STANCE V

L'EVOLUTION DE LA SECONDE RACE

 

  1. Les Fils du Yoga
  2. La Seconde Race sans sexe
  3. Les Fils des "Fils du Crépuscule"
  4. "L'Ombre" ou l'Homme Astral se retire en dedans et l'homme développe un Corps Physique. [III 136]

 

Shloka 18. Les Fils du Yoga

 

Les Premiers 266 furent les Fils du Yoga. Leurs Fils, les enfants du Père Jaune et de la Mère Blanche.

266 Première Race.

 

Dans le dernier commentaire la phrase est traduite ainsi :

Les Fils du Soleil et de la Lune, les nourrissons  de l'Ether [ou du "Vent"] (a)...

C'étaient les ombres des Ombres des Seigneurs (b). Elles [les Ombres] prirent de l'expansion. Les Esprits de la Terre les vêtirent ; les Lhas Solaires les réchauffèrent [c'est-à-dire, entretinrent le Feu Vital dans les Formes physiques naissantes]. Les Souffles avaient la vie, mais étaient dépourvus d'entendement. Ils ne possédaient, en propre, ni Feu, ni Eau (c).

(a)      Souvenez-vous, dans ce cas, de la Table d'Emeraude d'Hermès, dont sept clefs donnent la signification Esotérique. La clef Astro-Chimique est bien connue des étudiants et nous pouvons donner maintenant la clef Anthropologique. "L'Unique Chose" qui s'y trouve mentionnée, c'est l'Homme. On dit que :

Le Père de cette Seule Chose Unique, c'est le Soleil ; sa Mère est la Lune ; le Vent la porte dans son sein, et la Terre Spiritueuse est sa Nourrice.

Dans  la  version  occulte  du  même  passage,  on  ajoute :  "et  le  Feu Spirituel est son instructeur [Gourou]".

Ce Feu est le Soi Supérieur, l'Ego Spirituel, c'est-à-dire ce qui se réincarne éternellement sous l'influence de ses Sois personnels inférieurs, changeant à chaque renaissance et plein de Tanha ou de désir de  vivre. Une étrange loi de la Nature veut que, sur ce plan, la Nature supérieure (Spirituelle) soit, pour ainsi dire, asservie à l'inférieure. A moins que l'Ego ne se réfugie dans Atman, l'ESPRIT UNIVERSEL, et ne se fonde entièrement dans son essence, l'Ego personnel est à même de l'aiguillonner jusqu'aux limites extrêmes. L'étudiant ne peut comprendre entièrement cela, à moins de se familiariser avec le mystère de l'évolution, qui procède en suivant une triple direction – Spirituelle, Psychique et, Physique.

Ce qui pousse l'évolution en avant et la force à progresser, c'est-à-dire ce qui impose la croissance et le développement de l'Homme vers la perfection, c'est :

  1. la Monade, ou ce qui agit inconsciemment en elle, en vertu d'une Force qui lui est inhérente et le Corps Astral inférieur ou Soi Personnel.

La première, qu'elle soit emprisonnée dans un corps végétal ou animal, est douée de cette Force, est, en vérité elle-même cette Force. En vertu de son identité avec la FORCE UNIVERSELLE qui est, comme nous l'avons déjà dit, inhérente à la Monade, [III 137] elle est toute-puissante sur le plan Aroûpa ou sans forme. Sur notre plan, comme son essence est trop pure, elle demeure universellement virtuelle, mais devient individuellement inactive. Par exemple, les rayons du Soleil, qui contribuent au développement de la végétation, ne choisissent pas telle ou telle plante pour luire sur elle. Arrachez la plante et transportez-la sur un terrain où les rayons de soleil ne puissent l'atteindre et ceux-ci ne l'y suivront pas. Il en est de même d'Atman ; à moins que le Soi Supérieur ou Ego ne gravite vers son Soleil – la Monade – l'Ego Inférieur, ou Soi Personnel, aura le dessus dans tous les cas. En effet, c'est cet Ego, avec son farouche égoïsme et son désir animal de mener une vie déraisonnable (Tanha), qui est le "fabricant du tabernacle" comme l'appelle  Bouddha  dans  le Dhammapada 267. De là l'expression : les Esprits de la Terre revêtirent les ombres et leur donnèrent de l'expansion. C'est à ces "Esprits" qu'appartiennent temporairement les Sois Astrals humains et ce sont eux qui fournissent ou construisent le tabernacle physique de l'homme pour y loger la Monade et son principe conscient, Manas. Mais les Lhas  ou Esprits "Solaires" réchauffent les Ombres. Cela est physiquement et littéralement vrai ; au point de vue métaphysique ou sur le plan psychique et spirituel, il est également vrai qu'Atman seul  réchauffe  l'Homme Interne ; c'est-à-dire qu'il l'éclaire du Rayon de la Vie Divine et qu'il est seul capable de conférer à l'Homme Interne, ou Ego réincarnant, son immortalité. Aussi constaterons-nous que durant les trois premières Races- Racines et la première moitié de la quatrième, c'est-à-dire jusqu'au milieu ou point tournant, ce sont les Ombres Astrales des  "Progéniteurs", les Pitris Lunaires, qui sont les puissances formatrices des Races, qui édifient la forme physique et en poussent graduellement l'évolution dans le sens de la perfection – et cela au prix d'une perte équivalente de spiritualité. Puis, à partir du point tournant, c'est l'Ego Supérieur ou Principe Incarnant, le Nous ou Mental, qui règne sur l'Ego animal et le gouverne toutes les fois qu'il n'est pas entraîné par ce dernier. En résumé, la Spiritualité se trouve sur son arc ascendant et le côté animal ou physique n'entrave ses progrès réguliers sur la voie de l'évolution que lorsque l'égoïsme de la Personnalité a si fortement infecté l'Homme Interne réel de son virus mortel, que l'attraction ascendante a perdu tout l'empire qu'elle exerçait sur l'homme pensant et raisonnable. La stricte vérité est que le vice et la méchanceté constituent une manifestation anormale, contre-nature, durant la période actuelle de l'évolution humaine – ou que, du moins, il en devrait être ainsi. Le fait [III 138] que l'humanité n'a jamais été plus égoïste et plus vicieuse qu'elle ne l'est maintenant – car les nations civilisées ont réussi à faire de l'égoïsme une caractéristique morale et du vice un art – est une preuve de plus de la nature exceptionnelle du phénomène.

Le système tout entier se trouve dans le Livre des Nombres Chaldéen et même dans le Zohar, pour peu que l'on comprenne la signification des allusions apocalyptiques. Il y a d'abord Ain Soph, le "Caché du Caché", puis le Point, Séphira et les Séphiroth ultérieures, enfin le Monde Atzilatique, un Monde d'Emanations qui donne naissance à trois autres Mondes – le premier, le Monde Briatique, appelé le Trône, la demeure des purs Esprits, le second, le Monde de la Formation, ou Monde Jetziratique, l'habitat des Anges qui émanent le troisième, ou Monde de l'Action, le Monde Asiatique, qui est la Terre ou notre Monde. Pourtant, l'on dit de ce Monde – appelé aussi Kliphoth, qui contient les (six autres) Sphères, et la Matière – que c'est la résidence du "Prince des Ténèbres". Cela est exposé aussi clairement que possible ; en effet, Métatron, l'Ange du  second Monde Briatique, le premier monde habitable, veut dire le Messager, Λγγελοζ, l'Ange, appelé le grand Instructeur ; et au-dessous de lui sont  les Anges du troisième Monde ou Monde Jetziratique dont les dix et sept classes sont les Séphiroth 268, dont on dit que :

Elles habitent ou vivifient ce monde, en qualité [d'entités et] d'intelligences essentielles et leurs corrélatifs ainsi que leurs contraires logiques habitent le troisième monde habitable, appelé le Monde Asiatique.

Ces "contraires" sont appelés les "Coques" תופילק, ou Démons 269, qui habitent les sept demeures appelées Shéba Hachaloth et qui sont simplement les sept Zones de notre Globe 270. Dans la Cabale, leur prince est appelé Samaël, l'Ange de la Mort, qui est aussi le Serpent tentateur, Satan ; mais ce Satan est aussi Lucifer, le radieux Ange de Lumière, le porteur de lumière et de vie, "l'Ame" séparée temporairement des Etres Saints, les autres Anges, devançant l'époque où ils devaient descendre sur la Terre pour s'incarner à leur tour. [III 139]

Le Livre de la Sagesse enseigne que :

Toutes les Ames [les Monades] sont pré-existantes dans les Mondes des Emanations. 271

Et le Zohar enseigne que dans "l'Ame" se trouve l'homme réel, c'est-à- dire l'Ego et le conscient JE SUIS : le Manas.

Josèphe dit, répétant la croyance des Esséniens :

[Les Ames] descendent de l'air pur pour être enchaînées aux Corps. 272

268 C'est symbolisé dans le Triangle Pythagoréen, les dix yods internes et les sept points du Triangle et du Carré. Voir vol. 2, Partie 3, section 14. Dieux, Monades et Atomes.

269 D'où le nom cabalistique de "Coques" donné à la Forme Astrale, au Corps appelé Kâma Roûpa, abandonné par les Anges supérieurs, sous l'aspect du Manas Supérieur lorsque ce dernier se rend dans le Dévachan en abandonnant ses résidus.

