RESUME

 

L'Histoire de la Création et de ce Monde, depuis son origine jusqu'à l'époque actuelle, est composée de sept Chapitres : le septième n'est pas encore écrit.

T. Subba-Row 567.

 567 Voir The Theosophist, 1881.

 

On vient d'essayer d'écrire le premier de ces "sept chapitres" qui est maintenant terminé. Quelque faible et incomplète qu'en soit l'exposition, c'est, en tout cas, une approximation – au sens mathématique du mot – de ce qui est la base la plus ancienne de toutes les Cosmogonies suivantes. Il est audacieux d'essayer de décrire dans une langue européenne le grand panorama de la Loi dont les éternelles manifestations sont périodiques et dont les esprits plastiques des premières Races douées de Conscience avaient reçu l'impression, faite par ceux sur lesquels l'Intelligence Universelle le reflétait, car aucun langage humain, sauf le Sanscrit – qui est le langage des Dieux – ne permet de le faire d'une façon suffisamment exacte. Mais il faut excuser les imperfections de ce travail, en raison du motif qui l'a inspiré.

Dans son ensemble ni ce qui précède, ni ce qui va suivre, ne peut être trouvé ailleurs, dans son entier. Ce n'est enseigné dans aucune des six Ecoles Philosophiques de l'Inde, car cela relève de leur synthèse, la septième, qui est la Doctrine Occulte. Cela ne se trouve sur aucun des papyrus moisis de l'Egypte et n'est pas davantage gravé sur les briques ou les murs de granit des Assyriens. Les Livres de la doctrine Védânta – qui est le "dernier mot de la connaissance humaine" – ne donnent que l'aspect métaphysique de cette Cosmogonie du monde, et leur inestimable trésor, les Upanishads Upa-ni-shads est un mot composé exprimant la victoire remportée sur l'ignorance par la révélation de la connaissance secrète et spirituelle – nécessite aujourd'hui la possession additionnelle d'une clef maîtresse pour permettre à l'étudiant d'en saisir complètement la signification. Je me permets d'en donner ici la raison, telle que je l'ai apprise d'un Maître.

 Le mot Upanishad est ordinairement traduit par "doctrine ésotérique". Ces traités forment une partie du Shruti ou Connaissance "révélée" en un mot, de la Révélation, et [I 260] sont généralement rattachés à la partie Brahmana des Védas, comme leur troisième division 568.

568 T. SUBBA-ROW, Five Years of Thesophy, p. 154. 

...les Védas ont deux significations bien distinctes ; l'une exprimée par le sens littéral des mots, l'autre indiquée par la mesure et le svara (intonation) qui sont... comme la vie des Védas... Il va sans dire que les savants Pandits et les Philologues nient que le svara ait quoi que ce soit à faire avec la philosophie ou les anciennes doctrines ésotériques, mais le mystérieux rapport qu'il y a entre svara et lumière est un de ses plus profonds secrets.

 

Il y a plus de 150 Upanishads énumérées par les Orientalistes, qui pensent que la plus ancienne a été probablement écrite 600 ans environ avant Jésus-Christ, mais, en fait de textes authentiques, il n'en existe pas la cinquième partie. Les Upanishads sont aux Védas ce que la Kabaleest à la Biblejuive. Elles abordent et expliquent la signification secrète et mystique des textes védiques. Elles parlent de l'origine de l'Univers, de la nature de la Divinité, de l'Esprit et de l'Ame, et aussi du rapport métaphysique qui existe entre le Mental et la Matière. En peu de mots : Elles CONTIENNENT le commencement et la fin de toute connaissance humaine, mais elles ont cessé de la REVELER depuis l'époque de Bouddha. S'il en était autrement, les Upanishads ne pourraient pas être appelées ésotériques, puisqu'elles sont maintenant ouvertement annexées aux Livres Sacrés Brâhmaniques qui, à notre époque actuelle, sont devenus accessibles même aux Mléchchas (hors-castes) 569 et aux Orientalistes européens. Il y a en elles une chose et elle existe dans toutes les Upanishads – qui indique invariablement et constamment leur origine antique et qui prouve : (a) qu'elles ont été écrites, en partie, avant que le système de castes ne devînt l'institution tyrannique qui existe encore ; (b) que la moitié de leur contenu a été éliminé et que certaines d'entre elles ont été écrites de nouveau et abrégées. "Les grands Instructeurs de la Connaissance supérieure et les Brâhmanes y sont constamment représentés comme allant auprès des rois Kshatriyas [caste militaire]  pour devenir leurs élèves." Comme le professeur Cowell le fait remarquer avec justesse, les Upanishads "respirent un esprit entièrement différent [de celui de tous autres écrits brâhmaniques], une liberté de pensée qu'on ne retrouve dans aucun ouvrage antérieur, sauf dans les hymnes mêmes du Rig Véda." Le second  fait  est  expliqué  par  une  tradition conservée dans l'un des manuscrits traitant de la vie de Bouddha. Il y est dit que les Upanishads furent annexées à leurs Brâhmanas après le début d'une réforme [I 261] qui conduisit à l'exclusivisme du système actuel des castes chez les Brâhmanes, quelques siècles après l'invasion de l'Inde par les "Deux fois nés". Elles étaient complètes à cette époque et servaient à l'instruction des Chélas qui se préparaient à l'Initiation.

Cela dura tant que les Védas et les Brâhmanas restèrent exclusivement confiés aux Brâhmanes des temples – alors que personne d'autre n'avait le droit de les étudier, ou même de les lire, en dehors de la caste sacrée. Gâutama, prince de Kapilavastu, vint ensuite. Après avoir appris la totalité de la Sagesse Brahmanique dans le Rahasya ou Upanishads, et  avoir trouvé que les enseignements différaient peu, ou même pas du tout, de ceux des "Maîtres de Vie" qui habitent les chaînes neigeuses des monts Himâlayas 570, le disciple des Brâhmanes, indigné de ce que l'on tenait la Sagesse Sacrée hors de la portée de tous, sauf des Brâhmanes, résolut de la répandre pour sauver le monde entier. C'est alors que les Brâhmanes, voyant que leur connaissance sacrée et leur Sagesse occulte allait tomber dans les mains de Mléchchas, abrégèrent les textes des Upanishads qui contenaient, antérieurement, trois fois plus de matières que les Védas et les Brâhmanas réunis, sans changer toutefois un seul mot des textes. Ils détachèrent simplement des manuscrits les parties les plus importantes, celles qui contenaient le dernier mot du Mystère de l'Etre. La clef du code secret des Brâhmanes resta désormais entre les mains des seuls Initiés et les Brâhmanes purent ainsi nier publiquement la correction de l'enseignement de Bouddha, en faisant appel à leurs Upanishads où s'était fait pour toujours le silence sur les principales questions. Telle est la tradition ésotérique au-delà des Himâlayas.

570 Appelés aussi les "Fils de Sagesse" et du "Brouillard de Feu" et les "Frères du Soleil", dans les annales Chinoises. On parle du Si-dzang (Tibet), dans les manuscrits de la bibliothèque sacrée de la province de Fo-Kien comme ayant été le grand centre du savoir Occulte depuis des temps immémoriaux, bien des âges avant Bouddha. On dit que l'empereur Yu le "Grand" (2207 av. J.-C.), qui fut un pieux Mystique et un grand Adepte, acquit son savoir des "Grands maîtres des montagnes neigeuses" du Sidzang.

