LES GLYPHES SIDERAUX ET COSMIQUES
Tous les Astronomes – sans parler des Occultistes et des Astrologues – savent, qu'au figuré, la Lumière Astrale, la Voie Lactée, le Chemin parcouru par le Soleil jusqu'aux tropiques du Cancer et du Capricorne, ainsi que les Cercles de l'Année Sidérale ou Tropicale, ont toujours été appelés "Serpents" dans la phraséologie allégorique et mystique des Adeptes. [III 446]
Cela, au point de vue cosmique, comme au point de vue métaphorique, Poséidon est un "Dragon" – le Dragon "Chozzar, appelé Neptune par les profanes", suivant les Gnostiques Pérates, le "Serpent Bon et Parfait", le Messie des Naaséniens, dont le symbole dans le Ciel est le Dragon.
Nous devons cependant distinguer entre les différents caractères de ce symbole. L'ésotérisme Zoroastrien est identique à celui de la DOCTRINE SECRETE et lorsqu'un occultiste lit dans la Vendidaddes plaintes exprimées contre le "Serpent" dont les morsures ont transformé le superbe et éternel printemps d'Airyana Vaêjo, en le changeant en hiver, en générant la maladie et la mort, en même temps que la consomption mentale et psychique, il sait que le Serpent en question est le Pôle Nord et aussi le Pôle Céleste 834. Ces deux axes produisent les saisons d'après leur angle d'inclinaison entre eux. Les deux axes n'étaient plus parallèles, aussi l'éternel printemps d'Airyana Vaêjo "sur les bords du beau fleuve Daitya" avait-il disparu et "les Mages Aryens furent-ils obligés d'émigrer dans le Sogdiane", disent les comptes rendus exotériques. Mais l'Enseignement Esotérique dit que le pôle avait quitté l'équateur et que "la Contrée de Béatitude" de la Quatrième Race, dont elle avait hérité de la Troisième, était devenue la région de la désolation et du malheur. Cela suffirait seul à constituer une preuve irréfutable de la grande antiquité des Ecritures Zoroastriennes. Les Néo-Aryens de l'époque post-diluvienne auraient naturellement éprouvé de la difficulté à reconnaître les montagnes sur le sommet desquelles leurs ancêtres s'étaient rencontrés et avaient conversé, avant le Déluge, avec les purs "Yazatas", ou Esprits célestes des Eléments, dont ils avaient, à une certaine époque, partagé la vie et la nourriture. Comme le montre Eckstein :
834 Symbolisé chez les Egyptiens par un serpent à tête d'épervier.
La Vendidâdsemble faire allusion à un grand changement dans l'atmosphère de l'Asie centrale ; à de violentes éruptions volcaniques et à l'effondrement de toute une chaîne de montagnes, dans le voisinage de la chaîne de Kara-Korum. 835
835 Revue Archéologique, 1885.
Suivant Eusèbe, qui, chose extraordinaire, écrivit pour une fois la vérité, les Egyptiens symbolisaient le Cosmos par un grand cercle ardent, sur le diamètre duquel se trouvait un serpent à tête d'épervier.
Nous voyons là le pôle de la terre dans le plan de l'écliptique, [III 447] accompagné de toutes les conséquences ardentes que doit faire naître un pareil état du ciel : lorsque tout le Zodiaque, durant 25.000 [et quelques] années, doit avoir "rougi avec le flamboiement du soleil" et que chaque signe doit avoir occupé une position verticale, par rapport à la région polaire. 836
836 Sphinxiade, de Mackey, ou l'Astronomie Mythologique des Anciens, Démontrée en Restituant à leurs Fables et à leurs Symboles, leurs Significations originelles, p. 42.