270 Royal Masonic Cyclopœdiâ, de Mackensie, pp. 409-411.

271 VIII, 20.

272 De Bello Judaso, II. 12.

 

Et Philon établit que :

 L'air était plein [d'âmes] et que celles qui étaient les plus proches de la Terre, descendant pour être liées à des corps mortels, retournent vers des corps, étant désireuses de vivre en eux. 273

Parce que, par et dans la forme humaine, elles deviendront des Etres progressifs, tandis que la nature de l'Ange est purement intransitive ; c'est pourquoi l'Homme possède en lui le pouvoir de surpasser les facultés des Anges. En conséquence, les Initiés de l'Inde disent que c'est le  Brâhmane le Deux-fois Né, qui gouverne les Dieux ou Dévas, et Paul l'a répété dans son Epître aux Corinthiens :

Ne savez-vous pas que nous [les Initiés] serons les juges des Anges mêmes ? 274

Finalement, toutes les anciennes Ecritures et Cosmogonies établissent que l'homme évolua, au début, comme une forme lumineuse incorporelle sur laquelle, comme l'airain fondu coulé dans le modèle du sculpteur, la charpente physique de son corps fut édifiée en partant de, et par l'entremise des formes et des types inférieurs de la vie animale terrestre. Selon le Zohar :

 L'Ame et la Forme, en descendant sur la Terre, endossent un vêtement terrestre.

Son corps protoplasmique n'était pas formé de la matière dont nos charpentes mortelles sont façonnées. [III 140]

Lorsque Adam habitait le jardin d'Eden, il était couvert du vêtement céleste, qui est le vêtement de lumière céleste... lumière de cette lumière qui était employée dans le jardin d'Eden 275. L'homme [l'Adam Céleste] fut créé par les dix Séphiroth du Monde Jetziratique et, en vertu de leur pouvoir commun, les sept Anges d'un Monde encore plus inférieur engendrèrent l'Adam Terrestre. Samaël tomba le premier et trompant (?) alors l'homme, causa également sa chute.

 273 De Gignat, p. 222 C. ; De Somniis, p. 455 D ; ce qui prouve que les Esséniens croyaient à la renaissance et à de nombreuses réincarnations sur la Terre, comme y croyait Jésus, ce que nous pouvons prouver par le Nouveau Testament lui-même.

274 I. VI, 3.

275 Zohar, II, 229 b.

 

(b)      La phrase : "c'étaient les ombres des Ombres des Seigneurs" – c'est-à-dire : les Progéniteurs créèrent l'homme en le tirant de leurs propres Corps Astrals – explique une croyance universelle. En Orient, on prétend que les Dévas n'ont pas "d'ombre" qui leur soit propre. "Les Dévas ne projettent pas d'ombre" et c'est là le signe certain d'un Esprit bon et saint.

(c)    Pourquoi ne possédaient-ils "en propre, ni Feu, ni Eau" 276 ?

276 C'est cependant corroboré, comme nous l'avons démontré, par l'ésotérisme de la Genèse. Non seulement les animaux y sont créés après "l'Adam de Poussière", mais on y montre la végétation dans la Terre avant que "les cieux et la Terre ne fussent créés". "Chaque plante des champs avant cela [le jour où les cieux et la Terre furent faits] fut dans la terre" (II 5). Or, à moins que  l'on accepte l'interprétation Occulte – qui établit que durant la Quatrième Ronde actuelle, le Globe était couvert de végétation et la Première Humanité [Astrale] produite avant que presque rien ne pût croître et se développer dessus – que peut vouloir dire la lettre morte ? Simplement que l'herbe se trouvait dans la terre du Globe avant que ce Globe ne fût créé ? Et pourtant la signification du 6ème verset qui dit "qu'un brouillard s'éleva de la terre et arrosa toute la surface du sol", avant qu'il ne plût, faisant ainsi pousser les arbres, etc., est assez claire. Il prouve aussi durant quelle période géologique cela se produisit et, en outre, ce que l'on entend par "ciel" et "terre". Cela voulait dire le firmament et la terre sèche couverte d'une croûte, séparée et débarrassée de ses vapeurs et de ses exhalaisons. De plus, l'étudiant ne doit pas oublier que puisqu'Adam Kadmon, "l'être mâle et femelle" du Chapitre I de la Genèsen'est pas un être humain physique, mais la légion des Elohim, au nombre desquels se trouvait Jéhovah lui-même, ainsi les animaux, mentionnés dans ce chapitre comme "créés" avant l'homme, d'après la lettre morte du texte, n'étaient pas des animaux, mais les signes du zodiaque et d'autres corps sidéraux.

 

Parce que, ce qu'est l'Hydrogène pour les éléments et les gaz sur le plan objectif, son Noumène l'est dans le monde des phénomènes mentaux et subjectifs, puisque sa nature trinitaire latente est reflétée dans ses trois émanations actives, issues des trois principes supérieurs de  l'homme, savoir l'Esprit, l'Ame et le Mental, ou Atma, Bouddhi et Manas. C'est la base spirituelle et aussi la base matérielle humaines.  L'homme rudimentaire ayant été nourri par "l'Air" ou le "Vent" devient, plus tard, l'homme parfait ; lorsque, grâce au [III 141] développement du "Feu Spirituel", le noumène des "Trois en Un" dans son Soi, il acquiert de son Soi Interne ou Instructeur la Sagesse de la Soi-Conscience, qu'il ne possède pas au début. Donc, ici encore, l'Esprit Divin est symbolisé par le Soleil ou Feu ; l'Ame Divine par l'Eau et par la Lune, tenant toutes deux lieu du Père et de la Mère de Pneuma, l'Ame Humaine ou Mental, symbolisée par le Vent ou Air, car Pneuma veut dire "Souffle".

Aussi, dans la Table d'Emeraude défigurée par des mains chrétiennes :

 Le Supérieur est d'accord avec l'Inférieur, et l'Inférieur, avec le Supérieur, pour exécuter cette œuvre unique vraiment merveilleuse – [qui est l'Homme].

Attendu que l'Œuvre Secrète de Chiram ou du Roi Hiram dans la Cabale, "une, en essence, mais triple dans ses aspects", est l'Agent Universel ou Pierre Philosophale. Le point culminant de l'Œuvre Secrète est l'Homme Spirituel Parfait, à une extrémité de la ligne ; à l'autre extrémité, l'union des trois Eléments est le Dissolvant Occulte dans "l'Ame du Monde", l'Ame Cosmique ou Lumière Astrale ; et, sur le plan matériel, c'est l'Hydrogène dans ses rapports avec les autres gaz. Le τοον [TOON], en vérité ; L'UNIQUE "que personne n'a vu, sauf le Fils" ; phrase qui se rapporte en même temps au Cosmos métaphysique et physique, ainsi qu'à l'homme spirituel et matériel. En effet, comment ce dernier pourrait-il comprendre le τοον, le "Père Unique", si son Manas, le "Fils", ne devenait pas (comme) "Un avec le Père" et, par cette absorption, ne recevait pas l'illumination du divin "Instructeur" ou Gourou – Atmâ-Bouddhi ?

Ainsi que le dit le Commentaire :

Si tu veux comprendre le SECONDAIRE [la "Création", prétendue], ô Lanou, il te faut commencer par étudier ses rapports avec le PRIMAIRE. 277

277 Livre de Dzyan, III, 19.

 

La première Race possédait trois éléments, mais pas de Feu Vivant.

Pourquoi ? Parce que :

"Nous parlons de quatre Eléments, mon fils, mais nous devrions dire trois, dit Hermès Trismégiste." "Dans le Cercle Primaire", ou Création, ce que l'on indique ainsi veut dire "Racine" de même que dans le Secondaire.

 [III 142]

 Ainsi, dans l'Alchimie ou Hermétisme Occidental – qui est une variante de l'Esotérisme Oriental – nous trouvons :

Soufre Mercure 278 Sel

Flamma Natura Mater

Spiritus Aqua Sanguis

278 Hydrargyre dans l'édition de 1888.

 

  Et ces trois sont des quaternaires complétés par leur Racine, le Feu. L'Esprit, au delà de la Nature Manifestée, est le SOUFFLE Ardent dans son Unité absolue. Dans l'Univers Manifesté, c'est le Soleil Central Spirituel, le Feu électrique de toute Vie. Dans notre Système, c'est le Soleil visible, l'Esprit de la Nature, le Dieu terrestre. Et, dans, sur et autour de la Terre, c'est son esprit ardent – l'Air, Feu fluide ; l'Eau, Feu liquide ; la Terre, Feu solide. Tout est du Feu – Ignis, dans sa constitution ultime, ou I, dont la racine est 0 (zéro) pour nos conceptions, le Tout dans la Nature et son Mental. "Pro-Metor" est le Feu divin. C'est le Créateur, le Destructeur et le Conservateur. Les noms primitifs des Dieux se rattachent tous au feu, depuis Agni, l'Aryen, jusqu'au Dieu Juif qui est un "feu qui consume". Aux Indes, Dieu porte dans les divers dialectes les noms de Eashoor, d'Esour, d'Iswour et, en Sanscrit, celui d'Ishvara, le Seigneur, tiré d'Isha, mais c'est là, d'abord, le nom de Shiva, le Destructeur ; et les trois principaux Dieux Védiques sont, Agni (Ignis), Vâyou et Sôurya – le Feu, l'Air et le Soleil, trois degrés Occultes du feu. En Hébreu, אזא (Aza) veut dire "illuminer" et אשא (Asha) veut dire "Feu". En Occultisme, "allumer un feu"  est synonyme d'évoquer l'une des trois grandes puissances du Feu, ou "appeler Dieu". En Sanscrit, la racine Oush veut dire feu ou chaleur ; et le mot Egyptien Osiris est composé, comme le montre Schelling, des deux Aish et Asr primitifs, ou un "enchanteur du feu". Le mot Aesar, dans l'ancienne langue Etrusque, voulait dire un Dieu et était, peut-être, dérivé de l'Asoura des Védas. Ishvara est un terme analogue, comme le pensait le docteur Kenealy, qui cite la Bhagavad Gîtâpour montrer que :

Aeswar [Ishvara] réside dans tous les êtres mortels et met en mouvement, par ses pouvoirs surnaturels, toutes les choses qui s'élèvent sur la roue du temps. [III 143]

 Il est vraiment le Créateur et le Destructeur.

