SECTION VII

PREUVES SCIENTIFIQUES ET GEOLOGIQUES DE L'EXISTENCE DE PLUSIEURS CONTINENTS SUBMERGES

 

Il ne serait peut-être pas mauvais – dans l'intérêt de ceux qui expliquent la tradition d'une Atlantide Miocène perdue en disant que c'est un "mythe, démodé" – d'ajouter, sur ce point, quelques aveux scientifiques. Il est vrai que ces questions laissent la Science très indifférente, mais, cri tout cas, il existe des Savants prêts à admettre qu'un prudent agnosticisme, en ce qui concerne les problèmes géologiques relatifs à un lointain passé, est bien plus philosophique qu'une dénégation a priori, ou même que des générations hâtives, basées sur des données insuffisantes.

En attendant, nous pouvons citer deux cas très  intéressants, récemment constatés et qui "confirment" certains passages de la lettre d'un Maître publiée dans le Bouddhisme Esotérique. L'importance des autorités que nous citons ne sera pas mise en doute (nous donnons en italiques les passages correspondants)

EXTRAIT du Bouddhisme Esotérique, p. 103.

EXTRAIT d'une conférence de W. Pengelly.

L'affaissement de l'Atlantide (continent et îles) commença durant la période Miocine... et atteignit son point culminant, d'abord au moment de la disparition du plus grand des continents, événement qui coïncida avec le soulèvement des Alpes, puis lors de la disparition de la dernière des îles superbes, mentionnées par Platon.

Y eut-il, comme certaines gens l'ont cru, une Atlantide – un continent, ou un archipel  composé de grandes îles, occupant la surface Nord de l'Atlantique ? Il n'y a Peut- être rien d'antiphilosophique, dans cette hypothèse. En effet, puisque, suivant les déclarations des géologues,   "les   Alpes   ont  acquis

4.000 et même, en certains en droits, plus de 10.000 pieds, de leur attitude actuelle, depuis le commencement de la période [IV 423] Eocène" (Lyell, Principles,  p.  256,  2ème   ed)  –   un effondrement post-miocène pour avoir entraîné l'hypothétique Atlantide à des abîmes de profondeurs 808.

EXTRAIT du Bouddhisme Esotérique, p. 96.

EXTRAIT d'un article de la Popular Science Review, V, 18, par le professeur Seemann.

 La Lémurie... ne doit pas plus être confondue avec l'Atlantide, que l'Europe avec l'Amérique. Ces deux continents s'affaissèrent et disparurent sous les eaux, emportant leur haute civilisation et leurs "dieux", mais une période d'environ 700.000 ans s'écoula entre les deux catastrophes. En effet, la Lémurie atteignit l'apogée de sa gloire et, termina sa carrière à peu près à l'époque qui a précédé les premiers temps de la période Eocène, puisque la Race qui l'habitait était la Troisième. Contemplez, dans certains des aborigènes à têtes plates de votre Australie, les restes de cette nation jadis puissante.


Aucune preuve n'ayant encore été fournie, il serait prématuré d'affirmer que les hommes n'ont pu exister durant la période Eocène, étant donné, surtout, que l'on peut prouver qu'une race d'hommes, la plus inférieure de celles que nous connaissons, co-existe avec les restes, de la flore Eocène survivant encore sur le continent et dans les îles de l'Australie. EXTRAIT de The Pedigree of man p 81. Haeckel, qui admet absolument la réalité d'une Lémurie aujourd'hui disparue, considère aussi les Australiens comme  les  descendants  directs des Lémuriens. "Les formes persistantes des deux souches (ses souches Lémuriennes) survivent encore selon toutes probabilités ; la première représentée par les papous et les Hottentots, et l'autre par les Australiens et une des divisions des Malais. [IV 424]

 808 Ayant déjà, cité plusieurs divagations de la Science, il nous est particulièrement agréable de constater un tel accord dans ce cas particulier. Si on le lit en le rapprochant de l'aveu scientifique (cité autre part) de l'ignorance des Géologues au sujet de la durée approximative des périodes, le passage suivant est hautement instructif : "Nous ne sommes pas encore en état d'assigner une date approximative à la période la plus récente, au cours de laquelle notre hémisphère Nord était couvert de glaciers. Suivant K. Wallace, cette période Peut ne remonter qu'à soixante-dix mille ans, tandis que d'autres lui assignent une antiquité d'au moins deux cent mille ans et que certains même produisent de puissants arguments en faveur de l'opinion qu'un million d'années serait à peine suffisant pour produire les changements qui ont eu lieu depuis cet événement (Fiske, cosmic Philosophy, 1, 304, éd. 1874). M. André Lefèvre nous donne à son tour son estimation qui s'élève à cent mille ans. Il est donc clair que, si la Science Moderne est incapable de fixer, la date d'une époque comparativement aussi récente, que l'est celle de la Période Glaciaire, elle ne peut guère attaquer en nullité la Chronologie Esotérérique des Périodes Raciales et des Périodes Géologiques.

 En ce qui concerne une civilisation antérieure, dont une partie de ces Australiens dégradés représente le dernier rejeton survivant, l'opinion de Gerland est fortement suggestive. Dans un Commentaire traitant de la religion et de la mythologie des tribus, il écrit :

L'état de la civilisation australienne rappelle un degré supérieur. Nulle part le fait du domaine religieux n'apparaît plus clairement qu'ici. il semble que l'on aperçoive les dernières lueurs d'un passé plus brillant... Il est donc faux qu'il n'y eût chez les Australiens aucune trace de religion ou de mythologie, mais cette religion a dégénéré... [Waitz, Anthropologie der Naturwoelker, t. VI, p. 796, revu par Gerland] 809.

Quant à l'opinion de Haeckel au sujet des rapports qui unissent les Australiens et les Malais, comme deux branches d'une même souche, il se trompe lorsqu'il classe les Australiens avec le reste. Les Malais et les Papous constituent un groupe mélangé, produit par les mariages qui eurent lieu entre les sous-races Atlantéennes inférieures et la septième sous-race de la Troisième Race-Mère. De même que les Hottentots, ils sont d'une origine indirectement Lémuro-Atlantéenne. Un fait qui est très suggestif pour les hommes à pensées concrètes qui réclament une preuve physique du Karma – c'est que les races d'hommes les plus inférieures s'éteignent aujourd'hui rapidement ; ce phénomène est, en grande partie, dû à une stérilité extraordinaire qui a frappé les femmes depuis le jour où les Européens les approchèrent pour la première fois. Un processus de décimation s'accomplit sur toute la surface du Globe, parmi les races  dont "l'heure a sonné" – précisément parmi les groupes (remarquons-le en passant) que la Philosophie Esotérique considère comme les représentants séniles de nations archaïques disparues. Il est inexact de soutenir que l'extinction d'une race inférieure est invariablement provoquée par les cruautés et les abus des colons. Le changement de régime, l'ivrognerie, etc., y ont puissamment contribué, mais ceux qui considèrent ces données comme fournissant une explication complètement satisfaisante [IV 425] de l'énigme sont incapables de résister à la phalange compacte des faits aujourd'hui groupés. Le matérialiste Lefèvre, lui-même, dit :

Rien ne peut conserver les races qui ont accompli leur cycle. Il leur faudrait en sortir...

...Les peuples relativement ménagés, ceux qui se défendent avec le plus d'énergie, Sandwichiens, Néo- Zélandais, ne sont pas moins décimés que les tribus massacrées ou corrompues par l'intrusion européenne 810.

809 Cité dans Descendance et Darwinisme, de 0. Schmidt, trad. franç., P. 268.

 810 La Philosophie, p. 508.

 

Parfaitement exact, mais le phénomène ici constaté n'est-il pas un exemple de l'action de la Loi Cyclique, qu'il serait difficile d'expliquer au moyen d'arguments matériels ? D'où viennent le "cycle de la destinée" et l'ordre ici constaté ? Pourquoi cette stérilité (Karmique) attaque-t-elle et déracine-t-elle certaines races lorsque "leur heure a sonné" ? La réponse qui attribue cela à une "disproportion mentale" entre la race qui colonise et la race aborigène est évidemment évasive, puisqu'elle n'explique pas les soudains "échecs à la fertilité" qui se produisent fréquemment. L'extinction de la race des îles Hawaï, par exemple constitue l'un des plus mystérieux problèmes de notre époque. L'Ethnographie sera tôt ou tard obligée de reconnaître avec les Occultistes qu'il faut chercher la solution dans une pleine compréhension de l'action de Karma. Ainsi que le fait remarquer Lefèvre :

Nous approchons du temps où il ne restera plus que trois grands types humains.