Le Mérou, la Demeure des Dieux, comme nous l'avons déjà expliqué, était située au Pôle Nord, tandis que Pâtâla, la Région Inférieure, était supposée être située dans la direction du Sud. Comme chacun des symboles de la Philosophie Esotérique possède sept clefs, Mérou et Pâtâla ont une signification géographique et représentent des localités, tandis qu'au point de vue astronomique, ils en ont une autre et signifient les "deux pôles" ; c'est en raison de ce dernier sens que dans les exposés sectaires exotériques on les appelle souvent la "Montagne" et le "Gouffre" ou le Ciel et la Terre. Si nous nous en tenons pour le moment au sens astronomique et au sens géographique, nous pourrons constater que les Anciens connaissaient la topographie et la nature des régions Arctique et Antarctique, mieux qu'aucun de nos Astronomes modernes. Ils avaient des raisons, et même de bonnes raisons, pour donner aux unes le nom de "Montagne" et aux autres celui de "Gouffre". Comme l'explique à moitié l'auteur que nous venons de citer, Hélion et Achéron avaient à peu près la même signification. "Héli-on, c'est le Soleil à son point le plus élevé", attendu que Héli-os ou Eli-os veut dire le "très haut" ; et l'Achéron est à 32 degrés au-dessus du pôle et à 32 degrés au-dessous, le fleuve allégorique étant ainsi supposé toucher l'horizon du nord suivant 32 degrés de latitude. La vaste partie concave, qui est à jamais cachée à nos regards et qui entoure le pôle sud, fut appelée le Gouffre par les premiers astronomes, tandis qu'ayant observé, du côté du pôle Nord, qu'une certaine partie circulaire du ciel apparaissait toujours au-dessus de l'horizon – ils l'appelèrent la Montagne. Comme Mérou est la demeure élevée des Dieux, on disait que ceux-ci montaient et descendaient périodiquement. On faisait ainsi allusion (au point de vue astronomique) aux Dieux Zodiacaux, au passage du pôle nord originel de la Terre au pôle sud du Ciel.
A cette époque l'écliptique se trouvait, à midi, parallèle au méridien et une partie du Zodiaque descendait du pôle nord jusqu'à l'horizon du nord, en traversant les huit replis du serpent [huit années sidérales, ou plus de 200.000 années solaires], ce qui [III 448] ressemblerait à une échelle imaginaire ayant huit échelons et s'élevant de la terre jusqu'au pôle, c'est-à-dire jusqu'au trône de Jupiter. Sur cette échelle, donc, les Dieux, c'est-à-dire les Signes du Zodiaque, montaient et descendaient [l'échelle de Jacob et les Anges]... Plus de 400.000 ans se sont écoulés depuis l'époque où le Zodiaque formait les côtés de cette échelle. 837
837 Sphinxiade, p. 47.
Cette explication est ingénieuse, si elle n'est pas tout à fait exempte d'hérésie Occulte. Elle se rapproche plus de la vérité que bien des exposés plus scientifiques et surtout théologiques. Comme nous l'avons dit, la Trinité Chrétienne était purement astronomique dès ses débuts. C'est ce qui fit dire à Rutilius, en parlant de ceux qui l'éphémérisaient : Judæ gens, radix stultorum. [La race Juive est fondamentalement stupide].
Mais les profanes et surtout les fanatiques chrétiens, qui sont toujours à la recherche de ce qui pourrait corroborer scientifiquement la lettre morte de leurs textes, persistent à voir dans le Pôle Céleste le véritable Serpent de la Genèse, Satan, l'ennemi de l'humanité, alors que c'est, en réalité, une métaphore cosmique. Lorsqu'on dit que les Dieux abandonnent la Terre, on n'entend pas seulement par-là les Dieux, les Protecteurs et Instructeurs, mais aussi les Dieux mineurs – les Régents des Signes du Zodiaque. Les premiers, en tant qu'Entités réelles et existantes, ayant donné naissance à l'Humanité, l'ayant soignée et instruite dans sa première jeunesse, apparaissent dans toutes les Ecritures ; dans celles des Zoroastriens, aussi bien que dans les Evangiles Hindous. Ormazd, ou Ahura Mazda, le "Seigneur de Sagesse", est la synthèse des Amshaspends, ou Amesha Spentas, les "Bienfaiteurs Immortels" 838, le "Verbe" ou Logos et ses six aspects les plus hauts dans le Mazdéisme. Ces "Bienfaiteurs Immortels" sont ainsi décrits dans le Zamyad Yasht :
838 Dont le docteur W. Geiger traduit aussi le nom par "Bienheureux Immortels", mais la première traduction est plus correcte.