Le Feu primitif était censé avoir un insatiable appétit pour dévorer. Maxime de Tyr raconte que les anciens Persans jetaient dans le feu des matières combustibles en criant : Dévore, ô Seigneur ! Dans la langue Irlandaise, easam ou asam veut dire faire ou créer.

[Et] Aesar était aussi le nom d'un des anciens Dieux de l'Irlande ; le sens littéral du mot équivaut à "allumer un feu". 279

279 Kenealy, The Book of God, pp. 114, 115.

 

 Les Cabalistes et les Symbologues Chrétiens qui défigurèrent Pymandre – et en tête de ceux-ci l'évêque d'Ayre, François de Tours, au XVIème  siècle – divisent les éléments de la façon suivante :

Les quatre Eléments formés de Substances divines et les Esprits des Sels de la Nature représentés par :

 St Mathieu,


Homme- Ange,


Eau   (Jésus-Christ,    Homme-Ange, Michel),

 A-Ω           St Marc,         Le Lion,            Feu, E-Υ St Luc,                  Le Taureau,   Terre, I-Ο          St Jean,                  L'Aigle,          Air 280,

H               La    Quintessence,    H    ΦΛΟΞ    [He    Phlos],    Flamma-Virgo

[Huile vierge], Flamma Durissima, Virgo, Lucis Æterna Mater.

Les hommes de la Première Race ne furent donc que de simples Images, des Doubles Astraux de leurs Pères qui [III 144] furent les pionniers ou les Entités les plus avancées d'une Sphère précédente mais inférieure, dont la coque est aujourd'hui notre Lune. Mais cette coque elle- même est toute potentielle, attendu que la Lune ayant généré la Terre, son fantôme, attiré par une affinité magnétique, chercha à former ses premiers habitants, les monstres pré-humains. Afin de s'assurer de cela, l'étudiant doit encore se reporter aux Fragments Chaldéens et lire ce que dit Bérose. Bérose fut renseigné, nous dit-il, par Ea, la Divinité mâle-femelle de la Sagesse. Tandis que les Dieux furent générés dans le sein androgyne de cette Sagesse (Svabh vat, l'Espace-Mère), ses reflets devinrent sur terre la femme Omorôka, qui est la Thavatth (ou Thalatth) Chaldéenne,  la Thalassa Grecque, l'Abîme ou la Mer, qui est la Luneésotériquement et même  exotériquement.  Ce fut la Lune (Omorôka)  qui présida à la monstrueuse création d'êtres indescriptibles qui furent égorgés par les Dhyânis 281.

La loi d'évolution obligea les Pères Lunaires à passer, dans leur état monadique, par toutes les formes de vie et d'être, sur notre Globe, mais à la fin de la Troisième Ronde ils étaient déjà humains dans leur nature divine et furent ainsi appelés à devenir les créateurs des formes destinées à façonner les tabernacles des Monades moins avancées, dont le tour de s'incarner était venu. Ces "Formes" sont appelées les "Fils du Yoga", parce que le Yoga – l'union avec Brahmâ, exotériquement – est la condition suprême de la Divinité infinie et passive, puisqu'elle contient toutes les énergies divines et constitue l'essence de Brahmâ qui, assure-t-on, en qualité de Brahmâ, crée toutes choses par le Pouvoir du Yoga. Brahmâ, Vishnou et Shiva sont les plus puissantes énergies de Dieu, Brahmâ (neutre), dit un texte Pourânique. Ici Yoga équivaut à Dhyâna, mot qui est encore synonyme de Yoga dans le texte Tibétain où les "Fils du Yoga" sont appelés "Fils de Dhyâna" ou de cette méditation abstraite au moyen de laquelle les Dhyâni-Bouddhas créent leurs fils célestes, les Dhyâni- Bodhisattvas.

Toutes les créatures du monde ont, chacune, un supérieur en haut. Ce supérieur, dont le plaisir intime est d'émaner dans elles, ne peut communiquer d'efflux tant qu'elles n'ont pas adoré (c'est-à-dire médité comme durant le Yoga). 282

 280 A ceux qui demanderaient : Qu'est-ce que l'Hydrogène a à faire avec l'air ou l'oxygénation ? on répond : Etudiez d'abord l'ABC de l'Alchimie Occulte. Dans leur désir anxieux d'identifier prophétiquement Pymandre, la "bouche de mystère", avec saint Jean-Baptiste, les Symbologues Chrétiens ont donc identifié aussi les sept Kabires et les Taureaux Assyriens, avec les Chérubins des Juifs et les Apôtres. De plus, ayant à tirer une ligne de démarcation entre les quatre et les trois – ces derniers étant les Anges Déchus, et, en outre, pour éviter d'avoir à les rattacher aux "Sept Esprits de la Face", les Archanges, ils rejetèrent sans se gêner tout ce qui ne leur plaisait pas de reconnaître. De là la perturbation dans l'ordre des Eléments, afin de les faire concorder avec l'ordre des Evangiles et d'identifier l'Homme-Ange avec le Christ. Chez les Chaldéens et les Egyptiens – auxquels Moïse emprunta les Chroub (les Chérubins dans leur forme animale), – et  chez les Ophites, les Anges, les Planètes et les Eléments, étaient symbolisés, mystiquement et alchimiquement, par le Lion (Michel), le Taureau (Uriel), le Dragon (Raphaël), l'Aigle (Gabriel), l'Ours (Thot-Sabaoth), le Chien (Erataoth), le Mulet (Uriel ou Thantabaoth). Tout cela a une signification qualificative.

 281 Voyez Hibbert Lectures, 1887, pp. 370 et seq.

282 Sepher M'bo Sha-arim, vers la fin. Traduit par Isaac Myer, Qabbalah, p. 110.

 

Shloka 19. La Seconde Race sans sexe

 

La  Seconde  Race  fut  produite  par bourgeonnement [III 145]  et  expansion :  l'A-sexuel 283  tiré  du  Sans- Sexe 284. Ainsi, ô Lanou, fut produite la Seconde Race.

283 La Forme.

284 L'ombre.

285 S. Laing, Modern Science and Modern Thought, p. 90.

 

Ce qui sera le plus contesté par les autorités scientifiques, c'est cette Race A-sexuelle, la seconde, les Pères de ceux que l'on appelle les "Nés- de-la-Sueur" et, encore plus peut-être, la Troisième Race, les Androgynes "Nés-de-l'Œuf". Ces deux modes de procréation sont les plus difficiles à comprendre, particulièrement pour les esprits Occidentaux. Il est évident qu'aucune explication ne peut être tentée pour ceux qui ne sont pas des étudiants de la Métaphysique Occulte. Les langues européennes n'ont pas de mots pour exprimer des choses que la Nature ne reproduit plus durant la phase actuelle de l'évolution, choses qui n'ont, par suite, aucun sens pour le Matérialiste. Mais il y a des analogies. On ne nie pas qu'aux débuts de l'évolution physique il ait dû exister des processus de la Nature, comme la génération spontanée, par exemple, qui ont maintenant disparu et qui se répètent sous d'autres formes. Ainsi on nous dit que les recherches microscopiques ne montrent aucune permanence d'un mode particulier quelconque de reproduction de la vie ; elles démontrent, en effet, que :

le même organisme peut passer par diverses métamorphoses dans le cours de son cycle de vie, métamorphoses durant lesquelles il peut  être tantôt sexuel et tantôt a-sexuel, c'est-à-dire qu'il peut alternativement se reproduire soit par la coopération de deux êtres de sexes opposés, soit aussi par la segmentation ou le bourgeonnement d'un seul être, qui n'est d'aucun sexe. 285

"Bourgeonnement" est le mot même qui est employé dans la STANCE. Comment ces Chhâyâs auraient-elles pu se reproduire autrement, c'est-à-dire procréer la Seconde Race, puisqu'elles étaient éthérées, sans sexe et même dépourvues encore du véhicule du désir, ou Kâma Roûpa, qui n'a évolué que durant la Troisième Race ? Elles évoluèrent la Seconde Race inconsciemment, comme évoluent certaines plantes. Ou, peut-être, comme l'Amibe, seulement sur une échelle plus éthérée, plus impressionnante et plus vaste. En vérité, si la théorie cellulaire s'applique également à la Botanique et à la Zoologie et s'étend à la Morphologie, aussi bien qu'à la physiologie des organismes, et si la Science Physique considère les cellules [III 146] microscopiques comme des êtres vivants indépendants exactement comme l'Occultisme considère les "Vies Ardentes" – il n'y a aucune difficulté à concevoir le processus primitif de la procréation.