 

Shri Shankarâchârya, le plus grand Initié qui ait vécu dans les âges historiques, a écrit maint Bhâshya (commentaire) sur les Upanishads. Mais ses traités originaux, comme il y a des raisons de le supposer, ne sont pas encore tombés dans les mains des Philistins, car ils sont trop jalousement conservés dans ses monastères (matams). Et il y a des raisons encore plus puissantes pour croire que les inestimables Bhâshyas sur la Doctrine Esotérique des Brâhmanes, écrits [I 262] par leur plus éminent interprète, resteront pendant des siècles encore à l'état de lettre morte pour la plupart des Hindous, à l'exception des Brâhmanes Smârtavas. Cette secte, fondée par Shankarâchârya et encore très puissante dans l'Inde du Sud, est maintenant presque la seule à produire des étudiants ayant conservé assez de savoir pour comprendre la lettre morte des Bhâshyas. On m'apprend que la raison en est qu'eux seuls ont, parfois, de vrais Initiés à leur tête dans leurs mathams, comme, par exemple, dans le Shringagiri, dans les Ghâts Occidentaux de Mysore. D'autre part, il n'y a pas de secte, dans cette caste si désespérément exclusive des Brâhmanes, qui soit plus exclusive que ne l'est celle du Smârta, et la réticence de ses disciples à dire ce qu'ils peuvent savoir des sciences Occultes et de la Doctrine Esotérique n'est égalée que par leur orgueil et leur savoir.

Aussi l'auteur du présent exposé doit être prêt d'avance à voir les assertions qui se trouvent dans cet ouvrage rencontrer une vive opposition, ou même être rejetées. Ce n'est pas que nous prétendions à l'infaillibilité ou à la parfaite exactitude de chaque détail de tout ce qui est écrit ici. Les faits sont là et il n'est guère possible de les nier. Mais si, en raison  des difficultés intrinsèques des sujets traités et de l'insurmontable impuissance de la langue anglaise, comme de toutes les autres langues européennes, à exprimer certaines idées, l'auteur ne réussit pas à donner à ses explications la forme la meilleure et la plus claire, il n'en est pas moins vrai qu'il a fait tout ce qu'on pouvait faire dans des circonstances aussi défavorables, et on ne saurait lui en demander davantage.

Faisons donc une récapitulation et montrons par la grandeur des sujets exposés, combien il est difficile, sinon impossible, de leur rendre justice entière.

  1. La DOCTRINE SECRETE est la Sagesse accumulée des âges et sa cosmogonie à elle seule est le système le plus prodigieux et le plus élaboré qui soit connu, même sous la forme voilée de l'exotérisme des Purânas. Mais le pouvoir mystérieux du symbolisme Occulte est si grand que les faits qui ont réellement occupé d'innombrables générations de voyants initiés et de prophètes voués à les coordonner, à les inscrire et à les expliquer, durant les étourdissantes séries du progrès évolutif, sont tous enregistrés en quelques pages de glyphes et de signes géométriques. Le regard étincelant de ces voyants a pénétré au cœur même de la matière et découvert l'âme des choses là où un observateur profane ordinaire, quelque instruit qu'il eût été, n'aurait aperçu que la trame extérieure de la forme. Mais la Science moderne ne croit pas à "l'âme des choses", et, par suite, rejettera le système entier de la [I 263] Cosmogonie antique. Il est inutile de dire que le système en question n'est pas le produit de l'imagination d'un ou de plusieurs individus isolés il est constitué par les annales ininterrompues de milliers de générations de Voyants dont les expériences respectives ont concouru à certifier et à vérifier les traditions transmises oralement, d'une race primitive à une autre, au sujet des enseignements d'Etres supérieurs très élevés qui ont veillé sur l'enfance de l'Humanité. Il faut ajouter que, durant de longs âges, les "Sages" de la Cinquième Race – sages faisant partie du groupe sauvé et épargné lors du dernier cataclysme et de la modification des continents – ont passé leurs vies à apprendre et non à enseigner. Comment s'y sont-ils pris ? On répond : en contrôlant, en mettant à l'épreuve, en vérifiant, dans chaque département de la Nature, les traditions du passé, au moyen des visions indépendantes  des grands Adeptes, c'est-à-dire d'hommes qui ont développé et perfectionné leurs organismes physiques, mental, psychique et spirituel,  au plus haut point possible.

Ce qu'avait vu un Adepte n'était jamais accepté avant d'avoir été contrôlé et confirmé par ce qu'avaient vu d'autres Adeptes dans des conditions propres à constituer un témoignage indépendant – et par des siècles d'expérience.

  1. La loi fondamentale de ce système, le point central d'où tout émerge, autour de quoi et vers lequel tout gravite et sur lequel repose toute sa philosophie, est la SUBSTANCE-PRINCIPE, Une, Homogène et Divine, l'Unique Cause Radicale.

... Quelques-uns, dont les lampes brillaient d'une lumière plus intense, ont été conduits, de cause en cause, jusqu'à la source même de la nature, et ont reconnu qu'il doit exister un Principal primordial...

 On l'appelle "Substance-Principe", car il devient "Substance" sur le plan de l'Univers manifesté et n'est qu'une simple Illusion, tant qu'il reste un "Principe" dans l'Espace abstrait visible et invisible, sans commencement ni fin. C'est la Réalité omniprésente impersonnelle parce qu'elle renferme tout et toutes choses. Son Impersonnalité est la conception fondamentale du Système. Elle est latente dans chaque atome de l'Univers ; elle est l'Univers lui- même 571.