Les Amhesha Spentas, les resplendissants, qui ont des yeux efficaces, grands, secourables... impérissables et purs... qui ont, tous les sept, le même esprit, le même langage, qui agissent, tous les sept, de la même façon... qui sont les créateurs et les destructeurs des créatures d'Ahura Mazda, leurs créateurs et leurs surveillants, leurs protecteurs et leurs seigneurs.
Ces quelques lignes suffisent à indiquer le double et même le triple caractère des Amshaspends, nos Dhyân-Chohans ou "Serpents de Sagesse". Ils sont identiques à Ormazd (Ahura Mazda) et en sont cependant distincts. Ce sont aussi les Anges [III 449] Etoiles des Chrétiens – les Yazatas-Etoiles des Zoroastriens – ou encore les sept Planètes (y compris le Soleil) de toutes les religions 839. L'épithète de "resplendissant, ayant des yeux efficaces", le prouve. Tout cela sur le plan Physique et le plan Sidéral. Sur le plan Spirituel, ce sont les Pouvoirs Divins d'Ahura Mazda, mais sur le plan Astral ou Psychique ce sont les "Constructeurs", les "Veilleurs", les Pitris ou Pères et les premiers Précepteurs de l'Humanité.
839 Ces "sept" devinrent les huit, l'Ogdoade des religions postérieures matérialisées, le septième "principe" ou principe supérieur, n'était plus alors l'Esprit pénétrant, la synthèse, mais était devenu un nombre anthropomorphique ou une unité additionnelle.
Lorsque les mortels se sont suffisamment spiritualisés, il n'y aura plus lieu de leur imposer une compréhension correcte de l'antique Sagesse. Les hommes sauront alors qu'il n'y eut jamais un seul des grands Réformateurs dont les noms sont parvenus jusqu'à nous, (a) qui ne fût une émanation directe du Logos (sous un quelconque des noms qui nous sont connus), c'est-à-dire une incarnation essentielle de l'un des "Sept", de "l'Esprit Divin qui est septuple" et (b) qui n'eût déjà fait son apparition durant les Cycles passés. Ils reconnaîtront alors la cause qui donne naissance à certaines énigmes, tant dans l'histoire que dans la chronologie ; par exemple, la raison pour laquelle il est impossible pour eux d'assigner une date certaine à Zoroastre, que l'on trouve multiplié par douze et par quatorze dans le Dabistân ; pourquoi les nombres et les individualités des Richis et des Manous sont tellement mélangés ; pourquoi Krishna et Bouddha parlent d'eux-mêmes comme de réincarnations, Krishna s'identifiant avec le Rishi Nârâyana et Gautama indiquant une série de naissances antérieures ; et pourquoi le premier, surtout, bien qu'étant "le Brahmâ suprême", est pourtant appelé Amshâmshâvatâra – seulement "une partie d'une partie" du Suprême sur la terre ; enfin pourquoi Osiris est un Grand Dieu et, en même temps, un "Prince sur la Terre" qui reparaît en la personne de Thoth Hermès, et pourquoi Jésus (en hébreu Josué) de Nazareth est cabalistiquement reconnu en la personne de Josué, fils de Nun, et d'autres personnages encore. La Doctrine Esotérique explique tout cela en disant que chacun de ces personnages, de même que beaucoup d'autres, avaient d'abord fait leur apparition sur la Terre comme un des Sept Pouvoirs du Logos, individualisés comme un Dieu ou un Ange (Messager) ; ensuite, mêlés à la Matière, ils avaient reparu tour à tour comme de grands Sages et Instructeurs qui "instruisirent" la Cinquième Race, après avoir instruit les deux précédentes, après avoir régné durant les Dynasties [III 450] Divines et s'être enfin sacrifiés pour renaître dans diverses circonstances pour le bien de l'Humanité et pour son salut, à certaines époques critiques, jusqu'au moment où, durant leurs dernières incarnations, ils finirent par n'être plus réellement que "des parties d'une partie" sur la Terre, bien que, de facto, ils fussent l'Unique Suprême dans la Nature.
Telle est la métaphysique de la Théogonie. Or, chaque "Pouvoir" parmi les SEPT, aussitôt qu'il est individualisé, prend en charge un des éléments de la création et règne sur lui 840 ; de là les nombreuses significations de chaque symbole. A moins que l'on n'interprète ces symboles suivant les méthodes ésotériques, ils donnent généralement naissance à une inextricable confusion.
