STANCE IV

CREATION DES PREMIERES RACES

 

  1. Création des hommes
  2. Ce sont des ombres vides.
  3. Les Créateurs sont embarrassés pour créer un homme pensant.
  4. Que faut-il pour la formation d'un Homme parfait.

 

Shloka 14. Création des hommes

 

Les Sept Légions, les Seigneurs Nés de la Volonté 195, poussés par l'Esprit de donner la Vie 196, détachèrent des Hommes d'eux-mêmes, chacun sur sa propre Zone.

195 Ou Nés-du-Mental.

196 Fohat.

 

Ils, rejetèrent leurs "Ombres" ou Corps Astrals – si toutefois un être aussi éthéré que l'est un "Esprit Lunaire" peut être censé posséder un Corps Astral, en plus d'un corps à peine tangible. Dans un autre Commentaire on dit que les "Ancêtres" ont exhalé le premier homme, de même que l'on explique que Brahmâ avait exhalé les Souras, ou Dieux, lorsqu'ils devinrent les Asouras (d'Asou, souffle). Dans un troisième Commentaire, on dit que les Hommes nouvellement créés étaient les "ombres des Ombres".

En ce qui concerne cette phrase : – "Ils étaient les [III 107] ombres des ombres" – l'on peut ajouter quelques mots et tenter d'en donner une explication plus complète. Ce premier processus de l'évolution de l'humanité est bien plus facile à accepter que celui qui vient après, bien que ces deux processus doivent être repoussés, et mis en doute même, par certains Cabalistes, surtout les Occidentaux, qui étudient les effets actuels, mais ont négligé d'étudier leurs causes premières. L'auteur ne se sent pas plus capable d'expliquer un mode de procréation si difficile à apprécier, sauf pour un Occultiste Oriental. C'est pourquoi il est inutile d'entrer ici dans des détails au sujet du processus, bien qu'il soit minutieusement décrit dans les Livres Secrets, car cela aurait pour seul résultat de nous amener à parler de faits jusqu'à présent inconnus du monde profane et qui, par suite, seraient mal interprétés. Un "Adam" formé du limon de la terre semblera toujours, aux yeux d'une certaine classe d'étudiants, préférable à un Adam émergeant du corps éthéré de son créateur ; bien que l'on n'ait jamais eu connaissance du premier de ces processus, tandis que le second, comme personne ne l'ignore, est familier à un grand nombre de Spirites d'Europe et d'Amérique qui, entre tous les hommes, devraient le mieux comprendre. En effet, quel est, parmi ceux qui ont été témoins du phénomène de la matérialisation d'une forme jaillissant des pores d'un médium ou, d'autres fois, de son côté gauche quel est, dis-je, l'homme qui pourrait hésiter à admettre, tout au moins, la possibilité d'une telle naissance ? S'il existe dans l'Univers des êtres tels que les Angles ou les Esprits, dont l'essence incorporelle puisse constituer une Entité intelligente, malgré l'absence de tout organisme solide (pour nous) ; et s'il existe des gens qui croient qu'un Dieu a fait le premier homme du limon de la terre et a insufflé en lui une Ame vivante – et il y a des millions de gens qui croient cela – s'il en est ainsi, donc, quelle impossibilité notre doctrine contient-elle ? Le moment n'est pas loin où le monde aura à décider s'il acceptera la création miraculeuse de l'homme (ainsi que du cosmos) tiré du néant, en se basant sur la lettre morte de la Genèse, ou bien sa naissance due à un chaînon fantastique – absolument "manquant" jusqu'à présent – qui constituerait l'ancêtre commun de l'homme ou du "véritable singe" 197. Entre ces deux théories fausses, la Philosophie [III 108] Occulte entre en scène. Elle enseigne que le premier groupe humain fut émané par des Etres supérieurs, semi-divins, de leur propre essence. Si ce dernier processus peut sembler tout aussi anormal et même inconcevable – parce que, au point où en est l'évolution, la Nature l'a laissé tomber en désuétude – sa possibilité n'en est pas moins démontrée sur l'autorité de certains faits "spirites". Quel est donc, demandons-nous, celle de ces trois hypothèses qui est la plus raisonnable et la moins absurde ? Assurément personne – à moins que ce ne soit un Matérialiste à l'âme aveugle – ne saurait soulever des objections contre l'Enseignement Occulte.

 197 "Huxley, en se basant sur les découvertes les plus évidentes de l'Anatomie comparée, a pu articuler l'importante affirmation d'après laquelle les différences anatomiques qui existent entre l'homme et les singes supérieurs, sont moindres que celles que l'on constate entre ceux-ci et les singes inférieurs. Par rapport à notre arbre généalogique de l'homme, nous devrions nécessairement en conclure que la race humaine a évolué graduellement, avec les véritables singes pour point de départ (The Pedigree of Man, par Ernst Haeckel, traduit par Ed. B. Aveling, p. 49).

Quelles pourraient être, demanderons-nous, les objections scientifiques et logiques à opposer à cette conclusion ? Les ressemblances anatomiques, qui existent entre l'Homme et l'Anthropoïde – grandement exagérées par les Darwinistes, ainsi que le démontre M. de Quatrefages – s'expliquent très simplement lorsque l'on entreprend l'étude des origines de ce dernier.

"Nulle part, dans les couches les plus anciennes, on n'a trouvé un singe, se rapprochant davantage de l'homme ou un homme ne rapprochant davantage du singe."

"Le même abîme, qui sépare aujourd'hui l'homme du singe, se retrouve, avec la même largeur et la même profondeur, jusqu'à la période Tertiaire. Ce fait seul suffit à prouver jusqu'à l'évidence que cette théorie est insoutenable." (Docteur F. Pfaff, professeur de Sciences Naturelles à l'Université d'Erlangen.)

 Or cet enseignement nous apprend, comme nous l'avons montré, que l'homme n'a pas été "créé" l'être complet qu'il est maintenant, si imparfait qu'il soit encore. Il y a eu une évolution spirituelle, une évolution psychique, une évolution intellectuelle et une évolution animale, depuis le plus haut jusqu'au plus bas, ainsi qu'un développement physique – du simple et de l'homogène jusqu'au complexe et à l'hétérogène, sans que ce soit, toutefois, tout à fait suivant les lignes tracées par les Evolutionnistes modernes. Cette double évolution dans deux directions contraires, a nécessité plusieurs époques, différant entre elles par le degré de spiritualité et d'intellectualité, pour fabriquer l'être que l'on appelle aujourd'hui l'homme. Depuis, la loi unique et absolue, qui agit constamment sans jamais se tromper qui suit la même marche d'une Eternité (ou Manvantara) à l'autre – fournissant toujours une échelle ascendante à ce qui est manifesté ou à ce que nous appelons la grande Illusion (Mahâ-Mâyâ), mais plongeant d'une part l'Esprit de plus en plus profondément dans la matérialité, puis assurant sa rédemption par la chair et sa libération – cette loi, disons-nous, emploie pour ces fins des Etres appartenant à d'autres plans plus élevés, des hommes [III 109] ou des Mentals (Manous), en accord avec leurs exigences Karmiques.

Une fois arrivé à ce point, le lecteur est encore une fois prié de se reporter à la Philosophie et à la Religion de l'Inde. L'Esotérisme de toutes deux est d'accord avec notre DOCTRINE SECRETE, quelque différence que l'on puisse constater dans la forme.

 SUR L'IDENTITE DES PUISSANCES QUI S'INCARNENT ET LEURS DIFFERENCES

 Les Progéniteurs de l'Homme, que l'on appelle dans l'Inde les Pères, Pitaras ou Pitris, sont les "Créateurs" de nos corps et de nos principes inférieurs. Ils sont nous-mêmes, en tant que premières personnalités et nous sommes eux. L'homme primordial serait "les os de leurs os et la chair de leur chair", s'ils avaient des os et de la chair. Comme nous l'avons dit, c'était des "Etres Lunaires".

Ceux qui ont doté l'homme de son EGO conscient et immortel, sont les "Anges Solaires" – qu'on les considère comme tels métaphoriquement ou littéralement. Les mystères de l'Ego Conscient, ou Ame Humaine, sont grands. Le nom Esotérique de ces Anges solaires est, littéralement, les "Seigneurs (Nâth) d'un dévouement persévérant et sans fin" (Pranidhâna). C'est pourquoi ceux du Cinquième Principe (Manas) semblent se rattacher au système des Yogis qui font de Pranidhâna leur cinquième observance, ou semblent même lui avoir donné naissance 198. On a déjà expliqué pourquoi les Occultistes Trans-Himalayens les considèrent comme évidemment identiques à ceux que l'on appelle dans l'Inde les Koumâra, les Agnishvâtta et les Barhishad.

Combien précise et vraie est l'expression de Platon, combien profonde et philosophique sa remarque sur l'Ame (Humaine) ou Ego, lorsqu'il la décrit comme étant "un composé du même et de l'autre". Et pourtant combien peu cette suggestion a été comprise, puisque le monde a cru qu'elle voulait dire que l'Ame était le Souffle de Dieu, de Jéhovah. Elle est "le même et l'autre", comme l'a dit le grand Philosophe Initié ; car l'Ego – le "Soi-Supérieur", lorsqu'il est immergé avec et dans la Divine Monade – est l'Homme et pourtant reste le même que "l'autre" ; l'Ange incarné en lui ne fait qu'un avec le Mahat Universel. Les grands écrivains et les [III 110] grands philosophes classiques ont senti cette vérité lorsqu'ils dirent que :

Il faut qu'il y ait en nous quelque chose qui produise nos pensées. Quelque chose de très subtil ; c'est un souffle ; c'est le feu ; c'est l'éther ; c'est la quintessence ; c'est une faible ressemblance ; c'est une intellection ; c'est un nombre ; c'est l'harmonie. 199

198 Voyez la Yoga Shâstra, II, 32.

199 Voltaire.

 

Tous ceux-ci sont des Mânasas et les Râjasas ; les Koumâras, les Asouras et les autres Gouvernants et Pitris, qui s'incarnèrent dans la Troisième Race et par ce moyen, ainsi que par divers autres, dotèrent l'humanité du Mental.