Cela se produira avant l'aurore de la Sixième Race-Mère et les trois types seront, le blanc (Aryens, Cinquième Race-Mère), le jaune et le noir de l'Afrique – avec leurs croisements (divisions Atlanto-Européennes). Les Peaux-Rouges, les Esquimaux, les Papous, les Australiens,  les Polynésiens, etc., s'éteignent tous peu à peu. Ceux qui se rendent compte que chaque Race-Mère parcourt une gamme de sept sous-races, ayant chacune, sept rameaux, etc., comprendront le "pourquoi". La marée montante des Egos qui s'incarnent les a dépassés pour recueillir de l'expérience dans des groupes plus développés et moins séniles, de sorte que leur extinction est une nécessité Karmique. Quatrefages nous donne des statistiques extraordinaires et inexpliquées au sujet de l'extinction des races 811. En dehors du point de vue.Occulte, aucune solution ne saurait l'expliquer. [IV 426]

Mais nous nous sommes écartés de notre sujet direct. Ecoutons maintenant ce que le professeur Huxley nous dit au sujet des Continents disparus de l'Atlantide et du Pacifique.

Il écrit dans Nature :

Autant que je le sache, rien, parmi les preuves biologiques ou géologiques dont nous disposons à présent, ne saurait rendre insoutenable  l'hypothèse d'après laquelle une surface, aussi grande que l'Europe, du sous-sol du milieu de l'Atlantide ou du Pacifique, aurait été soulevée aussi haut que le Mont Blanc, puis se serait affaissée de nouveau à une époque quelconque postérieure à l'époque Paléozoïque, s'il y a des raisons pour soutenir cette hypothèse 812.

Ce qui veut dire alors que rien ne milite contre la preuve positive du fait ; rien par conséquent, contre les Postulata Géologiques de la Philosophie Esotérique. Le docteur Berthold Seeman nous assure dans la Popular Science Review que :

Les faits accumulés par les Botanistes, en vue de  reconstituer ces cartes perdues du Globe sont assez compréhensibles, et ils n'ont pas reculé devant la démonstration de l'existence, au temps jadis, de plusieurs larges espaces  de  terre  ferme,  dans  des  endroits  aujourd'hui  occupés  par de grands océans. Frappés par de nombreux points de contact qui existent entre la flore des Etats-Unis et celle de l'Asie Orientale, ils ont été amenés à en conclure que, durant l'ordre actuel des choses, il a jadis existé un trait d'union continental entre l'Asie du Sud-est, et l'Amérique Occidentale. La singulière correspondance qu'ils relèvent entre la flore actuelle des Etats- Unis du Sud et la flore des limites. de l'Europe les porte à croire que, durant la période Miocène, l'Europe et l'Amérique étaient réunies par une bande de terre ferme dont l'Islande, Madère et les autres îles de l'Atlantique seraient les restes ; bref, que l'histoire de l'Atlantide, contée à Solon par un prêtre Egyptien, n'est pas une simple fiction, mais repose sur de solides bases historiques... L'Europe de la période Eocène ne reçut les plantes qui se répandirent sur les montagnes et dans les plaines, dans les vallées et sur les rives des fleuves (généralement d'Asie), ni exclusivement du Sud, ni exclusivement de l'Est. L'Ouest fournit aussi sa part, et, si elle fut plutôt maigre à cette époque, cela n'en prouve pas moins, en tout cas, que la communication commençait à s'établir entre les deux continents d'une façon remarquable. A cette époque, certaines plantes du Continent Occidental commencèrent à atteindre l'Europe, en passant par l'Atlantide qui, selon toutes probabilités, commençait  à  s'élever  au-dessus  de l'Océan 813. [IV 427]

811 L'Espèce Humaine,,p, 183 et suiv.

812 Art. "The First Volume of the Publications of the Challenger", p. 2, 4 nov. 1880.

 813 Op. cit., Art. "Australia and Europe formerly one Continent (V. 19, 25). C'est incontestablement un fait et une confirmation de la conception Esotérique de la Lémurie qui, jadis, non seulement occupait une grande étendue de l'océan Indien et de l'océan Pacifique, mais se Prolongeait autour du Sud, de l'Afrique dans l'Atlantide du Nord. Sa partie Atlantique devint plus tard la base géologique de la future demeure des Atlantéens de la Quatrième Race.

814 Ibid., I, 143.

 

Et dans un autre numéro de la même revue 814, M. W. Duppa Crotch, dans un article intitulé "The Norwegian Lemming and its Migrations", fait allusion au même sujet :

Il est probable qu'une terre a pu exister là où l'immense Atlantique roule aujourd'hui ses ondes. Toutes les traditions l'affirment : les antiques archives égyptiennes mentionnent l'Atlantide, comme nous l'ont dit Strabon et d'autres. Le Sahara lui-même représente le sable d'une ancienne mer et les coquillages que l'on y trouve prouvent que, sans remonter plus haut que la période Miocène, une mer existait là où se trouve aujourd7hui  le désert. Le voyage du "Challenger" a établi l'existence de trois longues crêtes 815 dans l'Océan Atlantique 816, dont l'une s'étend sur une longueur de plus de trois mille milles, et des éperons latéraux peuvent, en rattachant ces crêtes entre elles, expliquer la merveilleuse similitude de la faune des îles de l'Atlantique 817.

815 Cf. le rapport publié sur l'expédition du Challenger, ainsi qu'Atlantis de Donnelly, p. 408 et pp. 46-56,chap. intitulé "The Testimony of the Sea".

816 Le prudent Lefèvre lui-même parle de l'existence d'hommes Tertiaires vivant sur "des terres émergées, îles ou continents florissants alors et depuis descendus sous les mers, et dans un autre endroit il parle "d'une Atlantide possible" pour expliquer des faits ethnologiques. (Cf. son ouvrage intitulé La Philosophie, Paris, 1879, pp. 478 et 504.) M. Donnelly fait remarquer avec une rare intuition que "la civilisation moderne est Atlaritéenne... La faculté d'invention de l'époque actuelle entreprend par délégation le grand œuvre de la création là où l'Atlantide le laissa il – y a des milliers d'années" (Attantis, p. 177, 2-41 éd.). Il fait aussi remonter l'origine de la culture à l'époque Miocène. Il faut toutefois la rechercher dans les enseignements donnés à, la Troisième Race d'hommes par leurs Divins Souverains – à une époque bien antérieure.

817 Une similitude tout aussi "curieuse" peut être relevée entre certains spécimens de la faune des Indes Occidentales et celle de l'Afrique Occidentale.

 

Le continent de la Lémurie, englouti dans ce qui est aujourd'hui l'Océan Indien, est considéré comme fournissant une explication des nombreuses difficultés que soulève la distribution de la vie organique, et je crois que l'existence d'une Atlantide Miocène sera reconnue comme étant de nature à permettre d'élucider des questions plus intéressantes (parfaitement exact !) que celle de la migration des lemmings. En tout cas, si l'on peut prouver qu'une terre ferme existait jadis là où l'Atlantique Nord roule ses flots, non seulement on aura trouvé un motif à ces migrations qui avaient l'apparence de suicides, mais encore une preuve indirecte que ce que nous [IV 428] appelons l'instinct n'est que l'héritage aveugle et parfois nuisible d'une expérience acquise antérieurement.

On nous enseigne que, durant certaines périodes, des multitudes de ces animaux se jettent à la nage dans la mer et périssent. Venant de toutes les parties de la Norvège, le puissant instinct qui a survécu au cours des siècles, comme un héritage de leurs progéniteurs, les pousse à rechercher un continent qui existait jadis, mais qui est aujourd'hui submergé sous les flots de l'océan, qui devient leur tombeau.

Dans un article renfermant une critique d'Island Life de M. A. R. Wallace – ouvrage qui traite surtout la question de la distribution des animaux – M. Starkie Gardiner écrit :

Au moyen d'un raisonnement qui s'appuie sur un grand nombre de faits de toutes sortes, il arrive à cette conclusion que la distribution de la vie sur la terre, telle que nous la voyons maintenant, s'est accomplie sans l'aide de changements importants dans les positions relatives des continents et des mers. Pourtant, si nous acceptons sa manière de voir, il nous faudra admettre que l'Asie et l'Afrique, Madagascar et l'Afrique, la Nouvelle- Zélande et l'Australie, l'Europe et l'Amérique ont été réunies à une certaine époque, géologiquement peu reculée, et que des mers d'une profondeur de 1.000 brasses ont vu leurs côtes reliées entre elles, mais nous devons considérer comme "purement gratuite et absolument opposée à toutes les preuves dont nous disposons" (! !) la supposition que l'Europe tempérée et l'Amérique tempérée, l'Australie et l'Amérique du Sud aient jamais été réunies, sauf par le Cercle Arctique ou par le Cercle Antarctique, et que des terres aujourd'hui séparées par des mers de plus de 1.000 brasses de profondeur aient jamais été réunies.