571 Voir Section 3, Substance Primordiale et Pensée Divine.

  1. L'Univers est la manifestation périodique de cette mystérieuse Essence Absolue. L'appeler "Essence" est  cependant pécher contre l'esprit même de la philosophie. Car, bien que le substantif puisse être tiré ici du verbe esse "être", cependant Cela ne peut être assimilé à un "être" quelconque que l'intellect humain puisse concevoir. On la décrit [I 264] mieux en disant que Cela n'est ni Matière, ni Esprit, mais les deux à la fois. Parabrahman et Mûlaprakriti ne font qu'Un, en réalité, et cependant sont Deux dans la conception universelle du Manifesté, même dans celle du Logos Unique, sa première "Manifestation", auquel, comme le prouve l'érudit conférencier des "Notes sur la Bhagavad Gîtâ", Elle apparaît, au point de vue objectif, comme Mûlaprakriti et non comme Parabrahman, comme son Voile, et non comme l'Unique Réalité cachée derrière lui et qui est non conditionnée et absolue.
  2. L'Univers, avec tout ce qu'il contient, est appelé Maya, parce que tout y est temporaire, depuis la vie éphémère de la luciole jusqu'à celle du soleil. Comparé à l'éternelle immutabilité de l'un et à l'invariabilité de ce Principe, l'Univers, avec ses  formes éphémères et toujours changeantes, doit nécessairement, dans le mental d'un philosophe, ne valoir guère mieux qu'un feu follet. Cependant l'Univers est suffisamment réel pour les êtres conscients qui l'habitent et qui sont aussi peu réels que lui-même.
  3. Tout, dans l'Univers, dans tous ses règnes, est Conscient, c'est-à- dire doué d'une conscience qui lui est particulière sur son propre plan de perception. Il faut nous rappeler, nous autres humains, que, parce que nous ne percevons aucun signe de conscience que nous puissions reconnaître dans les pierres, par exemple, ce n'est pas une raison pour dire qu'il n'y existe pas de conscience. La matière "morte" ou "aveugle" n'existe pas, pas plus qu'il n'y a de Loi "aveugle" ou "inconsciente". Tout cela ne trouve pas de place dans les conceptions de la Philosophie Occulte. Celle-ci ne s'arrête jamais aux apparences extérieures et, pour elle, les Essences nouménales ont plus de réalité que leurs contreparties objectives. Elle ressemble ainsi au système des Nominalistes du moyen âge, pour qui les universaux étaient les réalités et les particuliers n'existaient que nominalement et seulement dans l'imagination humaine.
  1. L'Univers est élaboré et guidé du dedans au dehors. Il en est en bas comme en haut, sur la terre comme dans le ciel, et l'homme, microcosme et copie miniature du macrocosme, est le témoin vivant de cette Loi Universelle et de son mode d'action. Nous voyons que chaque mouvement, chaque action ou geste externes, qu'ils soient volontaires ou machinaux, organiques ou mentaux, sont produits et précédés par une sensation ou une émotion interne, volonté ou volition, pensée ou intelligence.  Comme aucun mouvement ou changement externe, lorsqu'il est normal, ne peut se produire dans le corps extérieur de l'homme sans être provoqué par une impulsion intérieure donnée par l'une des trois fonctions [I 265] dont nous venons de parler, il en de même pour l'Univers externe ou manifesté. Le Kosmos entier est guidé, contrôlé et animé par une série presque infinie de Hiérarchies d'Etres sensibles ayant, chacun, une mission à remplir et qui – quelque nom que nous leur donnions, que nous les appelions Dhyân Chôhans ou Anges – sont des "Messagers" uniquement en ce sens qu'ils sont les agents des Lois Karmiques et Cosmiques. Ils varient à l'infini dans leurs degrés respectifs de conscience et d'intelligence, et les appeler tous des Esprits purs, sans aucun des mélanges terrestres "dont le temps a coutume de faire sa proie", c'est simplement se permettre une fantaisie poétique. En effet, chacun de ces Etres a été un homme dans le cycle (Manvantara) précédent ou se prépare à le devenir dans le Manvantara actuel ou dans un Manvantara à venir. Ce sont des hommes Parfaits quand ils ne sont pas des hommes en devenir et, dans leurs sphères supérieures et moins matérielles, ils ne diffèrent, moralement, des êtres humains terrestres qu'en ce qu'ils ne possèdent pas le sentiment de la personnalité et de la nature émotionnelle humaine – deux caractéristiques purement terrestres. Les premiers, ou les "parfaits", se sont libérés de ces sentiments, parce que (a) ils n'ont plus de corps charnels – ce poids qui engourdit toujours l'Ame  – et (b) parce que, le pur élément spirituel étant laissé sans entraves et plus libre, ils sont moins influencés par la Mâyâque ne peut jamais l'être l'Homme, à moins qu'il ne soit un Adepte, c'est-à-dire un être capable de tenir entièrement séparées ses deux personnalités – la spirituelle et la physique. Les Monades naissantes, n'ayant jamais eu de corps terrestres, ne peuvent éprouver aucun sentiment de personnalité ou d'égo-ïsme. Ce qu'on entend par "personnalité" étant une limitation et une relation, ou, comme Coleridge la définit, "une individualité existant par elle- même, mais avec une nature comme base", le mot ne peut naturellement pas s'appliquer à des entités non humaines mais, ainsi qu'il a toujours été constaté par des générations de Voyants, aucun de ces Etres, supérieur ou inférieur, n'a d'individualité, ni de personnalité comme Entités séparées ils n'ont pas d'individualité dans le sens que donne à ce mot l'homme qui dit : "Je suis moi et personne d'autre" en d'autres termes, ils ne sont pas conscients d'une séparativité distincte, comme celle qui existe pour les hommes et les choses de la terre. L'individualité est la caractéristique de leurs Hiérarchies respectives et non de leurs unités, et ces caractéristiques varient seulement avec le rang du plan auquel appartiennent ces Hiérarchies plus elles se rapprochent de la région de l'Homogénéité et de l'Un Divin, plus cette individualité est [I 266] pure et peu accentuée dans là Hiérarchie. Ils sont finis sous tous les rapports, sauf en ce qui concerne leurs principes supérieurs – les Etincelles immortelles qui réfléchissent la Flamme Divine Universelle individualisée et séparée seulement, sur les sphères d'Illusion, par une différenciation aussi illusoire que le reste. Ce sont des "Etres Vivants", parce que ce sont des courants projetés de la Vie Absolue sur l'écran Cosmique de l'Illusion des êtres dans lesquels la vie ne peut s'éteindre avant que le feu de l'ignorance ne soit éteint chez ceux qui ont le sentiment de ces "Vies". Ayant pris naissance sous l'influence vivifiante du Rayon incréé, réflexion du grand Soleil Central qui luit sur les bords de la Rivière de Vie, c'est, chez eux, le  Principe  Intérieur  qui  appartient aux Eaux  de l'Immortalité, tandis que son vêtement différencié est aussi périssable que le corps de l'homme. C'est pourquoi Young avait raison de dire :

Les Anges sont des hommes d'un ordre supérieur...

et pas davantage. Ce ne sont ni des Anges "secourables", ni des Anges "protecteurs", pas plus que des "Précurseurs du Très-Haut" ils sont encore bien moins les "Messagers de Colère" d'un Dieu, comme en a créés l'imagination de l'homme. Solliciter leur protection est aussi insensé que de croire qu'on peut gagner leur sympathie par une offrande quelconque, car ils sont, autant que l'homme lui-même, les esclaves et les créatures de l'immuable Loi Karmique et Cosmique. La raison en est évidente. Ne possédant aucun élément de personnalité dans leur essence, ils ne peuvent avoir aucune des qualités personnelles telles que les hommes attribuent, dans les religions exotériques, à leur Dieu anthropomorphe, le Dieux jaloux et exclusif, qui se réjouit et se met en colère, qui aime les sacrifices et montre  plus de despotisme dans sa vanité que n'importe quel homme insensé. L'Homme, étant un composé des essences de toutes ces Hiérarchies célestes, peut réussir, comme tel, à se rendre supérieur, à un certain point de vue, à une Hiérarchie ou à une quelconque de ces Classes ou même de leurs combinaisons. Il est dit que "l'homme ne peut ni se rendre les Dévas propices, ni les commander". Mais, en paralysant sa personnalité inférieure et en arrivant ainsi à la pleine connaissance de la non-séparativité entre son Soi Supérieur et l'Unique Soi Absolu, l'homme peut, même durant sa vie terrestre, devenir comme "l'Un de nous". C'est ainsi qu'en mangeant le fruit de la connaissance qui dissipe l'ignorance l'homme devient comme l'un des Elohim ou Dhyânis et, une fois sur leur plan, l'Esprit de Solidarité et de Parfaite Harmonie [I 267] qui règne dans toute Hiérarchie doit s'étendre à lui et le protéger en tout.