840 Ces éléments sont : le cosmique, le terrestre, le minéral, le végétal, l'animal, l'aqueux et, finalement, l'humain – sous leurs aspects physique, spirituel et psychique.
841 p. 53.
842 Thalia, LXXVII.
Le Cabaliste Occidental, qui est généralement un adversaire de l'Occultiste Oriental, en veut-il une preuve ? Il n'a qu'à ouvrir l'Histoire de la Magie 841 d'Eliphas Lévi, et à étudier avec soin son "Grand Symbole Cabalistique" tiré du Zohar. Il découvrira dans la gravure un développement des "triangles entrelacés", en haut, un homme blanc et, en bas, une femme noire renversée dont les jambes passent sous les bras tendus du personnage mâle et apparaissent derrière ses épaules, tandis que leurs mains se joignent en formant un angle de chaque côté. Eliphas Lévi fait de ce symbole, Dieu et la Nature, ou Dieu, "la Lumière", réfléchi inversé dans la Nature et la Matière, "les Ténèbres". Au point de vue cabalistique et symbolique, c'est exact, mais uniquement en ce qui concerne la cosmogonie emblématique. Il n'a pas inventé le symbole, ni les Cabalistes non plus. Les deux personnages, en pierre blanche et noire, ont existé de temps immémorial dans les temples de l'Egypte, suivant la tradition et, au point de vue historique, depuis le Roi Cambyse qui les vit lui-même. Ce symbole doit donc dater d'environ 2.500 ans, pour le moins, attendu que Cambyse, qui fut l'un des fils de Cyrus le Grand, succéda à son père en 529 av. J.-C. Ces statues étaient celles de deux Cabires qui personnifiaient les deux pôles opposés. Hérodote 842 enseigne à la postérité que lorsque Cambyse entra dans le temple des Cabires, il fut pris d'un fou rire inextinguible en apercevant ce qu'il prit pour un homme debout, ayant devant lui une femme se tenant en équilibre sur la tête. Cela représentait néanmoins les pôles, dont le symbole avait [III 451] pour but de commémorer "le passage du Pôle Nord originel de la Terre au Pôle Sud du Ciel", comme l'a compris Mackey 843. Cela représentait aussi les pôles intervertis par suite de la grande inclinaison de l'axe, ce qui avait chaque fois pour conséquence le déplacement des océans, la submersion des terres polaires, ainsi que l'émersion subséquente de nouveaux continents dans les régions équatoriales et vice versa. Ces Cabires étant les Dieux du "Déluge".
Cela peut nous aider à nous reconnaître au milieu de la confusion, en apparence inextricable, créée par les nombreux noms et titres donnés aux mêmes Dieux ou à une même classe de Dieux. Faber a prouvé, au commencement de ce siècle, l'identité des Corybantes, des Curètes, des Dioscures, des Anactes, des Dii Magni, des Idei Dactyli, des Lares, des Pénates, des Mânes 844, des Titans et des Alètes, avec les Cabires. Nous avons établi que ces derniers étaient les mêmes que les Manous, les Richis et nos Dhyân-Chohans qui s'incarnèrent dans les Elus de la Troisième et de la Quatrième Races. Ainsi, tandis que dans la Théogonie les Cabires- Titans étaient les sept Grands Dieux, les Titans étaient appelés, au point de vue cosmique et astronomique, les Atlantes, peut-être parce qu'ils étaient en rapports, comme le dit Faber, avec at – al – as, le "soleil divin" et avec tit le "déluge". Toutefois, si cela est vrai, ce n'est que la version exotérique. Au point de vue ésotérique, la signification de leurs symboles dépend de l'appellation ou titre employé. Les sept Grands Dieux mystérieux [III 452] et terrifiants – les Dioscures 845, les divinités qu'entourent les ténèbres de la Nature Occulte – deviennent les Idei-Dactyli ou les "Doigts" idéaux, chez les Adeptes guérisseurs par les métaux. La véritable étymologie du mot