Il y a Sept Classes de Pitris, comme nous le montrons plus bas, dans trois Incorporelles et quatre Corporelles ; et deux genres, l'Agnishvâtta  et le Barhishad. Nous pouvons encore ajouter que, de même qu'il y a deux genres de Pitris, il y a aussi une double et une triple catégorie de Barhishad et d'Agnishvâtta. Les premiers, après avoir donné naissance à  leurs Doubles  Astrals,  renaissent  en  qualité  de  Fils  d'Atri  et  sont, d'après Manou 200, les "Pitris des Démons" ou Etres Corporels, tandis que les Agnishvâtta renaissent en qualité de Fils de Marîchi, Fils de Brahmâ, et sont les "Pitris des Dieux" 201.

Le Vayou Pourâna déclare que les sept ordres de Pitris ont été, à l'origine, les premiers dieux, les Vairâjas, que Brahmâ contemplait, avec l'œil de la Yoga, dans les éternelles sphères et qui sont les dieux des dieux... Le Matsya... ajoute que les Dieux les adoraient. 202

Le Harivamsha distingue les Vairâjas comme constituant seulement une classe des Pitris 203, affirmation qui est corroborée dans les Enseignements Secrets qui, cependant, identifient les Vairâjas aux plus anciens Agnishvâtta 204 et aux Râjasas ou Abhoutarajasas, qui sont incorporels et n'ont [III 111] même pas un fantôme astral. Dans la plupart des manuscrits, l'on dit que Vishnou s'est incarné dans eux et par eux.

Dans le Raivata âge [Manvantara] patriarcal aussi, Hari, le meilleur des dieux, naquit de Sambhouti, en qualité de Mânasa divin – tirant son origine des divinités appelées Râjasas. 205

Sambhouti était fille de Daksha et l'épouse de Marîchi, le père des Agnishvâttas, qui, en même temps que les Râjasas, sont toujours associés avec les Mânasas. Comme le fait remarquer M. Fitzedward Hall, un sanscritiste bien plus capable que Wilson :

 200 Mânava-Dharma-Shâstra, III, 196.

201 Matsya et Padma Pourânas et Kullûka sur le Mânava-Dharma-Shâstra, III, 195. Nous savons parfaitement que le Vayou et Matsya Pourânas identifient (conformément à l'interprétation occidentale) les Agnishvâtta avec les Saisons et les Pitris Barhishad avec les mois ; en ajoutant une quatrième classe – Kâvyas – les années cycliques. Mais les Chrétiens Catholiques Romains n'identifient-ils pas leurs Anges aux Planètes et les Sept Richis ne sont-ils pas devenus les Saptarishis – une constellation ? Ce sont des Divinités qui président aux divisions cycliques. [Les quatre classes sont : (1) Fils d'Atri ; (2) Agnishvatta ; (3) Barhishad ; (4) kavyas.]

202 Vishnou Pourâna, Wilson, III, 158, 159.

203 Shloka, I. 935-6.

204 Le Vayou Pourâna nous montre la région appelée Virâja-loka comme  habitée par les Agnishvâtta.

205  Wilson, ibid., III, 17. Note de Fitzedward Hall.

 

Mânasa n'est pas un nom mal choisi pour une divinité associée avec les Râjasas. II semble que nous y trouvions mânasam – le même que manas – avec le changement de terminaison nécessaire pour exprimer une personnification mâle. 206

Tous les Fils de Virâja sont des Mânasas, dit Nilakantha. Or, Virâja est Brahmâ et, par suite, les Pitris Incorporels sont appelés des Vairâjas comme étant les Fils de Virâja, dit le Vayou Pourâna.

Nous pourrions multiplier des preuves à l'infini, mais cela est inutile. Les sages comprendront ce que nous voulons dire et, pour ceux qui ne sont pas sages, il n'est pas nécessaire qu'ils comprennent. Il y a trente-trois crores 207, ou trois cent trente millions, de Dieux aux Indes. Ils peuvent tous être des dévas, mais ne sont en aucune façon tous des "dieux" au sens élevé et spirituel qu'on attribue à ce terme. Mais, comme le faisait remarquer le savant conférencier qui parlait de la Bhagavad Gîtâ :

C'est là une regrettable erreur qui est généralement commise par les Européens. Le Déva est un genre d'êtres spirituels et, parce que le même mot est employé dans le langage usuel pour dire dieu, il ne s'ensuit nullement que nous possédions et que nous adorions trente-trois crores de dieux. Ces êtres, comme on peut naturellement s'en rendre compte, ont une certaine affinité avec  l'un des trois Oupâdhis [principes de base] constitutifs suivant lesquels nous avons divisé l'homme. 208

Les noms des divinités, appartenant à une certaine classe mystique, changent à chaque Manvantara. Ainsi les douze [III 112] Grands Dieux Jayas, créés par Brahmâ pour l'assister dans l'œuvre de la création, au commencement même du Kalpa et qui, perdus dans le Samâdhi, négligèrent de créer – faute pour laquelle ils furent condamnés à renaître successivement dans chaque Manvatara jusqu'au septième – sont respectivement  nommés :  Ajitas, Tushitas, Satyas, Haris, Vaikunthas, Sâdhyas et Adityas 209. Ce sont des Tushitas durant le second Kalpa et des Adityas durant cette Période Vaivasvata 210, sans compter d'autres noms pour chaque époque. Mais ils sont identiques aux Mânasas ou Râjasas, comme ceux-ci sont identiques à nos Dhyân-Chohans qui s'incarnent.

Oui, contre ces êtres qui, comme les Yakshas, Gandharvas, Kinnaras, etc., pris dans leurs individualités, habitent le Plan Astral, il y a de réels Dévas, et c'est à ces classes qu'appartiennent les Adityas, les Vairâjas, les Koumâras, les Asouras et tous les Etres célestes supérieurs auxquels l'enseignement Occulte donne le nom de Manasvin, les Sages, les premiers de tous, et qui auraient fait de tous les hommes les Etres soi-conscients et spirituellement intellectuels qu'ils deviendront un jour, si eux-mêmes n'avaient pas été "condamnés" à tomber dans la génération et à renaître en qualité de mortels, pour avoir négligé leur devoir.

209 Voyez Wilson, II, 26.

210 Voyez le Vayou Pourâna, cité dans le Vishnou Pourâna, vol. II, p. 226.

 

STANCE IV – (Suite)

 

Shloka 15. Ce sont des ombres vides.

 

Sept fois sept Ombres 211 d'Hommes Futurs 212 (a) naquirent 213, chacune de sa propre Couleur 214 et de sa propre Espèce (b). Chacun 215 inférieur à son Père 216. Les Pères, les Sans-Os, ne pouvaient donner la Vie à des Etres pourvus d'os. Leurs descendants furent  des Bouthas 217, sans Forme ni Mental. C'est pourquoi on les appela la Race Chhâyâ 218  (c). [III 113]

211 Chhâyâs.

212 Ou Amanasas.

213 Ainsi.

214 Teint.

215 Aussi.

216 Créateur.

217 Fantômes.

218 Image ou Ombre.

 

(a)    Manou, comme nous l'avons déjà fait remarquer, vient de la racine man, penser, et veut dire, par suite, un "penseur". C'est très probablement de ce mot sanscrit qu'a été tiré le mot Latin mens, Mental, le mot Egyptien menès, le "Mental-Maître", ainsi que la monas Pythagoréenne ou "unité pensante" consciente, aussi le mental et même notre manas ou mental, le cinquième principe de l'homme. Aussi ces Ombres sont-elles appelées Amânasa, "sans Mental".

Pour les Brahmanes, les Pitris sont très sacrés, parce que ce sont les Progéniteurs 219 ou Ancêtres de l'homme – les premiers Manoushyas sur cette terre, – et des offrandes leur sont faites par les Brahmanes lorsqu'il leur naît un fils. Ils sont plus honorés et leur rituel est plus important que le culte des Dieux 220.

219 Une allusion à cela se trouve dans Isis Dévoilée (I, p. 57), bien qu'il ne fut pas possible de donner alors l'explication complète – "les Pitris ne sont pas les Ancêtres des hommes actuellement vivants, mais ceux du [premier] genre humain, ou race Adamique ; les esprits de races humaines qui, sur la grande échelle de l'évolution descendante, précédèrent nos races d'hommes et furent, tant physiquement que spirituellement, bien supérieures à nos modernes pygmées. Dans le Mânava- Dharma-Shâstra on les appelle les ancêtres Lunaires".

 220 Voyez les "Lois de Manou" – Mânava-Dharma-Shâstra, III, 203.

 

Ne pourrions-nous pas chercher une signification philosophique à ce groupe double de Progéniteurs ?

Les Pitris étant divisés en sept Classes, nous retrouvons encore ici le nombre mystique. Presque tous les Pourânas sont d'accord pour déclarer que trois de ces classes sont Aroupa, sans formes, tandis que quatre sont Corporelles ; les premières sont intellectuelles et spirituelles, les dernières matérielles et dépourvues d'intellect. Esotériquement, ce sont les Asouras qui forment les trois premières Classes de Pitris – "nés dans le Corps de la Nuit" – tandis que les quatre autres classes sont produites du "Corps du Crépuscule". Leurs Pères, les Dieux, furent  condamnés à naître insensés sur la Terre, d'après le Vayou Pourâna. Les légendes sont intentionnellement mêlées et rendues très obscures ; dans l'une, les Pitris sont les Fils des Dieux et dans une autre, ceux de Brahmâ ; tandis qu'une troisième en fait les instructeurs de leurs propres Pères. Ce sont  les Légions des quatre Classes matérielles, qui créent simultanément les hommes sur les sept Zones.