La principale difficulté qui empêche les hommes de Science de croire aux esprits divins, comme aussi à ceux de la nature, c'est  leur Matérialisme. L'obstacle majeur qui empêche le Spirite de croire à tous ces mêmes esprits, alors qu'il conserve une croyance aveugle aux "Esprits" des Morts, c'est l'ignorance générale de tous – sauf quelques Occultistes et Kabalistes – en ce qui concerne l'essence et la nature vraies de la Matière. C'est de l'acceptation ou du rejet de la théorie de l'Unité de tout dans la nature, dans son Essence ultime, que dépend principalement la croyance ou l'incrédulité au sujet de l'existence, autour de nous, d'autres Etres conscients, en plus des Esprits des Morts. C'est sur la compréhension correcte de l'évolution primordiale de l'Esprit-Matière et de son Essence réelle que l'étudiant doit compter pour l'élucidation ultérieure dans son mental de la Cosmogonie Occulte et pour trouver le seul indice sûr qui puisse guider ses études suivantes.

En vérité, comme nous venons de le montrer, chaque  prétendu "Esprit" est, soit un homme désincarné, soit un homme futur. Puisque, depuis l'Archange le plus élevé (Dhyân-Chôhan), jusqu'au dernier Constructeur conscient (la Classe inférieure d'Entités Spirituelles), tous sont des hommes ayant vécu il y a des âges dans d'autres Manvantaras, sur cette Sphère ou sur d'autres, de même les Elémentals inférieurs, semi- intelligents et non-intelligents, sont tous des hommes futurs. Le fait seul qu'un Esprit est doué d'intelligence est, pour l'Occultiste, une preuve qu'il a dû être un homme et acquérir sa connaissance et son intelligence en parcourant le cycle humain. Il n'y a, dans l'Univers, qu'une Omniscience et Intelligence indivisible et absolue et elle vibre à travers chaque atome et chaque point infinitésimal du Cosmos entier, du Cosmos qui n'a pas de limite et qu'on nomme l'ESPACE – considéré indépendamment de tout ce qui y est contenu. Mais la première différenciation de sa réflexion dans le Monde Manifesté est purement spirituelle et les Etres qui y sont générés ne sont pas doués d'une conscience ayant un rapport quelconque avec celle que nous concevons. Ils ne peuvent posséder de conscience ou d'Intelligence humaine avant de les avoir acquises, personnellement et individuellement. Cela peut être un mystère, mais c'est cependant un fait dans la Philosophie Esotérique – et même un fait très apparent.

L'ordre entier de la Nature témoigne d'une marche progressive vers une vie supérieure. Il y a un plan dans l'action [I 268] des forces en apparence les plus aveugles. Le processus entier de l'évolution, avec ses adaptations sans fin, en est une preuve. Les lois immuables qui sarclent les espèces faibles, afin de faire place aux fortes, et qui assurent la "survivance des plus aptes", quoique cruelles dans leur action immédiate,  tendent toutes vers le grand but. Le fait même que les adaptations ont lieu, que les plus aptes survivent dans la lutte pour l'existence, prouve que ce que nous appelons la "Nature inconsciente" 572 est, en réalité, un ensemble de forces manipulées par des êtres semi-intelligents (Elémentals), dirigés par de Hauts Esprits Planétaires (Dhyân-Chôhans) dont l'ensemble forme le VERBE manifesté du Logos Non-Manifesté et constitue, en même temps, le Mental de l'Univers et sa Loi immuable.

Trois représentations distinctes de l'Univers, sous ses trois aspects distincts, sont imprimées dans notre pensée par la Philosophie Esotérique : le PRE-EXISTANT évolué du Toujours-EXISTANT et le PHENOMENAL – le monde de l'illusion, sa réflexion et son ombre. Pendant le grand mystère et le grand drame de la vie, connu sous le nom de Manvantara, le Cosmos réel ressemble aux objets placés derrière l'écran blanc sur lequel les ombres se projettent. Les personnages, ainsi que les choses, restent invisibles, tandis que les fils conducteurs de l'évolution sont maniés par des mains invisibles. Les hommes et les choses ne sont donc que les reflets sur le fond blanc des réalités dissimulées derrière les pièges de Mahâmâyâ, la Grande Illusion. Cela fut, enseigné dans toutes les philosophies, dans toutes les religions antédiluviennes, ainsi que post- diluviennes, dans l'Inde et dans la Chaldée, par les Sages Chinois, comme par ceux de la Grèce. Dans les premiers pays ces trois Univers furent allégorisés dans les enseignements exotériques, par les trois Trinités émanant du Germe central éternel et formant avec lui une Unité Suprême : la Triade initiale, la Triade manifestée et la Triade créatrice, ou les Trois dans Une. La dernière n'est, dans son expression concrète, qu'un symbole des deux premières qui sont idéales. Par conséquent, la Philosophie Esotérique passe sur la nécessité de cette conception, purement métaphysique et n'appelle Toujours-Existant que le premier Univers. Telle est l'opinion de chacune des six [I 269] grandes écoles de philosophie Indienne 573 – les six principes de ce corps-unité de Sagesse, dont la Gnôse, la Connaissance cachée, est le septième.

 572 En effet, la Nature, prise dans son sens abstrait, ne peut pas être "inconsciente", puisqu'elle est l'émanation de la Conscience ABSOLUE et, par conséquent, l'un de ses aspects sur le plan manifesté. Où est l'homme assez osé pour refuser à la végétation, et, même aux minéraux, une conscience à eux ? Tout ce qu'il peut dire c'est que cette conscience est au-delà de sa compréhension.

573 Nyaya-Vaisheshika, Samkhya, Yoga, Mimamsa, Védânta.

 

L'auteur espère que, quelque superficiellement qu'aient été élaborés les commentaires des Sept STANCES, on a donné assez, dans cette partie cosmogonique de l'ouvrage, pour montrer que les enseignements Archaïques sont visiblement plus scientifiques (au sens moderne du mot) qu'aucune autre Ecriture antique, considérée dans son aspect exotérique. Puisque cependant, comme nous l'avons déjà déclaré, cet ouvrage retient beaucoup plus qu'il ne donne, nous invitons l'étudiant à se servir de sa propre intuition. Notre tâche principale est, d'abord, d'élucider ce que l'on a déjà donné et, à notre grand regret, quelquefois très incorrectement de suppléer, ensuite, la connaissance dont nous avons parlé à demi-mot – partout et toutes les fois que ce sera possible – par les données additionnelles et, enfin de sauvegarder nos doctrines contre les attaques trop fortes du Sectarisme moderne et, plus spécialement, contre celles du Matérialisme récent, très souvent qualifié, à tort, de Science, alors qu'en réalité les mots "Savants" et "demi-Savants" doivent seuls porter la responsabilité des masses de théories illogiques présentées au  monde. Dans sa grande ignorance, le public, en même temps qu'il accepte aveuglément tout ce qui émane des "autorités" et croit de son devoir de considérer toute affirmation émanant d'un homme de science comme un fait prouvé – le public, disons-nous, a appris à se moquer de tout ce qui vient de sources "païennes". En conséquence, comme les Savants matérialistes ne sauraient être combattus qu'avec leurs propres armes – celles de la controverse et de la discussion – nous avons ajouté à chaque Volume un Appendice, où l'on met en regard les données respectives et où l'on montre à quel point les grandes autorités, elles-mêmes, peuvent se tromper. Nous croyons que l'on peut le faire d'une manière efficace en relevant les points faibles de nos opposants et en signalant l'incorrection de leurs trop fréquents sophismes que l'on fait passer pour les dires de la Science. Nous tenons pour Hermès et sa "Sagesse", dans son caractère universel eux tiennent pour Aristote, comme adversaires de l'intuition et de l'expérience des Ages, s'imaginant que la Vérité appartient exclusivement au monde Occidental. De là le désaccord. Comme le dit Hermès : "La Connaissance diffère beaucoup de la raison, car celle-ci atteint aux choses qui s'élèvent au-dessus d'elle, mais la Connaissance est le but de la raison – c'est-à-dire de l'illusion de [I 270] notre cerveau physique et de son intellect, appuyant ainsi sur le contraste qui existe entre la connaissance péniblement acquise des sens et du Mental (Manas), et l'omniscience intuitive de l'Ame Spirituelle Divine (Buddhi).