Il faut admettre que M. Wallace a réussi à expliquer les principales caractéristiques de la distribution de la vie actuelle, sans relier entre elles les  côtes  de l'Atlantique ou du Pacifique, sauf du côté des Pôles ;, pourtant je ne puis m'empêcher de penser que certains faits seraient peut-être plus faciles à expliquer si l'on admettait l'existence antérieure, entre la côte du Chili et la Polynésie 818   et entre la Grande – Bretagne et la Floride, de traits d'union indiqués par les bancs sous-marins qui s'étendent entre ces pays. On n'invoque aucune raison qui rendrait impossibles ces rapports plus directs, et aucune raison physique ne s'oppose à ce que le fond de l'océan soit soulevé, quelle que soit sa profondeur. La route que suivirent (d'après les hypothèses Anti-Atlantéennes et Anti-Lémuriennes de Wallace les flores de  l'Amérique du Sud et de l'Australie [IV 429] pour se confondre ensemble, est semée d'obstacles presque insurmontables, et l'arrivée, apparemment soudaine, d'un certain nombre de plantes américaines sub-tropicales dans nos flores Eocènes, nécessite un trait d'union plus au sud de la ligne actuelle de 1.000 brasses. Des forces sont sans cesse en action ; il n'y a pas de raison pour  qu'une force élévatoire mise en action au centre d'un océan cesse d'agir avant qu'un continent ne soit formé. L'action de ces forces a soulevé hors du sein des eaux – à  une époque géologique relativement récente, les montagnes les plus élevées de la terre. M. Wallace lui-même  admet à maintes reprises que le – fond des mers a été exhaussé de 1.1100 brasses, et que des lis se sont élevées d'une profondeur de 3.000 brasses ; et la supposition que les forces élévatoires aient une force limitée, me paraît, pour me servir de l'expression employée dans Island Life, "purement gratuite et absolument opposée à toutes les preuves dont nous disposons" 819.

818 La partie Pacifique du Continent géant de la Lémurie, baptisé Pacificus par le Dr Carter Blake, l'anthropologiste.

819 "Subsidence and Elevation" Geological Magazine, pp. 241, 245, juin 1881.

 

Le "père" de la Géologie Anglaise – Sir Charle Lyell – était un partisan de l'uniformité, dans son opinion au sujet de la formation continentale. Nous l'entendons dire :

Les professeurs Unger (Die Versunkene Insel Atlantis) et Heer (Flora Tertiara Helvetiae), se basant sur la botanique, se sont fait les avocats de rexistence antérieure d'un Continent Atlantique durant une certaine partie de la période tertiaire, comme fournissant la seule explication   plausible   que   l'on   puisse   imaginer pour expliquer l'analogie qui existe entre la flore Miocène de l'Europe Centrale et la flore actuelle de l'Amérique Orientale. D'autre part, le professeur Oliver, après avoir exposé combien parmi les types américains  découverts en Europe à l'état fossile, sont communs au Japon, penche vers la théorie que le Dr Ase Gray a été le premier à émettre, et d'après laquelle la migration des espèces à laquelle est due la communauté des types entre la flore des Etats Orientaux du Nord de l'Amérique et la flore Miocène de l'Europe se produisit, lorsqu'il existait une communication par terre ferme reliant l'Amérique à l'Asie Occidentale, entre le cinquantième et le soixantième parallèle de latitude, soit au sud du détroit de Behring et suivant la direction des îles Aléoutiennes. De cette façon elles auraient pu se frayer un chemin, à toute époque ; tant Miocène, que Pliocène ou Postpliocène, antérieure, à la période Glaciaire, vers le territoire de l'Amour, sur la côte Est de l'Asie septentrionale 820.

Les difficultés et les complications inutiles qui sont ainsi soulevées dans le but d'éviter l'hypothèse d'un Continent Atlantique, sont trop apparentes pour ne pas sauter aux yeux. Si les preuves [IV 430] botaniques existaient seules, le scepticisme serait en partie raisonnable, mais dans le cas qui nous occupe toutes les branches de la Science convergent vers un même point. La Science a commis de grandes méprises et s'est exposée à de bien plus grandes erreurs en n'admettant pas l'existence de nos deux Continents aujourd'hui invisibles. Elle a nié jusqu'à l'indéniable, depuis l'époque du mathématicien Laplace jusqu'à notre propre époque, et cela  il y  a  quelques  années  seulement 821.  Nous  pouvons,  nous  appuyer sur l'Académie de Médecine. lorsqu'il déclara que le phonographe d'Edison  était  un  tour de ventriloque !"

 Abordant le problème d'un autre côté, Sir Charles Lyell nous dit :

Au sujet de la cosmogonie des prêtres égyptiens, nous tirons beaucoup de renseignements des auteurs appartenant aux sectes grecques, qui empruntèrent, presque tous leurs traditions à l'Egypte, et entre autres, celui qui a trait à des destructions et à des rénovations successives antérieures du monde (catastrophes continentales et non cosmiques) 822. Plutarque nous apprend que c'était là, le thème de l'un  des  hymnes dédiés à Orphée, si célèbre aux époques fabuleuses de la Grèce. Il le rapporta des rives du Nil, et nous voyons dans ses vers, comme dans les systèmes Indiens, qu'une période déterminée est assignée à la durée de chacun des mondes successifs 823. Les retours des grandes catastrophes étaient déterminés par la période de l'Annus Magnus, ou grande année, cycle composé des révolutions du Soleil, de la Lune et des planètes, qui prend fin lorsque ceux-ci se retrouvent ensemble dans le même signe, d'où ils sont supposés être partis à une époque antérieure très reculée_ Nous rappelons spécialement par le Timée de Platon que les Egyptiens croyaient que le monde était soumis occasionnellement à des conflagrations et à des déluges. La secte des Stoïciens adopta complètement [IV 431] le système de catastrophes destinées à détruire le monde à certains intervalles. Ils enseignaient que ces catastrophes étaient de deux sortes – le cataclysme, ou destruction par déluge, qui balaye la race humaine entière et annihile tous les produits animaux et végétaux de la nature, et l'ecpyrosis, ou conflagration, qui détruit le globe lui- même (volcans sous-marins). Ils empruntèrent aux Egyptiens la doctrine de l'avilissement graduel de l'homme, s'éloignant de l'état d'innocence (simplicité naissante des premières sous-races de chaque Race- Mère). Vers la fin de chaque ère, les dieux ne pouvaient plus supporter la méchanceté des hommes (dégénérescence des Atlantéens par la pratique de la Magie, et la grossière animalité) et un choc des éléments ou un déluge les anéantissait ; après cette  calamité, Astrée descendait de nouveau sur la Terre pour y faire renaître l'Age d'Or (aurore d'une nouvelle Race-Mère) 824.

820 Antiquity Of Man, p. 492.

821 Lorsque Howard lut devant la Société Royale de Londres un rapport sur les premières recherches sérieuses au sujet des aérolithes. le naturaliste genevois Pictet, qui était présent, communiqua à l'Académie Française des Sciences, dès son retour à Paris. les faits qui avaient été exposés, mais ti fut aussitôt interrompu par le grand astronome Laplace, qui s'écria : "Arrêtez l nous en avons assez de ces fables. et nous les connaissons à fond", ce qui humilia fort Pictet. La foudre en forme de globe n'a été admise par la Science que depuis qu'Arago en a démontré l'existence. De Rochas dit (Forces Non-définies, p. 4) : "Tout le monde se souvient de la mésaventure du Dr  Bouillaud, à l'autorité du professeur Huxley pour déclarer qu'il n'y a, a priori, rien d'improbable dans les preuves possibles à l'appui de. cette croyance, mais maintenant que nous fournissons des preuves positives ce Savant éminent admettra-t-il le corollaire ?

822 Mythologie égyptienne, de Pritchard, pp. 177, 182, 193.

823 Plutarque, De defectu oraculorum chap. XII.

824 principles, of Geology, I, 9, 10.