Maintenant, en ce qui concerne les sept Classes de Pitris,  dont chacune est elle-même divisée en sept, adressons quelques mots aux étudiants et une question aux profanes. La classe des "Dhyânîs du Feu", que nous identifions, en nous basant sur des preuves indéniables, avec les Agnishvâtta, est [III 114] appelée, dans notre école, le "Cœur" du Corps des Dhyân-Chohans et l'on dit qu'elle s'est incarnée dans la Troisième Race d'hommes et les a rendus parfaits. La Mystagogie Esotérique parle des mystérieux rapports qui existent entre l'hebdomadique essence ou substance de ce Cœur angélique et celle de l'homme, dont chaque organe physique, comme chaque fonction psychique et spirituelle, est, pour ainsi dire, un reflet, une copie, sur le plan terrestre, du modèle ou du prototype d'en haut. Pourquoi, demande-t-on, y a-t-il une si étrange répétition du nombre sept dans la structure anatomique de l'homme ? Pourquoi le cœur comprendrait-il quatre cavités inférieures et trois divisions supérieures, rappelant si étrangement la division septénaire des principes humains qui sont séparés en deux groupes, le supérieur et l'inférieur, et pourquoi retrouverait-on la même division dans les diverses classes de Pitris et, particulièrement dans nos Dhyânîs du Feu ? Car, ainsi que nous l'avons déjà dit, ces Etres sont soumis à quatre "Principes" donnez-leur tout autre nom, si vous voulez Corporels ou grossiers et à trois Incorporels ou subtils. Pourquoi les sept plexus nerveux du corps émettent-ils sept rayons ? Pourquoi y a-t-il ces sept plexus et pourquoi sept couches distinctes dans la peau humaine ?

Le Commentaire dit :

Ayant projeté leurs Ombres et formé les hommes avec un seul Elément [l'Ether], les Progéniteurs remontent au Mahâ Loka d'où ils descendent périodiquement, lorsque le Monde est renouvelé, pour donner naissance à de nouveaux Hommes.

Les Corps subtils restent dépourvus d'entendement [Manas] jusqu'à l'arrivée des Souras [Dieux] que l'on appelle maintenant Asouras [Non-Dieux].

"Non-Dieux" pour les Brahmanes, peut-être, mais les "Souffles" les plus élevés pour l'Occultiste ; puisque ces Progéniteurs (Pitris), les sans- formes et les intellectuels, refusent de créer l'homme, mais le dotent du Mental ; tandis que les quatre Classes corporelles se bornent à créer son corps.

C'est clairement démontré dans divers textes du Rig-Véda – la plus haute autorité pour tous les Hindous, à quelque secte qu'ils appartiennent. Là, Asoura veut dire "spirituel, divin", le mot étant employé comme synonyme d'Esprit Suprême, et le terme d'Asoura, dans le sens de "Dieu", est appliqué à Varouna et à Indra et avant tout à Agni – les trois qui, dans les temps jadis, ont été les trois Dieux les plus hauts, avant que la Théo- Mythologie Brahmanique n'eût [III 115] déformé le véritable sens de presque tout ce que contiennent les Ecritures Archaïques. Néanmoins, comme la clef est aujourd'hui perdue, il n'est guère fait mention des Asouras.

On trouve la même chose dans le Zend Avesta. Dans la religion Mazdéenne, ou Mage, Asoura est le Seigneur Asoura Vishvavédas, celui qui "sait tout" ou le "Seigneur omniscient" : et Asoura Mazdhâ, qui devint plus tard Ahoura Mazdhâ, est, comme le démontre Benfey, "le Seigneur qui confère l'Intelligence" – Asoura Medhâ et Ahoura Mazdâo 221. Dans une autre partie de cet ouvrage on montre, en se basant sur une aussi bonne autorité, que l'Asoura Indo-Iranien était toujours considéré comme septuple. Ce fait, combiné avec le nom de Mazdhâ, comme ci-dessus, nom qui fait du septuple Asoura le "Seigneur" ou, collectivement,  les "Seigneurs qui confèrent l'Intelligence", rattache les Amshaspends aux Asouras et à nos Dhyân-Chohans qui s'incarnent, ainsi qu'aux Elohim et aux sept Dieux qui animent, de l'Egypte, de la Chaldée et de toutes les autres contrées.

La raison pour laquelle ces "Dieux" refusèrent de créer des hommes, n'a pas sa source, comme le disent les comptes rendus exotériques, dans leur orgueil, trop grand pour leur permettre de partager le pouvoir céleste de leur essence avec les Enfants de la Terre, mais s'explique par les motifs que nous avons déjà suggérés. Néanmoins, l'allégorie s'est laissée aller à des fantaisies sans fin et la Théologie en a profité, dans tous les pays, pour ouvrir un procès contre les Premiers-nés, ou Logoï, et pour l'imprimer comme une vérité sur l'esprit des ignorants et des crédules 222.

Le système Chrétien n'est pas le seul qui ait ravalé ces Dieux au rang de Démons. Le Zoroastrianisme et même le Brahmanisme ont profité de cela pour obtenir de l'empire sur l'esprit des gens. Dans l'exotérisme chaldéen lui-même, les Etres qui refusent de créer et s'insurgent ainsi contre le Démiurge sont dénoncés comme étant des Esprits des Ténèbres. Les Souras, qui conquièrent leur indépendance intellectuelle, luttent contre les Souras qui en sont dépourvus et que l'on nous montre comme consacrant leur vie à un culte cérémoniel sans profit et qui est basé sur la foi aveugle – indication ignorée aujourd'hui par les Brahmanes orthodoxes et, par la suite, les premiers deviennent des A-Souras. Les Fils Premiers- Nés et Nés du Mental de la Divinité refusent de [III 116] créer des descendants et sont condamnés par Brahmâ à naître comme hommes. Ils sont précipités sur la Terre qui, plus tard, est transformée, dans les dogmes théologiques, en Régions Infernales. Ahriman détruit le Taureau créé par Ormazd – qui est l'emblème de la vie terrestre illusoire, le "germe de la douleur" – et oubliant que la semence limitée et périssable doit mourir, afin que la plante de l'immortalité, la plante de la vie spirituelle et éternelle puisse germer et vivre, on proclame qu'Ahriman est l'ennemi, le pouvoir antagoniste, le Diable. Typhon coupe Osiris en quatorze morceaux, afin de l'empêcher de peupler le monde et de créer ainsi la souffrance, et Typhon devient, dans l'enseignement théologique exotérique, la Puissance des Ténèbres. Mais tout cela ne constitue que l'enveloppe exotérique. Ce sont les adorateurs de cette dernière qui attribuent, à la désobéissance et à la rébellion, l'effort et le sacrifice de soi de ceux qui sont désireux d'aider l'homme à regagner son état originel de divinité au moyen d'efforts soi- conscients, et ce sont ces adorateurs de la forme qui ont transformé en Démons les Anges de Lumière.

221 "Sacred Books of the East", The Zend Avesta, Intro IV p. LVIII. Traduit par James Darmesteter.

222 Comparez aussi avec ce que l'on dit de Makara et des Koumâras, par rapport au Zodiaque.

 

Cependant la philosophie Esotérique enseigne qu'un tiers 223 des Dhyânis – c'est-à-dire les trois Classes de Pitrîs Aroûpa doués d'intelligence, "qui est un souffle sans forme composé de substances intellectuelles et non pas élémentaires" – étaient simplement condamnés, par la loi de Karma et d'évolution à renaître ou à s'incarner sur la Terre 224. Quelques-uns [III 117] de ces Dhyânis étaient des Nirmânakâyas provenant d'autres Manvantaras. Par suite, nous les voyons, dans tous les Pourânas, reparaître sur ce Globe durant le Troisième Manvantara – lisez durant la Troisième Race-Racine – en qualité de Rois, de Richis et de Héros. Cette doctrine étant trop philosophique et trop métaphysique pour être comprise par la foule, fut, comme nous l'avons déjà dit, défigurée par le clergé, afin de conserver sur cette foule une emprise due à une crainte superstitieuse.

223 D'où les assertions postérieures de la vision de saint Jean, auxquelles il est fait allusion dans son Apocalypse, au sujet "du grand dragon rouge ayant sept têtes et dix cornes, ainsi que sept couronnes sur ses sept têtes" et dont "la queue entraînait le tiers des étoiles du ciel et les jetait sur la Terre". Ch. XII. V. 3-4.

224 Le verset où il est dit "il les jeta sur la Terre" laisse clairement voir qu'il tire son origine de la plus noble et de la plus antique allégorie des Mystiques Aryens qui, après la destruction des géants et des sorciers Atlantéens, voilèrent la vérité – astronomique, physique et divine, puisque c'est une page tirée de la Théogonie pré-cosmique – sous diverses allégories. Sa réelle interprétation Esotérique constitue une véritable Théodicée de ce que l'on appelle les "Anges Déchus" ; les consentants et les non-consentants, les créateurs et ceux qui refusent de créer, sont aujourd'hui mêlés de la façon la plus déconcertante par les Chrétiens Catholiques qui oublient que leur plus grand Archange, saint Michel, que l'on nous montre domptant (maîtrisant et assimilant) le Dragon de la Sagesse et du divin Soi-Sacrifice – aujourd'hui appelé, à tort et calomnieusement, Satan – fut le premier qui refusa de créer ! Cela a fait naître une confusion sans fin. La Théologie Chrétienne comprend si peu le langage plein de paradoxes de l'Orient et son symbolisme, qu'elle interprète même – dans le sens de la lettre morte – le rituel Bouddhiste-Chinois et Exotérique-Hindou, en vertu duquel on fait du bruit durant certaines éclipses pour effrayer et mettre en fuite le "grand dragon rouge" qui complote de ravir la "lumière" !Pourtant, ici, "lumière" est synonyme de Sagesse Esotérique et nous avons suffisamment expliqué la signification secrète des mots Dragon, Serpent, etc., qui tous se rapportent à des Adeptes et à des Initiés.