 Quel que soit le sort réservé à ce travail dans un avenir lointain, nous espérons avoir au moins prouvé les faits suivants :

  1. La DOCTRINE SECRETE n'enseigne pas d'Athéisme, sauf dans le sens qu'implique le mot Sanscrit Nâstiska, rejet  des idoles. Dans ce sens tout Occultiste est un Nâstiska.
  2. Elle admet un Logos, ou un "Créateur" Collectif de l'Univers ; un Demi-urgos [Démiurge] dans le sens employé en parlant d'un "Architecte" comme du "Créateur" d'un édifice, bien que cet Architecte n'en ait jamais touché une pierre mais qu'après en avoir donné le plan, il ait laissé tout le travail manuel aux maçons. Dans notre cas, le plan fut donné par l'Idéation de l'Univers et le travail de construction fut laissé aux Légions de Puissances et de Forces intelligentes. Mais ce Démiurge n'est pas une Divinité personnelle

– c'est-à-dire un Dieu extra-cosmique imparfait, mais seulement l'ensemble des Dhyâns-Chôhans et des autres Forces.

  1. Les Dhyâns-Chôhans ont un double caractère puisqu'ils sont composés de (a) l'Energie brute, irrationnelle, inhérente à la Matière, (b) de l'Ame intelligente ou Conscience cosmique qui dirige et guide cette Energie et qui est la Pensée Dhyân- Chôhanique reflétant l'Idéation du Mental Universel. Cela a pour résultat une série perpétuelle de manifestations physiques et d'effets moraux sur la Terre pendant les périodes manvantariques, le tout étant soumis au Karma. Comme ce processus n'est pas toujours parfait et que, si nombreuses que soient les preuves qu'il puisse laisser voir de l'existence d'une Intelligence dirigeante cachée derrière le voile, il n'en montre pas moins des lacunes et des défauts et aboutit même très souvent à des insuccès évidents – il s'ensuit que ni la Légion collective (Démiurge), ni aucune des Puissances actives, prises individuellement, ne méritent les honneurs et un culte divins. Tous ont cependant droit au reconnaissant respect de l'Humanité et l'homme devrait toujours s'efforcer à aider l'évolution divine des IDEES, en devenant, dans la mesure de ses moyens, un collaborateur de la Nature dans la tâche cyclique. Seul, l'inconnaissable et incognoscible Kârana, la Cause sans Cause de toutes les causes, devrait  avoir son sanctuaire et son autel sur le terrain sacré et à jamais inviolé de notre cœur – invisible, intangible, non mentionné, sauf par la "voix encore faible" de notre conscience spirituelle. Ceux qui l'adorent devraient le faire dans [I 271] le silence et dans la solitude sanctifiée de leurs Ames 574, faisant de leur Esprit le seul intermédiaire entre eux et l'Esprit Universel, de leurs bonnes actions les seuls prêtres et de leurs intentions pécheresses les seules victimes expiatoires visibles et objectives offertes à la Présence.
  1. La Matière est Eternelle. C'est l'Upâdhi, ou Base Physique,  dont se sert le Mental Universel, Unique et Infini, pour établir sur elle ses idéations. C'est pourquoi les Esotéristes maintiennent qu'il n'y a pas de matière inorganique ou "morte" dans la Nature, la distinction qu'établit la Science entre les deux étant aussi peu fondée qu'elle est arbitraire et dépourvue de raison. Quoi qu'en puisse penser la Science – et la Scienceexacte est une inconstante personne, comme nous le savons tous par expérience – l'Occultisme sait et enseigne différemment, comme il l'a fait de temps immémorial, depuis Manu et Hermès, jusqu'à Paracelse et ses successeurs. Hermès Trismégiste, le Trois Fois Grand, dit :

O mon fils, la matière devient ; autrefois elle fut, car la matière est le véhicule du devenir. Devenir est le mode d'activité du Dieu incréé et qui prévoit. Ayant été douée du germe du devenir, la matière [objective] est enfantée, car la force créatrice la moule selon les formes idéales. La matière non encore engendrée n'avait pas de forme : elle devient lorsqu'elle est mise en action 575.

574 "Lorsque tu pries, ne sois pas comme sont les hypocrites... mais entre dans ta chambre intérieure, et après en avoir fermé la porte, prie ton Père qui est dans le secret, Math. VI, 5-6. Notre Père est en nous "en secret", c'est, notre Septième Principe qui est dans la "chambre intérieure" de notre perception de l'âme. "Le Royaume de Dieu" et du Ciel est en nous, dit Jésus, et non au dehors. Pourquoi les Chrétiens sont-ils si aveugles en ce qui concerne la signification évidente des paroles de sagesse qu'ils se plaisent à répéter machinalement ?

575 La Vierge du Monde, p. 134-135. Voir Hermès Trismégiste, trad. française par Louis MENARD. Paris, Didier, 2ème édition, 1867 (livre IV, ch. VIII, p. 250).

 [Feu le docteur Anna Kingsford, l'excellent traducteur et compilateur des Fragments Hermétiques, dit, dans une note au bas de la page :

 Le docteur Ménard fait remarquer qu'en grec le même mot signifie naître et devenir. L'Idée est celle-ci : c'est que la matière qui compose le monde est éternelle dans son essence et qu'avant la création ou le "devenir", elle est dans une condition passive et immobile. C'est pourquoi elle "fut" avant d'être mise en action maintenant, elle "devient", c'est-à-dire qu'elle est mobile et progressive. [I 272]

Et elle ajoute : la doctrine purement Védântique de la Philosophie Hermétique enseigne que :

La création est, par conséquent, la période d'activité [Manvantara] de Dieu, qui, selon la pensée Hermétique (ou, matière qui, selon le Védantisme) a deux modes – l'Activité ou Existence, Dieu évolué (Deus explicitus) et l'Existence Passive [Pralaya], Dieu involué (Deus implicitus). Les deux modes sont parfaits et complets, comme le sont, pour l'homme, les états de veille et de sommeil. Fichte, le philosophe allemand, décrivait l'Etre (Sein) comme l'Unique que nous ne connaissons que par son existence (Dasein) en qualité de Multiple. Cette manière de voir est absolument Hermétique.  Les "Formes Idéales"... sont les idées archétypes ou formatives des Néo-Platoniciens les conceptions éternelles et subjectives de choses qui existent dans le Mental divin avant la "création", ou le devenir.