 

Astrée, Déesse de la Justice, est la dernière divinité qui abandonna la Terre, lorsque les Dieux la quittèrent, rappelés au Ciel par Jupiter. Mais aussitôt que Jupiter éloigne de la Terre Ganymède – la personnification de la luxure – le Père des Dieux y précipite de nouveau Astrée qui y tombe la tête la première. Astrée n'est autre que la Vierge, la constellation du Zodiaque. Astronomiquement, sa signification est très claire et elle donne la clef de la signification Occulte, mais elle est inséparable du Lion, le signe qui la précède, et des Pléiades ainsi que de leurs sœurs les Hyades, dont Aldébaran est le chef brillant. Toutes se rattachent aux rénovations périodiques de la Terre, en ce qui concerne ses continents ; – il en est de même de Ganymède dont le nom astronomique est Aquarius (le Verseau). Il a déjà été démontré que, tandis que le Pôle Sud est le "Gouffre" (ou les régions infernales, au point de vue figuré et cosmologique), le Pôle Nord est le Premier Continent au point de vue géographique ; au point de vue astronomique et métaphorique, le Pôle Céleste, avec son Etoile Polaire dans le Ciel, c'est Mérou, ou le Siège de Brahma, le Trône de Jupiter, etc. En effet, à l'époque où les Dieux abandonnèrent la Terre, pour monter au Ciel, l'écliptique était devenue parallèle au méridien et une partie du Zodiaque semblait descendre du Pôle Nord vers l'horizon du nord. Aldébaran était alors en conjonction avec le Soleil, comme il y était, il y  a 40.1  ans, lors de la grande fête commémorative de cet Annus Magnus dont parlait Plutarque. Depuis cette année-là – il y a 40.060 ans – il y a eu un mouvement rétrograde de l'équateur, et, il y a environ 31.000 ans, Aldébaran était en conjonction avec le point équinoxial du Printemps. Le rôle assigné au Taureau, [IV 432] même par le Mysticisme Chrétien, est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'en parler. Le fameux Hymne Orphique sur les grands cataclysmes périodiques divulgue tout le côté Esotérique de l'événement. Pluton, dans le Gouffre, enlève Eurydice mordue par le Serpent Polaire. Alors Leo, le Lion, est vaincu. Or, lorsque le Lion "est dans le Gouffre", ou au-dessous du Pôle Sud, la Vierge, le signe qui vient après, le suit, et, lorsqu'elle est au-dessous de l'horizon du sud, depuis la tête jusqu'à la taille – elle est inversée. D'autre part, les Hyades sont les constellations de la pluie ou du Déluge, et Aldébaran – le suivant, ou celui qui succède aux filles d'Atlas, ou aux Pléiades – regarde en bas par l'oBil du Taureau. C'est en partant de ce point de l'écliptique que furent commencés les calculs du nouveau cycle. L'étudiant ne doit pas oublier non plus que, lorsque Ganymède – Aquarius – est élevé jusqu'au Ciel – ou au-dessus de l'horizon du Pôle Nord – la Vierge, ou Astrée, qui est Vénus-Lucifer, descend la tête la première au-dessous de l'horizon du Pôle Sud, ou du Gouffre ; ce Gouffre ou ce Pôle est aussi le Grand Dragon, ou le Déluge. Que l'étudiant exerce son intuition en rassemblant ces faits ; on ne peut rien dire de plus. Lyell fait remarquer que :

Le rapport qui existe entre la doctrine des catastrophes successives et les détériorations répétées du caractère moral de la race humaine est plus étroit et plus naturel qu'on ne le pourrait croire au premier abord. En effet, alors que règne un état social grossier, toutes les grandes calamités sont considérées par le peuple comme des châtiments de Dieu provoqués par la méchanceté de l'homme... De même, dans le récit que firent à Solon les prêtres égyptiens, au sujet de la submersion de l'île d'Atlantide sous les eaux de l'océan, à la suite des secousses répétées d'un tremblement de terre, nous lisons que l'événement se produisit lorsque Jupiter eut constaté la perversité des habitants 825.

 825 Ibid.

 

Fort exact, mais ne fut-ce pas parce que toutes les vérités Esotériques étaient communiquées au publie par les Initiés des temples, sous forme d'allégories

"Jupiter" n'est que la personnification de l'immuable Loi Cyclique qui arrête la tendance qu'a chaque Race-Mère à descendre après avoir atteint le zénith de sa gloire 826. Il nous faut admettre l'enseignement allégorique, à [IV 433] moins de nous ranger à l'opinion singulièrement dogmatique du professeur John Fiske, d'après laquelle un mythe :

... est une explication donnée par le mental non-civilisé, d'un certain phénomène naturel ; ce n'est pas une allégorie, ni un symbole ésotérique, car c'est un gaspillage d'ingéniosité que de chercher à découvrir dans les mythes les restes d'une science primitive raffinée – ce n'est qu'une explication. Des hommes primitifs n'avaient aucune science profonde à perpétuer au moyen d'allégories (qu'en sait M. Fiske ?), et  ils  n'étaient pas non plus assez pédants pour parler par énigmes, lorsqu'ils auraient pu atteindre le but en s'exprimant clairement 827.

Nous nous hasardons à dire que le langage des races initiées était bien plus "clair" et leur Science-Philosophie bien plus compréhensible et bien plus satisfaisante, pour les besoins physiques comme pour les besoins spirituels de l'homme, que la terminologie et le système élaborés par le maître de M. Fiske : Herbert Spencer. Quelle est, pourtant, l'  "explication" que Sir Charles Lyell donne du "mythe" ? Certes, il n'encourage en aucune façon l'idée de son origine "astronomique", comme le prétendent certains auteurs.

826 La Loi Cyclique de l'évolution des Races est très mal accueillie par ces Savants. Il suffit de mentionner le fait d'une "civilisation primitive" pour, exciter la frénésie des Darwiniens, car il est évident que plus l'origine de l'instruction et de la science est reculée dans le passé, plus la base de la théorie simiesque, devient précaire. Mais, comme le dit Jacolliot, "Quoi qu'il puisse y avoir au fond de ces traditions (continents submergés, ect !) et quel qu'ait été le siège du développement d'une civilisation plus ancienne que celle de Rome de la Grèce, de l'Egypte et des Indes, il est certain que cette civilisation exista, et il est très important pour la Science d'en retrouver les traces, si faibles et si fugitives qu'elles puissent être" (Histoire des Vierges : les Peuples et les Continents Disparus, p. 15). Donnelly a établi le fait en se basant sur les prémisses les plus claires,, mais les Evolutionnistes ne veulent rien entendre. Une civilisation Miocène renverse la théorie de "l'Age de  Pierre Universel" et celle des progrès continus de l'homme, en partant de l'ânimalisme. Et pourtant l'Egypte, au moins, va à l'encontre des hypothèses courantes ; on n'y relève les traces d'aucun Age de Pierre, mais une glorieuse civilisation y est de plus en plus apparente, à mesure que nous – arrivons à pousser – plus [loin nos recherches.

827 Myths and Myth Makers, p. 21.

828 De violents cataclysmes mineurs et des tremblements de terre colossaux sont remémorés dans les annales de la plupart des nations – si ce n'est de toutes. L'exhaussement et l'affaissement de continents est toujours en progrès. Toute la côte de l'Amérique du Sud a été soulevée de 10 à 15 pieds et s'est abaissé de nouveau dans l'espace d'une heure. Huxley a démontré que les Iles Britanniques ont été quatre fois submergées sous l'océan, puis soulevées et peuplées de nouveau. Les Alpes, les Himalayas et les Cordillères furent toutes le résultat de dépôts entraînés au fond des mers, puis soulevés à leur hauteur actuelle par des forces titaniques, Le Sahara fut le bassin d'une mer Miocène. Durant les cinq à six mille dernières années, les rivages de la Suède, du Danemark et de la Norvège se sont soulevés de 200 à 600 pieds ; en Ecosse, il y !a des rivages surélevés avec des roches gisant en dehors et des blocs isolés surmontant le rivage actuellement rongé par les vagues avides. Le Nord de l'Europe continue encore à se soulever au-dessus de la mer, et l'Amérique – du Sud nous offre le phénomène de rivages soulevés sur une longueur de plus de 1.000 milles et qui ont atteint actuellement une hauteur variant entre 100èmet 1.300 pieds – au-dessus du niveau de la mer. D'autre part, la côte du Groënland s'enfonce rapidement, au point que le Groënlandais évite de bâtir sur le rivage. Tous ces phénomènes sont certains. Pourquoi donc ces changements graduels n'auraient-ils pas fait place à, un violent cataclysme à des époques reculées – d'autant plus que des cataclysmes de ce genre se produisent même de nos jours sur une plus petite échelle, comme, par exemple, le cas de cette île de la Sonde, où furent détruits 80.000 Malais ?

 

Les deux interprètes sont en complet désaccord. La solution de Lyell est la suivante. Ne croyant pas aux changements produits par des cataclysmes, en raison de l'absence (?) de toute donnée historique digne de foi à ce sujet et par suite de sa forte prédilection pour les conceptions de changements géologiques uniformes 828, il s'efforce de faire remonter la "tradition" de l'Atlantide aux sources suivantes : [IV 434]Les tribus barbares rattachent les catastrophes à un Dieu vengeur, qui est supposé punir ainsi les races immortelles. Il en résulte que les débuts dune nouvelle race sont logiquement vertueux.