 

Les prétendus "Rebelles" n'étaient donc que ceux qui, contraints par la loi Karmique à vider la coupe de fiel jusqu'à la dernière goutte, devaient s'incarner de nouveau et transformer ainsi en entités responsables et pensantes les statues astrales projetées par leurs frères inférieurs. On dit que certains d'entre eux refusèrent, parce qu'ils ne possédaient pas les matériaux voulus – c'est-à-dire un corps astral – attendu qu'ils étaient Aroûpa. Le refus de certains autres se basait sur ce qu'ils avaient été des Adeptes et des Yogis durant de longs Manvantaras antérieurs ; autre mystère. Néanmoins, plus tard, en qualité de Nirmânakâyas, ils se sacrifièrent pour le bien et le salut des Monades qui attendaient leur tour et qui, sans ce sacrifice, auraient dû végéter durant d'innombrables périodes de temps dans des formes irresponsables, semblables à celles des animaux, bien qu'ayant l'apparence humaine. C'est peut-être une parabole et une allégorie cachée dans une allégorie. Nous laissons à l'intuition  de l'étudiant le soin d'en découvrir la solution, s'il se donne la peine de lire ce qui suit avec son œil spirituel.

Quant aux Formateurs ou "Ancêtres" – les Anges qui, suivant la légende exotérique, obéirent à la loi – ils doivent être identiques aux Barhishad Pitris ou aux Pitri-Dévatâs, c'est-à-dire à ceux qui étaient en possession du feu créateur physique. Ils ne pouvaient que créer les Monades humaines, ou plutôt les revêtir de leurs propres Sois astrals, mais ils ne pouvaient créer l'homme à leur image et à leur ressemblance. "L'homme ne doit pas être semblable à l'un de nous", dirent les Dieux Créateurs chargés de former l'animal inférieur – il doit être supérieur 225. La création par eux de l'image des hommes en la tirant de leur propre Essence divine veut dire, ésotériquement, que ce sont eux qui devinrent la Première Race et partagèrent ainsi sa destinée et son évolution ultérieure. [III 118]

225 Voyez la Genèse, et le Timée de Platon.

 

Ils ne voulaient pas, simplement parce qu'ils ne le pouvaient pas, donner à l'homme cette étincelle sacrée qui brûle et devient la fleur de la raison et de la soi-conscience humaines, parce qu'ils ne la possédaient pas pour pouvoir la donner. Ce soin fut laissé à la Classe de Dévas que la Grèce a symbolisée sous le nom de Prométhée, c'est-à-dire à ceux qui n'avaient rien à faire avec le corps physique, mais tout avec l'homme purement spirituel.

Chaque Classe de Créateurs dote l'homme de ce qu'elle a à donner : l'une édifie sa forme extérieure, l'autre lui donne son essence qui devient, plus tard, le Soi Supérieur Humain, grâce aux efforts personnels de l'individu ; mais les Créateurs ne pouvaient faire les hommes tels qu'ils étaient eux-mêmes – parfaits, parce que sans péchés ; sans péchés, parce qu'ils ne possédaient que la première esquisse, pâle et vague, des attributs et que ceux-ci étaient – au point de vue humain – tous parfaits, blancs, purs et froids, comme la neige vierge. Là où il n'y a pas de lutte, il n'y a pas de mérite. L'humanité "de ce globe terraqué" n'était pas destinée à être créée par les Anges du Premier Souffle Divin. C'est pourquoi on dit qu'ils ont refusé de créer et que l'homme eut à être formé par des Créateurs plus matériels 226 qui, à leur tour, ne pouvaient donner que ce qui faisait partie intégrante de leur propre nature et rien de plus. Soumis à la loi éternelle, les Dieux purs ne purent projeter, en les tirant d'eux-mêmes, que des hommes nuageux, un peu moins éthérés et spirituels, moins divins et parfaits qu'ils ne l'étaient eux-mêmes,– néanmoins, des ombres. La première Humanité fut donc une pâle copie [III 119] de ses Progéniteurs ; trop matérielle, malgré son caractère éthéré, pour constituer une hiérarchie de Dieux ; trop spirituelle et trop pure pour constituer des HOMMES – dotée comme elle l'était de toutes les perfections négatives (nirgouna). La perfection, pour l'être réellement, doit naître de l'imperfection ; l'incorruptible doit sortir du corruptible, qui constitue son véhicule, sa base et son contraste. La Lumière Absolue est les Ténèbres absolues et vice versa. En fait, il n'existe ni Lumière, ni Ténèbres, dans le royaume de la Vérité. Le Bien et le Mal sont jumeaux, produits de l'Espace et du Temps, sous l'influence de Mâyâ. Séparez-les, en tranchant le lien qui les unit, et ils périront tous deux. Ni l'un ni l'autre n'existe per se, puisque chacun doit être généré et créé au moyen de l'autre, pour pouvoir naître à l'existence ; tous deux doivent être connus et appréciés avant de devenir des objets de perception ; aussi dans le mental mortel, il faut qu'ils soient divisés.

226 Malgré tous ses efforts pour atteindre le but opposé, la Théologie Chrétienne – qui a assumé le fardeau du récit Esotérique Hébreu de la création de l'homme, qu'elle interprète littéralement – ne peut découvrir aucune excuse raisonnable pour son "Dieu Créateur" qui produit un  homme dépourvu de mental et de sens ; et ne peut, non plus, justifier le châtiment d'un acte pour lequel Adam et Eve auraient pu plaider non-coupables. En effet, si l'on admet que ce couple ignorait le bien et le mal, avant de manger le fruit défendu, comment pourrait-on le supposer capable de comprendre que c'était mal de désobéir ? Si l'homme primordial était destiné à rester un être à moitié intelligent, ou plutôt inintelligent, alors sa création était sans but et même cruelle, si elle était due à un Dieu omnipotent et parfait. Mais, dans la Genèseelle-même, on nous montre Adam et Eve créés par une Classe Inférieure d'Etres divins, les Elohim, qui sont tellement jaloux de leurs prérogatives personnelles, en tant que créatures raisonnables et intelligentes, qu'ils ne veulent pas permettre que l'homme devienne "semblable à l'un de nous". C'est évident, même en s'en tenant à la lettre morte de la Bible. Les Gnostiques avaient donc raison de considérer le Dieu des Juifs comme appartenant à une Classe inférieure, matérielle et pas très sainte, d'habitants du monde invisible.

 

Néanmoins, puisque la distinction illusoire existe, elle nécessite un Ordre inférieur d'Anges Créateurs pour "créer" des Globes habités – principalement le nôtre – ou pour traiter la Matière sur ce plan terrestre. Les Gnostiques à l'esprit philosophique furent les premiers à penser ainsi, durant la période historique, et à inventer divers systèmes basés sur cette théorie. Aussi, dans leurs schémas de la création, voit-on toujours leurs Créateurs occuper une place sur l'échelon le plus bas de l'échelle de l'Etre Spirituel. Pour eux, ceux qui créèrent notre Terre et ses mortels étaient placés à la limite même de la Matière mâyâvique et l'on enseignait à leurs adhérents – ce qui inspirait un profond dégoût aux Pères de l'Eglise – qu'en ce qui concernait la création des races misérables, au point de vue spirituel et moral, qui font l'ornement de notre Globe, la responsabilité ne pouvait incomber à aucune haute Divinité, mais seulement à des Anges d'une Hiérarchie inférieure 227, dans laquelle ils reléguaient le Dieu Juif Jéhovah.

Des humanités, différentes de l'humanité actuelle, sont mentionnées dans toutes les Cosmogonies antiques. Platon parle, dans le Phèdre, d'une race d'homme "ailés". [III 120] Aristophane, dans le Banquet, de Platon, parle d'une race androgyne ayant des corps ronds. Dans  Pymandre, le règne animal tout entier possède deux sexes. Ainsi, on y lit que :

Le circuit ayant été parachevé, le nœud fut desserré... et tous les animaux, qui étaient également androgynes, furent déliés [séparés] en même temps que l'homme... [parce que]... les causes devaient produire des effets sur terre. 228

 227 Dans Isis Dévoilée, on expose plusieurs de ces systèmes gnostiques. L'un d'eux est tiré du Codex Nazareus, Ecritures des Nazaréens, qui, bien qu'ils aient existé longtemps avant l'époque du Christ et même avant les lois de Moïse, étaient des Gnostiques et beaucoup d'entre eux des Initiés. Ils accomplissaient leurs "Mystères de la Vie" à Nazara (l'ancienne et moderne Nazareth) et leurs doctrines sont un écho fidèle des enseignements de la DOCTRINE SECRÈTE, dont nous essayons maintenant d'expliquer quelques-uns.

228 I. 18. Voyez la traduction du Grec qu'en a faite M. François de Foix, Evêque d'Ayre ; ouvrage dédié à Marguerite de France, Reine de Navarre. Edition de 1579, Bordeaux.

 

Dans l'ancien manuscrit Quiché, le Popol Vuh – publié par feu l'abbé Brasseur de Bourbourg – les premiers hommes sont décrits comme une race "dont la vision était illimitée et qui avait immédiatement connaissance de toutes choses", manifestant ainsi le divin savoir des Dieux et non le savoir des mortels. La DOCTRINE SECRETE, corrigeant les inévitables exagérations de la fantaisie populaire, expose les faits tels qu'ils sont enregistrés dans les symboles archaïques.

Ces "Ombres" naquirent "chacune avec sa propre couleur et  son propre genre" et chacune aussi "inférieure à son Père" ou Créateur, parce que ce dernier était un Etre complet dans son genre. Ces Commentaires rapportent la première phrase à la couleur ou au teint de chacune des races humaines ainsi évoluées. Dans Pymandre, les Sept Hommes Primitifs, créés par la Nature en les tirant de "l'Homme Céleste", partagent, tous, les qualités des Sept "Gouverneurs" ou Régents, qui aimaient l'Homme – leur propre reflet et synthèse.

