et simple de Bouddha et des Bodhisattvas.

Tel est aussi le sens mystique de ce qui fut dit par Paul aux Corinthiens, à savoir qu'ils étaient le "temple de Dieu", car cela voulait dire Esotériquement :

Vous êtes le temple [du, ou de votre] Dieu, et l'Esprit [d'un ou de votre] Dieu habite en vous 108.

Cela a précisément la même signification que la phrase : "Je suis vraiment Brahman", des Védantins et cette assertion n'est pas plus blasphématoire que celle de Paul – si toutefois il y a la moindre trace de blasphème dans l'une ou l'autre, ce que nous nions. Seulement le Védantin, qui ne parle jamais de son corps comme de lui-même, ni même comme d'une  partie  de  lui-même,  ni  comme  autre  chose  qu'une  simple forme illusoire   dans   laquelle   les   autres   le   voient,   émet   son   assertion   plus ouvertement et plus sincèrement que ne le fit Paul.

107 I, Cor., XV, 47, 50

108 Cor., III, 16. Le lecteur a-t-il jamais médité les paroles suggestives souvent adressées par Jésus à ses Apôtres ? "Soyez donc parfaits, comme votre Père Céleste... est parfait" (Math., V 48) dit le Grand Maître. Les mots sont, "aussi parfait que votre Père qui est au ciel", ce qui est interprété comme signifiant Dieu. Or, l'idée d'un homme devenant aussi parfait que la Divinité infinie, parfaite, omnisciente et omniprésente est d'une absurdité qui saute aux yeux. Si vous prenez la phrase dans ce sens, vous faites dire à Jésus la chose la plus fausse. Le sens Esotérique était le suivant : "Votre Père qui est au-dessus de l'homme matériel et astral, le Principe supérieur (sauf la Monade), dans l'homme, son propre Dieu personnel, ou le Dieu de sa propre personnalité, dont il constitue la "prison" et le "temple". "Si tu veux être parfait (c'est-à-dire un Adepte, un Initié) va vendre ce que tu possèdes" (Math., XIX, 21). Tout homme qui désirait devenir un chéla, alors comme aujourd'hui, devait prononcer le vœu de pauvreté. Le "Parfait", tel était le nom donné aux Initiés de toutes sortes. Platon leur donne ce nom. Les Esséniens avaient leurs "Parfaits" et Paul déclare clairement que ceux-ci, les Initiés, ne pouvaient parler que devant d'autres Adeptes. "Nous ne parlons de Sagesse (seulement) en présence de ceux qui sont parfaits (I, Cor., III, 6).

 

Le commandement de "Connais-toi toi-même", donné à Delphes, était parfaitement compréhensible pour toutes les nations de jadis. Il en est de même aujourd'hui, sauf pour les Chrétiens, puisque, à part les Musulmans, il fait partie intégrante de toutes les religions orientales, y compris celle des Juifs versés dans la Cabale. Néanmoins, pour en [V 74] comprendre le sens complet, il faut d'abord la foi dans la Réincarnation et dans tous ses mystères ; non pas comme elle est exposée dans la doctrine des Réincarnationistes français de l'école d'Allan Kardec, mais telle qu'elle est exposée et enseignée par la Philosophie Esotérique. Bref, il faut que l'homme sache qui il était, avant d'arriver à savoir qui il est. Or, combien sont les Européens qui sont capables de développer en eux-mêmes une croyance absolue dans leurs réincarnations passées et futures, non pas jusqu'à la connaissance mystique de leur vie immédiatement précédente, mais ne fût-ce que comme à une loi générale ? L'éducation première, la tradition et l'entraînement de la pensée, tout, en un mot, s'oppose à cette croyance pendant leur vie entière. Les personnes instruites ont été élevées avec cette pernicieuse idée que la grande différence constatée entre les diverses unités d'une même humanité, ou d'une même race, est le résultat du hasard ; que le gouffre qui sépare les hommes dans leurs positions sociales respectives, comme la naissance, l'intelligence, les capacités physiques et mentales – qualification dont chacune a une influence directe sur chaque vie humaine – que tout cela, dis-je, est dû à un hasard aveugle, et seuls les plus pieux d'entre eux puisent une consolation équivoque dans l'idée que c'est "la volonté de Dieu". Ils n'ont jamais songé à réfléchir, à analyser l'énormité de l'opprobre dont ils couvrent leur Dieu, dès qu'ils repoussent la grandiose et si équitable loi des renaissances multiples de l'homme sur cette terre. Des hommes et des femmes désirant ardemment être considérés comme des Chrétiens, cherchant souvent sincèrement à mener une vie Christique, n'ont jamais cherché à réfléchir sur les paroles que renferme leur propre Bible. "Es-tu Elie ?" demandaient les prêtres juifs et les Lévites à saint Jean-Baptiste 109 ? Leur Sauveur enseigna à ses disciples cette grande vérité de la Philosophie Esotérique, mais, en vérité, si Ses Apôtres l'ont comprise, aucune autre personne ne semble en avoir saisi la véritable signification. Non, pas même Nicodème, qui, entendant cette assertion : "A moins qu'un homme ne naisse de nouveau 110 il ne peut voir le royaume de Dieu", répondit : "Comment un homme peut-il naître lorsqu'il est vieux" et reçut ce reproche : "Es-tu un maître dans Israël et ignores-tu ces choses ?" – car personne n'avait le droit de se qualifier de "Maître" et d'Instructeur, sans avoir été initié aux Mystères, d'une renaissance spirituelle à travers l'eau, le feu et l'esprit, et de la renaissance [V 75] de la chair 111.

109 Jean, I, 21.

110 Jean, III, "Naisse" d'en haut, c'est-à-dire de sa Monade ou Ego divin, le septième Principe qui subsiste jusqu'à la fin du Kalpa, qui est le noyau de la personnalité et en même temps le Principe qui l'adombre, ainsi que le Kâranâtmâ (Ame" Causale), dans chaque renaissance. Dans ce sens, l'expression "naisse de nouveau" veut dire "descende d'en haut" sans que les deux derniers mots aient un rapport quelconque avec le ciel ou l'espace, qui ne peuvent être limités ou localisés ni l'un ni l'autre, puisque l'un est un état et l'autre l'infini, et n'ont par suite pas de points cardinaux. (Voyez le Nouveau Testament, version révisée, loc. cit.)

111 Cela ne saurait avoir aucun rapport avec le Baptême chrétien, puisqu'il n'existait pas à l'époque de Nicodème et que celui-ci ne pouvait, par suite, rien en connaître, même s'il était un "Maître".