La source primitive de la base géologique de la tradition fut l'Asie – continent sujet à de violents tremblements de terre. Des récits exagérés auraient été ainsi transmis au cours des siècles.

L'Egypte, elle-même à l'abri des tremblements de terre, n'en basait pas moins ses connaissances assez considérables en géologie sur ces traditions de cataclysmes.

 Une ingénieuse "explication", comme toutes celles de ce genre ! Mais prouver une chose négative est proverbialement une tâche difficile. Ceux qui étudient la Science Esotérique et qui savent quelles étaient les véritables ressources dont disposaient les prêtres égyptiens, n'ont pas besoin d'une hypothèse aussi péniblement, élaborée. De plus, si le théoricien plein d'imagination est toujours à même de fournir une solution raisonnable des problèmes qui, dans une des branches de la Science, semblent nécessiter l'hypothèse de changements périodiques au moyen de cataclysmes sur la surface de notre planète, le critique impartial, qui n'est pas un spécialiste, reconnaîtra l'immense difficulté qu'il y a  à se débarrasser des preuves accumulées – preuves archéologiques, ethnologiques, géologiques, traditionnelles, botaniques et, mêmes biologiques – en faveur d'anciens continents aujourd'hui submergés. Lorsque chaque Science lutte pour son [IV 435] propre compte, on perd presque invariablement de vue la force accumulée de la preuve.

Nous avons écrit dans le Theosophit :

Nous avons pour preuves les plus anciennes traditions de peuples divers et séparés entre eux par de grandes distances – les légendes des Indes, de la Grèce ancienne, de Madagascar, Sumatra, Java et de toutes les îles principales de la Polynésie, ainsi que les légendes des deux Amériques. Les sauvages et les traditions de la plus riche littérature du monde – la littérature Sanscrite des Indes – sont d'accord pour déclarer qu'il existait il y des siècles, dans l'Océan Pacifique, un grand continent qui fut englouti dans la mer 829 à la suite d'un soulèvement géologique (la Lémurie). Et nous croyons fermement que la plupart des îles, sinon toutes les îles depuis l'archipel Malais jusqu'à la Polynésie, sont des fragments de cet immense continent submergé. Malacca et la Polynésie, qui se trouvent aux deux extrémités de l'Océan et qui, de mémoire d'homme, n'ont jamais eu et ne pouvaient avoir de rapports entre elles, ni même avoir connaissance l'une de l'autre, conservent cependant une tradition, commune à toutes les îles et à tous les îlots, d'après laquelle leurs territoires respectifs s'étendaient jadis au loin dans  la mer, et il n'y avait dans le monde que deux immenses continents, habités, l'un par des hommes jaunes, l'autre par des hommes noirs. L'Océan, sur l'ordre des Dieux et pour punir ces hommes de leurs incessantes querelles, les aurait absorbés. En dépit de ce fait géographique de la Nouvelle Zélande, les îles Sandwich et les îles de Pâques sont distantes entre elles de 800 à 1.000 lieues, et bien que de l'aveu de tous, ni ces îles, ni les autres îles intermédiaires, comme les îles Marquises, les îles – de la Société, les îles Fiji, Taïti, Samoa, et d'autres encore, n'aient pu communiquer entre elles depuis qu'elles sont devenues des îles, avant l'arrivée des Européens, et cela en raison de leur ignorance de la  boussole, leurs habitants soutiennent pourtant tous que leurs territoires respectifs s'étendaient au loin vers l'Ouest du côté de l'Asie. En outre, malgré de légères différences, ils parlent tous des dialectes évidemment issus de la même langue, se comprennent sans trop de difficulté, ont les mêmes croyances religieuses, les mêmes, superstitions et à peu de choses près les mêmes coutumes. Comme la plupart des îles de Polynésie n'ont été découvertes qu'il y a un siècle, que l'Océan Pacifique lui-même était, inconnu des Européens jusqu'à l'époque de Christophe Colomb et que ces insulaires n'ont jamais cessé de répéter les mêmes, antiques traditions depuis le jour où les Européens abordèrent pour [IV 436] la première fois chez eux, il nous paraît logique d'en conclure que notre théorie est plus voisine de la vérité que toute autre. Le  hasard devrait changer de nom et de signification, si tout cela n'était dû qu'au hasard 830.

Le professeur Schmidt, défendant l'hypothèse de l'existence passée de la Lémurie, déclare :

 829 A propos de l'opinion de Jacolliot, après de longs voyages à travers les îles de la Polynésie et des preuves qu'il propose pour établir qu'un grand cataclysme géologique eut lieu dans l'Océan Pacifique, voyez son Histoire des Vierges ; Peuples et Continents Disparus, p. 308.

 830 1880.

 

Qu'une grande série de faits se rapportant à la géographie ou aux animaux ne sont explicables que si l'on accepte l'hypothèse de l'existence antérieure d'un Continent Méridional dont l'Australie est un vestige... (La distribution des espèces indique) la terre disparue du sud, qui aurait été également la patrie des Makis de Madagascar 831.

  1. A, R. Wallace, dans son Malay Archipelago, arrive à, la conclusion suivante, après avoir passé en revue la masse des preuves dont on dispose :

La conclusion que nous devons tirer de ces faits est incontestablement que toutes les îles situées à  l'est de Java et de Bornéo constituent une partie essentiel le d'un continent antérieur, Australien ou Pacifique, bien que quelques-unes d'entre elles aient pu n'avoir jamais été réunies à lui. Ce continent doit avoir été brisé, non seulement avant que les Iles Occidentales eussent été séparées de l'Asie, mais probablement avant que l'extrême partie sud-est de l'Asie eût été soulevée au- dessus des eaux de l'Océan ; attendu qu'une grande partie du territoire de Bornéo et Java est géographiquement reconnue comme étant (le formation toute récente 832.

Suivant Haeckel :

Il est probable que l'Asie Méridionale, elle-même ne fut pas le premier berceau de la race humaine, mais bien la Lémurie, continent qui était situé au sud de l'Asie et qui s'affaissa plus tard sous la surface de l'Océan Indien 833.

Haeckel a raison dans un sens, en ce qui concerne la Lémurie – le "berceau de la race humaine". Ce Continent fui la demeure du premier groupe humain physique – les Hommes de la fin de la Troisième Race.

 831 Doctrine of Descent and Darwinism, pp. 236, 237. Consultez aussi sa longue argumentation sur ce sujet pp. 231 235 [O. Schmidt, Descendance et Darwinisine,,traduct. française. p. 205 a 211.]

832 OP. cit, I, 22, 23ème éd., 1869.

833 Pedigree of Man, p. 73.

 

Avant cette époque, les Races étaient [IV 437] bien moins consolidées et physiologiquement tout à, fait différentes. Haeckel, représente la Lémurie comme s'étendant des Iles de la Sonde à Pacifique et de Madagascar, vers l'est, jusqu'à l'Inde Supérieure.

Le professeur Rutimeyer, l'éminent Paléontologiste, pose la question suivante :

La supposition que les marsupiaux  presque exclusivement herbivores et insectivores, tels que les paresseux, les tatous, les fourmiliers et les autruches ont possédé jadis un centre de rassemblement dans un Continent Méridional, dont la flore actuelle de la Terre de Feu et de l'Australie doit représenter les  vestiges. Cette hypothèse serait-elle invraisemblable au moment où, grâce à leurs restes fossiles, Heer ressuscite devant nos yeux les antiques forêts du détroit de Smith et du Spitzberg 834.

834 Cité dans Doctrine of Descent and Darwinism de Scmiidt, p. 238 [éd. franç., P. 212].

 

Ayant maintenant examiné d'une manière générale l'attitude de la Science au sujet des deux questions, nous obtiendrons sans doute une agréable concision si nous résumons les faits isolés les plus marquants, en faveur de l'affirmation fondamentale des Ethnologues Esotériques – la réalité de l'Atlantide. La Lémurie est si largement acceptée, qu'il est inutile de pousser plus loin la discussion à son sujet, niais en ce qui concerne l'Atlantide on constate que :

Les Flores Miocènes de l'Europe ont leurs analogues les plus nombreux et les plus frappants dans les flores  des Etats-Unis, Dans les forêts de la Virginie et de la Floride, on trouve les Magnolias, les Tulipiers, les Chênes toujours verts, les Platanes, etc., qui correspondent point pour point avec la flore européenne Tertiaire. Comment la migration se serait-elle effectuée, si nous écartons la théorie d'un Continent Atlantique établissant, à travers l'océan, une communication entre l'Amérique et l'Europe ? "L'explication" que l'on propose et d'après laquelle la migration se serait effectuée par la voie de l'Asie et des Iles Aléoutiennes, n'est qu'une supposition gratuite, qu'annihile évidemment le fait que la majeure partie de ces flores ne se montre qu'à l'Est des Montagnes Rocheuses. Ceci détruit aussi l'idée d'une migration Trans- Pacifique. On les remplace maintenant par des continents Européens et des îles dans le Nord.