Dans les Légendes Norses, on trouve dans Asgard, la demeure des Dieux, ainsi que dans les Ases elles-mêmes et formant le canevas des "mythes" populaires, les mêmes Lieux et les mêmes personnifications que dans notre DOCTRINE SECRETE ; nous les retrouvons également dans les Védas, les Pourânas, les Ecritures Mazdéennes et la Cabale. Les Ases de Scandinavie, les Régents du Monde qui précédèrent les nôtres, dont le nom veut littéralement dire les "Piliers du monde", ses "Soutiens", sont donc identiques aux Cosmocrates grecs, aux sept "Ouvriers" ou Recteurs de Pymandre, aux sept Richis et Pitris des Indes, aux sept  Dieux Chaldéens et aux sept Mauvais Esprits, les sept Séphiroth Cabalistiques synthétisés par la Triade supérieure, et même aux sept Esprits Planétaires des Mystiques Chrétiens. Les Ases créent la terre, les [III 121] mers, le ciel et les nuages, le monde visible tout entier, en le tirant des restes du géant égorgé, Ymir, mais ils ne créent pas l'HOMME, ils ne créent que sa forme, en la tirant de l'arbre Ask ou Frêne. C'est Odin qui lui confère la vie et l'âme, après que Lodur lui eut donné le sang et les os, et c'est enfin Hönir qui lui fournit son intellect (Manas) et ses sens conscients 229. L'Ask Norvégien, le Frêne d'Hésiode, d'où sortirent les hommes de la génération de bronze, la Troisième Race-Racine, et l'arbre Tzité du Popol Vuh d'où fut créée la troisième race mexicaine, ne font qu'un. Tout lecteur peut le constater  clairement.  Mais  quel  est  celui  des  savants  Occidentaux qui serait capable de nous expliquer la raison Occulte pour laquelle l'Yggdrasil Norse, l'Ashvattha Hindou, le Gogard, l'arbre Hellénique de la vie et le Zampun Tibétain, ne font qu'un avec l'Arbre Séphirotique de la Cabale, et même avec l'Arbre Sacré fait par Ahoura Mazda  et  avec  l'Arbre  de l'Eden 230 ? Néanmoins, les fruits de tous ces "Arbres", qu'il s'agisse du Pippala, du Haoma, ou même de la prosaïque Pomme, sont, en fait et en réalité, les "plantes de vie". Les prototypes de nos races étaient tous contenus dans l'Arbre Microcosmique, qui grandit et se développa dans et sous le grand Arbre Macrocosmique du monde 231 ; et le mystère est à moitié révélé dans le Dîrghotamas 232, où il est dit :

229 Asgard and the Gods, p. 4.

 

Pippala, le doux fruit de l'arbre sur lequel viennent les esprits qui aiment la science et où les dieux produisent toutes les merveilles.

De même que dans le Gogard, le "Serpent" habite au milieu des branches luxuriantes de tous ces Arbres Terrestres. Mais tandis que l'Arbre Macrocosmique est le serpent de l'Eternité et de la Sagesse absolue elle- même, ceux qui habitent dans l'Arbre Microcosmique sont les Serpents de la Sagesse Manifestée. L'un est l'Unique et le Tout ; les autres sont ses parties reflétées. "L'Arbre" est, naturellement, l'homme lui-même, et le Serpent qui habite dans chacun est le Manas conscient, le chaînon qui relie l'Esprit et la Matière, le Ciel et la Terre.

Il en est de même partout. Les Puissances Créatrices produisent l'Homme, mais elles n'arrivent pas à atteindre le but final. Tous ces Logoï s'efforcent de doter l'homme de l'Esprit conscient et immortel, reflété dans le Mental (Manas) seul ; ils [III 122] échouent et on les représente tous comme étant punis à cause de leur échec, si ce n'est à cause de leur tentative. De quelle nature est donc la punition ? C'est une sentence d'emprisonnement dans la région inférieure ou plus basse, qu'est notre Terre, la plus basse de sa Chaîne ; une Eternité – ce qui veut dire la durée d'un cycle de vie – dans les ténèbres de la Matière, ou dans l'Homme- animal. Il a plu aux Pères de l'Eglise, moitié par ignorance et moitié par ruse, de défigurer le pittoresque symbole. Ils profitèrent des métaphores et des allégories, que l'on rencontre dans toutes les anciennes religions, pour en dénaturer le sens au profit de la nouvelle. Ainsi l'homme fut transformé et devint les ténèbres d'un Enfer matériel ; sa conscience divine, obtenue, grâce au Principe qui demeurait en lui, le Mânasa ou le Déva incarné, devint les flammes ardentes de la Région Infernale, et notre Globe devint cet Enfer même. Pippala, Haoma, le fruit de l'Arbre de la Science, furent dénoncés comme étant le fruit défendu, et le "Serpent de Sagesse", la voix de la raison et de la conscience, demeura, pendant des âges identifié à l'Ange Déchu qui est l'Antique Dragon, le Diable !

230 M. James Darmesteter, traducteur de la Vendidâd, dit en en parlant : "L'arbre quoi qu'il soit..." – Sacred Books of the East, vol. IV, p. 209, note. 231 Timée, de Platon.

232 [Voir Notes Additionnelles.]

 

De même pour les autres symboles supérieurs. La Svastika, le plus sacré et le plus mystique des symboles de l'Inde, la "Croix Jaina", comme l'appellent maintenant les Maçons, malgré ses rapports directs et même son identité avec la croix Chrétienne, a été déshonorée de la même façon. C'est le "signe du diable", nous disent les missionnaires des Indes. Ne brille-t-il pas sur la tête du grand Serpent de Vishnou, sur Shesha-Ananta aux mille têtes, dans les abîmes du Pâtâla, le Naraka ou Enfer Hindou ? C'est exact, mais qu'est-ce qu'Ananta ? De même que Shesha, c'est le Cycle Manvantarique de Temps d'une durée presque infinie et il devient  le Temps Infini lui-même, lorsqu'on l'appelle Ananta, le grand Serpent aux Sept Têtes sur lequel se tient Vishnou, la Divinité Eternelle, durant l'inactivité du Pralaya. Qu'est-ce que Satan peut avoir à faire avec ce symbole hautement métaphysique ? La Svastika est le plus philosophiquement scientifique de tous les symboles, en même temps que le plus compréhensible. C'est, en quelques lignes, le résumé de tout le travail de la "création" ou de l'évolution, devrait-on plutôt dire, depuis la Cosmothéogonie, jusqu'à l'Anthropogonie, depuis le Parabrahman indivisible et inconnu jusqu'à l'humble Monère de la Science matérialiste, dont la genèse est aussi inconnue de cette Science que l'est celle de la Divinité Universelle elle-même. La Svastika se retrouve en tête des symboles religieux de toutes les anciennes nations. C'est le "Marteau de l'Ouvrier" du Livre des Nombres Chaldéen, le "Marteau", dont nous avons fait mention [III 123] plus haut, au Livre du Mystère Caché, "qui fait jaillir des étincelles du silex" (l'Espace), étincelles qui deviennent des Mondes. C'est le Marteau de Thor, l'arme magique forgée par les Nains contre les Géants, ou Forces Titaniques pré-cosmiques de la Nature qui se révoltent et qui, pendant qu'elles sont vivantes dans la région de la Matière, ne veulent pas être domptées par les Dieux – agents de l'Harmonie Universelle – mais doivent être d'abord détruites. C'est pour cela que le monde est formé des débris de l'Ymir égorgé. La Svastika est le Miölnir, le "Marteau de l'Orage", et c'est pour cela, dit-on, que lorsque les Ases, les Dieux saints, après avoir été purifiés par le feu – le feu des passions et des souffrances, durant leurs incarnations – deviendront dignes d'habiter dans Ida, dans une paix éternelle, le Miölnir deviendra inutile. Cela se produira lorsqu'ils cesseront d'être entravés par les liens de Hel – la Déesse-reine de la région des Morts – car le royaume du mal aura cessé d'exister.

Les flammes de Surtur ne les avaient pas encore détruits, pas plus que les eaux furieuses [des divers déluges]... Il y avait... les fils de Thor. Ils apportèrent Miölnir avec eux, non pas comme une arme de guerre, mais comme l'instrument [marteau] pour consacrer les nouveaux cieux et la nouvelle terre. 233

En vérité, il signifie bien des choses ! Dans l'œuvre macrocosmique, le "MARTEAU DE LA CREATION", avec ses quatre branches à angles droits, se rapporte au mouvement continuel et à la révolution de l'invisible Cosmos des Forces. Dans l'œuvre du Cosmos manifesté et de notre  Terre, il fait allusion à la rotation des axes du monde et de leurs ceintures équatoriales durant les Cycles de Temps ; les deux lignes qui forment la Svastika 234, représentent l'Esprit et la Matière et les quatre bouts recourbés suggèrent le mouvement de rotation des cycles. Appliqué au microcosme, à l'Homme, il établit que celui-ci est un chaînon reliant le Ciel et la Terre ; la main droite est dressée à l'extrémité d'un bras horizontal, tandis que la gauche montre la Terre. Dans la Table d'Emeraude d'Hermès, on voit, écrit sur la main droite qui est dressée, le mot "Solve" et sur la main gauche le mot "Coagula". C'est, a la fois, un signe Alchimique, Cosmogonique, Anthropologique et Magique et il faut sept clefs différentes pour atteindre sa signification cachée. Ce ne serait pas trop dire que de déclarer que le symbolisme complexe de ce signe, universel et suggestif entre tous, renferme la clef des sept grands mystères [III 124] du Cosmos. Fruit des conceptions mystiques des premiers Aryens et placé par eux au  seuil même de l'éternité, sur la tête du serpent Ananta, il trouva sa mort spirituelle dans les interprétations scolastiques des Anthropomorphistes du moyen âge. C'est l'Alpha et l'Oméga de la Force Créatrice universelle qui évolue du pur Esprit pour aboutir à la Matière grossière. C'est aussi la  clef du Cycle de la Science, divine et humaine, et qui en comprend toute la signification est à jamais libéré des entraves de Mahâmâyâ, la grande Illusion et le Trompeur. La Lumière qui brille de sous le Divin Marteau, rabaissée aujourd'hui au rang de maillet des Grands Maîtres des Loges Maçonniques, suffit à dissiper les ténèbres de toutes les fictions et de tous les projets humains.

233 Voyez Asgard and the Gods, p. 305.

234 Voir la figure, p. 125.

 

Combien prophétiques sont les chants des trois Déesses Norses, auxquelles les corbeaux d'Odin murmurent les choses du passé et de l'avenir, en voletant en rond dans leur demeure de cristal située sous les flots du fleuve. Les chants sont tous transcrits sur les "Rouleaux de Sagesse", dont un grand nombre sont perdus, mais dont il reste quelques- uns et ces chants répètent sous forme d'allégories poétiques, les enseignements des Ages Archaïques. Résumons ce que dit le DrWagner dans Asgard and the Gods, au sujet du "Renouvellement du Monde" ; c'est une prophétie sur la Septième Race de notre Ronde, dite au passé.