Etudiez les premières phases du développement d'une cellule germinale. Son noyau croît, se modifie et forme un double cône, comme ceci, , dans l'intérieur de la cellule. Cette bobine s'approche de la surface de la cellule et une moitié en est expulsée au dehors sous forme de ce que l'on appelle les "globules polaires". Ces globules polaires meurent maintenant et l'embryon se développe par la croissance et la segmentation de la partie restante du noyau qui est nourrie par la substance de la cellule. Pourquoi donc n'y aurait-il pas eu des êtres ayant vécu de la sorte et ayant été créés de cette façon – au début même de l'évolution humaine et des mammifères ?

Cela peut servir, peut-être, à nous donner, par analogie, une légère idée du processus au moyen duquel la Seconde Race fut tirée de la Première.

La Forme Astrale vêtant la Monade était et est encore entourée par la sphère ovoïde de l'aura, qui correspond ici à la substance de la cellule germinale ou Ovule. La Forme Astrale elle-même est le noyau doué, alors comme aujourd'hui, du Principe de Vie.

Quand arrive la saison de la reproduction, le sub-astral "expulse" une miniature de lui-même de l'œuf que forme l'aura ambiante. Ce germe grandit et emprunte sa nourriture à l'aura jusqu'au moment où son développement est complet, moment où il se sépare graduellement de son père, en emportant avec lui sa propre sphère aurique ; exactement comme nous voyons des cellules vivantes en reproduire d'autres semblables, par croissance et division subséquente en deux parties.

 L'analogie qui existe avec les c globules polaires" semble  rester exacte, attendu que leur mort correspondrait maintenant au changement introduit par la séparation des sexes, lorsque la gestation in-utero, c'est-à- dire dans la cellule, devint la règle.

Comme nous le dit le Commentaire 286 :

286 Voir Vol. I, Partie I, Stance 7.

 

Le début de la Seconde Race [Racine] était fait  des Pères des "Nés-de-la-Sueur", la suite de la Seconde Race [Racine] était faite de "Nés-de-la-Sueur" mêmes.

Ce passage du Commentaire a trait au travail de l'évolution depuis le commencement d'une Race jusqu'à sa fin. Les "Fils du Yoga" ou la Race Astrale primitive avaient, racialement, ou collectivement, sept phases d'évolution ; comme [III 147] c'était et comme c'est encore le cas pour chaque Etre individuel. Ce n'est pas seulement Shakespeare qui a divisé les différents âges de l'homme en une série de sept, niais la Nature elle-même. Ainsi les premières Sous-races de la Seconde Race vinrent d'abord au monde suivant le processus décrit d'après la loi d'analogie ; tandis que les dernières commencèrent graduellement, pari passu avec l'évolution du corps humain, à être formées autrement. Le processus de reproduction comportait aussi sept phases dans chaque Race, chacune, durant les æons de temps. Quel Physiologiste ou Biologiste pourrait-il dire si le mode de génération actuel, avec toutes ses phases de gestation, date de plus d'un demi-million d'années ou, tout au plus, d'un million d'années, puisque le cycle de ses observations n'a guère commencé qu'il y a un demi-siècle ?

Les Hermaphrodites humains primordiaux sont un fait de la Nature bien connu des Anciens et forment un des plus grands embarras  de Darwin. Pourtant l'existence de l'hermaphroditisme durant l'évolution des premières Races n'est certainement pas une impossibilité, mais constitue, au contraire, une grande probabilité ; sans compter qu'en vertu des principes d'analogie et de l'existence d'une loi universelle unique, dans l'évolution physique, agissant indifféremment pour construire la plante, l'animal et l'homme, il doit en être ainsi. Les théories erronées de la Monogenèse et de la descente de l'homme des mammifères, au lieu de la descente des mammifères de l'homme, sont un obstacle à l'achèvement de l'évolution, telle qu'on l'enseigne dans les écoles modernes d'après Darwin, et l'on sera obligé de les abandonner en raison des insurmontables difficultés qu'elles rencontrent. La tradition Occulte – si on refuse à l'antiquité de se servir, dans ce cas, des mots Science et Savoir – peut seule concilier les contradictions et combler la lacune. Un axiome Talmudique dit :

 Si tu veux connaître l'invisible, regarde le visible avec les yeux grands ouverts.

Dans The Descent of Man se trouve le passage suivant, qui montre à quel point Darwin a été près d'accepter cet enseignement :

On sait depuis longtemps que, chez les vertébrés, l'un des sexes est pourvu des rudiments de diverses parties accessoires du système de reproduction qui appartient, en réalité, à l'autre sexe... il semble qu'un progéniteur lointain de tout le règne des [III 148] vertébrés ait été hermaphrodite ou androgyne 287. Mais nous  nous trouvons ici en présence d'une singulière difficulté. Chez les mammifères, les mâles sont pourvus des rudiments d'un utérus avec les passages adjacents dans les vésicules prostatiques ; ils portent aussi des rudiments  de mamelles, et chez les marsupiaux, quelques mâles portent des traces d'un suc marsupial. D'autres faits analogues pourraient être cités. Devons-nous donc supposer qu'un mammifère extrêmement ancien resta androgyne, après avoir acquis les principales marques de sa classe et, par suite, après s'être écarté des classes inférieures des vertébrés ? Cela paraît très improbable 288, car nous devons nous reporter aux poissons, la plus basse de toutes les classes, pour trouver des formes androgynes existant encore. 289

287 Pourquoi pas toutes les Premières Races progénitrices, humaines aussi bien qu'animales, et pourquoi un "progéniteur lointain" ?

288 Evidemment, suivant les principes de l'Evolutionnisme, qui fait remonter les Mammifères à un ancêtre amphibie.

289 Seconde Edition, p. 181.

 

Il est évident que M. Darwin éprouve beaucoup de répugnance à adopter  l'hypothèse  que  les  faits  suggèrent  si  puissamment, c'est-à-dire celle   d'une   souche   primordiale   androgyne,    qui   donna   naissance   aux Mammifères. Il explique que :

Si les divers organes accessoires, particuliers à chaque sexe, se retrouvent à l'état rudimentaire dans le sexe opposé, cela peut s'expliquer par le fait que ces organes ont été graduellement acquis par l'un des sexes, puis transmis à l'autre dans un état plus ou moins imparfait. 290

Il cite comme exemple le cas des "ergots, des plumes et des brillantes couleurs, acquis pour la lutte ou pour la parure par les oiseaux mâles" et dont leurs descendants femelles n'ont hérité que partiellement. Néanmoins, le problème que nous étudions réclame évidemment une explication plus satisfaisante, les faits en question ayant un caractère bien plus important que les simples détails superficiels auxquels les compare Darwin. Pourquoi ne pas admettre simplement l'argument en faveur de l'hermaphroditisme qui caractérise la faune antique ? L'Occultisme propose une solution qui embrasse tous les faits de la manière la plus simple et la plus compréhensive. Ces reliques d'une race antérieure androgyne doivent être classées dans la même catégorie que la glande pinéale et d'autres organes également mystérieux, qui nous fournissent un silencieux témoignage de la réalité de fonctions qui se sont atrophiées depuis longtemps, au cours du progrès animal et humain,  mais  qui  ont  joué,  à  une  certaine  époque [III 149] un rôle marquant dans l'économie générale de la vie primordiale.

En tout cas, la doctrine Occulte peut être avantageusement comparée à celle des Savants les plus libéraux parmi ceux qui ont émis des théories sur l'origine du premier homme.

Bien avant Darwin, Naudin, qui avait donné le nom de Blastème à ce que les Darwinistes appellent Protoplasme, mit en avant une théorie semi- Occulte et semi-scientifico-matérialiste. Il fit jaillir soudainement Adam, l'A-sexuel, du limon, comme on l'appelle dans la Bible, c'est-à-dire du Blastème de la Science.

Ainsi que l'explique Naudin :

 C'est en partant de cette forme larvée de l'humanité  que la forme évolutive réalisa l'achèvement des espèces. Pour que ce grand phénomène s'accomplît, il fallut qu'Adam passât par une phase d'immobilité et d'inconscience ayant une grande analogie avec l'état de nymphe des animaux qui subissent une métamorphose. 291

290 Ibid., pp. 161-162.

291 De Quatrefages, Les Espèces humaines, p. 124 ; "International Scientific Series", volume XXVI.

292 Les Espèces humaines, p. 125.

 

Pour l'éminent Botaniste, Adam n'était, toutefois, pas un homme mais l'humanité, qui demeura :

Cachée dans un organisme temporaire, déjà distinct de tous les autres et incapable de contracter une alliance avec aucun d'entre eux.

Il nous montre la différenciation des sexes s'accomplissant par :

Un processus de germination, semblable à celui des méduses et des ascidiens.

L'humanité, ainsi constituée physiologiquement :

Aurait conservé une force évolutive suffisant à la rapide production des diverses grandes races humaines.