Des crânes déterrés sur les bords du Danube et du Rhin on une similitude frappante  avec  ceux  des  Caraïbes  et  des  antique [IV 438] Péruviens (Littré). On a découvert dans l'Amérique Centrale des monuments sur lesquels sont des têtes et des figures représentant incontestablement des nègres. Comment pourrait-on expliquer de tels faits, si ce n'est à l'aide de l'hypothèse Atlantéenne ? Ce qui constitue actuellement le N.-O. de l'Afrique fut jadis relié à l'Atlantide par un réseau d'îles, dont un très petit nombre subsiste encore.

D'après Farrar, la "langue isolée" des Basques n'a d'analogie avec aucune autre langue d'Europe 835, mais bien avec :

Les   langues    aborigènes    du   grand    continent opposé (l'Amérique) et n'en a qu'avec elles 836.

Le professeur Broca partage aussi cette manière de voir.

L'homme Paléolithique Européen, de l'époque Miocène et de époque Pliocène, était un pur Atlantéen, ainsi que nous l'avons déjà déclaré. Les Basques remontent, bien entendu, à une date bien plus récente, mais leurs affinités, comme nous le démontrons ici, tendent fort à établir l'extraction originelle de leurs antiques ancêtres. L'affinité "mystérieuse" qui existe entre leur langue et celle des races dravidiennes des Indes, sera comprise par ceux qui auront suivi notre esquisse des formations et des changements continentaux.

On a découvert dans les Ils Canaries des pierres sur lesquelles sont sculptés des symboles semblables à ceux qui ont été découverts sur les bords du Lac Supérieur. Ceci amena Berthollet à demander que l'on admette l'unité de race des premiers hommes des Iles Canaries et de l'Amérique 837.

Les Guanches des Iles Canaries étaient les descendants en ligne directe des Atlantéens. Ce fait explique la haute stature que prouvent leurs antiques squelettes et ceux de leurs congénères européens, les hommes Paléolithiques de Cro-Magnon. [IV 439]

Tout marin expérimenté n'a qu'à naviguer sur l'océan  insondable le long des Iles Canaries, Pour se demander quand et comment ce groupe de petites îles volcaniques et rocheuses a été  formé entouré de toutes parts, comme il est, par de vastes espaces liquides, De fréquentes questions de ce genre provoquèrent à la fin l'expédition du fameux Léopold von Buch, qui eut lieu dans le premier quart du siècle (XIXVe). Certains géologues soutiennent que ces îles volcaniques ont été soulevées directement du fond de l'Océan, dont la profondeur, dans le voisinage immédiat des îles, varie entre 6.000 et 18.000 pieds. D'autres étaient portés à voir dans ces groupes – y compris Madère, les Açores et les îles du Cap Vert – les restes d'un gigantesque continent submergé, qui unissait jadis l'Afrique, à l'Amérique. Ces derniers Savants étayaient leur hypothèse sur une masse de preuves tirées des anciens "mythes". D'antiques "superstitions", comme la féerique Atlantide de Platon, le Jardin des Hespérides, Atlas portant le monde sur ses épaules, tous ces mythes se rapportant au Pie Ténériffe, ne trouvèrent pas grâce devant la Science sceptique. identité des espèces animales et végétales, démontrant l'existence d'une communication antérieure entre l'Amérique et les groupes d'îles qui subsistent encore, reçut d'elle un meilleur accueil – car l'hypothèse de leur transport de l'Ancien au Nouveau Monde par les vagues était trop absurde pour être soutenue longtemps. Mais ce n'est que tout récemment et bien des années  après la publication du livre de Donnelly, que la théorie a eu des chances, plus sérieuses que jamais, de devenir un fait accepté. Des fossiles découverts sur la Côte Orientale de l'Amérique du sud ont été maintenant dûment reconnus comme appartenant aux formations Jurassiques et sont presque identiques aux fossiles Jurassiques de l'Europe Occidentale et de l'Afrique Septentrionale. La structure géologique des deux côtés est aussi presque identique ; la ressemblance qui existe entre les petits animaux marins habitant les eaux peu profondes des côtes de l'Amérique du Sud de l'Afrique Occidentale et du Midi de l'Europe, est aussi très grande. Tous ces faits sont de nature à convaincre les Naturalistes qu'il a existé, à des époques préhistoriques reculées, un continent s'étendant à travers l'Océan Atlantique, de la côte du Venezuela jusqu'aux îles Canaries et jusqu'au Nord de l'Afrique et dé Terre- Neuve presque jusqu'aux côtes de France.

La grande ressemblance qui existe entre les fossiles Jurassiques de l'Amérique du Sud, du Nord de l'Afrique et de l'Europe Occidentale est un fait assez frappant  par  lui-même  et  qui ne [IV 440] saurait s'expliquer, à moins que les deux côtés  de l'Océan n'aient été reliés par une Atlantide. Pourquoi y a-t-il aussi une similitude si marquée entre la faune des îles (aujourd'hui) isolées de l'Atlantique ? Pourquoi les spécimens de la faune du Brésil dragués par G Wyville Thompson ressemblaient-ils à ceux de l'Europe Occidentale ? Pourquoi cette ressemblance entre un grand nombre de groupes d'animaux de l'Ouest de l'Afrique et de l'Ouest des Indes ? Puis :

En comparant les animaux et les plantes de l'Ancien et du Nouveau Monde, on ne peut s'empêcher d'être frappé par leur identité ; tous, ou presque tous, appartiennent aux mêmes genres, alors que beaucoup des espèces elles- mêmes sont communes aux deux continents... ce qui indique qu'elles émanèrent d'un centre commun (Atlantide) 838.

835 Pour avoir de nouveaux détails au sujet de l'isolement des Basques en Europe et de leur parenté ethnologique, voyez "l'Homme avant les Métaux" par Joly, p. 290 [Paris 1888]. B. Davis est disposé à admettre, après une étude des crânes des Guanches des îles Canaries et des Basques modernes, qu'ils appartiennent les uns et les autres à une rare spéciale des anciennes îles, dont les Canaries sont tout ce qui reste ! C'est là un véritable pas en avant. De Quatrefages et Hamy font aussi, tous deux, remonter les hommes de Cro-Magnon, dans le Midi de la France et les Guanches, à un seul type –proposition qui implique un certain corollaire dont il se peut qu'aucun des deux auteurs ne désire, assumer la paternité.

836 Families of Speech..

837 Cf. The Atlantic Islands, de Benjamin, p. 130.

 838 Westminster Review, janvier 1872.

 

Suivant la Science, le cheval est originaire d'Amérique. Du moins une grande partie des "chaînons jadis manquants" qui le rattachent à des formes inférieures ont été découverts dans les couches géologiques de l'Amérique. Comment le cheval pénétra-t-il donc en Europe et en Asie, si aucune terre ferme ne reliait les côtes de l'océan ? Ou bien, si on affirme que le cheval est originaire de l'Ancien Monde, comment des formes telles que l'hipparion, etc., pénétrèrent-elles pour la première fois en Amérique, suivant l'hypothèse de la migration ?

Et encore :

Buffon avait... remarqué que les faunes de l'Afrique et de l'Amérique se répétaient ; que le lama, par exemple, rappelle de loin le chameau dont il est une forme plus moderne et que le puma du Nouveau Monde représentait le lion de l'Ancien 839.

La citation qui suit va de pair avec le N° 2, mais sa signification est telle, et l'auteur cité jouit d'une si haute autorité, qu'elle mérite qu'on lui réserve une place pour elle seule :

En ce qui concerne les dolichocéphales d'Amérique, je soutiens une hypothèse plus audacieuse encore : à savoir, qu'ils ont une proche parenté avec les Guanches des lies Canaries et avec les populations atlantiques de l'Afrique : Maures, Touaregs, Coptes, que Latham confond sous le nom d'Egyptiens-Atlantides. Nous retrouvons une seule et même forme de crânes, aux lies Canaries, sur les côtes de l'Afrique et dans les lies Caraïbes, sur la côte qui fait [IV 441] face à l'Afrique. La couleur de la  peau, des deux côtés de l'Atlantique, est représentée chez ces peuples comme étant d'un brun rouge 840.