Lares, qui signifie maintenant "Fantômes", doit être cherchée dans le mot étrusque lars, "conducteur", "guides". Sanchoniathon traduit le mot Aletæ par "adorateurs du feu" et Faber le tient pour dérivé d'al-Orit, le "Dieu du feu". Ils ont raison tous deux, car c'est dans les deux cas une allusion au Soleil, le Dieu "le plus haut" vers lequel les Dieux Planétaires "gravitent" (au point de vue astronomique et allégorique) et auquel ils vouent un culte. En tant que Lares, ce sont véritablement les Divinités Solaires, bien que l'étymologie donnée par Faber et d'après laquelle "Lar est une contraction d'El-Ar, la divinité solaire" 846, ne soit pas très correcte. Ce sont les Lares, les Conducteurs et les Guides des hommes. En tant qu'Aletæ, ils étaient les sept Planètes – au point de vue astronomique et, en tant que Lares, les Régents de ces Planètes, nos Protecteurs et nos Souverains – au point de vue mystique. En vue du culte exotérique ou phallique, ainsi qu'au point de vue cosmique, c'étaient les Cabires, dont les attributs et les doubles capacités étaient indiqués par les noms des temples auxquels ils appartenaient respectivement et aussi par ceux de leurs prêtres. Tous appartenaient cependant aux groupes septénaires créateurs et formateurs des Dhyân-Chohans. Les Sabéens, qui vouaient un culte aux "Régents des Sept Planètes", exactement comme les Hindous en vouent un à leurs Richis, considéraient Seth et son fils Hermès (Enoch ou Enos), comme les plus hauts parmi les Dieux Planétaires. Seth et Enos furent empruntés aux Sabéens, puis défigurés par les Juifs (exotériquement), mais la vérité, en ce qui les concerne, peut encore être découverte, même dans la Genèse 847. Seth est le "Progéniteur" des premiers hommes de la Troisième Race dans lesquels les Anges Planétaires s'étaient incarnés ; il était lui-même un Dhyân-Chohan et faisait partie des Dieux formateurs et l'on disait qu'Enos (Hanoch ou Enoch), ou Hermès, était son fils – Enoch était un nom [III 453] générique pour désigner tous les "Voyants" (Enoïchion) des premiers temps. De là vint le culte. L'auteur arabe Soyouti dit que les annales les plus reculées font mention de Seth, ou Set, comme du fondateur du Sabéïsme et que les pyramides qui personnifient le système planétaire, étaient considérées comme le lieu de sépulture de Seth et d'Idrus (Hermès ou Enoch 848) ; que les Sabéens s'y rendaient en pèlerinage et y chantaient des prières sept fois par jour, en se tournant vers le Nord (Mont Mérou, Kaph, Olympe, etc. 849). Abd-Allatif nous raconte aussi des choses curieuses au sujet des Sabéens et de leurs livres. Il en est de même d'Eddin Ahmed Ben Yahya, qui écrivit 200 ans plus tard. Tandis que ce dernier soutient que "chaque pyramide était consacrée à une étoile" (au Régent d'une Etoile, plutôt), Abd-Allatif nous assure qu'il a lu dans d'antiques ouvrages Sabéens "qu'une des pyramides était la tombe d'Agathodæmon et l'autre celle d'Hermès" 850 :
Agathodæmon n'était autre que Seth et, suivant certains auteurs, Hermès était son fils, ajoute M. Staniland Wake, dans The Great Pyramid 851.
843 Celui-ci ajoute que "les Egyptiens avaient différentes manières de représenter l'angle des Pôles". Dans l'ouvrage de Perry intitulé View of the Levant, il y a un dessin représentant le Pôle Sud de la Terre dans la constellation de la Harpe, dans lequel les pôles apparaissent sous forme de deux baguettes droites, surmontées d'ailes d'épervier pour distinguer le nord du sud. Mais les symboles des pôles... revêtent parfois la forme de serpents, à têtes d'éperviers pour distinguer l'extrémité nord de l'extrémité sud. (Op. cit., p. 61.)