112 Ce mot, traduit dans le Nouveau Testament par "monde" pour le mettre d'accord avec l'interprétation officielle, veut dire un "âge" (comme il est montré dans la version révisée) ou une des périodes du Manvantara, un Kalpa ou Æon. Esotériquement, la phrase serait la suivante : "Celui qui atteindra, par une série de naissances et par la loi karmique l'état dans lequel se trouvera l'humanité après la Septième Race, lorsque arrive le Nirvâna, Moksha, et lorsque l'homme devient "égal aux Anges" ou Dhyân-Chohans, celui-là est un "fils de la résurrection" et "ne peut plus mourir" ; alors il n'y aura plus de mariage, comme il n'y aura plus de différences de sexes" – résultat de notre matérialisme et animalité actuels.

 

En outre, aucune expression ne pourrait mieux éclairer la doctrine des renaissances multiples que ne le fait la réponse de Jésus aux Sadducéens, "qui niaient qu'il y eût des résurrections", c'est-à-dire des renaissances, puisque le dogme de la résurrection de la chair est aujourd'hui considéré comme une absurdité, même par le clergé intelligent :

Ceux qui se seront considérés comme dignes d'atteindre ce monde (Nirvâna) 112... ne se marieront pas... ni ne pourront plus jamais mourir.

ce qui prouve qu'ils étaient déjà morts auparavant et cela plus d'une fois. Puis encore : 

Maintenant que les morts sont ressuscités, Moïse lui- même l'a montré... lorsqu'il appelle le Seigneur, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob, car il n'est pas le Dieu des morts, mais celui des vivants.

La "phrase : "maintenant que les morts sont ressuscités" se rapportait évidemment aux renaissances, qui avaient alors lieu, des Jacobs et des Isaacs et non à leur résurrection future, parce que, dans ce cas, ils eussent encore été morts dans l'intervalle et on n'aurait pu en parler comme des "vivants".

Mais la plus suggestive des paraboles et des "paroles obscures" du Christ se trouve dans l'explication qu'il donna à ses Apôtres au sujet de l'aveugle :

Maître, qui donc a péché pour que cet homme soit un aveugle ; lui-même ou ses parents ? 113 Jésus répondit : "Cet homme [physique [V 76] aveugle] n'a pas péché, non plus que ses parents, mais les œuvres de (son) Dieu devaient être manifestées en lui 114.

L'homme n'est que le "tabernacle", "l'édifice" de son Dieu et il va de soi que ce n'est pas le temple, mais son habitant – le véhicule de "Dieu"  115 –    qui a péché dans une incarnation antérieure et a, de la sorte, infligé le Karma de la cécité au nouvel édifice. Jésus disait donc vrai, mais, jusqu'à présent, ses disciples se sont refusés à comprendre les paroles de sagesse qu'il a prononcées. Le Sauveur est représenté par ses disciples comme préparant, par ses paroles et par ses explications, la voie à un programme préconçu, qui devait aboutir à un miracle voulu. En vérité, le Grand Martyr est resté depuis lors, pendant dix-huit siècles, la Victime journellement crucifiée par ses disciples ecclésiastiques et laïques, bien plus cruellement qu'elle n'a jamais pu l'être par ses ennemis allégoriques. Tel est, en effet, le véritable sens des mots : "afin que les œuvres de Dieu fussent manifestées en lui" suivant l'interprétation théologique, et cette interprétation est dépourvue de toute dignité, si l'on repousse l'explication Esotérique.

 On   considérera   sans   doute   ce   qui   précède    comme   un   nouveau blasphème. Néanmoins, nous connaissons un certain nombre de  Chrétiens –       dont les cœurs volent vers l'idéal qu'ils se font de Jésus, aussi énergiquement que leurs âmes reculent devant le portrait théologique du Sauveur officiel – qui pèseront nos explications et n'y trouveront aucune offense, mais, peut-être, un soulagement.

113 Luc, XX, 37-38.

114 Jean, IX, 2, 3.

115 L'Ego conscient ou le Cinquième Principe, Manas, le véhicule de la Monade divine ou "Dieu".

 

[V 77]

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SECTION VI

LES DANGERS DE LA MAGIE PRATIQUE

 

La MAGIE est un pouvoir double : rien de plus facile que de la changer en Sorcellerie ; il y suffit d'une mauvaise pensée. Aussi, tandis que l'Occultisme théorique est sans dangers et peut faire du bien, la Magie pratique, ou les fruits de l'Arbre de Vie et de la Connaissance 116, ou encore la "Science du Bien et du Mal", est remplie de dangers et de périls. Pour l'étude de l'Occultisme théorique, il y a certes de nombreux ouvrages que l'on peut lire avec fruit, sans parler de livres comme Finer Forces of Nature, etc., le Zohar, le Sepher Jetzirah, le Livre d'Enoch, la Cabbalede Franck, et beaucoup de traités hermétiques. Ces ouvrages sont rares en langues européennes, cependant les ouvrages en latin des philosophes du Moyen Age, connus généralement sous les noms d'Alchimistes, et de Rose-Croix, sont nombreux. Mais la lecture même de ceux-ci peut être dangereuse pour l'étudiant sans guide. S'il s'agit de s'en servir sans en posséder la véritable clef, et si, par suite d'incapacité mentale, l'étudiant n'a pas d'aptitude pour la Magie et n'est par suite, pas capable de distinguer la Voie de Gauche de celle de Droite, qu'il écoute nos conseils et abandonne cette étude ; il ne réussirait qu'à attirer sur lui-même et sur sa famille des malheurs et des chagrins inattendus, sans jamais soupçonner d'où ils proviennent ni quels sont les pouvoirs qui ont été vivifiés par l'application de son mental à cette étude. Il y a de nombreux ouvrages pour les étudiants avancés, mais ils ne peuvent être mis à la disposition que des chélas (disciples) "engagés par leurs vœux", de ceux qui ont prononcé le serment qui lie à jamais, et qui sont, en conséquence, aidés et protégés. Dans tous les autres cas, ces ouvrages, si bien intentionnés qu'ils puissent être, ne peuvent  que  dérouter  l'imprudent  et  le  conduire  [V 78]  d'une  manière imperceptible à la Magie Noire ou Sorcellerie – sinon à quelque chose de pire.

116 Quelques Symbologistes, s'appuyant sur la correspondance des nombres et sur les symboles de certaines choses et de certains personnages rattachent ces "secrets" au mystère de la génération. Mais c'est plus que cela. Le glyphe de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal renferme sans doute en lui un élément phallique et sexuel de même que le glyphe de "la Femme et du Serpent", mais il a aussi une signification psychique et spirituelle. Les symboles sont destinés à avoir plus d'une signification.