De Quatrefages critique cette manière de voir dans les Espèces Humaines. Elle est anti-scientifique, dit-il, ou, à vrai dire, les idées de Naudin "ne constituent pas une théorie scientifique" d'autant  plus que, dans sa théorie, le Blastème Primordial est rattaché à la Cause Premièreà laquelle on attribue la création potentielle, dans le Blastème, de tous les êtres, passés, présents et futurs et qui, de la sorte, aurait réellement créé ces êtres en masse ; de plus Naudin ne tient même pas compte des Causes secondes ou de l'action qu'elles [III 150] ont exercée sur cette évolution du monde organique. La Science, qui ne s'occupe que des "Causes secondes", n'a donc "rien à dire de la théorie de M. Naudin" 292.

Elle n'aura, non plus, rien à dire à propos des enseignements Occultes, dont Naudin se rapproche jusqu'à un certain point. En effet, si nous voyons seulement  dans son "Blastème primordial" l'Essence  Dhyân-Chohanique, le Chhâyâ ou Double des Pitris, qui contient la potentialité de toutes les formes, nous sommes tout à fait d'accord. Cependant il existe deux différences réelles et vitales entre nos enseignements. M. Naudin déclare que l'évolution a progressé par sauts et par bonds soudains, au lieu de se développer lentement durant des millions d'années ; et son Blastème primordial n'est doué que d'instincts aveugles – c'est une sorte de Cause Première inconsciente dans le Cosmos Manifesté – idée qui est absurde. Au contraire, c'est notre Essence Dhyân-Chohanique – la Causalitéde la Cause Primordialequi crée l'homme physique – qui est la Matière vivante, active et potentielle (grosse, per se, de la conscience animale d'une nature supérieure, telle qu'on la rencontre chez la fourmi et chez le castor) qui produit la longue série des différenciations physiologiques. A cela près, son "processus antique et général de la création" commençant par les Proto-organismes, est une théorie aussi Occulte que pourraient l'être celles de Paracelse ou de Khunrath.

En outre, les ouvrages Cabalistiques sont remplis des preuves de cela. Le Zohar, par exemple, dit que chacun des types de l'Univers visible possède son prototype dans l'invisible.

Tout ce qui existe dans le Monde Inférieur (le nôtre), se trouve dans le Supérieur. L'Inférieur et le Supérieur agissent et  réagissent  l'un  sur l'autre. 293

293 Fol. 186.

 

 

Shloka 20. Les Fils des "Fils du Crépuscule"

 

Leurs Pères furent les Auto-générés. Les Auto-générés, les Chhâyâ issus des brillants Corps des Seigneurs, les Pères, les Fils du Crépuscule.

Les "Ombres" ou Chhâyâ sont appelés les Fils des "Autogénérés" attendu que ce nom est appliqué à tous les Dieux et à tous les Etres nés par la Volonté, que ce soit celle [III 151] de la Divinité ou d'un Adepte. On aurait, peut-être, donné ce nom aux Homuncules de Paracelse, bien que ce dernier processus soit un plan bien plus matériel. Le nom de "Fils du Crépuscule" prouve que les Progéniteurs "Autogénérés" de notre Doctrine sont identiques aux Pitris du Système Brahmanique, puisque ce titre se rapporte à leur genre de naissance, car l'on dit que ces Pitris sont issus du "Corps du Crépuscule" de Brahmâ, comme c'est indiqué dans les Pourânas.

 

Shloka 21. "L'Ombre" ou l'Homme Astral se retire en dedans et l'homme développe un Corps Physique.

 

Lorsque la Race devint vieille, les Eaux anciennes se mêlèrent aux Eaux plus fraîches (a). Lorsque ses Gouttes devinrent troubles, elles s'évanouirent et disparurent dans le nouveau Courant, dans le Courant chaud de la Vie. L'extérieur de la Première devint l'Intérieur de la Seconde (b). L'Ancienne Aile devint la nouvelle Ombre de l'Aile (c).

(a)    L'antique Race, ou Race primitive, se fondit dans la Seconde Race et elles n'en firent plus qu'une.

(b)     C'est le mystérieux processus de transformation et d'évolution de l'humanité. La matière qui constituait les premières Formes – nuageuse, éthérée et négative – fut attirée par les Formes de la Seconde Race, fut absorbée par elles et devint ainsi leur complément. Le Commentaire l'explique en disant que puisque la Première Race n'était composée que des Ombres Astrales des Progéniteurs créateurs et n'avait, bien entendu, ni corps astrals ni corps physiques qui lui fussent propres – la Race  ne mourut jamais. Ses "Hommes" fondirent graduellement et furent absorbés par les corps de leurs propres descendants, "Nés de la Sueur", qui étaient plus denses que les leurs. L'ancienne Forme disparut ; elle fut absorbée par la nouvelle Forme, plus humaine et plus physique et disparut en elle. La mort n'existait pas à cette époque plus pleine de béatitude que l'Age d'Or ; mais la première matière, ou matière-mère, fut employée à former le nouvel être, pour constituer le Corps et même les Principes ou Corps intérieurs ou inférieurs de la progéniture.

(c)    Lorsque "l'Ombre" se retire, c'est-à-dire lorsque le Corps Astral se couvre d'une chair plus solide, l'homme développe un Corps Physique. "L'Aile", ou la Forme éthérée qui produisait son Ombre et son Image, devint l'Ombre du Corps Astral et sa propre progéniture. L'expression est étrange et originale. [III 152]

 

Comme il se peut que nous n'ayons pas l'occasion de reparler plus tard de ce mystère, il est bon d'indiquer de suite la double signification que comporte le mythe grec qui a trait à cette phase particulière de l'évolution. On la trouve dans les diverses variantes de l'allégorie de Léda et de ses deux fils, Castor et Pollux, variantes dont chacune a sa signification spéciale. Ainsi, dans le livre XI de l'Odyssée, on parle de Léda comme étant l'épouse de Tyndare qui conçut de son mari, "deux fils aux cœurs vaillants" – Castor et Pollux. Jupiter leur confère un merveilleux don et privilège. Ils sont semi-immortels ; ils vivent et meurent, chacun à son tour et tous les deux jours (ελερηµεροι) 294. En tant que Tyndarides, les frères jumeaux sont un symbole astronomique et représentent le jour et la nuit ; leurs deux épouses, Phœbé et Hilaeira, les filles d'Apollon ou du Soleil, personnifient l'Aurore et le Crépuscule 295. Puis dans l'allégorie où Jupiter est représenté comme le père des deux héros – nés de l'Œuf produit par Léda – le mythe est entièrement théogonique. Il se rattache à ce groupe d'allégories cosmiques dans lesquelles le monde est représenté comme né d'un Œuf. En effet, Léda y revêt la forme d'un cygne blanc, lorsqu'elle s'unit au Cygne Divin [ou Brahmâ-Kalahamsa]. Léda est donc l'Oiseau mythique auquel les traditions des peuples de Race Aryenne attribuent différentes formes ornithologiques d'oiseaux qui pondent, tous, des Œufs d'or 296. Dans le Kalévala, le Poème épique de Finlande, la superbe fille de l'Ether, "l'Eau-mère", crée le Monde en conjonction avec une "Cane" – autre forme du Cygne ou de l'Oie, Kalahamsa – qui pond dans son giron six œufs d'or et le septième, un "œuf de fer". Toutefois, la variante de l'allégorie de Léda, qui se rapporte directement à l'homme mystique, ne se trouve que dans Pindare 297, et une légère allusion dans les Hymnes Homériques 298. Dans cette variante, Castor et Pollux ne sont plus les Dioscures d'Apollodore 299 mais deviennent le symbole si hautement significatif de l'homme double, le Mortel et l'Immortel. Non seulement cela, mais, comme nous allons le voir, ils sont aussi le symbole de [III 153] la Troisième Race, et de sa transformation d'Homme-animal en Homme-Dieu, ayant seulement un corps animal.

294 Odyssée, XI, 298-305 ; Iliade, III, 243.

295  Hyg. Fab., 80. Ovide, Fast., 700, etc. Voyez la Mythologie de la Grèce Antique, de  Decharme, p. 658.

296 Voyez Decharme, ibid., p. 652.

297 Nem., X, 80 et seq. Théocr., XXIV, 131.

298 XXXIV. V. 5. Théocr., XXII, 1.

299 III, 10, 7.

 

Pindare nous montre Léda s'unissant, au cours de la même nuit, à son époux et aussi au Père des Dieux – Zeus. Ainsi, Castor est le fils du Mortel et Pollux celui de l'Immortel. Dans l'allégorie forgée à cette occasion, on raconte que, dans une émeute pour se venger des Apharides 300, Pollux tue Lynceus – "celui de tous les mortels dont la vue est la plus pénétrante" – mais Castor est blessé par Idas – "celui qui voit et qui sait". Zeus met fin au combat en lançant ses foudres et en tuant les deux derniers combattants. Pollux trouve son frère mourant 301. Dans son désespoir, il supplie Zeus de le tuer aussi. "Tu ne peux mourir complètement, répond le maître des Dieux, tu es d'une race divine." Pourtant, il lui offre cette alternative : ou bien Pollux restera immortel et vivra éternellement dans l'Olympe, ou bien, s'il veut partager en toutes choses le sort de son frère, il devra passer la moitié de son existence sous terre et l'autre moitié dans les célestes demeures d'or. Cette demi-immortalité, dont Castor doit jouir aussi, est acceptée par Pollux 302. De la sorte, les frères jumeaux vivent à tour de rôle, l'un durant le jour et l'autre durant la nuit 303.