844 Faber et l'évêque Cumberland font de tous ceux-ci des personnifications païennes postérieures à "l'Arche de Noé et... personne autre que le patriarche [Noé] et sa famille" (!), comme dit le premier de ces auteurs dans ses Cabiri (I, 136) ; parce qu'après le Déluge, nous dit-on, les pieux descendants de Noé établirent très probablement, pour commémorer l'événement, une fête religieuse, qui fut, plus tard, corrompue par leurs descendants impies, qui firent de "Noé et de sa famille" des démons ou des dieux-héros "et avec le temps une obscénité éhontée usurpa le nom et les dehors de la religion" (ibid., I, p. 10). Cela revient à éteindre la faculté humaine de raisonner, non seulement pour l'antiquité, mais aussi pour notre génération actuelle. Renversez l'exposé et après les mots de "Noé et sa famille", expliquez qu'il était simplement question de la version juive d'un mystère de Samothrace, de Saturne ou de Cronos-Sydic et de ses Fils et nous pourrons alors dire Amen.
845 Qui, plus tard, chez les Grecs, ne comprenaient plus que Castor et Pollux. Mais à l'époque de la Lémurie, les Dioscures, les "Nés-de-l'Œuf", étaient les Sept Dhyân-Chohans (Agnishvâtta- Koumâra), qui s'incarnèrent dans les Sept Elus de la Troisième Race.
846 Op. cit., I, 133.
847 Clément d'Alexandrie reconnut la signification astronomique des chapitres XXV seqq. de l'Exode. Il déclare que, suivant la doctrine Mosaïque, les sept Planètes aident à la génération des choses terrestres. Les deux Chérubins qui se tiennent de chaque côté du Tétragrammaton sacré représentent la Grande et la Petite Ourses.
Ainsi, tandis qu'en Samothrace et dans les plus anciens temples égyptiens, les Cabires étaient les Grands Dieux Cosmiques – les Sept et les Quarante-neuf Feux Sacrés – leur culte devint, dans les temples grecs, en grande partie phallique et, par suite, obscène aux yeux du profane. Dans ce dernier cas, ils étaient trois et quatre, ou sept – les principes mâle et femelle – la croix ansée. Cette division explique pourquoi certains auteurs classiques les considéraient comme n'étant qu'au nombre de trois, tandis que d'autres en énuméraient quatre. Ceux-ci étaient Axiéros (sous son aspect féminin Démeter) ; Axiokersa (Perséphone 852) ; Axiokersos (Pluton [III 454] ou Hadès) et Kadmos ou Kasmilos (Hermès – non pas l'Hermès ithyphallique mentionné par Hérodote 853, mais "celui de la légende sacrée" qui n'était expliqué que durant les mystères de la Samothrace). Cette identification qui est due, suivant le Scoliaste qui a écrit sur Apollonius de Rhodes 854, à une indiscrétion de Mnaséas, n'est réellement pas une identification du tout, car les noms seuls ne révèlent pas grand chose 855. D'autres, qui avaient également raison à leur manière, soutenaient qu'il n'y avait que deux Cabires. Ceux-ci étaient, au point de vue ésotérique, les deux Dioscures, Castor et Pollux et, au point de vue exotérique, Jupiter et Bacchus. Ils personnifiaient tous deux, au point de vue géodésique, les pôles terrestres ; au point de vue astronomique, le pôle terrestre et le pôle du ciel et aussi l'homme physique et l'homme spirituel. L'histoire de Sémélé et de Jupiter et la naissance de Bacchus, Bimater, avec toutes les circonstances qui s'y rapportent, n'a besoin que d'être lue ésotériquement pour que l'allégorie soit comprise. Les rôles joués dans cet événement par le Feu, l'Eau, la Terre, etc., suivant les nombreuses versions, montrera comment le "Père des Dieux" et le "joyeux Dieu du Vin" furent amenés à personnifier aussi les deux pôles terrestres. Les éléments tellurique, métallique, magnétique, électrique et igné, constituent autant d'allusions et de références au caractère cosmique et astronomique de la tragédie diluvienne. En Astronomie, les pôles sont en vérité des "mesures célestes", comme le sont les Cabires-Dioscures, ainsi que nous le démontrerons, et les Cabires-Titans à qui Diodore attribue "l'invention du Feu" 856 et l'art de manufacturer le fer. De plus, Pausanias 857 montre que la divinité Cabirique originale était Prométhée.
848 Vyse, Opérations, etc., II, 258.
849 Palgrave, II, 264.
850 Vyse, ibid., II, 342.
851 p. 57.