Les caractères, les alphabets et les nombres mystiques, qui se trouvent dans les divisions et subdivisions de la Grande Cabale, en constituent peut-être la partie la plus dangereuse ; surtout les nombres. Nous disons dangereuse, parce que ce sont eux qui produisent le plus promptement des effets et des résultats, et cela avec ou sans volonté de l'expérimentateur, sans même qu'il le sache. Quelques étudiants mettront en doute cette affirmation, simplement parce qu'après avoir manipulé ces nombres, ils n'ont pu remarquer aucune manifestation ni aucun résultat physique terrible. De tels résultats seraient considérés comme les moins dangereux ; ce sont les causes morales produites, ce sont les divers événements développés et amenés jusqu'à une crise imprévue, qui prouveraient le bien- fondé de ce que nous venons de dire, si les étudiants étaient seulement doués de discernement.

Le point de départ de la branche spéciale de l'enseignement Occulte, connue sous le nom de "Science des Correspondances" numériques, littérales ou alphabétiques, a pour épigraphe, chez les Cabalistes, Juifs et Chrétiens, les deux versets mal interprétés qui disent que Dieu mit en ordre toutes choses, en nombre, en mesure et en poids. 117 et : Il la créa dans le Saint-Esprit, la vit, la numérota et la mesura 118.

 Mais les Occultistes orientaux ont une autre épigraphe : "L'Unité Absolue, x, dans le nombre et la pluralité". Les étudiants, tant occidentaux qu'orientaux, de la Sagesse Cachée, en tiennent pour cette vérité axiomatique, seulement les derniers sont peut-être plus sincères dans leurs confessions. Au lieu de couvrir leur Science d'un masque, ils en montrent ouvertement le visage, même s'ils en voilent soigneusement le cœur et l'âme pour le public incapable de les apprécier, et les profanes, toujours prêts à abuser des vérités les plus sacrées pour leurs fins égoïstes. Mais l'Unité est la base réelle des Sciences Occultes – physiques et métaphysiques. C'est démontré même par Eliphas Lévi, le savant Cabaliste occidental, quelle que soit sa tendance à être plutôt jésuitique. Il dit :

L'Unité Absolue est la raison suprême et finale des choses. En conséquence, cette raison ne peut être, ni une personne, ni trois personnes ; c'est la Raison et la Raison par excellence 119.[V 79]

La signification de cette Unité dans la Pluralité, dans "Dieu" ou  dans la Nature, ne peut être découverte qu'à l'aide de méthodes transcendantes, à l'aide de nombres, comme à l'aide des correspondances qui existent entre l'âme et l'Ame. Dans la Cabale, comme dans la Bible, des noms tels que Jéhovah, Adam-Kadmon, Eve, Caïn, Abel, Enoch, sont tous plus intimement rattachés, par des rapports géométriques et astronomiques, à la Physiologie (ou au Phallisme), qu'à la Théologie ou à la Religion. Si peu que l'on soit encore préparé à l'admettre, nous montrerons que c'est un fait. Si tous ces noms sont des symboles de choses cachées, aussi bien que des choses manifestées, dans la Biblecomme dans les Védas, leurs mystères respectifs diffèrent grandement. La devise de Platon, "Dieu géométrise", était acceptée à la fois par les Aryens et par les Juifs, mais tandis que les premiers employaient leur Science des Correspondances à voiler  les vérités les plus spirituelles et les plus sublimes de la Nature, les derniers s'attachaient à cacher seulement un des mystères de l'Evolution – pour eux le plus divin – à savoir, le mystère de la naissance et de la génération, puis ils déifièrent les organes de cette dernière.

En dehors de cela, toutes les cosmogonies, depuis la plus ancienne jusqu'à la plus récente, sont basées sur des nombres et sur des figures géométriques, s'y rattachent et leur sont étroitement reliées. Interrogés par un Initié, ces chiffres et ces nombres donneront des valeurs numériques basées sur les valeurs intégrales du Cercle – "la demeure secrète de la Divinité à jamais invisible", comme le disent les Alchimistes – de même qu'ils donneront tous les détails occultes qui se rattachent à ces mystères, que ceux-ci soient anthropographiques, anthropologiques, cosmiques ou psychiques. "En réunissant les Idées aux Nombres, nous pouvons agir sur les  Idées  de  la  même  façon  que  sur  les  Nombres et atteindre les Mathématiques de la Vérité" écrit un Occultiste qui prouve sa grande sagesse en désirant rester inconnu.

119 Dogme et Rituel de Haute Magie, I, 360-1.

 

Tout cabaliste connaissant bien le système de nombres et la géométrie de Pythagore, est à même de démontrer que les opinions de Platon en métaphysique, étaient basées sur les principes mathématiques les plus stricts. "La véritable mathématique, dit le Magicon, est une chose à laquelle se rattachent toutes les sciences supérieures ; les mathématiques ordinaires ne constituent qu'une fantasmagorie trompeuse, dont l'infaillibilité tant prônée n'est due – qu'à ce que les matériaux, les conditions et les références, sont prises pour bases"...

La théorie cosmologique des nombres que Pythagore apprit en Inde et des Hiérophantes Egyptiens, peut seule concilier les deux unités, la matière et l'esprit, et faire en sorte que chacune [V 80] des deux démontre mathématiquement l'autre. Les nombres sacrés de l'Univers peuvent seuls, dans leur combinaison ésotérique, résoudre le grand problème et expliquer la théorie de la radiation, ainsi que le cycle des émanations. Les ordres inférieurs, avant de devenir supérieurs par leur développement, doivent émaner des ordres supérieurs spirituels et, une fois arrivés au point tournant, être réabsorbés dans l'infini 120.

C'est sur ces véritables Mathématiques que repose la connaissance du Cosmos et de tous les mystères et, pour celui auquel elles sont familières, c'est la chose du monde la plus facile que de prouver que l'édifice Védique, et aussi l'édifice Biblique, sont basés sur "Dieu dans la Nature", et sur "la Nature en Dieu" comme loi radicale. Aussi cette loi – comme tout ce qui est immuable et fixe dans l'éternité – ne peut-elle être correctement exprimée que par les Mathématiques purement transcendantes auxquelles Platon fait allusion, et principalement par la Géométrie appliquée d'une façon transcendante. Révélée aux hommes – cette expression ne nous effraie pas et nous ne la rétractons pas – sous cet aspect géométrique et symbolique,  la  Vérité  a  grandi  et  s'est  développée  en  un  symbolisme  additionnel, inventé par l'homme, afin d'être mieux compris par la masse de l'humanité, dont le développement cyclique et l'évolution avaient été trop tardifs pour lui permettre de partager les connaissances primitives, et qui, autrement, ne les eût jamais comprises. Si, plus tard, le clergé – toujours rusé et avide de pouvoir – anthropomorphisa et dégrada des idéals abstraits, ainsi que les Etres réels et divins qui existent dans la Nature, et qui sont les Gardiens et Protecteurs de notre monde et de notre période manvantarique, la faute retombe sur ces prétendus guides et non sur la masse.