Le Miölnir avait rempli son devoir durant cette Ronde et :

Dans le Champ d'Ida, le champ de la résurrection  [pour la Cinquième Ronde], les fils des dieux les plus hauts s'assemblèrent et leurs pères surgirent de nouveau en eux [les Egos de toutes leurs incarnations passées]. Ils parlèrent du Passé et du Présent et rappelèrent la sagesse de leurs ancêtres et leurs prophéties qui s'étaient accomplies. Près d'eux, mais invisibles à leurs yeux, se tenait le fort, le puissant Etre qui gouverne toutes choses, qui fait la paix entre ceux qui sont brouillés et établit les lois éternelles qui gouvernent le monde. Ils savaient tous qu'il était là, ils sentaient sa présence et  son pouvoir, mais ignoraient son nom. Sur un ordre de lui, la nouvelle terre jaillit des eaux [de l'Espace]. Dans la direction du Midi, au-dessus du Champ d'Ida, il créa un autre ciel appelé Audlang et, plus loin encore, un troisième, connu sous le nom de Widblain. Au-dessus de la caverne de Gimil, fut érigé un merveilleux palais qui était couvert d'or et étincelait avec l'éclat du Soleil. [Ce sont là les trois Globes graduellement ascendants de notre chaîne.] Là, les dieux furent installés sur leurs trônes, comme ils avaient l'habitude de l'être, et ils se réjouirent de leur restauration et des temps meilleurs. Du haut [III 125] des sommets de Gimil [le Septième Globe, le plus haut et le plus pur], ils laissèrent tomber leurs regards sur les heureux descendants de Lif [et Lifthrasir, les  futurs Adam et Eve de l'humanité purifiée] et leur firent signe de grimper plus haut, de s'élever en savoir et en sagesse, en piété et en œuvres d'amour, pas à pas, d'un ciel à l'autre, jusqu'au moment où ils seraient enfin dignes d'être unis aux divinités dans la demeure du Père  de Tous. 235

Celui qui connaît les doctrines du Bouddhisme ou Sagesse Esotérique, bien qu'elles aient été si imparfaitement esquissées jusqu'à présent, verra clairement l'allégorie que cache la citation ci-dessus.

Le lecteur en comprendra mieux la signification plus philosophique, s'il médite avec soin sur le mythe de Prométhée. Nous l'étudions plus loin, sous le jour dont l'éclaire le Pramantha [baratte] Hindou. Rabaissée au niveau d'un symbole purement physiologique par certains Orientalistes et rattachée uniquement au feu terrestre, leur interprétation est une insulte envers toutes les religions, y compris le Christianisme, dont le plus grand mystère est ainsi traîné dans la Matière. Le "frottement" du divin Pramantha et d'Arani 236 – ne pouvait apparaître sous cet aspect qu'à la conception brutale des Matérialistes Allemands – qui sont les pires de tous. Il est vrai que le Divin Enfant, Agni, pour la Race qui parle le Sanscrit, devenu Ignis chez les Latins, est né de l'union de Pramantha et d'Arani – la Svastika – durant la cérémonie du sacrifice ; mais qu'est-ce que  cela prouve ? Tvashtri (Vishvakarman) est "l'artiste divin et le charpentier" 237 et il est aussi [III 126] le Père des Dieux et le "Feu Créateur", dans les Védas. Le symbole est si ancien et si sacré, que l'on ne peut guère procéder à des fouilles sur les emplacements des antiques cités sans l'y trouver. Un certain nombre de ces disques en terre cuite, que l'on appelle des fusaïoles, furent découverts par le Dr Schlieman sous les ruines de l'antique Troie.

 Les  deux  formes   et   furent  découvertes  en  abondance  et  leur présence prouve une fois de plus que les anciens Troyens et leurs ancêtres étaient de purs Aryens.

(c) Le Chhâyâ, comme nous l'avons déjà expliqué, est l'Image Astrale. Il a cette signification dans les ouvrages sanscrits. Ainsi Sanjnâ, la Conscience Spirituelle, l'épouse de Soûrya, le Soleil, est représentée comme se retirant dans la jungle pour mener une vie ascétique, en laissant à son époux son Chhâyâ, Ombre ou Image.

  "Agni, dans sa situation d'Akta, ou d'oint, suggère l'idée du Christ, fait remarquer le professeur Jolly. Mâyâ, c'est Marie, Sa mère ; Tvashtri, c'est saint Joseph, le charpentier de la Bible." Dans le Rig Véda, Vishvakarman est le plus haut et le plus ancien des Dieux, et leur "Père". Il est le "charpentier ou constructeur", parce que Dieu est appelé, même par les Monothéistes, "l'Architecte de l'Univers". Néanmoins, l'idée originale est purement métaphysique et n'a aucun rapport avec le Phallisme plus récent.

 

Shloka 16. Les Créateurs sont embarrassés pour créer un homme pensant.

 

Comment  les  Manoushyas 238  sont-ils  nés ?  Les Manous 239 avec leur Mental, comment sont-ils faits ? (a) Les Pères appelèrent à leur aide leur propre Feu 240 qui est le Feu qui brûle dans la Terre. L'Esprit de la Terre appela à son aide le Feu Solaire 241. Ces Trois 242, grâce à leurs efforts  réunis  produisirent  une  bonne Roupa. Elle 243 pouvait se tenir debout, marcher, courir, se courber ou voler. Pourtant ce n'était toujours qu'un Chhâyâ, une Ombre ne possédant pas de sens (b)...

238 Les réels Manoushyas.

239 Barishads (?).

240 Le Kavyavâhana, feu électrique.

241 Shuchi, l'esprit dans le Soleil.

242 Les Pitris et les deux Feux.

243 La Forme.

 

(a)      Ici, une explication devient encore nécessaire, avec l'aide de la lumière que projettent les Ecritures, tant exotériques qu'Esotériques. Les Manoushyas (les hommes) et les [III 127] Manous équivalent ici à l'Adam Chaldéen – terme qui ne signifie pas du tout le premier homme, comme pour les Juifs, ou un individu isolé, mais l'Humanité, prise collectivement, comme c'est l'opinion des Chaldéens et des Assyriens. Ce sont, parmi les Sept Ordres ou Classes, les quatre de Dhyân Chohans, dit le Commentaire, "qui furent les Progéniteurs de l'Homme Caché", c'est-à-dire de l'Homme Interne et subtil. Les Lha de la Lune, les Esprits Lunaires, ne furent, comme nous l'avons déjà exposé, que les Ancêtres de sa Forme, c'est-à- dire du modèle suivant lequel la Nature commença sur lui son œuvre extérieure. Ainsi l'Homme Primitif n'était, lorsqu'il fit son apparition, qu'un Bhoutâ 244 dépourvu de sens, ou "fantôme". Cette "création" fut un échec.

 244 On ne s'explique pas pourquoi le mot Bhoûtas serait traduit par les Orientalistes par "mauvais esprits", dans les Pourânas. Dans le Vishnou Pourâna (Traduction de Wilson, note de Fitzedward Hall, 1, 83), la Shloka dit simplement : "Des ennemis, effrayants parce qu'ils avaient la couleur des singes et étaient carnivores", et le mot veut dire maintenant, aux Indes, "esprits", fantômes éthérés ou astrals, tandis que dans l'Enseignement Esotérique il veut dire substances élémentaires, quelque chose formé d'essence atténuée, non composée et, d'une manière spécifique, le Double astral de n'importe quel homme ou animal. Dans ce cas, ces hommes primitifs sont les doubles des premiers Dyânis ou Pitris éthérés.

 

(b)    Cette tentative aboutit également à un échec. C'est l'allégorie de la vanité des tentatives faites par la Naturephysique pour construire, sans être aidée, même un animal parfait – sans parler de l'homme. En effet, les "Pères", les Anges Inférieurs, sont tous des Esprits de la Nature, et les Elémentals supérieurs possèdent aussi une intelligence qui leur est propre ; mais cela ne suffit pas pour permettre de construire un homme pensant. Il fallait le "Feu Vivant", ce Feu qui confère au mental humain sa soi- perception et sa soi-conscience, ou Manas ; et les descendants de Pâvaka et de Shuchi sont les Feux Electro-Animaux et Solaires qui créent les animaux et ne peuvent, en conséquence, fournir qu'une constitution physique vivante à ce premier modèle astral de l'homme. Les premiers Créateurs furent donc les Pygmalions de l'Homme Primordial : ils ne parvinrent pas à animer la statue – intellectuellement.

Nous allons voir que cette Stance est très suggestive. Elle explique le mystère et comble la lacune qui existe entre le Principe qui Anime l'homme – le Soi Supérieur ou Monade Humaine – et la Monade Animale, qui n'en font qu'une à elles deux, bien que la première soit douée d'intelligence divine et la seconde seulement de faculté instinctive. Comment [III 128] la différence peut-elle être expliquée, ainsi que la présence dans l'homme de ce SOI SUPERIEUR ?

Le Commentaire s'exprime ainsi :

Les Fils de MAHAT sont ceux qui activent le développement de la Plante humaine. Ils sont les Eaux qui tombent sur le sol aride de la vie latente et l'Etincelle qui vivifie l'Animal humain. Ce sont les Seigneurs de l'Eternelle Vie Spirituelle... Au commencement [durant la Seconde Race], quelques-uns [des Seigneurs] seulement insufflèrent leur essence dans les Manoushyas [hommes] et quelques-uns élurent domicile dans l'homme.