852 La spéculation de Mackey (l'adepte autodidacte de Norwich) dans sa Mythological Astronomy, est une idée curieuse – qui pourtant n'est peut-être pas loin de la vérité. Il dit que les Cabires, nommés Axiéros et Axiokersa (a) tiraient leurs noms de Kab ou cab, une "mesure" et d'urim, les "cieux" – de sorte que le Cabire était "une mesure des cieux" et (b) que leurs noms distinctifs, qui impliquaient le principe de la génération, se rapportaient aux sexes, car "le mot sexe était alors ax", mot... qui, de nos jours, s'est transformé en celui de sexe. [Il renvoie ici le lecteur à l'Encyclopædia Londiniensis, au mot "aspiration".] Or, si nous donnions le son aspiré à Axiéros, le mot deviendrait Sax ou Sexieros et le pôle opposé serait Sexikersa. Les deux pôles deviendraient alors les générateurs des autres pouvoirs de la nature – ils seraient les Père et Mère des autres pouvoirs et, par suite, les [Dieux les] plus puissants". (Op. cit., p. 59-60.)
853 II, 51.
854 I, 9-17.
855 Decharme, Mythologie de la Grèce antique, p. 270.
856 Le mot guebra vient de Kabiri (Gabiri) et désigne les anciens adorateurs du feu, Perses ou Parsis. Kabiri fut transformé en Gabiri et resta le terme qui désignait les Zoroastriens en Perse. (Voyez De Religione Persarum, de Hyde, c. 29.)
857 1, IX, 751.
Toutefois, le fait que les Titans-Cabires étaient aussi, au point de vue astronomique, les Générateurs et Régulateurs des Saisons et, au point de vue cosmique, les grandes Energies [III 455] Volcaniques – les Dieux qui gouvernaient tous les métaux et toutes les œuvres terrestres – ne les empêche nullement d'être, sous leur aspect originel divin, les Entités bienfaisantes qui, symbolisées par Prométhée, apportèrent la lumière au monde et douèrent l'Humanité d'intellect et de raison. Ce sont, surtout, dans toutes les Théogonies – principalement dans celle des Hindous – les Feux Sacrés Divins au nombre de Trois, Sept ou Quarante-neuf, suivant les exigences de l'allégorie. Leur nom seul le prouve, car ce sont les Agnipoutra, ou Fils du Feu, aux Indes, et les Génies du Feu, sous divers noms en Grèce et ailleurs. Welcker, Maury et maintenant Decharme montrent que le nom de kabeiros veut dire "le puissant par le feu" et dérive du verbe grec χαίω "brûler". Le mot sémitique de kabirim contient l'idée "de fort, de puissant et de grand" qui répond aux mots grecs µεγαλοι δυνατί, mais ce sont là des épithètes plus récentes. Ces Dieux étaient les objets d'un culte universel et leur origine se perd dans la nuit des temps ; mais qu'ils fussent invoqués en Phrygie, en Phénécie, en Troade, en Thrace, en Egypte, à Lemmos ou en Sicile, leur culte se rapportait toujours au Feu, leurs temples étaient toujours édifiés dans les localités les plus volcaniques et dans le culte exotérique ils faisaient partie des Divinités Chthoniennes, aussi le Christianisme en a-t-il fait des Dieux Infernaux.