120 Isis Dévoilée, I, 80, 81.

 

Mais le jour est venu où les conceptions grossières de nos ancêtres du Moyen Age ne peuvent plus satisfaire le penseur religieux. L'Alchimiste et le Mystique médiévaux sont aujourd'hui devenus des Chimistes et des Physiciens sceptiques et l'on constate que la plupart d'entre eux se sont détournés de la Vérité, à cause des idées purement anthropomorphiques et du Matérialisme grossier des formes sous lesquelles elles sont présentées. En conséquences, il ne reste aux générations futures qu'à être graduellement initiées aux vérités sous-jacentes aux Religions exotériques, y compris les leurs, ou bien à briser les pieds d'argile de la dernière des idoles dorées. Aucun homme instruit, aucune femme instruite, ne repousseraient ce que l'on appelle aujourd'hui des "superstitions", qu'ils croient être basées sur des contes pour les petits enfants et sur l'ignorance, s'ils pouvaient seulement [V 81] voir les faits qui sont à la base de chacune de ces "superstitions". Qu'on leur enseigne avec certitude qu'il n'y a guère, dans les Sciences Occultes, une seule affirmation qui ne soit basée sur des faits philosophiques et scientifiques de la Nature, et ils poursuivront l'étude de ces Sciences avec la même, sinon avec une plus grande ardeur que celle qu'ils avaient déployée pour les fuir. Cela ne peut être accompli tout d'un coup, car pour profiter à l'humanité, ces vérités doivent être révélées graduellement et avec une grande prudence, l'esprit public n'étant pas préparé à les recevoir. Quelques voisins de l'attitude mentale que réclame la Science moderne, que puissent être les Agnostiques de notre époque, les gens sont toujours portés à s'en tenir à leurs anciennes marottes, tant que leur souvenir persiste. Ils ressemblent à l'empereur Julien – dénommé l'Apostat, parce qu'il aimait trop la vérité pour accepter autre chose – qui, bien qu'il eût vu, durant sa dernière Théophanie, ses Dieux bien-aimés, pâles, épuisés et semblables à des ombres à peine visibles, n'en resta pas moins attaché à eux. Que le monde reste donc attaché à ses Dieux, quel que  soit  le  plan  ou  le  royaume  auxquels ils appartiennent. Le véritable Occultiste serait coupable de haute trahison envers l'humanité, s'il brisait les antiques divinités, avant d'être à même de les remplacer par la Vérité entière et sans mélange – et ça, il ne peut encore le faire. Cependant, on peut permettre au lecteur d'apprendre au moins l'alphabet de cette vérité. On peut, du moins, lui montrer ce que les Dieux et Déesses des Païens ne sont pas, eux que l'Eglise accuse d'être des démons, si l'on ne peut encore lui enseigner la vérité tout entière au sujet de ce qu'ils sont. Qu'il s'assure que les "Tres Matres" Hermétiques et les "Trois Mères" du Sepher Jetzirah sont la même chose ; que ce ne sont pas les Démons-Déesses, mais bien la Lumière, la Chaleur et l'Electricité et peut-être alors que les classes instruites ne les mépriseront plus. Après cela, les Illuminés Rose-Croix trouveront peut-être des disciples même dans les Académies Royales, qui seront sans doute mieux préparées qu'elles ne le sont aujourd'hui  à admettre les grandes vérités de la Philosophie naturelle archaïque, surtout lorsque leurs savants membres se seront assurés par eux-mêmes que, dans la langue d'Hermès, les "Trois Mères" sont les symboles de toutes les forces et de tous les agents auxquels une place est assignée dans le système moderne de la "corrélation des forces" 121.[V 82]

Il n'y a pas jusqu'au Polythéisme du "Superstitieux" et idolâtre Brahmane qui n'ait sa raison d'être, puisque les trois Shaktis des trois Grands Dieux, Brahma, Vishnou et Shiva, sont identiques aux "Trois Mères" du Juif monothéiste.

L'antique littérature religieuse et mystique est entièrement symbolique. Le Livre d'Hermès, le Zohar, le Ya-Yakav, le Livre des Morts égyptien, les Védas, les Oupanishads et la Bible, sont aussi pleins de symbolisme que le sont les révélations Nabatéennes  du Qoû-tâmy chaldéen ; c'est perdre son temps que de demander lequel de ces ouvrages est le plus ancien ; ce ne sont tous que des versions différentes des uniques archives primordiales du savoir et de la révélation préhistoriques.

Les quatre premiers chapitres de la Genèserenferment le tableau synoptique de tout le reste du Pentateuque et ne constituent que différentes versions de la seule et même chose, sous différentes applications allégoriques et symboliques. Ayant découvert que la Pyramide de Chéops, avec toutes ses mesures, se trouve contenue, dans ses plus petits détails, dans la construction du Temple de Salomon et s'étant assuré que les noms bibliques de Sem, Cham et Japhet servent à déterminer Les mesures de la pyramide, par rapport à la période de 600 ans de Noé à la période de 500 ans de Sem, Cham et Japhet... les termes de "Fils d'Elohim" et de "Filles d'H- Adam" [sont] entre autres choses des termes astronomiques 122.

121 "Synésius parle de livre de pierre qu'il découvrit dans le temple de Memphis et sur l'un desquels était gravée la sentence suivante : "Une nature se réjouit dans une autre, une nature domine l'autre, une nature gouverne l'autre et toutes n'en forment qu'une."

"Le mouvement incessant inhérent à la matière est indiqué dans cette phrase d'Hermès : "L'action est la vie de Phta, – et Orphée appelle la nature la πολυµήχανος µάτηρ, "la mère qui façonne beaucoup de choses", ou la mère ingénieuse, pleine d'imagination, inventive." Isis Dévoilée, I, 431.