Ou, comme dans la philosophie de Paracelse :

Tout est le produit d'un seul effort créateur universel... Il n'y a rien de mort dans la Nature. Tout est organisme et vivant et c'est pourquoi le monde entier semble être un organisme vivant 576.

576 Paracelse, Frantz Hartmann, M. D., p. 44. Edit. 1887.

 

  1. L'Univers a été tiré de son plan idéal, entretenu durant l'Eternité dans l'Inconscience de ce que les Védantins appellent Parabrahman. C'est pratiquement identique aux conclusions de la plus haute philosophie Occidentale, les "Idées innées, éternelles et pré-existantes" de Platon, maintenant reprises par Von Hartmann. "L'Inconnaissable" d'Herbert Spencer ne ressemble  que faiblement à cette Réalité transcendantale, à laquelle croient les Occultistes et qui ne semble être souvent que la personnification d'une "force cachée derrière les phénomènes" – une Energie infinie et éternelle de laquelle tout procède, tandis que l'auteur de La Philosophie de l'Inconscient arrive (sous ce rapport seulement) aussi près de la solution du grand Mystère que le peut un homme mortel. Rares ont été ceux qui, dans la philosophie ancienne, comme dans celle du moyen âge, ont osé s'approcher de ce sujet, ou même en faire mention. Paracelse en parle par voie d'inférence et ses idées sont admirablement synthétisées par le docteur F. Hartmann, M. S. T., dans son Paracelse que nous venons de citer.

Tous les Kabalistes Chrétiens comprenaient bien l'idée racine de l'Orient. Le Pouvoir actif, le "Mouvement Perpétuel du grand Souffle", ne réveille le Cosmos qu'à l'aurore de chaque nouvelle Période, le mettant en mouvement au [I 273] moyen des deux Forces contraires [la force centripète et la force centrifuge qui sont mâle et femelle, positive et négative, physique et spirituelle, qui forment à elles deux la Force Primordialeunique] et la rendent ainsi objective sur le plan de l'Illusion. En d'autres termes, ce double mouvement transporte le Cosmos du plan de l'Idéal Eternel dans celui de la manifestation finie, ou du plan nouménal dans le plan phénoménal. Tout ce qui est, fut et sera, EXISTE éternellement, même les Formes innombrables, qui ne sont finies et périssables que dans leur forme objective, mais non dans leur forme idéale. Elles ont existé comme Idées, dans l'Eternité, et, lorsqu'elles disparaîtront, elles existeront comme, reflets. [L'Occultisme enseigne qu'aucune forme ne peut être donnée à quoi que ce soit, par la Nature ou par l'homme, sans que son type idéal n'existe déjà sur le plan subjectif mieux que cela : qu'aucune forme ou aspect ne peut entrer dans la conscience de l'homme, ou évoluer dans son imagination, sans exister déjà à l'état de prototype, au moins approximativement.] Ni la forme  de l'homme, ni celle d'un animal, d'une plante ou d'une pierre, n'ont jamais été "créées", et ce n'est que sur notre plan qu'elles ont commencé à "devenir", c'est-à-dire à s'objectiver dans leur matérialité  actuelle, ou à s'épandre du dedans au dehors, de l'essence la plus sublimée et la plus super-sensorielle jusqu'à son apparence la plus grossière. Par conséquent nos formes humaines ont existé dans l'Eternité comme des prototypes astraux  ou éthérés ; c'est sur ces modèles que les Etres Spirituels, ou Dieux, dont le devoir était de les amener à l'existence objective et à la vie terrestre, ont évolué les formes protoplasmiques des Egos futurs de leur propre essence. Après quoi, dès que cet Upadhi humain, ou ce moule servant de base, fut prêt, les Forces terrestres naturelles commencèrent à travailler sur ces moules super- sensoriels qui contenaient, outre leur propre élément, ceux de toutes les formes, végétales passées et de toutes les formes animales futures de ce globe. De sorte que la coque extérieure de l'homme passa par tous les corps végétaux et animaux, avant de revêtir la forme humaine. Mais, comme on décrira tout cela en détail dans les commentaires des Volumes 3 et 4, il n'est pas nécessaire de nous étendre davantage sur ce sujet.

Selon la philosophie Hermético-Kabalistique de Paracelse, c'est Yliaster – l'ancêtre du Protyle nouveau-né, introduit par M. Crookes dans la Chimie – ou la Protomateriaprimordiale, qui fit jaillir le Cosmos de son propre sein.

Lorsque la création [l'évolution] eut lieu, l'Yliaster se divisa ; il se fondit, se décomposa et fit jaillir, pour ainsi dire, de son propre sein (du dedans) l'Idéos ou Chaos (Mysterium Magnum, [I 274] Iliados, Limbus Major ou Matière Primordiale). Cette Essence Primordiale est d'une nature moniste et se manifeste, non seulement comme activité vitale, c'est-à-dire comme une force spirituelle, un pouvoir invisible, incompréhensible et indescriptible, mais aussi comme la matière vitale dont se compose la substance des êtres vivants. Dans ce Limbus ou Idéos de matière primordiale... la seule matrice de toutes les choses créées, la substance  de toutes choses se trouve contenue. Les anciens le dépeignent comme le Chaos... d'où sortit le Macrocosme, puis ensuite, par division et évolution, dans les Mysteria Specialia 577, chaque être distinct. Toutes les choses et toutes les substances élémentaires y étaient contenues in potentia mais non pas in actu [en puissance mais non en fait] 578.

Cela amène le traducteur, le docteur Hartmann, à faire observer avec raison "qu'il semble que Paracelse ait devancé de trois siècles la découverte moderne de la "potentialité de la matière".

Le Magnus Limbus, donc, ou l'Yliaster de Paracelse, n'est autre que notre ancien ami "Père-Mère" – en dedans, avant son apparition dans l'Espace 579. C'est la Matrice Universelle du Cosmos, personnifiée sous le double aspect du Macrocosme et du Microcosme, ou de l'Univers et de notre Globe 580, par Aditi-Prakriti, ou la Nature spirituelle et physique. Paracelse nous explique, en effet, que :

577 Ce mot est expliqué dans les termes suivants, par le docteur Hartmann, d'après les textes originaux de Paracelse qu'il avait devant lui. Selon ce grand Rose-Croix : "Le Mystérium est tout ce qui est susceptible de développer une chose qu'il ne renferme qu'à l'état de germe. Une graine est le "Mysterium" d'une plante, un œuf celui d'un oiseau vivant, etc."

578 Op. cit., pp. 41-42.

579 Voir STANCE 2, etc.

580 Il n'y a que les Kabalistes du moyen âge qui, prenant modèle sur les Juifs et sur un ou deux Néo- Platoniciens, appliquèrent à l'homme le mot de Microcosme. La philosophie ancienne appelait la Terre le Microcosme du Macrocosme et l'homme, le produit des deux.