N'est-ce là qu'une fiction poétique ? N'est-ce qu'une allégorie, une de ces interprétations du "mythe solaire" au-dessus duquel il semble qu'aucun Orientaliste ne soit capable de s'élever ? En vérité, c'est bien plus encore. Nous avons ici une allusion à la Troisième Race "Née de l'Œuf", dont la première moitié est mortelle, c'est-à-dire inconsciente dans sa Personnalité et ne renfermant en elle rien qui puisse survivre 304, et dont la seconde moitié devient immortelle dans son Individualité, en raison de son Cinquième Principe qui est appelé à la vie par les Dieux qui animent, et qui relie ainsi [III 154] la Monade à cette Terre. C'est là Pollux, tandis que Castor représente l'homme mortel, personnel, un animal qui n'est même pas d'une catégorie supérieure, lorsqu'il est détaché de la divine Individualité. Ce sont des "Jumeaux" en vérité, mais, pourtant, séparés à jamais par la mort, à moins que Pollux, poussé par son amour pour son jumeau, ne cède à son frère mortel, moins favorisé, de partager sa propre nature divine et ne l'associe ainsi à sa propre immortalité.

300 Apollodore, III, 1.

301 Aux temps jadis, l'on montrait, à Sparte, la tombe de Castor, dit Pausanias (III, 13, 1), et Plutarque dit qu'on l'appelait à Argos le demi-mortel ou demi-héros, µιζαρχαγέτας. (Quœst. Gr., 23).

302 Pindare, Nem., X, 60 seq., Dissen.

303 Schol. Eurip. Oreste, 463, Dindorf. Voyez Decharme, op. cit., p. 654.

304 La Monade est impersonnelle et elle est un Dieu per se, bien qu'inconsciente sur ce plan. En effet, séparée de son troisième principe (souvent appelé le cinquième), Manas, qui est la ligne horizontale du premier Triangle ou Trinité manifestée, elle ne peut avoir aucune conscience ni perception des choses de ce plan terrestre. "Le plus haut voit par les yeux du plus bas" dans le monde manifesté ; Pourousha (l'Esprit) reste aveugle sans l'aide de Prakriti (la Matière), dans les sphères matérielles, et il en est de même pour Atmâ-Bouddhi, sans Manas.

  

Telle est la signification Occulte du côté métaphysique de l'allégorie. Son interprétation moderne, si largement répandue – et qui était célèbre dans l'antiquité, nous dit Plutarque 305, comme symbolisant  l'amour fraternel – à savoir une image du Soleil et de la Lune empruntée au spectacle de la Nature, est faible et insuffisante pour en expliquer la signification secrète. En dehors du fait que la Lune, chez les Grecs, était féminine dans la mythologie exotérique et ne pouvait guère, en conséquence, être considérée comme Castor, tout en étant simultanément identifiée à Diane, les anciens Symbologues qui considéraient le Soleil, ce Roi des globes sidéraux, comme l'image visible de la plus haute Divinité, n'auraient pas consenti à la personnifier par Pollux, qui n'était qu'un demi- dieu 306.

Si nous passons de la mythologie Grecque aux allégories et au symbolisme Mosaïques, nous relèverons une corroboration encore plus frappante de cette même doctrine sous une autre forme. Sans être à même de retrouver dans ces allégories les "Nés-de-l'Œuf", nous retrouverons incontestablement, dans les quatre premiers chapitres de la Genèse, les Androgynes et les Trois premières Races de la DOCTRINE SECRETE, cachés sous le symbolisme le plus ingénieux.

 305 Morale, p. 484 f.

306 Cette idée et cette interprétation étranges sont acceptées par Decharme dans la Mythologie de la Grèce Antique (p. 655). "Castor et Pollux ne sont autres que le Soleil et la Lune, considérés comme jumeaux... Le Soleil, l'être Immortel et puissant qui disparaît chaque soir à l'horizon et descend sous la Terre, comme pour faire place au globe frère qui naît à la vie avec la nuit ; c'est Pollux qui ne sacrifie pour Castor, Castor qui, inférieur à son frère, lui doit son immortalité. En effet, la Lune, dit Théophraste, n'est qu'un autre Soleil plus faible (De Ventis, 17)."

 

LE DIVIN HERMAPHRODITE

 

Le voile d'un impénétrable secret fut jeté sur les Mystères Occultes et Religieux, après la submersion des derniers vestiges de la Race Atlantéenne, il y a de cela quelque 12.000 [III 155] ans, de peur que des indignes n'y prissent part et, par suite, ne les profanassent. Parmi ces Sciences, plusieurs sont devenues aujourd'hui exotériques – comme, par exemple, l'Astronomie, sous ses aspects purement mathématique et physique. Mais leurs dogmes et leurs doctrines, étant tous symbolisés et laissés sous la seule protection de la parabole et de l'allégorie, ont été oubliés et, par suite, leur sens s'est trouvé perverti. Néanmoins on trouve l'Hermaphrodite dans les écritures et les traditions de presque toutes les nations, et pourquoi y aurait-il un accord aussi unanime s'il était simplement une fiction ?

A l'abri de ce secret, la Cinquième Race fut amenée à instituer, ou plutôt à rétablir les Mystères Religieux dans lesquels les anciennes vérités pouvaient être enseignées aux générations futures, sous le voile de l'allégorie et du symbolisme. Contemplez l'impérissable témoin de l'évolution des Races Humaines depuis la Divinité et spécialement depuis la Race Androgyne – le Sphinx Egyptien, cette énigme des Ages ! La Sagesse Divine s'incarnant sur la Terre et se trouvant forcée de goûter au fruit amer de l'expérience personnelle de la douleur et de la souffrance, générée sur la Terre uniquement à l'ombre de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal – un secret qui n'était d'abord connu que des Elohim, les "Dieux Supérieurs" Soi-Initiés 307.

Dans le Livre d'Enoch, nous avons Adam 308, le premier Androgyne Divin, qui se sépare en homme et femme et devient, sous une forme, ou Race, Jah-Héva, et, sous son autre forme ou Race, Caïn et Abel 309  –   mâle et femelle – ou Jéhovah à double sexe 310, ce qui est un écho de son prototype Aryen Brahmâ-Vâch. Après cela viennent les Troisième et Quatrième Races-Racines de l'humanité 311 – c'est-à-dire des [III 156] Races d'hommes et de femmes, ou d'individus de sexes opposés et non plus des Demi-esprits et des Androgynes sans sexe, comme les deux Races qui les avaient précédés. On rencontre une allusion à ce fait dans toutes les Anthropogonies. On le retrouve dans la fable et dans l'allégorie, dans le mythe et dans les Ecritures révélées, dans les légendes et dans la tradition. En effet, parmi tous les grands Mystères légués aux Initiés par l'antiquité la plus reculée, celui-ci est un des plus grands. Il explique l'élément bi-sexuel que l'on retrouve chez toute Divinité Créatrice, chez Brahmâ-Virâj-Vâch, comme chez Adam-Jéhovah-Eve et chez Caïn-Jéhovah-Abel. Car le "Livre des Générations d'Adam" ne fait même pas mention de Caïn et d'Abel, mais se borne à dire :

Il les créa mâle et femelle... et leur donna le nom d'Adam. 312

Il poursuit en ces termes :

Et Adam... engendra un fils à sa propre ressemblance, à son image, et lui donna le nom de Seth. 313

307 Voyez le Book of Enoch, traduit par l'Evêque Laurence, 1883.

308 Adam (Kadmon) est, tout comme Brahmâ et Mars, le symbole du pouvoir générateur et créateur qui typifie l'Eau et la Terre, – un secret alchimique. "Il faut de la Terre et de l'Eau pour créer une âme humaine", a dit Moïse. Mars est le Mangala hindou, la planète Mars, identique à Kartikeya, le "Dieu de la Guerre" ; il est Gharma-ja, né de la sueur de Shiva et de la Terre. Il est Lohita, le rouge comme aussi Brahmâ et Adam. Le Mars Hindou n'est, tout comme Adam, mis au monde par aucune femme, par aucune mère. Chez les Egyptiens, Mars était le Principe générateur primordial et c'est ce que sont, aussi, Brahmâ, dans l'enseignement exotérique, et Adam, dans la Cabale.

309 Abel est Chébel, qui veut dire "douleurs de la naissance", conception.

 310 Voyez Isis Dévoilée, IV, 69, où l'on nous montre Jéhovah comme le mélange d'Adam et d'Eve et que Hévah et Abel sont le serpent féminin.