 122 Source of Measures, p. X.

 

L'auteur du très curieux ouvrage que nous citons ici ouvrage très peu connu en Europe, nous regrettons de le dire – semble ne rien voir dans sa découverte, au-delà de la constatation de la présence de Mathématique et de Métrologie dans la Bible. Il arrive aussi à des conclusions aussi inattendues qu'extraordinaires, que ne justifient que fort peu les faits qu'il a découverts. Il semble être sous l'impression que, puisque les noms bibliques juifs sont tous astronomiques, il s'ensuit que les Ecritures de toutes les autres nations ne peuvent être "que cela et rien de plus". C'est là une grande erreur que commet l'auteur érudit et si remarquablement pénétrant de The Source of Measures, si telle est réellement sa pensée. La "Clef du mystère Hébraïco-Egyptien" ne donne accès qu'à une certaine partie des écrits hiératiques de ces deux Nations et pas à ceux des autres peuples. Il s'imagine que la Cabale"n'est que la Science sublime" sur laquelle repose la Franc-Maçonnerie ; par le fait, il considère la Franc- [V 83] Maçonnerie comme la substance de la Cabaleet cette dernière comme "la base rationnelle du texte hébreu de l'Ecriture Sainte". Nous ne discuterons pas sur ce point avec l'auteur, mais à quel titre tous ceux qui ont découvert dans la Cabalequelque chose de plus que "la sublime Science" sur laquelle on prétend que la Franc-Maçonnerie repose, seraient- ils voués au mépris publie ?

Une telle conclusion, par son caractère exclusif et partial, est grosse d'idées fausses dans l'avenir, sans compter qu'elle est absolument erronée. Sa critique, peu charitable, entache la "Science Divine" elle-même.

 La Cabaleest en effet "de l'essence de la Franc-Maçonnerie", mais elle ne dépend de la Métrologie que sous un seul de ses aspects, le moins Esotérique, puisque Platon lui-même ne cachait nullement que la Divinité sait toujours. Pour les non-initiés, si savants et doués de génie qu'ils puissent être, la Cabale, qui ne traite que du "vêtement de Dieu", ou du voile et du manteau de la vérité, est édifiée de bas en haut avec une application pratique aux usages actuels 123.

Ou, en d'autres termes, ne représente une Science exacte que sur le plan terrestre. Pour l'initié, le Seigneur Cabalistique descend de la Race primordiale, spirituellement générée par les "Sept Nés-du-Mental". Ayant atteint la Terre, les Mathématiques divines – synonymes de Magie, à son époque, nous dit Josèphe – se voilèrent la face. Aussi le secret le plus important qu'elles aient livré à notre époque moderne est-il l'identité des antiques mesures romaines et des mesures Britanniques actuelles, de la coudée hébraïco-égyptienne et du pouce maçonnique 124.

La découverte est très remarquable et a permis de dévoiler plus complètement diverses énigmes se rattachant au Symbolisme et aux noms bibliques. Il est parfaitement entendu et prouvé, comme le montre Nachanidès, qu'à l'époque de Moïse, la première phrase de la Genèseétait B'rash ithbara Elohim, ou "Dans la source-mère [ou Moûlaprakriti – la Racine sans Racine], les Dieux [Elohim] développèrent [ou évoluèrent], les cieux et la terre" ; tandis qu'aujourd'hui, grâce à la Massore et aux finesses théologiques, elle est transformée en B'rashith bara Elohim, ou "Au commencement Dieu créa les cieux et la terre" – jeu de mots qui, seul, a conduit à l'anthropomorphisme et au dualisme matérialistes. Combien d'autres exemples similaires ne trouverait-on pas dans la Bible, le dernier des ouvrages occultes de l'antiquité ? Pour [V 84] les Occultistes, il est aujourd'hui hors de doute qu'en dépit de sa forme et de son sens apparent, la Bibletelle qu'elle est expliquée par le Zohar ou Midrash, le Yetzirah (Livre  de  la  Création)  et  le  Commentaire  sur  les  Dix  Séphiroths (par Azariel Ben Manachem, XIIème siècle) – fait partie intégrante de la DOCTRINE SECRETE des Aryens, qui explique de la même façon les Védas et tous les autres livres allégoriques. Le Zohar, en enseignant que  la Cause Unique Impersonnelle se manifeste dans l'Univers par ses Emanations, les Séphiroths cet Univers n'étant, dans sa totalité, qu'un voile tissé de la propre substance de la Divinité – est incontestablement la copie et l'écho fidèle des premiers Védas. Prise en elle-même, sans l'aide de la littérature Védique et Brahmanique en général, la Biblene  dévoilera jamais les secrets universels de la Nature Occulte. Les coudées, les pouces et autres mesures de ce plan physique, ne résoudront jamais le problème du monde sur le plan spirituel – car l'Esprit ne peut être ni pesé, ni mesuré. La solution de ces problèmes est réservée "aux mystiques et aux rêveurs" qui seuls sont capables d'y arriver.

123 Masonic Review, juillet 1886.

124 Voyez Source of Measures, pp. 57-50 et pass.

 

Moïse était un prêtre initié, versé dans tous les mystères et dans tout le savoir Occulte des temples Egyptiens – c'est-à-dire complètement au courant de la Sagesse primitive. C'est dans cette dernière qu'il faut rechercher la signification symbolique et astronomique de ce "Mystère des Mystères" : la Grande Pyramide. Et puisqu'il connaissait si bien les secrets géométriques qui sont cachés depuis de longs æons dans  son puissant giron – les mesures et proportions du Cosmos, y compris notre petite Terre – qu'y a-t-il d'étonnant à ce qu'il ait fait usage de ce savoir ? A un certain moment, l'Esotérisme de l'Egypte était celui du monde entier. Durant les longues périodes de la Troisième Race, cet Esotérisme avait été l'héritage commun de l'humanité tout entière, reçu de ses Instructeurs, les "Fils de la Lumière", les Sept Primordiaux. Il fut aussi un temps où la Religion- Sagesse n'était pas symbolique, car elle ne devint Esotérique que graduellement, ce changement ayant été rendu nécessaire par l'abus qu'on en faisait et par la Sorcellerie des Atlantes. Ce ne fut, en effet, que l'abus et non l'usage qu'ils firent du don divin, qui conduisit les hommes de la Quatrième Race à la Magie Noire et à la Sorcellerie et finalement à "l'oubli de la Sagesse", tandis que ceux de la Cinquième Race, les héritiers des Richis du Trétâ Youga, employèrent leurs pouvoirs à atrophier ces dons dans l'humanité en général, puis, en qualité de "Racine Elue" se dispersèrent. Ceux qui – échappèrent au "Grand Déluge" ne conservèrent que le souvenir et une foi basée sur les connaissances de leurs ancêtres directs de la génération précédente, qui savaient que cette Science existait et [V 85] était désormais jalousement gardée par la "Racine Elue" exaltée par Enoch. Mais le temps doit revenir où l'homme sera de nouveau ce qu'il était durant le second Youga (âge), où son cycle d'épreuve sera accompli et où  il  redeviendra  graduellement  ce  qu'il  était  –  semi-corporel  et pur.