Ce sont vraiment "les Dieux, grands, bienveillants et puissants", comme les appelle Cassius Hermone 858. A Thèbes, Corê [Korê ou Perséphone] et Déméter, les Cabires avaient un sanctuaire 859 et, à Memphis, les Cabires avaient un temple si sacré qu'il n'était permis à personne, sauf aux prêtres, d'entrer dans son enceinte sacrée 860. Toutefois, nous ne devons pas perdre de vue, en même temps, ce fait que le titre de Cabire était générique ; que les Cabires, les Dieux puissants en même temps que mortels, étaient des deux sexes et étaient aussi terrestres, célestes et cosmiques ; que, tandis qu'en leur qualité cosmique de régents des puissances sidérales et terrestres, c'était un phénomène purement géologique – tel qu'on le considère maintenant – qui était symbolisé en leur personne, ils furent aussi, à l'origine des temps, les Régents de l'Humanité, lorsque incarnés comme Rois des "Dynasties Divines", ils donnèrent la première impulsion à la civilisation et orientèrent le mental dont ils avaient doté les hommes, en vue de l'invention et du perfectionnement de tous les arts et de toutes les sciences. Aussi, l'on dit que les Cabires apparurent en [III 456] qualité de bienfaiteurs des hommes et, en cette qualité vécurent pendant des siècles, dans la mémoire des nations. C'est à ces Cabires ou Titans qu'est attribuée l'invention des lettres (le Déva-nâgari, ou alphabet et langage des Dieux), de la législation, de l'architecture et aussi des différents modes de la prétendue magie et de l'emploi médical des plantes. Les noms d'Hermès, d'Orphée, de Cadmus, d'Asclepios, de tous ces Demi-dieux et Héros auxquels on attribue la révélation des sciences aux hommes et en qui Bryant, Faber, l'évêque Cumberland et tant d'autres écrivains Chrétiens – trop zélés pour se contenter de la simple vérité – voudraient forcer la postérité à ne voir que des copies païennes d'un unique prototype, du nom de Noé – sont tous des noms génériques.
858 Voyez Macrob, Sat., I, III, c. 4, p. 376.
859 Pausan., IX. 22 ; 5.
860 Hérodote, III, 37.
C'est aux Cabires que l'on attribue la révélation du grand bienfait de l'agriculture, par la production du blé ou froment. Ce qu'Isis-Osiris, la vivante Cabiria, fit en Egypte, Cérès le fit, dit-on, en Sicile ; tous appartiennent à une même classe.
Ce qui prouve encore que les serpents furent toujours les emblèmes de la sagesse et de la prudence, c'est le Caducée de Mercure, un avec Thot, Dieu de la Sagesse, avec Hermès et ainsi de suite. Que les deux serpents enroulés autour de la verge soient les symboles phalliques de Jupiter et d'autres dieux, qui se transformèrent en serpents dans le but de séduire des Déesses, ce ne sont là que des produits de l'imagination impure des symbologistes profanes. Le serpent a toujours été le symbole de l'Adepte et de ses pouvoirs d'immortalité et de savoir divin. Mercure, dans son rôle psychopompe, conduisant et guidant les âmes des morts jusqu'à l'Hadès, avec son Caducée et même s'en servant pour les rappeler à la vie, ne constitue qu'une allégorie simple et très transparente. Elle montre le double pouvoir de la Sagesse Secrète : la Magie noire et blanche. Elle montre cette Sagesse personnifiée dirigeant l'âme après la mort et jouissant du pouvoir de rappeler à la vie ce qui est mort – métaphore très profonde si l'on se donne la peine de penser à la signification qu'elle comporte. Tous les peuples de l'antiquité, sauf un seul, vénéraient ce symbole ; c'étaient les chrétiens qui faisaient exception, ayant trouvé bon d'oublier le "serpent d'airain" de Moïse, et même le fait que Jésus lui-même reconnut implicitement "la grande sagesse et la prudence du serpent", en disant : "Soyez sages comme des serpents et innocents comme des colombes". Le peuple chinois, un des plus anciens de notre Cinquième Race, en fit l'emblème de ses Empereurs, qui sont ainsi les successeurs dégénérés des "Serpents" ou Initiés, qui gouvernèrent les premières races de la cinquième Humanité. Le trône de l'Empereur est le "Siège [III 457] du Dragon" et ses vêtements de cérémonie sont couverts de broderies représentant des Dragons. Les aphorismes que l'on trouve dans les plus anciens livres de la Chine disent, en outre, clairement, que le Dragon est un être humain, bien que divin. Parlant du "Dragon Jaune", le chef des autres, le Twan-ying-t'u dit :
Sa sagesse et sa vertu sont insondables... [il] n'en fréquente pas d'autres et ne vit pas en troupeaux [c'est un ascète]... Il erre dans les lieux sauvages, au-delà des cieux. Il va et vient, accomplissant le décret [Karma] : aux moments voulus, si la perfection existe, il se présente ; dans le cas contraire, il demeure [caché].
Et Lü-lan affirme que Confucius a dit :
Le Dragon se nourrit dans (l'eau) pure [de la Sagesse] et se récrée dans (l'eau) claire [de la Vie]. 861