 

Le Magnus Limbus est la pépinière d'où sont sorties toutes les créatures, dans le même sens qu'un arbre peut sortir d'une toute petite graine, avec cette différence, toutefois, que le grand Limbus tire son origine du Verbe de Dieu, tandis que le Limbus minor (la semence ou sperme terrestre) tire la sienne de la terre. Le grand Limbus est la semence d'où sont sortis tous les êtres et le petit Limbus est chaque être final qui reproduit sa forme et qui a été lui-même produit par le grand. Le petit Limbus possède toutes les qualifications du grand, dans le même sens qu'un fils possède [I 275] une organisation analogue à celle de son père... Après que... Yliaster se fut dissous, Arès le pouvoir diviseur, différenciateur et individualisateur (Fohat, autre vieil ami à nous)... commença  à  agir. Toute production eut lieu comme conséquence de la séparation. Du sein de l'Idéos furent tirés les éléments du Feu, de l'Eau, de l'Air et de la Terre, dont la naissance, toutefois, n'eut pas lieu d'une façon matérielle, ou par simple séparation, mais d'une manière spirituelle et dynamique [pas même par  des combinaisons complexes – par exemple le mélange mécanique, opposé à la combinaison  chimique], de même que le feu peut jaillir d'un caillou, ou un arbre sortir d'une graine, quoiqu'il n'y ait, à l'origine, ni feu dans le caillou, ni arbre dans la graine. "L'Esprit est vivant et la Vie est l'Esprit, et la Vie et l'Esprit [Prakriti, Purusha (?)] produisent toutes choses, mais ils sont essentiellement un et non pas deux.." Les éléments aussi ont, chacun, leur propre Yliaster, parce que toute l'activité de la matière, sous toutes ses formes, n'est qu'une émanation de la même source. Mais, de même que de la graine jaillissent les racines avec leurs fibres, puis la tige avec ses branches et ses feuilles et enfin les fleurs et les graines, de même tous les êtres sont nés des éléments et se composent de substances élémentaires qui peuvent donner naissance à d'autres formes possédant les caractéristiques de leurs parents 581. Les éléments, en leur qualité de mères de toutes les créatures, sont d'une nature invisible et spirituelle et ont des âmes 582. Ils jaillissent tous du Mysterium Magnum.

Comparez cela avec la Vishnu Purâna :

De Pradhâna [la Substance Primordiale] présidée par l'âme (Kshétrajna) [l' "esprit incarné" (?)] provient le développement inégal [Evolution] de ces qualités... Du grand  principe  (Mahat)  l'Intelligence  [Universelle] [ou Mental]... les éléments (subtils) et les organes des sens tirent leur origine 583...

581 "Cette doctrine, prêchée il y a 300 ans", fait remarquer le traducteur, "est identique à celle qui a révolutionné la pensée moderne, après avoir été pourvue d'une forme nouvelle et avoir été élaborée par Darwin. Elle est encore plus élaborée par Kapila dans la philosophie Sânkhya."

582 L'Occultiste Oriental dit qu'ils, sont guidés et instruits par des Etres Spirituels, ouvriers des Mondes invisibles et derrière le voile de la Nature Occulte, ou de la Nature in abscondito.

583 WILSON, I, II (vol. I, 29-34).

 

On peut ainsi montrer que toutes les vérités fondamentales de la Nature étaient universelles dans l'antiquité et que les idées générales sur l'Esprit, la Matière et l'Univers, ou sur Dieu, la Substance et l'Homme, étaient identiques. [I 276] En étudiant les deux philosophies religieuses les plus anciennes du globe, l'Hindouisme et l'Hermétisme, dans les Ecritures de l'Inde et de l'Egypte, leur identité est facile à reconnaître.

Cela devient évident pour celui qui lit la dernière version traduite des "Fragments Hermétiques", dont nous venons de parler, par le docteur Anna Kingsford. Quelque défigurés et torturés qu'ils aient été à leur passage par les mains des sectaires Grecs et Chrétiens, la traductrice en a saisi les points faibles avec beaucoup d'habileté et d'intuition et a essayé d'y remédier, au moyen d'explications et de notes au bas des pages. Elle dit :

La création du monde visible par les "dieux travailleurs" ou Titans, comme agents du Dieu suprême 584 est une idée entièrement Hermétique, reconnaissable dans tous les systèmes religieux, et en accord avec les recherches scientifiques modernes [?], qui nous montrent partout le Pouvoir Divin agissant au moyen des Forces naturelles.

584 C'est une expression qui se rencontre fréquemment dans ces "Fragments" et contre laquelle nous protestons. Le Mental Universel n'est pas un Etre ou Dieu.

585 The Virgin of the World, p. 47. "Asclepios ou Initiation", Pt. 1, trad. MENARD, livre II, p. 115.

 

A citer de la même traduction :

Cet Etre Universel, qui contient tout et qui est tout, met en mouvement l'âme et le monde, tout ce que comprend la nature. Dans l'unité multiple de la vie universelle, les innombrables individualités qui se distinguent par leurs variations sont, néanmoins, unies d'une telle façon que tout ne forme qu'un et que tout procède de l'unité 585.

Et d'une autre traduction encore :

 Dieu n'est pas un Mental, mais la cause qui fait que le Mental existe ; il n'est pas un esprit, mais la cause qui fait que l'Esprit existe ; il n'est pas la lumière, mais la cause qui fait que la Lumière existe 586.

Cela montre clairement que le "Divin Pymandre",  quelque changé qu'il puisse avoir été dans certains passages, par des "adoucissements" chrétiens, fut néanmoins écrit par un philosophe, tandis que la plupart des prétendus "Fragments Hermétiques" sont l'œuvre de sectaires païens, ayant une tendance à admettre un Etre Suprême anthropomorphe. [I 277] Cependant les deux ouvrages sont l'écho de la Philosophie Esotérique et des Purânas hindoues.

Comparez deux invocations, l'une au "Tout-Suprême" hermétique, l'autre au "Tout-Suprême" des derniers Aryens. Un fragment hermétique cité par Suidas dit :

Je t'adjure, Ciel, œuvre sacrée du Dieu grand ; je t'adjure, Voix du Père, révélée au commencement, lorsque le monde universel fut formé ; je t'adjure, par le Verbe, Fils unique du Père, qui soutient toutes choses ; sois propice, sois propice 587.

586 Divin Pymander, IX, 64.

587 The Virgin of the World, p. 153, et trad. MENARD, liv. IV, ch. VII, p. 281.

 

Cette invocation est précédée par ce qui suit :

Ainsi la Lumière Idéale existait avant la Lumière Idéale et l'Intelligence lumineuse de l'Intelligence a toujours existé, et son unité n'était autre que l'Esprit enveloppant l'Univers. Hors de Quoi [Qui] il n'y a ni Dieu, ni Anges, ni aucune autre essence, car Il (C')est le Seigneur de toutes choses et le Pouvoir de la Lumière et tout dépend de Lui (de Cela) et est en Lui (en Cela).

Ce passage est contredit, par le même Trismégiste à qui l'on fait dire :

Parler de Dieu [est] impossible. Car le corporel ne peut exprimer l'incorporel... Ce qui n'a ni corps, ni apparence, ni forme, ni matière, ne peut être saisi par les sens. Je comprends, Tatios, je comprends, ce qu'il est impossible de définir – c'est-à-dire Dieu 588.

La contradiction entre les deux passages est évidente et cela montre

(a) qu'Hermès était un nom de plume générique employé par une série de générations de Mystiques de toutes nuances et (b) qu'il faut user de beaucoup de discernement avant d'accepter un Fragment comme enseignement ésotérique, pour la seule raison qu'il est incontestablement ancien.