Cela prouve que ce n'est pas tous les hommes qui devinrent des incarnations des "Divins Rebelles", mais seulement un petit nombre d'entre eux. Pour les autres, leur cinquième Principe fut simplement activé par l'étincelle qui y fut introduite, ce qui rend compte des grandes différences dans les capacités intellectuelles des hommes et des races. Si les "Fils de Mahat" n'avaient pas, allégoriquement, sauté [enjambé ?] les mondes intermédiaires, dans leur élan vers la liberté intellectuelle, l'homme-animal n'aurait jamais été capable de s'élever au-dessus de cette terre et d'atteindre le but final par ses efforts personnels. Le pèlerinage cyclique aurait dû être accompli à travers tous les plans de l'existence, d'une façon à demi- inconsciente, sinon tout à fait, comme c'est le cas pour les animaux. C'est grâce à cette révolte de la vie intellectuelle contre l'inactivité morbide du pur esprit que nous sommes ce que nous sommes – des hommes soi- conscients, pensants, ayant en nous les capacités et les attributs des Dieux, pour le bien comme pour le mal. Les REBELLES sont donc nos Sauveurs. Que le Philosophe médite sur cela et plus d'un mystère deviendra clair pour lui. Ce n'est que par la force attractive des contrastes que les deux opposés – l'Esprit et la Matière – peuvent être cimentés entre eux sur Terre et, fondus au feu de l'expérience et de la souffrance soi-conscientes, se trouver unis dans l'Eternité. Cela donnera l'explication de bien des allégories incompréhensibles jusqu'à présent et que l'on qualifie sottement de "fables" 245.

Cela explique tout d'abord la déclaration contenue dans Pymandre et d'après laquelle "l'Homme Céleste", le "Fils du Père", qui participa de la nature et de l'essence des Sept Gouverneurs, ou Créateurs et Régents du Monde Matériel,

Jeta un coup d'œil à travers l'Harmonie et, se frayant un chemin [III 129] à travers la puissance  des [Sept] Cercles [de feu], fit ainsi connaître et rendit manifeste la nature née en bas. 246

Cela explique chaque verset du récit Hermétique et aussi l'allégorie Grecque de Prométhée. Chose importante entre toutes, cela explique les nombreux récits allégoriques des "Guerres dans le Ciel", y compris celui de l'Apocalypse, par rapport au dogme chrétien des "Anges Déchus". Cela explique la "révolte" des Anges les plus anciens et les plus hauts et ce que l'on veut dire en mentionnant qu'ils furent précipités du Ciel jusque dans les profondeurs des Enfers, c'est-à-dire de la Matière. Cela met même un terme à la récente perplexité des Assyriologues qui, par l'organe de feu George Smith, exprimèrent leur étonnement en ces termes :

 245 Voir le commentaire sur la Shloka 39, STANCE 10.

246 Voyez Pymander ; traduction d'Everard, II, 17-29.

 

La première idée que je me fis de cette partie [de la rébellion] fut que la guerre contre les pouvoirs du mal précéda la Création ; je pense maintenant qu'elle suivit le récit de la Chute. 247

Dans le même ouvrage 248, M. George Smith donne la reproduction d'une gravure prise sur un ancien Cylindre Babylonien et qui représente l'Arbre Sacré, le Serpent, l'homme et la femme. L'Arbre a sept branches : trois du côté de l'homme et quatre du côté de la femme. Ces branches typifient les sept Races-Racines, durant la troisième desquelles, et tout à fait à sa fin, se produisit la séparation des sexes et la prétendue Chute dans la génération. Les trois premières Races furent d'abord sans sexe, puis hermaphrodites ; les quatre autres mâles et femelles, distincts les uns des autres. Comme nous le dit l'auteur :

Le dragon qui, dans le récit Chaldéen de la Création, pousse l'homme au péché, est la créature de Tiamat, le principe vivant de la mer et du chaos... qui était opposé aux divinités lors de la création du monde. 249

C'est là une erreur. Le Dragon, c'est le principe mâle, ou Phallus, personnifié, ou plutôt animalisé ; et Tiamat, "l'incorporation de l'esprit du chaos", du Gouffre ou de l'Abîme, c'est le principe femelle, la Matrice. "L'esprit du chaos et du désordre" se rapporte à la perturbation mentale à laquelle il conduisait. C'est  le  principe  sensuel,  attractif,  magnétique, [III 130] qui fascine et séduit l'élément à jamais vivant et actif qui plonge le monde entier dans le désordre, le chaos et le péché. Le Serpent séduit la femme, mais c'est cette dernière qui séduit l'homme et tous deux sont compris dans la malédiction Karmique, bien que ce ne soit que comme résultat naturel d'une cause produite. George Smith dit que :

Il est clair que le dragon est compris dans la malédiction, conséquence de la Chute, et que les dieux [les Elohim, jaloux en voyant l'homme de limon devenir à son tour un Créateur, comme tous les animaux] appellent sur la tête de la Race humaine tous les maux qui affligent l'humanité. La sagesse et le savoir lui feront du mal, il aura des querelles de famille, se soumettra à la tyrannie, irritera les dieux... ses désirs ne seront pas satisfaits, il adressera des prières inutiles... il commettra des péchés futurs. Sans aucun doute, il y a autre chose sur le même sujet, mais notre récit est encore une fois interrompu et il ne reprend qu'au moment où les dieux se  préparent à faire la guerre aux pouvoirs du mal, qui sont dirigés par Tiamat (la femme). 250

247 Chaldean Account of Genesis, p. 92.

248 p. 91.

249 Ibid., loc. cit.

250 Chaldean Account of Genesis, loc. cit.

 

Ce récit est omis dans la Genèsedans un but monothéiste. Mais c'est une attitude erronée – née sans doute de la crainte et des égards pour la religion dogmatique et ses superstitions – que de chercher à compléter les fragments Chaldéens au moyen de la Genèse, tandis que c'est cette dernière, infiniment plus récente que tous les fragments, qui devrait être expliquée par eux.

 

  Shloka 17. Que faut-il pour la formation d'un Homme parfait ?

 

Le Souffle 251 avait besoin d'une Forme, les Pères la donnèrent. Le Souffle avait besoin d'un Corps Grossier ; la Terre le moula. Le Souffle avait besoin de l'Esprit  de la Vie : les Lhas solaires l'insufflèrent dans sa Forme. Le Souffle avait besoin d'un Miroir de son Corps 252 : "Nous lui donnâmes le nôtre", dirent les Dhyanis. Le Souffle avait besoin d'un Véhicule des Désirs 253 : "Il l'a", dirent les Draineurs des Eaux 254. Mais le Souffle avait besoin d'un Mental pour embrasser l'Univers : "Nous ne pouvons donner cela", dirent les Pères ! "Je [III 131] ne l'ai jamais eu", dit l'Esprit de la Terre. "La Forme serait consumée si je  lui  donnais  le  mien",  dit  le  Grand- Feu 255... L'homme 256 resta un Bhoûta vide et dépourvu de sens... Ainsi les Sans-Os ont donné la Vie à ceux qui 257 devinrent des Hommes pourvus  d'os  durant  la Troisième 258.

251 La Monade Humaine.

252 L'ombre astrale.

253 Le Kâma Roûpa.

254 Shouchi, le feu de la passion et de l'instinct animal.

255 Le Feu Solaire.

256  L'Homme Naissant.

257 Plus tard.

258 Race.

 

Comme on trouve une explication complète dans le Commentaire  de la STANCE V, quelques remarques suffiront maintenant. Le "Père" de l'homme physique primitif, ou de son corps, est le Principe Electrique Vital qui réside dans le Soleil. La Lune est sa "Mère" à cause du mystérieux pouvoir qu'elle possède et qui exerce une influence marquée sur la gestation et la génération humaines, qu'elle régit, comme sur la croissance des plantes et des animaux. Le "Vent" ou l'Ether, qui joue dans ce cas le rôle d'agent de transmission par qui ces influences sont transportées des deux luminaires jusqu'ici bas et diffusées sur la terre,    est dénommé la "Nourrice" 259, mais le "Feu Spirituel" seul fait de l'homme une entité divine et parfaite.

Quel est donc ce "Feu Spirituel" ? Dans l'Alchimie c'est l'Hydrogène, en général, tandis que dans la réalité Esotérique c'est l'émanation ou le Rayon qui jaillit du Noumène, le "Dhyân du Premier Elément". L'Hydrogène n'est un gaz que sur notre plan terrestre. Mais, dans  la Chimie elle-même, l'Hydrogène "serait la seule forme de matière qui existât, dans le sens que nous donnons à ce terme" 260 et il est très étroitement allié au PROTYLE, qui n'est autre que notre LAYAM. Il est, pour ainsi dire, le père et le générateur ou, plutôt l'Oupâdhi (la base) de l'Air et de l'Eau et il n'est autre, en fait, que "le feu, l'air et l'eau" : un, sous trois aspects, de là la trinité chimique et alchimique. Dans le monde de la manifestation ou Matière, c'est le symbole objectif et l'émanation matérielle de l'Etre individualisant, subjectif et purement spirituel, dans la région des Noumènes. C'est avec raison que Godfrey Higgins aurait comparé l'Hydrogène et même identifié à τοό̀ν [toon] "l'Unique"  des Grecs. En effet, ainsi qu'il le [III 132] fait remarquer, l'Hydrogène n'est pas l'eau, bien qu'il la génère ; l'Hydrogène n'est pas le feu, bien qu'il le manifeste ou le crée ; il n'est pas, non plus, l'air, bien que l'air puisse être considéré comme un produit de l'union de l'eau et du feu – puisque l'Hydrogène se rencontre dans l'élément aqueux de l'atmosphère. C'est le trois en un.

Si l'on étudie la Théogonie comparée, il est facile de constater que le secret de ces "Feux" était enseigné dans les Mystères de tous les anciens peuples et surtout en Samothrace. Il est hors de doute que les Kabires, les plus secrètes de toutes les anciennes Divinités, Dieux et Hommes, grandes Divinités et Titans, sont identiques aux Koumâras et aux Roudras conduits par Kârtikeya – un Koumâra, lui aussi. Cela est tout à fait évident, même exotériquement, et ces Divinités Hindoues étaient, comme les Kabires, la personnification des Feux sacrés des plus Occultes Pouvoirs de la Nature. Les diverses branches de la Race Aryenne, la branche Asiatique et la branche Européenne, la branche Hindoue et la branche Grecque, ont fait de leur mieux pour cacher leur véritable nature, sinon leur importance. Comme dans le cas des Koumâras, le nombre des Kabires est incertain.