 Platon, l'Initié, ne nous dit-il pas dans le Phèdre tout ce que fut l'homme et tout ce qu'il peut encore devenir :

Avant que l'esprit de l'homme ne fût tombé dans la sensualité et ne se fût incarné par suite de la perte de ses ailes, il vivait parmi les Dieux, dans le monde aérien spirituel, où tout est vrai et pur 125.

Ailleurs, il parle du temps où les hommes ne se reproduisaient pas, mais vivaient comme de purs esprits.

Que les Savants qui seraient tentés de se moquer de cela, résolvent eux-mêmes le mystère de l'origine du premier homme.

Peu désireux de voir son peuple élu – élu par lui – rester aussi grossièrement idolâtre que les masses profanes qui l'entouraient, Moïse utilisa sa connaissance des mystères cosmogoniques de la Pyramide, pour baser sur eux sa Cosmogonie de la Genèse, an moyen de symboles et de glyphes. C'était plus à la portée du mental des hoi polloi οι πολλοι, que les vérités abstraites que l'on enseignait dans les sanctuaires, aux gens instruits. Il n'inventa absolument que l'enveloppe extérieure et n'ajouta pas un iota, mais il ne fit en cela que suivre l'exemple des Nations plus anciennes et des Initiés. S'il enveloppa de très ingénieuses images les grandes vérités qui lui avaient été révélées par un Hiérophante, il le fit pour répondre aux besoins des Israélites ; ce peuple obstiné  n'aurait accepté aucun Dieu qui n'aurait pas été aussi anthropomorphe que ceux de l'Olympe, et lui-même fut incapable de prévoir l'époque où des hommes d'état très érudits défendraient l'écorce du fruit de sagesse qui grandissait et se développait en lui sur le Mont Sinaï, lorsqu'il communiait avec son propre Dieu personnel – son Soi divin. Moïse comprit le grand danger qu'il y aurait à livrer de pareilles vérités aux égoïstes, car il comprenait la fable de Prométhée et se souvenait du passé. Il les voila donc pour qu'elles ne fussent pas profanées par les regards du public et ne les livra qu'allégoriquement. C'est pour cela que ses biographes disent que lorsqu'il descendit du Mont Sinaï, Moïse ne savait pas que la peau de sa figure brillait... et il couvrit sa face d'un voile 126.[V 86]

125 Voyez la traduction anglaise de Cary, pp. 322, 323. – V. aussi trad. française de V. Cousin, on de , Saisset.

 

Et de même, il "couvrit d'un voile" la face de son Pentateuque, et il le couvrit même si bien que, suivant la chronologie orthodoxe, ce ne fut  que 3 376 ans plus tard que l'on commença à être convaincu que c'était "vraiment un voile". Ce n'est pas la face de Dieu ou celle d'un Jéhovah qui brillait au travers ; pas même la face de Moïse, mais bien les faces des Rabbins postérieurs.

Rien d'étonnant à ce que Clément ait écrit dans les Stromates que :

Les énigmes des Egyptiens sont donc semblables à celles des Hébreux au point de vue du secret dans lequel elles étaient enveloppées 127.

  126 Exode, XXXIV, 29-33.

127 Op. cit., V, VII

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SECTION VII

VIEUX VIN DANS DE NOUVELLES OUTRES

 

Il est plus que probable qu'à l'époque de la Réforme, les Protestants ne savaient rien au sujet de la véritable origine du Christianisme, ou, pour être plus explicite et plus correct, de l'Ecclésiasticisme latin. Il n'est guère probable que l'Eglise grecque en sût davantage, car la séparation qu'il y eut entre les deux se produisit à une époque où l'Eglise latine, dans la lutte pour le pouvoir politique, recherchait, à n'importe quel prix, l'alliance des Païens hautement civilisés, ambitieux et influents, tandis que ceux-ci étaient disposés à accepter l'aspect extérieur du nouveau culte, pourvu que le pouvoir leur fût laissé. Il est inutile de rappeler ici au lecteur les détails de cette lutte, bien connue de tous les hommes instruits. Il est certain que les gnostiques très cultivés et leurs chefs – des hommes comme Saturnin, un ascète intransigeant comme Marcion, Valentin, Basilide, Ménandre et Cérinthe – ne furent pas stigmatisés par l'Eglise latine  (actuelle) parce qu'ils étaient des hérétiques, ni parce que leurs dogmes et leurs pratiques étaient vraiment "ob turpitudinem portentosam nimium et horribilem", "de monstrueuses et révoltantes abominations",  suivant  l'expression qu'emploie Baronius au sujet de ceux de Carpocrate, mais simplement parce qu'ils connaissent trop de faits et de vérités. Kenneth R. H. Mackensie fait remarquer avec raison : qu'ils furent stigmatisés par l'Eglise romaine postérieure parce qu'ils entraient en conflit avec la pure Eglise du Christianisme dont la possession fut usurpée par les Evêques de Rome, mais dont le type original, dans sa docilité envers le fondateur, se maintient dans la Primitive Eglise Grecque Orthodoxe 128.

Peu disposé à accepter la responsabilité de suppositions gratuites, l'auteur préfère prouver cette conclusion par plusieurs aveux audacieux d'un ardent auteur catholique romain, auquel le Vatican avait évidemment confié cette tâche délicate. Le marquis de Mirville fait des efforts désespérés pour expliquer dans l'intérêt du Catholicisme certaines découvertes remarquables en Archéologie et en Paléongraphie, bien qu'il laisse adroitement l'Eglise en dehors de la discussion et de [V 88] la défense. C'est établi d'une façon indéniable par les volumineux ouvrages qu'il adressa à l'Académie de France entre 1863 et 1865. Sous prétexte d'attirer l'attention des "Immortels" matérialistes sur "l'épidémie de spiritisme", sur l'invasion de l'Europe et de l'Amérique par d'innombrables légions de forces sataniques, il s'efforce à prouver ce fait en donnant les Généalogies complètes et la Théogonie des Divinités Chrétiennes et Païennes et en établissant un parallèle entre les deux. Toutes ces merveilleuses ressemblances et identités ne sont "qu'apparentes et superficielles", assure-t-il aux lecteurs. Les symboles et mêmes les personnages chrétiens, le Christ, la Vierge, les Anges et les Saints, leur dit- il, furent tous personnifiés des siècles à l'avance par les ennemis venus de l'enfer, afin de discréditer la vérité éternelle au moyen de leurs copies impies. Grâce à leur connaissance du futur, les démons anticipèrent les événements, car ils avaient découvert les secrets des Anges". Les Divinités païennes, tous les Dieux-Solaires appelés Soters – Sauveurs – nés de mères immaculées et périssant de mort violente, n'étaient que des Férouer 129 – comme les appelaient les Zoroastriens – de diaboliques copies anticipées du Messie à venir.