311 Voyez Isis Dévoilée, II, 19, "L'union de ces deux Races produisit une troisième... Race."

312 Genèse, V, 2.

313 Ibid., V, 3.

 

Après quoi il engendre d'autres fils et filles, ce qui prouve que Caïn et Abel ne sont que ses propres permutations allégoriques. Adam représente ici la Race Humaine primitive, particulièrement dans son sens cosmosidéral. Il n'en est cependant pas de même dans sa signification théo- anthropologique. Le nom composé de Jéhovah, ou Jah-Hovah, voulant dire vie mâle et vie femelle – d'abord androgyne, puis séparée en deux sexes – est employé dans ce sens dans la Genèseà partir du chapitre V. Comme le dit l'auteur de Source of Measures :

Les deux mots qui composent le nom de  Jéhovah donnent l'idée de mâle-femelle comme cause première de la naissance. 314

 En effet, la lettre hébraïque Jod représentait le membrum virile, et Hovah, c'était Eve, la mère de tous les êtres vivants ou la procréatrice, la Terre et la Nature. L'auteur croit donc que :

On voit que l'un parfait [le cercle femelle parfait ou Yoni, numériquement 20612] en qualité de source première des mesures, revêt aussi la forme d'origine de l'enfantement, en qualité d'un hermaphrodite ; de là viennent la forme et l'usage phalliques. [III 157]

Précisément ; seulement, "la forme et l'usage phalliques" vinrent bien des siècles plus tard ; et la signification première et originale d'Enos, le fils de Seth, c'était la première Race née, suivant le présent mode usuel, d'un homme et d'une femme – car Seth n'est pas un homme, mais une race. Avant lui l'humanité était hermaphrodite. Seth, tout en étant le premier résultat (physiologique) qui suivit la "Chute", est aussi le premier homme ; aussi appelle-t-on son fils Enos le "Fils de l'Homme". Seth représente la partie tardive de la Troisième Race.

Pour mettre à l'abri le réel nom mystique d'Aïn-Soph – le Néant sans Limite et sans Fin – les Cabalistes ont mis en avant l'appellation complexe attributive de l'un des Elohim Créateurs personnels, dont le nom était Yah ou Jah – les lettres i, j ou y étant interchangeables – ou Jah-Hovah, c'est-à- dire mâle et femelle 315. Jah-Eve, un hermaphrodite, ou la première forme de l'humanité, l'Adam originel de la Terre, pas même Adam Kadmon dont le "Fils-né-du-Mental" est le Jah-Hovah terrestre au point de vue mystique. Sachant cela, le rusé Rabbin-Cabaliste en a fait un nom si secret qu'il ne pouvait plus le divulguer plus tard sans exposer le système tout entier, de sorte qu'il fut obligé de lui conférer un caractère sacré.

Ce n'est qu'en comparant la Bibleet les Pourânas que l'on peut voir combien est étroite l'identité qui existe entre Brahmâ-Prajapati et Jéhovah- Séphiroth, entre Brahmâ-Virâj et Jéhovah-Adam. Analysés et lus en se plaçant sous le même jour, ces ouvrages nous apportent la preuve évidente qu'ils ne sont que deux copies d'un même original – faites à deux époques très éloignées l'une de l'autre. Comparez encore, par rapport à ce sujet, le Genèse, IV, 1 et 26, et Manou, 1, 32, ces deux ouvrages nous livreront leur sens. Dans Manou, Brahmâ qui, comme Jéhovah ou Adam dans la Genèse, est à la fois homme et Dieu et divise son corps en mâle et femelle, représente, dans sa signification Esotérique, la personnification symbolique du pouvoir créateur et générateur, à la fois divin et humain. Le Zohar fournit une preuve d'identité encore plus convaincante, alors que certains Rabbins répètent mot pour mot certaines expressions Pourâniques originales ; par exemple, la "création" du monde est généralement considérée, dans les ouvrages Brâhmaniques, comme la Lîlâ, c'est-à-dire le plaisir du jeu, l'amusement du Créateur Suprême. [III 158]

314 p. 159.

315 Jod, dans la Cabale, a pour symbole la main, l'index et le lingam, tandis que, numériquement, c'est l'un parfait, mâle c'est aussi le nombre 10, mâle et femelle, lorsqu'il est divisé.

 

Vishnou, étant ainsi de la substance discrète et indiscrète, l'esprit et le temps, s'amuse comme un enfant joueur, comme vous vous en rendez compte en écoutant le récit de ses espiègleries. 316

Comparez maintenant cela avec ce qui est dit dans le livre Nobeleth'Hokhmah :

Les Cabalistes disent que l'entrée en existence des mondes se produisit par  plaisir,  en  ce  sens, qu'Aïn Soph [?!] se réjouit en Lui-même, irradia et rayonna de Lui-même à Lui-même... toutes choses que l'on appelle des délices. 317

Ainsi, ce n'est pas "une curieuse idée des Cabalistes", comme le fait remarquer l'auteur que nous venons de citer, mais bien une idée purement Pourânique et Aryenne. Seulement, pourquoi faire d'Aïn  Soph  un Créateur ?

Le "Divin Hermaphrodite" est donc Brahmâ-Vâch-Virâj, et celui des Sémites, ou plutôt des Juifs, est Jéhovah-Caïn-Abel. Seuls, les "Païens" étaient, et sont encore, plus sincères et plus francs que ne le furent les Israélites et les Rabbins plus récents qui connaissaient  incontestablement la vraie signification de leur divinité exotérique. Les Juifs considèrent le nom qu'on leur donne – celui de Yah-oudi – comme une insulte. Pourtant ils ont, ou auraient s'ils le voulaient, un droit aussi incontestable à se dénommer eux-mêmes les anciens Yah-oudi, les "Jah-hoviens", que celui que possèdent les Brâhmanes à se qualifier de Brâhmanes, d'après leur divinité nationale. En effet, Jah-hovah est le nom générique du Groupe ou de la Hiérarchie d'Anges Planétaires Créateurs, sous l'Etoile duquel leur nation à évolué. C'est un des Elohim Planétaires du Groupe Dirigeant de Saturne. Le 26ème verset du chapitre IV de la Genèse, lorsqu'on le lit correctement, leur conférerait à lui seul ce droit, car il donne à la  nouvelle Race d'hommes – ayant pour souche Seth et Enos – le nom de Jéhovah, chose toute différente de la traduction adoptée dans la Biblequi devrait être en ces termes :

A lui aussi naquit un fils, Enos : alors les hommes commencèrent à s'appeler eux-mêmes Jah, ou Yah- hovah, soit, hommes et femmes, les "Seigneurs de la Création". On n'a qu'à lire le verset mentionné ci-dessus dans le texte [III 159] Hébreu original et à la lumière de la Cabale, pour constater qu'au lieu des termes actuellement employés, la traduction correcte devrait être :

Alors les hommes commencèrent à s'appeler eux-mêmes Jéhovah ; et non : Alors les hommes commencèrent à invoquer le nom du Seigneur.

 ce qui constitue une erreur de traduction, qu'elle soit intentionnelle ou non. De même le passage bien connu :

J'ai acquis un homme du Seigneur, devrait être ainsi conçu :

J'ai acquis un homme, même Jéhovah. 318

Luther traduisait le passage d'une façon et les Catholiques Romains d'une façon tout à fait différente. L'évêque Wordsworth le rend ainsi :

Caïn – j'ai acquis – Kaïn, de Kâ'nithi, j'ai acquis 319 ;

 318 Voyez Source of Measures, p. 277.

319 Ibid.

 

Luther par :

J'ai acquis un homme – même le Seigneur [Jéhovah].

Et l'auteur de The Source of Measures par : J'ai mesuré un homme, même Jéhovah.

Cette dernière traduction est celle qui est correcte, car – (a) un Rabbin célèbre, un Cabaliste, a expliqué ce passage à l'auteur précisément de cette façon, et (b) cette traduction est identique à celle de la Doctrine Secrète de l'Orient, en ce qui concerne Brahmâ.

Dans Isis Dévoilée 320, l'auteur a expliqué que :

Caïn... est le fils du "Seigneur", et non celui d'Adam. 321

Le "Seigneur", c'est Adam Kadmon, le "Père" de Yod-Héva, "Adam- Eve" ou Jéhovah, le fils de la pensée coupable, et non le fruit de la chair et du sang. Seth, d'autre part, est le chef et le progéniteur des Races de la Terre, car il est, exotériquement, le fils d'Adam, mais, ésotériquement, il est la progéniture de Caïn et d'Abel, puisqu'Abel ou Hébel est [III 160] femelle, la contre-partie et la moitié femelle du mâle Caïn, et qu'Adam est le nom collectif pour homme et femme :

Mâle et femelle (zachar va nakobeh) il les créa... et leur donna pour nom Adam.

Les versets de la Genèse, du chapitre Ier au chapitre V, sont intentionnellement mêlés pour des raisons Cabalistiques. Après l'HOMME de la Genèse, 1, 26, et Enos, le Fils de l'Homme, du chapitre IV, 26, après Adam, le premier Androgyne ; après Adam Kadmon. – Le Logos sans sexe (le premier) – après la séparation d'Adam et d'Eve, viennent finalement Jéhovah-Eve et Caïn-Jéhovah. Tous représentent des Races-Racines distinctes, car des millions d'années les séparent.