839 Doctrine of Descent and Darwinism de Schmidt, p. 233 [trad. franç., P.199].

840 Smithsonian Report, du professeur Retzius, 1859, p. 266.

 

Par conséquent, si les Basques et les Hommes des Cavernes de Cro-Magnon  sont  de  la  même  race  que  les  Guanches des Canaries, il s'ensuit qu'ils sont aussi alliés aux aborigènes de l'Amérique. Telle est la conclusion qu'imposent les recherches indépendantes de Retzius, Virchow et de Quatrefages. Les affinités Atlantéennes de ces trois types deviennent évidentes.

Les sondages entrepris par les vaisseaux de S. M., le "Challenger" et le "Dolp4in", ont établi qu'une énorme crête, longue de quelque 3.000 milles, s'élève du fond des abîmes de l'Atlantique et, partant d'un point voisin des lies Britanniques, s'étend vers le Sud, contourne le Cap-Vert et se dirige vers le Sud-Est, le long de la côte Ouest de l'Afrique. La hauteur moyenne de cette crête est d'environ 6.000 pieds et s'élève au-dessus du niveau des vagues aux Açores, à l'île de l'Ascension et en d'autres endroits. Dans les profondeurs de l'océan et dans le voisinage des Açores, on a découvert les traces de ce qui lut un jour une massive surface de terre 841.

Les inégalités, les montagnes et les vallées qui couvrent sa surface n'auraient jamais pu être produites par des dépôts de sédiments,  ni par des soulèvements sous-marins, en vertu des lois qui nous sont connues, mais ont dû,  au contraire, être façonnées par des forces agissant au-dessus du niveau des eaux 842.

Il est très probable qu'il existait jadis des crêtes de terre ferme unissant l'Atlantide à l'Amérique du Sud quelque part au-dessus de l'embouchure de l'Amazone, à l'Afrique près du Cap Vert, et il est en même temps assez probable qu'il existait aussi une communication de ce genre avec l'Espagne, comme le soutenait Donnelly 843. Que cette dernière communication ait existé ou non, cela n'a pas d'importance, en raison du fait que ce qui est aujourd'hui le N.-O. de l'Afrique n'était – avant le soulèvement du Sahara et la rupture du passage de Gibraltar – qu'un prolongement de l'Espagne. On ne peut donc soulever aucune difficulté [IV 442] au sujet de la façon dont s'est effectuée la migration de la faune européenne, etc.

841 Etudiez les recherches entreprises par le vaisseau des Etats-Unis le "Dolphin" et par d'autres.

842 Scientific American, 28 juillet 1877.

843 Voyez sa carte, Atlantis, p. 46, bien qu'elle ne donne qu'un fragment du "éel continent.

  

Nous en avons dit assez au point de vue purement scientifique, et, en raison de la façon dont nous avons développé le sujet, suivant les bases du Savoir Esotérique, il est inutile de grossir davantage la masse des preuves. Pour conclure, nous pouvons citer les paroles d'un des auteurs les plus intuitifs de notre époque, mettant admirablement en relief les opinions des Occultistes, qui attendent patiemment l'aube du prochain jour :

Nous commençons à peine à comprendre le passé ; il y a cent ans, le monde ne savait rien au sujet de Pompéi ou d'Herculanum ; rien au sujet des rapports de langage qui unissaient les nations Indo-Européennes ; rien au sujet de la signification des nombreuses inscriptions qui décorent les tombes et les temples de l'Egypte ; rien au sujet des inscriptions en forme de fers de flèches que l'on trouve à Babylone ; rien au sujet de la merveilleuse civilisation que révèlent les ruines du Yucatan, de Mexico et du Pérou. Nous sommes sur le seuil. Les recherches scientifiques avancent à pas de géants. Qui sait si dans cent ans d1ci les grands musées du monde ne seront pas ornés de pierres précieuses, de statues, d'armes et d'ustensiles provenant de l'Atlantide, en même temps que les bibliothèques du monde contiendront des traductions de ses inscriptions, qui jetteront un nouveau jour sur l'histoire passée de la race humaine et sur tous les grands problèmes qui plongent aujourd'hui les penseurs dans la perplexité 844.

 844 Atlantis, de Donnelly, P. 480.

 

Et maintenant concluons.

Nous nous sommes occupés des antiques traditions des nations, de la doctrine des cycles chronologiques et psychiques dont ces traditions constituent la preuve tangible et de beaucoup d'autres questions qui, à première vue, peuvent ne pas sembler à leur Place dans ce Volume, mais sont en vérité nécessaires. En traitant des annales et des traditions secrètes de tant de nations, dont l'origine même n'a jamais été déterminée que par des suppositions par vole d'inférence, en exposant les croyances et la philosophie de races plus que préhistoriques, le sujet n'est pas aussi facile à traiter qu'il le serait, s'il ne s'agissait que de la philosophie et de l'évolution d'une race spéciale. La Doctrine Secrète était la propriété commune d'innombrables millions d'hommes nés sous des climats différents, à des époques dont [IV 443] l'histoire refuse de s'occuper et auxquelles les Enseignements Esot6riques assignent des dates incompatibles avec les théories de la Géologie et de l'Anthropologie. La naissance et l'évolution de la Science Sacrée du Passé, se perd dans la nuit des temps, et même ce qui est historique – c'est-à-dire ce qui se retrouve disséminé çà et là dans l'antique littérature classique – est presque toujours attribué par la critique moderne à un défaut d'observation chez les anciens auteurs, ou à la superstition due à l'ignorance de l'antiquité. Il est donc  impossible de traiter ce sujet comme s'il s'agissait de l'évolution d'un art ou d'une science chez un peuple historique bien connu. Ce n'est qu'en mettant sous les yeux du lecteur de nombreuses preuves, tendant toutes à établir, qu'à toutes époques, quelles que fussent les conditions de civilisation et de savoir,. les classes instruites de toutes les nations se firent les échos plus ou moins fidèles d'un système identique et de ses traditions fondamentales – que nous pouvons l'amener à constater que tant de courants de la même eau doivent avoir une source commune pour point de départ. Qu'était donc cette source ? Si l'on assure que des événements futurs projettent leur ombre à l'avance, les événements passés ne peuvent manquer de laisser leurs traces. C'est donc à l'aide de ces ombres d'un passé archaïque et de leurs fantastiques silhouettes sur l'écran extérieur de toutes les Religions et de toutes les Philosophies, que nous parvenons, en les vérifiant et en les comparant à mesure que nous avançons, à reconstituer le corps qui les a produites. Ce que tous les peuples de l'antiquité acceptaient, ce dont ils faisaient la base de leurs religions et de leur foi, devait être assis sur la vérité et sur des faits. En outre, comme le disait Haliburton :

 N'écoutez qu'une des parties et vous resterez dans les ténèbres ; écoutez les deux parties et tout s'éclairera.

Le public n'a pu, jusqu'à présent, approcher et n'a pu entendre qu'une des parties, ou plutôt l'opinion partiale de deux classes d'hommes diamétralement opposées, dont les propositions préliminaires ou les prémisses respectives diffèrent largement, mais dont les conclusions sont les mêmes – les Savants et les Théologiens.. Nos lecteurs ont maintenant l'occasion d'entendre l'autre partie et d'apprendre ainsi quelle est la justification du défendeur et quelle est la nature de nos arguments.

Si l'on abandonnait le publie à ses anciennes opinions – c'est à-dire que, d'une part, l'Occultisme, la Magie, les légendes de jadis, etc., sont le résultat de l'ignorance, et de la superstition, et [IV 444] que, d'autre part, tout ce qui sort de l'ornière orthodoxe est l'œuvre du diable – qu'en résulterait-il ? En d'autres termes, si aucune œuvre littéraire, théosophique et mystique, n'avait attiré l'attention durant ces dernières années, l'ouvrage actuel n'aurait eu que peu de chances d'être étudié avec impartialité. On aurait proclamé – et beaucoup le proclameront encore que ce n'était qu'un conte de fées tiré de problèmes abstraits et n'ayant aucune base solide ; bulles de savon que la moindre réflexion fait crever. Les anciens auteurs classiques "superstitieux et crédules" n'en parlent eux-mêmes pas en termes clairs et précis, et les symboles eux-mêmes n'arrivent pas à faire soupçonner l'existence d'un pareil système. Tel serait le verdict unanime. Mais, lorsqu'il sera indéniablement prouvé que l'affirmation, par  les nations Asiatiques, de l'existence d'une Science Secrète et d'une Histoire Esotérique repose sur des faits ; que, bien qu'inconnus des masses et constituant un mystère voilé pour les Savants eux-mêmes – parce qu'ils n'ont jamais possédé la clef qui leur eût permis de bien comprendre les nombreuses allusions des anciens classiques – ce ne sont pourtant pas des contes de fées, mais des réalités ; alors le présent ouvrage deviendra le précurseur de beaucoup d'autres livres. L'affirmation que les clefs, découvertes jusqu'à présent par quelques grands savants, sont trop rouillées pour pouvoir servir et qu'elles ne constituent que des témoins muets prouvant qu'il existe derrière le voile, des mystères que l'on ne peut atteindre sans une clef, cette affirmation, disons-nous, est appuyée sur trop de preuves pour pouvoir être facilement écartée. Un cas servant d'exemple peut être tiré de l'histoire de la Franc-Maçonnerie.

