IX

KAMA-LOKA ET DEVACHAN

 

 

DU SORT DES "PRINCIPES" INFÉRIEURS

 

Question – Qu'est-ce que Kama-Loka, dont vous venez de parler ?

Réponse – L'homme est, à sa mort, séparé pour toujours de ses trois principes inférieurs : le corps, la vie et le véhicule de la vie, c'est-à-dire le Corps Astral ou le double de l'homme vivant. Les quatre autres principes, savoir : la triade supérieure, et le principe central ou intermédiaire, Kama- rupa, l'âme animale, avec ce qu'elle a pu assimiler du Manas inférieur, se trouvent alors en Kama-Loka. Or, Kama-Loka est une localité astrale, le limbus de la théologie scholastique, le Hadès des anciens, et, pour parler juste, ce n'est une localité que dans un sens relatif ; car ce n'est défini ni par l'étendue ni par les limites, mais cela existe dans l'espace subjectif, c'est-à-dire au-delà des perceptions de nos sens. Cette localité existe, néanmoins, et c'est là que les eidolons [202] astraux de tous les êtres qui ont existé, y compris ceux des animaux, attendent leur seconde mort. Cette seconde mort a lieu, pour les animaux, lors de la désintégration et de l'entière disparition de leurs particules astrales ; elle commence pour l'eidolon humain, lorsque la triade Atma-Buddhi-Manasique "se sépare" de ses principes inférieurs, élection de son ex personnalité, pour se plonger dans l'état Dévakhanique.

Question – Et qu'arrive-t-il ensuite ?

Réponse – Privé du Manas supérieur, principe pensant qui le guide, dont l'aspect inférieur, l'intelligence animale, ne reçoit plus la lumière et ne possède plus de cerveau physique qui puisse lui servir d'organe, le fantôme Kama-rupique s'affaisse tout à fait.

Question – De quelle manière ?

 Réponse – Cette entité est réduite à l'état de la grenouille à laquelle le vivisecteur a enlevé certaines parties du cerveau ; elle ne peut plus penser, même sur le plan animal le moins élevé. Ce n'est donc même plus le Manas "inférieur", puisque ce dernier n'est rien sans le Manas "supérieur".

Question – Et c'est cette non-entité qui se matérialise dans les séances, avec l'aide de Médiums ?

Réponse – C'est cette non-entité ; Une véritable non-entité ; en effet, pour ce qui ne concerne que la faculté de raisonnement ou de réflexion ; mais, néanmoins, une Entité, bien qu'astrale et fluidique, comme font prouvé certains exemples, lorsque, [203] ayant été attirée inconsciemment et magnétiquement vers un médium, cette entité revit pour quelque temps et existe en lui, par procuration, pour ainsi dire. Ce "fantôme", Kama- rupa, peut être comparé à la Méduse, qui a une apparence éthérée et gélatineuse, aussi longtemps qu'elle se trouve dans son élément, c'est-à- dire dans l'eau (pour le "fantôme", l'AURA spécifique du médium) ; mais qui, jetée en dehors de cet élément, se dissout immédiatement dans la main ou sur le sable, surtout à la lumière du soleil. Cette entité vit, dans l'Aura du médium, d'une sorte de vie d'emprunt, et parle et raisonne à travers le cerveau du médium ou des personnes présentes. Mais ce sujet nous mènerait trop loin et nous conduirait sur le domaine d'autres personnes dont je ne désire nullement attaquer la propriété. Restons-en à la Réincarnation.

Question – Que pouvez-vous me dire à cet égard ? Combien de temps l'Ego réincarnant demeure-t-il dans l'état de Dévakhan ?

Réponse – On nous dit que cela dépend du degré de Spiritualité, ainsi que du mérite et du démérite de la dernière incarnation. La période ordinaire est, comme je vous l'ai déjà dit, de dix à quinze siècles.

Question – Mais pourquoi cet Ego ne pourrait-il pas se manifester aux mortels et avoir des communications avec eux, comme les Spirites le disent ? Qu'est-ce qui peut empêcher une mère [204] d'être en communication avec les enfants qu'elle a laissés sur la terre, ou un mari avec sa femme, et ainsi de suite ! C'est une croyance fort consolante, je l'avoue ; et je ne m'étonne guère que ceux qui la professent ne soient pas disposés à y renoncer.

 Réponse – Et personne ne les y force, à moins qu'ils ne préfèrent la Vérité à une fiction, quelque consolante, qu'elle puisse être. Nos doctrines ne sont peut-être pas sympathiques aux spirites ; pourtant, rien de ce que nous croyons et enseignons n'est de moitié aussi égoïste et aussi cruel que ce qu'ils prêchent.

Question – Je ne vous comprends pas ; qu'y a-t-il là de cruel ?

Réponse – Leur doctrine du retour des Esprits, des vraies "personnalités", ainsi qu'ils les appellent ; et je vais vous dire pourquoi. Si Dévakhan (ou le "paradis", comme vous voudrez) est un lieu (ou plutôt un état) "de béatitude et de félicité suprêmes", la logique suffit à nous prouver que l'on ne peut y éprouver aucun chagrin, ni même jusqu'à l'ombre de la douleur. "Dieu essuiera toutes les larmes des yeux" de ceux qui seront au paradis ; voilà ce que nous lisons dans le livre des nombreuses promesses. Et, si les "Esprits des morts" ont la faculté de revenir et de voir tout ce qui se passe sur la terre, et en particulier chez eux, quel est le genre de bonheur qui leur est réservé ? [205]