Comparons maintenant ce que nous venons de citer avec une invocation du même genre qui se trouve dans les Ecritures Hindoues – incontestablement aussi ancienne, sinon bien plus ancienne. La voici : Parâshara, l' "Hermès" âryen, instruit Maïtréya, l'Asclepios indien, et invoque Vishnou sous sa triple hypostase :

Gloire à Vishnu, l'immuable, le saint, l'éternel, le suprême, celui dont la nature est universelle, le tout- puissant à lui qui est Hiranyagarbha Hari et Shankara (Brahmâ Vishnu et Shiva), le créateur, le préservateur et le destructeur du monde ; à Vâsudeva, [I 278] le libérateur de ses adorateurs à lui dont l'essence est à la fois... une et multiple qui est, en même temps, subtil et corporel, non distinct et distinct ; à Vishnu, la cause de l'émancipation finale. Gloire au suprême Vishnu  cause de la création, de l'existence et de la fin de ce monde qui est la racine du monde et qui est le monde 589.

588 Op. cit., pp. 135-138, et trad. MENARD, liv. IV, ch. X, p. 256. Fragments des "Eglogues Physiques" et "Florilegium" de STOBEE.

589 Vishnu Purâna, I, II ; WILSON, I, 13-15.

 

Voilà une invocation grandiose, impliquant une profonde signification philosophique, mais qui, pour les masses profanes, suggère comme la prière Hermétique un Etre anthropomorphe. Nous devons respecter le sentiment qui a dicté les deux, mais nous ne pouvons nous empêcher de le trouver en complet désaccord avec sa signification cachée, même avec celle exprimée dans le même traité Hermétique, où il est dit :

 Trismégiste : La réalité n'est pas de ce monde, mon  fils, et elle ne peut pas en être... Rien sur la terre n'est réel, il n'y a que des apparences... Lui [l'homme] n'est pas réel, mon fils, comme homme. Le réel ne consiste qu'en lui- même et reste ce qu'il est... L'homme est transitoire, c'est pourquoi il n'est pas réel, il n'est qu'apparence et l'apparence est l'illusion suprême.

Tatios : Alors les corps célestes eux-mêmes ne sont pas réels, mon père, puisqu'eux aussi changent ?

Trismégiste : Ce qui est soumis à la naissance et au changement n'est pas réel... Il y a en eux une certaine fausseté puisque eux aussi sont variables...

Tatios : Et quelle est alors, ô mon père, la Réalité Primordiale ?

Trismégiste : Celui qui [Ce qui] est unique et seul, ô Tatios ; Celui qui [Ce qui] n'est pas fait de matière, ni d'aucun corps ; Celui qui [Ce qui] n'a ni  couleur  ni forme ; Celui qui [Ce qui] ne change ni se transmet, mais EST toujours 590.

590 Op. cit., pp. 139-140.

 

Cela est tout à fait d'accord avec l'enseignement védântique. La pensée maîtresse est Occulte et il y a de nombreux passages dans les fragments hermétiques qui appartiennent entièrement à la DOCTRINE SECRETE.

Cette DOCTRINE enseigne que l'Univers entier est dirigé par des Forces et des Puissances intelligentes et semi-intelligentes, comme nous l'avons dit dès le début. La théologie chrétienne admet et même impose une telle croyance, mais elle établit une division arbitraire et elle parle d'eux comme d' "Anges" et de "Diables". La Science nie l'existence des deux et en ridiculise l'idée même. Les Spirites croient aux "Esprits des Morts" et, en dehors de ceux-ci, nient entièrement [I 279] l'existence de toute autre classe ou espèce d'êtres invisibles. Les Occultistes et les Kabalistes sont donc les seuls interprètes rationnels des traditions anciennes qui ont maintenant atteint leur point culminant dans la foi dogmatique, d'une part, et dans la négation non moins dogmatique, d'autre part. Car la foi et l'incrédulité n'embrassent toutes deux qu'un modeste coin des horizons infinis des manifestations spirituelles et physiques et, par suite, toutes deux ont raison à leurs points de vue respectifs, mais ont en même temps tort de croire qu'elles puissent circonscrire le tout entre leurs barrières spéciales si étroites – attendu qu'elles ne le pourront jamais. Sous ce rapport, la Science, la Théologie et même le Spiritisme, ne montrent guère plus de sagesse que l'autruche, lorsqu'elle cache sa tête dans le sable qui est à ses pieds et se croit alors certaine qu'il n'existe rien au-delà du point d'où elle observe et de l'aire limité qu'occupe sa tête sans cervelle.

Comme les seuls ouvrages qui existent maintenant sur le sujet que nous examinons et qui soient à la portée des profanes des races Orientales "civilisées" sont les Livres Hermétiques dont nous venons de parler, ou plutôt des Fragments Hermétiques, nous pouvons les comparer, dans le cas actuel, avec les enseignements de la Philosophie Esotérique. Citer, à ce propos, d'autres ouvrages, serait inutile, puisque le public ne sait rien des ouvrages Chaldéens qui sont traduits en arabe et conservés par quelques Initiés Soufis. En conséquence, les "Définitions d'Asclépios" récemment recueillies et commentées par le docteur Anna Kingsford, M. S. T., et dont quelques données s'accordent d'une façon remarquable avec la Doctrine Orientale Esotérique, doivent servir de point de  comparaison. Quoique plus d'un passage porte l'empreinte manifeste et récente d'une main chrétienne, cependant, d'une façon générale, les caractéristiques  des Génies et des Dieux sont celles des enseignements Orientaux, bien qu'à propos d'autres questions il y ait des passages qui s'écartent notablement de nos doctrines.

[En ce qui concerne les Génies, les philosophes Hermétiques appelaient Theoi (Dieux), Génies et Daimons les Entités que  nous appelons Dévas (Dieux), Dhyân-Chôhans, Chitkala (les Kwan-Yin des Bouddhistes) et de divers autres noms. Les Daimons sont dans le sens que donne Socrate à ce mot – et même dans celui que lui donne la théologie Orientale et Latine – les esprits tutélaires de la race humaine "ceux qui demeurent dans le voisinage des immortels et de là veillent sur les affaires humaines", comme dit Hermès. En langage Esotérique, ils sont appelés les Chitkala, dont quelques-uns sont ceux qui ont donné à l'homme ses quatrième [I 280] et cinquième Principes, tirés de leur propre essence et dont les autres sont ceux que l'on appelle les Pitris. Nous expliquerons cela lorsque nous en arriverons à la production de l'homme complet. La racine du mot est Chit, "celui par qui les conséquences des actes et les différentes sortes de connaissances sont choisies pour l'usage de l'âme", ou la conscience, la voix intérieure de l'homme. Chez les Yôgis, Chit est synonyme de Mahat, le premier et divin intellect mais, dans la Philosophie Esotérique, Mahat est la racine de Chit, son germe, et  Chit 591  est une qualité du Manas joint à Buddhi, une qualité qui attire à elle par affinité spirituelle, un Chitkala, lorsqu'elle se développe suffisamment chez l'homme. C'est pourquoi il est dit que Chitti 592 est une voix qui acquiert la vie mystique et devient Kwan-Yin.]