Dans sa Maçonnerie Occulte, Ragon, illustre et savant Maçon Belge, reproche, à tort ou à raison, aux Maçons Anglais d'avoir matérialisé et déshonoré la Franc-Maçonnerie, jadis basée sur les anciens mystères, en adoptant, par suite d'une notion erronée de l'origine de l'association, les noms de "Franc-Maçonnerie" et de "Franc-Maçon". L'erreur est due, dit-il, à ceux qui rattachent la Franc-Maçonnerie, à la construction du Temple de Salomon. Il se moque de l'idée et dit :

"Le Français savait bien qu'il n'était pas question de bâtir le moindre mur, en adoptant le titre de  franc-maçon, mais il comprit qu'initié à des mystères voilés sous le nom de Franc-Maçonnerie et qui ne pouvaient être  que la continuation ou la rénovation des mystères anciens, il devenait maçon à la manière d'Apollon, d'Amphion ; ne sait-on pas que les anciens, parlant de la fondation d'une ville, entendaient l'établissement d'une doctrine. C'est ainsi que Neptune, dieu du raisonnement, et Apollon, dieu des choses cachées, [IV 445] se présentèrent, en qualité de maçons, chez Laomédon, père de Priam, pour l'aider à construire la ville de Troie, c'est-à-dire à établir la religion troyenne 845.

Ces phrases à double sens abondent dans les œuvres des anciens auteurs classiques. Par conséquent, si l'on avait tenté, par  exemple, d'établir que Laomédon fut le fondateur d'une branche des Mystères Archaïques, dans lesquels l'âme matérielle enchaînée à la Terre, ou Quatrième Principe, était personnifiée par l'infidèle épouse de Ménélas la belle Hélène, et si Raeon n'avait pas corroboré nos dires, on aurait pu nous répondre qu'aucun auteur classique n'en parle et qu'Homère nous montre Laomédon construisant une ville et non pas fondant un Culte Esotérique ou des Mystères. A part quelques rares Initiés, qui maintenant est capable de comprendre le véritable sens de pareils termes symboliques ?

Mais, bien que nous ayons fait allusion à beaucoup de symboles mal interprétés se rapportant à notre thèse, il nous reste encore à triompher de plus d'une difficulté. Le plus important de ces obstacles réside dans la chronologie, mais on ne peut guère y remédier. Pris entre la chronologie théologique et celle des Géologues soutenue par tous les anthropologistes matérialistes, qui assignent à l'homme et à la Nature des dates ne s'adaptant qu'à leurs propres théories – que pouvait faire l'auteur de plus que ce qu'il a fait ? Puisque la Théologie fait remonter le déluge à 2.448 ans avant J.-C., et la création du monde à 5.890 ans seulement, et puisque les recherches précises faites d'après les méthodes de la Science "exacte" ont amené les Géologues et les Physiciens à faire remonter l'époque de la formation de la croûte de notre Globe à une date  variant  entre  dix  mille  millions d'années 846 (une insignifiante différence, en vérité), et puisque les Anthropologistes réclament, pour leurs divergences d'opinions au sujet de la date de l'apparition de l'homme, une marge de 25.000 à 500.000 ans – que peut faire celui qui étudie la Doctrine Occulte, si ce n'est de présenter bravement au monde les calculs Esotériques ?

Mais, pour faire cela, il a été nécessaire d'avoir recours à quelques preuves "historiques", bien que nous sachions tous ce que valent les soi- disant "preuves historiques". En effet, que l'homme ait apparu sur la Terre il y a 18.000 ou 18.000.000 d'années, cela importe peu à l'histoire profane, puisqu'elle ne commence [IV 446] qu'environ deux mille ans avant notre ère et puisque, même alors, elle lutte désespérément contre le fracas des opinions contradictoires qui se détruisent mutuellement autour d'elle. Néanmoins, en raison du respect pour la Science exacte dans lequel le lecteur, en général, a été élevé, cette brève période du Passé resterait elle- même sans signification, si les Enseignements Esotériques n'étaient pas corroborés et appuyés sur place – toutes les fois que c'est possible – par des citations de noms historiques appartenant à ce que l'on appelle la période historique. C'est le seul guide que l'on puisse donner au commençant, avant de lui permettre de s'engager dans les méandres, pour lui peu familiers, du sombre labyrinthe que l'on appelle les époques préhistoriques. Nous nous sommes soumis à cette nécessité. Nous espérons seulement que le désir d'agir ainsi, qui a amené l'auteur à présenter constamment des preuves anciennes et modernes pour corroborer ses dires au sujet d'un Passé archaïque et nullement historique, ne le fera  pas accuser d'avoir mêlé, sans ordre ni méthode, les périodes diverses et très espacées de l'histoire et de la tradition. La forme littéraire et la méthode devaient être sacrifiées dans l'intérêt de la clarté de l'exposé général.

845 Ragon J.-M. Orthodoxie maçonnique, suivie de la Maçonnerie Occulte, p. 44 [Paris, Dentu, 1853].

846 Consultez Sir William Thomson et M. Huxley.

 847 Les deux volumes de l'édition anglaise forment les quatre de la traduction française.

 

Pour accomplir la tâche qu'il se proposait, l'auteur a dû avoir recours à la méthode peu usitée de diviser chaque Volume en trois Parties, dont la première seule est l'histoire suivie, bien que très fragmentée, de la Cosmogonie et de l'Evolution de l'Homme sur ce Globe. En traitant de la Cosmogonie, puis de l'Anthropogenèse de l'Humanité, il était nécessaire d'établir qu'aucune religion, depuis la plus ancienne, n'a jamais été entièrement basée sur la fiction, qu'aucune ne fut l'objet d'une révélation spéciale, et que c'est le dogme seul qui a toujours tué la vérité primordiale ; enfin, qu'aucune doctrine d'origine humaine, qu'aucune croyance, si sanctifiée qu'elle ait pu être par la coutume et l'antiquité, ne peut être comparée, au point de vue du caractère sacré, à la religion de la Nature. La clef de la Sagesse, qui ouvre les lourdes portes conduisant aux arcanes des sanctuaires les plus cachés, ne peut être découverte que dans son sein, et son sein se trouve dans les contrées signalées par le grand voyant du siècle passé, Emmanuel Swedenborg. Là se trouve le cœur de la Nature, ce sanctuaire d'où, sortirent les premières races de l'humanité primordiale et qui est le berceau de l'homme, physique.

Telle est l'esquisse sommaire des croyances et des dogmes des premières Races Archaïques, contenus dans leurs archives jusqu'à présent secrètes. Mais nos explications sont loin d'être [IV 447] complètes et nous ne prétendons pas avoir donné le texte complet, ni l'avoir déchiffré avec l'aide de trois ou quatre clefs, sur les sept qui constituent, l'interprétation Esotérique, et cela même n'a été accompli qu'en partie. La tâche est trop gigantesque pour qu'une personne puisse seule l'entreprendre et encore moins la mener à bonne fin. Ces deux volumes 847 ne représentent que l'œuvre d'un pionnier qui s'est frayé un chemin à travers la jungle presque impénétrable de la forêt vierge au Pays de l'Occulte. Un premier pas a été fait en abattant et en déracinant les mortels Upas de la superstition, du parti pris, et de l'ignorance pleine de suffisance, de sorte que ces deux volumes devraient constituer pour l'étudiant une bonne préparation à d'autres ouvrages. Tant que le rebut des époques passées n'aura pas été chassé de l'esprit des Théosophes auxquels nous dédions ces pages, il est impossible qu'ils puissent comprendre l'enseignement plus pratique que renferme le Troisième Volume 848. La publication du dernier Volume dépend donc entièrement de l'accueil que les Théosophes et les Mystiques réserveront aux deux Premiers Volumes.

SATYAT NASTI PARO DHARMA

IL     N'Y     A     PAS     DE     RELIGION      QUI     SOIT SUPERIEURE A LA VERITE

 

FIN DU VOLUME IV DE L'EDITION FRANÇAISE.

848 Les cinquième et sixième volumes de l'édition française.