 128 The Royal Masonic Cyclopoedia, au mot "Gnosticisme".

 129 Dans les Férouers et les Devs de Jacobi (lettres F. et D.) le mot "férouer" est expliqué de la façon suivante : Le Férouer est une partie de la créature (homme ou animal) qui lui sert de type et lui survit. C'est le "Nous" des Grecs, qui est par suite divin et immortel et ne peut donc être le Diable ou la copie satanique, comme de Mirville voudrait nous le faire croire. (Voyez Mémoires de l'Académie des Inscriptions, vol. XXXVII, p. 623 et chap. XXXIX, p. 749.) Foucher le contredit absolument. Le Férouer ne fut jamais le "principe des sensations", mais s'est toujours rapporté à la partie la plus divine et la plus pure de l'Ego de l'Homme – le principe spirituel. Le Dev persan est l'antithèse du Férouer, car le Dev a été transformé par Zoroastre en Génie du Mal (d'où le démon chrétien), mais le Dev lui-même est limité, car étant devenu le possesseur de l'âme de l'homme par usurpation il lui faudra l'abandonner quand viendra le grand jour de la Rétribution. Le Dev observe l'âme du défunt pendant trois jours, durant lesquels 1'âme erre autour du lieu où elle fut violemment séparée de son corps ; le Férouer s'élève jusqu'à la région de la Lumière éternelle. Le marquis de Mirville eut une fâcheuse idée en imaginant de faire du Férouer une "copie satanique" d'un original divin. En appelant tous les Dieux des Païens – Apollon, Osiris, Brahmâ, Ormazd, Bel, etc. – les "Férouers du Christ et des principaux Anges", il ne fait que représenter le Dieu et les Anges qu'il veut honorer comme étant inférieurs aux Dieux païens, que l'homme est lui-même inférieur à son Ame et à son Esprit, puisque le Férouer est la partie immortelle de l'être mortel dont il est le type et auquel il survit. Le pauvre auteur est peut-être inconsciemment prophète et Apollon, Brahmâ, Ormazd, Osiris, etc., sont-ils destinés – en qualité de vérités cosmiques éternelles – à survivre aux fictions éphémères au sujet du Dieu, du Christ et des Anges de l'Eglise Latine et à les remplacer.

 

Le danger que ces fac-similés ne fussent reconnus avait fini par devenir redoutablement grand. Cette menace flottait dans l'air, suspendue comme une épée de Damoclès au-dessus [V 89] de l'Eglise, depuis l'époque de Voltaire, Dupuis et autres auteurs ayant traité le même sujet. Les découvertes des Egyptologues, la découverte de reliques assyriennes et babyloniennes, antérieures à Moïse, qui portaient la légende de Moïse 130 et surtout les nombreuses œuvres rationalistes publiées  en Angleterre, comme Supernatural Religion, par exemple, rendirent cette reconnaissance inévitable. C'est ce qui explique l'apparition d'auteurs protestants et catholiques romains chargés d'expliquer l'inexplicable, de concilier le fait de la Révélation divine avec celui de la fréquente identité des personnages divins, des rites, des dogmes et des symboles du Christianisme avec ceux des grandes religions païennes. Les premiers – les défenseurs protestants – cherchèrent à l'expliquer en se basant sur "des idées prophétiques anticipées" ; ceux de l'Eglise latine, comme de Mirville, en inventant une double série d'Anges et de Dieux, l'une divine et vraie, l'autre – la plus ancienne – composée "de copie précédant les originaux", et due à un adroit plagiat du Malin. Le stratagème protestant est ancien ; celui des Catholiques romains est si ancien qu'il a été oublié et qu'il est aussi bon que s'il était nouveau. Monumental Christianity et A Miracle in Stone du Dr Lundy appartiennent aux premières tentatives. La Pneumatologiede de Mirville aux secondes. En Inde et en Chine, tous les efforts de ce genre tentés par les missionnaires écossais ou autres aboutissent à des éclats de rire et ne font aucun mal ; le plan imaginé par les Jésuites est plus sérieux. Les volumes de de Mirville sont donc très importants, puisqu'ils découlent d'une source qui dispose incontestablement de l'érudition la plus grande de l'époque, à laquelle s'allient toute l'astuce et toute la casuistique que peuvent produire les fils de Loyola. Le marquis de Mirville fut évidemment aidé par les esprits les plus subtils que Rome avait à son service.

Il commence non seulement par admettre la justice de toutes les accusations lancées contre l'Eglise latine, au sujet de l'originalité de ses dogmes, mais encore par paraître prendre plaisir à aller au-devant de ces accusations, car il fait remarquer que tous les dogmes du Christianisme ont existé dans les rituels païens de l'Antiquité. Il passe en revue tout le Panthéon des Divinités païennes et il établit que chacune d'elles a un  point de ressemblance avec les personnages de la Trinité et avec Marie. Il n'y a guère un mystère, un dogme ou un rite de l'Eglise latine au sujet duquel l'auteur ne prouve pas qu'il fut "parodié par les Curvati" – les "Courbés", les Diables. Tout cela étant admis et expliqué, les Symbologues devraient être réduits au silence. Ils le seraient s'il n'y [V 90] avait pas des critiques matérialistes pour repousser une pareille omnipotence du Diable en ce monde. En effet, si Rome admet la ressemblance elle réclame aussi le droit de juger entre le véritable et le faux Avatar, entre le Dieu réel et le Dieu non réel, entre l'original et la copie, bien que la copie précède l'original de milliers d'années.

130 Voyez Babylon de Georges Smith et d'autres ouvrages.

 

L'auteur fait ensuite remarquer que chaque fois que les missionnaires essaient de convertir un idolâtre, on leur répond invariablement :

Nous avions notre crucifié avant le vôtre. Que venez- vous donc nous apprendre 131 ? En outre, que gagnerions- nous à nier le côté mystérieux de cette copie, sous prétexte que, suivant Weber, toutes les  Pourânas actuelles sont refaites d'après d'autres plus antiques, puisque nous avons là, dans le même ordre de personnages, un précédent positif que personne ne songerait jamais à contester 132.

Et l'auteur mentionne Bouddha, Krishna, Apollon, etc. Ayant admis tout cela, il tourne la difficulté de la façon suivante :

Les Pères de l'Eglise qui reconnaissent cependant leur propre bien sous tous ces déguisements... qui connaissaient grâce à l'Evangile... toutes les ruses des prétendues esprits de lumière, les Pères, disons-nous, méditant ces paroles décisives : "tous ceux qui vinrent avant moi sont des larrons et des voleurs" (Jean X, 8), n'hésitèrent pas à reconnaître le pouvoir occulte qui était à l'œuvre, la direction générale et surhumaine imprimée d'avance   à   la   fausseté,   les   attributs   universels et l'entourage de tous ces faux Dieux des nations ; omnes dii gentium daemonia (elilim) (Psaumes, XCV) 133.