 259 Voyez la Shloka 22.

260 Voyez Genesis of the Elements, par W. Crookes, p. 21.

 

Les uns disent qu'il n'y en avait que trois ou quatre seulement ; d'autres disent sept. Axiérus, Axiocersa, Axiocersus et Casmilus 261 peuvent être fort bien considérés comme les alter egos des quatre Koumâras – Sanat- Koumâra, Sananda, Sanaka et Sanâtana. Les premières de ces divinités, dont le père était censé être Vulcain, ont été souvent confondues avec les Dioscures, les Corybantes, les Anactes [aînés, anciens], etc. – exactement comme les Koumâras, dont le père est censé être Brahmâ – ou plutôt la "Flamme de son Courroux" qui le pousse à effectuer la neuvième création ou Création Koumâra, laquelle eut pour résultat Roudra ou Nîlalohita (Shiva) et les Koumâras – furent confondus avec les Asouras, les Roudras et les Pitris, pour la raison toute simple qu'à eux tous ils ne font qu'un – c'est-à-dire des Forces et des Feux corrélatifs. La place nous manque ici pour décrire ces "Feux" et leur réelle signification, bien que nous puissions tenter de le faire, si le reste de cet ouvrage est jamais publié. En attendant, nous pouvons ajouter quelques explications.

Ce qui précède constitue un ensemble de mystères dont on doit abandonner la solution à l'intuition personnelle de l'étudiant, plutôt que de chercher à les décrire. Si l'étudiant veut apprendre quelque chose du secret des FEUX, qu'il se reporte à certains ouvrages d'Alchimie qui rattachent, avec raison, le [III 133] Feu à tous les Eléments, comme le font les Occultistes. Le lecteur ne doit pas oublier que les Anciens considéraient la Religion et les Sciences Naturelles, ainsi que la Philosophie, comme étant étroitement et inséparablement reliées entre elles. Esculape était le Fils d'Apollon – le Soleil ou FEU de la Vie, à la fois Hélius, Pythius et le Dieu des oracles de la Sagesse. Dans les religions exotériques, autant que  dans la Philosophie Esotérique, les Eléments – particulièrement le Feu, l'Eau et l'Air – sont représentés comme les Progéniteurs de nos cinq sens physiques et, par suite, comme étant en rapport direct avec eux, d'une façon occulte. Ces sens physiques relèvent même d'une Création inférieure à celle qui est connue dans les Pourânas sous le nom de Pratîsarga ou "Création secondaire" 262.

"Le Feu Liquide procède du Feu non Discret", dit un axiome Occulte.

 261 [Axieros (l'aîné) ; Axiokersa (féminin) ; Axiokersos (le jeune) ; Kasmilos ou Kadmilos, un jeune garçon dieu, "le Fils" ; divinités de Samothrace.]

262 [Connue par les agents de l'Etre Suprême.]

 

Le cercle est la PENSEE ; le Diamètre [ou la ligne] c'est le VERBE, et leur union c'est la VIE.

Dans la Cabale, Bath-Kol est la fille de Shekinah, la Voix Divineou Lumière Primordiale. Dans les Pourânas et l'exotérisme Hindou, Vâch, la Voix, est le Logos femelle de Brahmâ – une permutation d'Aditi, la Lumière Primordiale. Et si Bath-Kol est, dans le Mysticisme Juif, une voie articulée surnaturelle, venant du ciel et révélant au "peuple élu" les traditions sacrées et les lois, c'est seulement parce que Vâch était appelée, avant le Judaïsme, la "Mère des Védas" qui entra dans les Richis et les inspira par ses révélations ; exactement comme l'on dit que Bath-Kol a inspiré les prophètes d'Israël, et les Grands-Prêtres Juifs. L'une et l'autre existent jusqu'à présent, sous leurs symbologies sacrées respectives parce que les Anciens associaient le Son ou Parole à l'Ether de l'Espace, dont la caractéristique est le Son. De sorte que le Feu, l'Eau et l'Air constituent la Trinité Cosmique primordiale.

Je suis ta Pensée, ton Dieu, plus ancien que le Principe Humide, la Lumière qui rayonne dans les ténèbres [le Chaos], et le Verbe étincelant de Dieu [le Son] est le Fils de la Divinité 263. [III 134]

263 Pymandre, I 6. Les adversaires de l'Hindouisme peuvent appeler cela du Panthéisme, du Polythéisme ou lui donner le nom qui leur plaira. Si la Science n'est pas complètement aveuglée par les préjugés, elle verra dans cette description la preuve d'une profonde connaissance des Sciences Naturelles et de la Physique, aussi bien que de la Métaphysique et de la Psychologie. Mais, pour découvrir cela, il faut étudier les personnifications, puis les convertir en atomes chimiques. On constate alors que cela satisfait à la fois la Science physique et même la Science purement matérialiste, aussi bien que ceux qui voient dans l'évolution l'œuvre de la "Grande Cause Inconnue" sous ses aspects phénoménaux et Illusoires.

 

Il nous faut donc bien étudier la "Création Primaire" avant de pouvoir comprendre la Secondaire. La première Race renfermait en elle trois Eléments rudimentaires et ne renfermait encore aucun Feu, parce que, suivant les Anciens, l'évolution de l'homme, ainsi que la croissance et le développement de ses sens spirituels et physiques, étaient subordonnés à l'évolution des Eléments sur le plan Cosmique de cette Terre. Tout procède de Prabhavâpyaya, l'évolution des principes créateurs et sensibles chez les Dieux et même celle de la prétendue Divinité Créatrice elle-même. On reconnaît cela aux noms et aux qualificatifs donnés à Vishnou dans les Ecritures exotériques. En sa qualité de Protologos Orphique, on l'appelle Poûrvaja,   "pré-génétique"    et   les   autres   noms,   pris   dans   leur   ordre descendant, le rattachent de plus en plus à la Matière,

 

1.

Ether

Ouïe

Son,

2.

Air

Toucher

Son et Toucher,

3.

Feu, ou Lumière

Vue

Son, Toucher et Couleur,

4.

Eau

Goût

Son, Toucher, Couleur et Goût,

5.

Terre

Odorat

Son, Toucher, Couleur, Goût et Odorat

 Comme on le voit, chaque Elément ajoute à ses propres caractéristiques celles de l'Elément qui le précède, de même que chaque Race-Racine ajoute le sens qui caractérise la Race précédente. Il en est de même dans la "Création" septénaire de l'homme, qui évolue graduellement en sept stages et suivant les mêmes principes, comme nous le montrerons plus loin.

Ainsi, tandis que les Dieux ou les Dhyân-Chohans (les Dévas) procèdent de la Première Cause – qui n'est pas Parabrahman attendu que ce dernier est la CAUSE UNIVERSELLE et que l'on ne peut le qualifier de "Première Cause" – Première Cause qu'on appelle dans les livres brahmaniques Jagad Yoni, la "Matrice du Monde", l'humanité est émanée de ces agents actifs du Cosmos. Pourtant les hommes, durant les Première et Seconde Races, n'étaient pas des êtres physiques, mais de simples rudiments des hommes futurs ; des Bhoûtas, qui procédaient de Bhoûtâdi, "l'origine" ou la "place originale d'où jaillirent les Eléments". Ils procédèrent donc, avec tout le reste, de Prabhavâpyaya, "la place d'où toutes choses tirent leur origine et où elles se résoudront [lit. détruiront] toutes", comme l'explique le Commentateur du Vishnou Pourâna 264. De là aussi nos sens physiques. De là [III 135] même la plus haute Divinité "créée" de notre Philosophie. Comme ne faisant qu'un avec l'Univers, que nous l'appelions Brahma, Ishvara ou Pourousha, c'est une Divinité Manifestée – et, par suite, "créée" ou limitée et conditionnée. Cela est facilement prouvé, même au moyen des enseignements exotériques.

 264 Traduction de Wilson. Note de Fitzedward Hall, vol. I, p. 21.

 

Après avoir été appelé l'inconnaissable et éternel Brahmâ (neutre ou abstrait), le Poundarikâksha 265, "suprême et impérissable gloire", lorsqu'au lieu de Sadaika-Roûpa, inchangeable ou immuable Nature, on le qualifie de Ekâneka-Roûpa, "à la fois simple et multiple", il se trouve,  lui, la Cause, immergé avec les effets qu'il a produits ; et ses noms, si on les place suivant l'ordre Esotérique, donnent l'échelle descendante ci-dessous :

 Mahâpourousha ou Paramâtman

Atman ou Poûrvaja (Protologos)

L'Esprit Suprême.

L'Esprit Vivant de la Nature.

Indriyâtman ou Hrishikesha       L'Ame Spirituelle ou Intellectuelle (qui ne fait qu'un avec les sens).

Bhoutâtman                                L'Ame Vivante ou Ame de Vie.

Kshetrajña                                   L'Ame  Incarnée,  ou  l'Univers d'Esprit et de Matière.

Bhrântidarshanatah                    La Fausse Perception – L'Univers Matériel.

Le dernier signifie quelque chose que l'on perçoit ou que l'on conçoit, en vertu d'une conception fausse et erronée, comme une forme matérielle, mais qui n'est, en fait, que Mâyâ, Illusion, comme tout dans notre univers physique.

C'est en vertu d'une stricte analogie avec les attributs de ce Brahmâ, tant dans le monde spirituel que dans le monde matériel, que se produit l'évolution des Essences Dhyân Chohaniques ; les caractéristiques de ces dernières sont reflétées à leur tour dans l'Homme, collectivement, et dans chacun de ses principes, dont chacun renferme en lui-même, dans le même ordre progressif, une portion de leurs divers "Feux" et Eléments.

 265 ["Pundarikaksha, ayant des yeux comme  un lotus, ou pénétrant le cœur ou Pundarika est expliqué comme gloire suprême, et aksha, impérissable. L'étymologie la plus fréquente est la première." Vishnou Pourana, vol. 1, p. 2. Pundarikam désigne un lotus blanc.]