320 IV, 157 et seq.

321 Voyez Genèse, IV, I.

 

 Ainsi les Théo-anthropographies des Aryens et des Sémites sont deux feuilles de la même branche ; leurs personnifications et leurs personnages symboliques respectifs ont, entre eux, les rapports suivants :

  1. L'INCONNAISSABLE, auquel diverses allusions sont faites dans les versets du Rig Véda, comme "Rien existait" appelé plus tard, Parabraham – le ןיא, Aïn, Aucune-Chose ou Aïn Soph des Cabalistes – et enfin "l'Esprit" (de Dieu) qui se meut sur la face des Eaux, dans la Genèse– tous sont identiques. De plus dans le chapitre Ier  de la Genèse, le verset 2 figure comme verset 1 dans les textes Cabalistiques secrets, où il est suivi des Elohim "créant le Ciel et la Terre". Ce changement voulu dans l'ordre des versets était nécessaire pour des raisons monothéistes et Cabalistiques. La malédiction lancée par Jérémie, contre les Elohim (Dieux) qui n'ont pas créé [fait] les Cieux et la Terre 322, prouve qu'il existait d'autres Elohim, qui avaient créé.
  2. Le Manou-Svâyambhouva Céleste, qui naquit de Svayambhôu- Nârâyana, le "Soi-existant", l'Adam Kadmon des Cabalistes et l'HOMME Androgyne du chapitre Ier de la Genèse, sont aussi identiques.
  3. Manou-Svâyambhouva est Brahmâ ou le Logos, et c'est l'Adam Kadmon qui, dans la Genèse, chapitre IV, 5, se sépare en deux moitiés, mâle et femelle, devenant ainsi Jah-hovah ou Jéhovah- Eve, de même que Manou-Svâyambhouva, ou Brahmâ, se sépare pour devenir "Brahmâ-Virâj et Vach-Virâj", mâle et femelle. Tout le reste du texte et des  versions  ne  constitue  que  des  voiles. [III 161]
  4. Vâch est la fille de Brahmâ et elle est appelée Shata-Roûpa, "aux cent formes", et Sâvitrî, Génératrice, la Mère des Dieux et de tous les vivants. Elle est identique à Eve, "la Mère [de tous les Seigneurs ou Dieux] ou de tous les vivants". Outre celle-ci, il existe beaucoup d'autres significations Occultes.

Ce qui est écrit à ce sujet dans Isis Dévoilée, bien que disséminé, de-ci de-là et bien qu'exprimé, à l'époque, en termes très prudents, est correct.

 322 Jérémie, X, 11.

 

Dans l'explication ésotérique de la Roue d'Ezéchiel, il est dit au sujet de Jodhévah ou Jéhovah :

Quand on prend le Ternaire au commencement du Tétragramme, il exprime la Création Divine, spirituellement, c'est-à-dire sans aucun péché charnel ; pris à l'extrémité opposée, il exprime ce péché ; il est féminin. Le nom d'Eve est composé de trois lettres, celui de l'Adam primitif ou céleste est écrit avec une lettre Jod ou Yod ; en conséquence, on ne doit pas lire Jéhovah, mais Iéva ou Eve. L'Adam du premier chapitre est l'Adam Kadmon spirituel et, par suite, purement androgyne. Lorsqu'une femme sort de la côte gauche du second Adam (de poussière), la pure Vierge est séparée et, tombant dans la "génération" ou dans le cycle descendant, devient le Scorpion, emblème du péché et de la matière. Alors que le cycle ascendant indique  les Races purement spirituelles, ou les dix Patriarches Antédiluviens, les Prajâpatis ou Séphiroth, conduits par la Divinité créatrice elle-même qui est Adam Kadmon ou Yodchéva [spirituellement], le cycle inférieur [Jéhovah] est celui des Races Terrestres conduites par Enoch ou La Balance, le septième ; qui, parce qu'il est semi-divin, semi-terrestre, est réputé, avoir été pris vivant par Dieu. Enoch, ou Hermès, ou La Balance ne font qu'un. 323

Ce n'est là qu'une des multiples significations. Inutile de rappeler aux érudits que le Scorpion est le signe astrologique des organes de reproduction. Comme les Richis Indiens, les Patriarches sont tous convertibles en leurs nombres, de même qu'ils sont  interchangeables. Selon le sujet auquel ils se rapportent, ils deviennent dix, douze, sept ou cinq et même quatorze et ils ont la même signification Esotérique que les Manous ou Richis.

De plus, Jéhovah, ainsi que l'on peut le montrer, possède une variété d'étymologies mais les seules qui soient vraies sont celles que l'on trouve dans la Cabale. הוהי (Iève) est le terme de l'Ancien Testament et on la prononçait Ya-va. Inman [III 162] suggère que c'est une contraction des deux mots הי והי, Yaho-Iah, Jaho-Jah, ou Jaho est Jah. Avec la ponctuation, le mot devient הוהי ce qui constitue, toutefois, un caprice Rabbinique en vue de l'associer avec le nom d'Adoni, ou ינדא qui a les même points. Il est curieux et vraiment à peine concevable que les Juifs aient anciennement lu le nom de הוהי, Adoni, alors qu'ils avaient tant de noms dont Jého, Jah et Iah constituaient une partie. Il en était cependant ainsi et Philon Byblus, qui nous donne le prétendu fragment de Sanchoniathon, l'orthographie en lettres grecques Ιενω, Jaho ou Jévo, Théodoret dit que les Samaritains le prononçaient Yahva et les Juifs Yaho. Le professeur Gibbs propose cependant la ponctuation suivante : הוהי (Yé-hou-vih) et il tranche le nœud Gordien de sa véritable signification Occulte. Car, sous cette dernière forme, comme verbe Hébreu, il signifie "il sera" 324. Il était aussi dérivé du verbe chaldaïque איה, ou הוה, eue (ève) ou eua (éva), "être". Il en était vraiment ainsi puisque ce n'est qu'à partir d'Enosh, le "Fils de l'Homme", que les Races vraiment humaines commencèrent à "être" comme mâles et femelles. Cette affirmation est encore une fois corroborée, puisque Parkhurst donne au verbe הוה le sens,

  1. de "tomber" (C'est-à-dire dans la génération ou la Matière) et
  2. "d'être, de continuer" – en tant que race.

324 Pour comparer, voyez Osée, XII, 6, où il est ponctué de la sorte.

 

L'aspirée du mot eua (Eva), "être", étant הוה, Hévé (Eve), qui est le féminin de הוהי et le même que Hébé, la Déesse Grecque de la jeunesse et la fiancée Olympienne d'Héraclès, fait ressortir plus clairement le nom de Jéhovah sous sa forme primitive à double sexe.

Puisque nous trouvons en Sanscrit des syllabes comme Jah et Yah, par exemple, Jâh-navî, "Gange" et Jagan-nâtha, "Seigneur du Monde", on se rend clairement compte de la raison qui fait que M. Rawlinson se montre, dans ses œuvres, si certain de l'existence d'une influence Aryenne ou Védique exercée sur la mythologie primitive de Babylone. Il ne faut pas non plus s'étonner beaucoup que les dix prétendues tribus d'Israël disparurent durant la période de captivité, sans laisser de trace derrière elles, lorsque l'on nous apprend que les Juifs n'avaient de facto que deux tribus – celles de Judas et de Lévi. De plus, les Lévites ne constituaient pas du tout une tribu, mais une caste sacerdotale. Les descendants ont simplement  suivi  leurs  progéniteurs,  les  divers  patriarches,  dans l'air raréfié sidéral. Il y avait vraiment, au temps jadis, des Brahms et des A- brahms, et cela avant que le premier juif ne fût né. Toutes les nations considéraient leur premier Dieu et leurs Dieux comme étant androgynes ; il n'en pouvait, du reste, [III 163] être autrement puisqu'ils regardaient leurs lointains progéniteurs primordiaux, leurs ancêtres à deux sexes, comme des Etres divins et des Dieux, exactement comme le font les Chinois jusqu'à présent. Ils étaient, effectivement, divins en un sens, comme l'était leur première progéniture humaine, l'humanité  primitive "née du mental", qui était très certainement bi-sexuelle, comme nous le prouvent tous les anciens symboles et toutes les anciennes traditions.

Sous les artifices emblématiques et la phraséologie spéciale  des prêtres de jadis, se cachent des allusions à des sciences qui  n'ont pas encore été découvertes durant le présent cycle. Si bien familiarisé que puisse être le savant avec l'écriture hiératique et le système hiéroglyphique des Egyptiens, il faut avant tout qu'il apprenne à sonder scrupuleusement leurs archives. Il doit s'assurer, compas et règle en main, que l'écriture imagée qu'il examine concorde, à une ligne près avec certaines figures géométriques fixes qui sont les clefs cachées de ces archives, avant de s'aventurer à en donner une interprétation.

Il y a pourtant des mythes qui parlent pour eux-mêmes et nous pouvons ranger dans cette catégorie les premiers créateurs bisexués de toutes les Cosmogonies. Le Zeus-Zên grec (Æther) ainsi que Chthonia (la Terre Chaotique) et Métis (l'Eau), ses épouses ; Osiris et Isis-Latone – le premier de ces Dieux représentant aussi l'Ether, la première émanation de la Divinité Suprême, Amun, la source primordiale de Lumière ; la Déesse Terre et l'Eau, encore une fois ; Mithras, le Dieu né du roc, le symbole du Feu Mondial mâle ou la Lumière Primordiale personnifiée ; et Mithra, la Déesse du Feu, à la fois sa mère et son épouse ; le pur élément du Feu (le principe actif ou mâle) considéré comme lumière et chaleur, en conjonction avec la Terre et l'Eau ou Matière (l'Elément femelle ou passif de la génération cosmique) 325.

Tout cela constitue des souvenirs du divin Hermaphrodite primordial.

 325 Isis Dévoilée, I, 290.