131 Ceci est aussi fantaisiste qu'arbitraire. Quel est l'Hindou ou le Bouddhiste qui parlerait de son "Crucifié" ?

132 Op. cit., IV, 237.

133 Loc. cit., 250.

134 "Q. : Qui frappe à la porte ? R. Le bon pasteur. Qui t'a précédé ?

 Avec de pareils procédés tout devient facile. Il n'est pas d'éclatante ressemblance, d'identité bien établie dont on ne puisse ainsi se débarrasser. Les paroles cruelles, égoïstes, vaniteuses, que nous venons de citer et que saint Jean attribue à Celui qui fut la personnification de la douceur et de la charité, n'ont jamais pu être prononcées par Jésus. Les Occultistes repoussent cette accusation avec indignation et sont prêts à défendre l'homme contre le Dieu, en établissant l'origine des paroles que s'est approprié l'auteur du Quatrième Evangile. Elles sont tirées  des "Prophéties" que renferme le Livre d'Enoch. Nous pouvons citer à l'appui de nos dires les preuves fournies par un savant auteur biblique, l'archevêque Laurence, et par l'auteur d'Evolution of Christianity, qui édite la traduction. A la dernière page de l'introduction du Livre d'Enoch, on trouve le passage suivant : [V 91]

La parabole de l'agneau, arraché par le Bon Pasteur à des gardiens mercenaires et à des loups voraces, est évidemment empruntée par le quatrième Evangéliste au chapitre LXXXIX d'Enoch, dans lequel l'auteur représente les bergers comme tuant et détruisant les agneaux avant l'arrivée de leur Seigneur, dévoilant ainsi le véritable sens de ce passage, jusqu'alors si mystérieux, de cette parabole de saint Jean : "Tous ceux qui vinrent avant moi sont des larrons et des voleurs" – phrase dans laquelle nous reconnaissons aujourd'hui une évidente allusion aux bergers allégoriques d'Enoch.

"Evident" en vérité et quelque chose de plus encore, car si Jésus a dit ces mots avec le sens qu'on leur attribue, il devait avoir lu le Livre d'Enoch

– ouvrage purement cabalistique et occulte et il reconnaissait par suite l'importance et la valeur d'un traité que ses Eglises déclarent aujourd'hui apocryphe. Il ne pouvait ignorer, en outre, que ces mots faisaient partie du plus antique rituel d'Initiation 134. D'autre part, s'il n'avait pas lu cet ouvrage et si la phrase était de saint Jean, ou de tout autre auteur du Quatrième Evangile, quelle confiance pourrait-on avoir dans l'authenticité d'autres propos ou paraboles que l'on attribue au Sauveur Chrétien ?

L'exemple de Mirville est donc mal choisi. Toutes les autres preuves que donne l'Eglise pour établir le caractère infernal des copistes anté et antichrétiens peuvent être aussi facilement réduites à néant. C'est peut-être malheureux, mais ce n'en est pas moins un fait. – Magna est veritas et prevalebit. [Grande est la Vérité et elle prévaudra.]

Ce qui précède constitue la réponse des Occultistes aux deux parties qui les accusent sans cesse, l'un de "Superstition" et l'autre  de "Sorcellerie". A ceux de nos Frères qui sont Chrétiens et qui nous blâment à cause du secret imposé aux Chélas orientaux, en ajoutant invariablement que leur "Livre de Dieu" est "un livre ouvert" pour que tous [V 92] "puissent lire, comprendre et être sauvés", nous répondrons en les invitant à étudier ce que nous venons de dire dans cette Section et à le réfuter – s'ils le peuvent. Il y a peu de gens, de nos jours, qui soient encore prêts à affirmer à leurs lecteurs que la Bibleavait

Dieu pour auteur, le salut pour but et la vérité sans aucun mélange d'erreur pour texte.

Si l'on questionnait Locke maintenant, il serait peut-être peu disposé à répéter encore que la Bibleest complètement pure et sincère, sans rien en trop, ni rien en moins.

  1. Les trois larrons.
    1. Qui te suit ?
    2. Les trois meurtriers." etc.

Telles étaient les paroles qui s'échangeaient entre les prêtres initiateurs et les candidats à l'initiation, durant les mystères célébrés dans les plus antiques sanctuaires des solitudes des Himalayas. La cérémonie est encore accomplie jusqu'à présent dans un des plus anciens temples, dans une localité isolée du Népal. Elle tirait son origine des mystères du premier Krishna, passa au premier Tirthankara et se termina avec Bouddha. On l'appelle le rite Kouroukshétra, parce qu'on l'accomplit en mémoire de la grande bataille et de la mort du divin Adepte. Ce n'est pas de la Franc- Maçonnerie, mais une initiation aux enseignements occultes de ce Héros, – c'est de l'Occultisme pur et simple.

Pour qu'il ne soit pas établi que la Bibleest le contraire de tout cela, elle a vivement besoin d'un interprète connaissant les doctrines de l'Orient, telles qu'on les trouve dans ses volumes secrets et, après la traduction du Livre d'Enoch par l'archevêque Laurence, il ne serait pas prudent de citer Cowper et de nous assurer que la Bible

... illumine toutes les époques,

Elle donne la lumière, mais n'en emprunte aucune.

attendu qu'elle en emprunte elle-même énormément, surtout de l'avis de ceux qui, ne connaissant ni sa signification symbolique ni l'universalité des vérités sous-jacentes, ne sont capables de la juger que d'après le texte littéral. C'est un volume grandiose, un chef-d'œuvre composé de fables habiles et ingénieuses qui renferment de grandes vérités, mais il  ne révèlent ces dernières qu'à ceux qui possèdent, comme les Initiés, la clef de son sens occulte ; c'est vraiment un conte sublime par sa moralité et sa didactique, mais néanmoins un conte et une allégorie, un répertoire de personnages inventés dans ses anciennes parties juives et de récits obscurs et de paraboles dans les additions plus récentes, aussi est-il de nature à dérouter tous ceux qui ne connaissent pas l'Esotérisme. En outre, ce que l'on trouve dans le Pentateuque est purement et simplement de l'Astrolâtrie et du culte Sabéen, lorsqu'on le lit exotériquement et de la Science Archaïque et de l'Astronomie à un degré vraiment merveilleux lorsqu'on l'interprète ésotériquement.

[V 93]

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 5 Sat, 17 Jan 2015 10:28:41 +0000