DIFFÉRENCE ENTRE LA THÉOSOPHIE ET L'OCCULTISME
Question – Vous parlez de Théosophie et d'Occultisme ; est-ce la même chose ?
Réponse – Nullement. Un homme peut être un très bon théosophiste, qu'il appartienne ou non à la Société, sans être un occultiste. Mais personne ne peut être un véritable occultiste, sans être d'abord réellement théosophiste ; s'il en est autrement, il n'est qu'un magicien noir, qu'il en ait consciente ou non.
Question – Que voulez-vous dire par-là ?
Réponse – J'ai déjà dit qu'un vrai théosophiste doit mettre en pratique l'idéal moral le plus élevé, [38] doit s'efforcer de comprendre qu'il ne fait qu'un avec l'humanité tout entière, et que son devoir est de travailler constamment pour les autres. Tout occultiste qui ne se conduit pas ainsi n'agit qu'égoïstement, pour son bénéfice personnel, et, quand il se trouve possesseur de pouvoirs supérieurs à ceux du commun des mortels, il est simplement, pour le monde et pour ceux qui l'entourent, un ennemi plus dangereux que l'homme ordinaire ; la chose est facile à comprendre.
Question – Alors un occultiste serait donc simplement un homme qui posséderait des pouvoirs supérieurs à ceux du commun des hommes ?
Réponse – Oui, très supérieurs, chez celui qui est occultiste théorique et pratique, de fait et pas seulement de nom. Les sciences occultes ne sont pas, comme le disent les encyclopédies : "ces sciences imaginaires du Moyen-Age, traitant de l'action ou influence supposée des qualités occultes des choses et des pouvoirs surnaturels, telles que l'alchimie, la magie, la nécromancie et l'astrologie", mais ce sont des sciences réelles et très dangereuses. Elles enseignent la puissance secrète des choses de la nature ; en développant et en cultivant les pouvoirs qui sont "latents dans l'homme", elles lui donnent de formidables avantages à l'égard des mortels ignorants. L'hypnotisme, maintenant si connu et qui est l'objet de recherches scientifiques, en est un exemple. C'est presque par hasard que le pouvoir hypnotique a été découvert, après [39] que le chemin lui eut été préparé par le mesmérisme, et maintenant un habile hypnotiseur peut s'en servir à son gré et forcer un homme, sans qu'il en ait conscience, à se conduire d'une façon ridicule ou même à commettre un crime, pour le bénéfice de l'hypnotiseur. Est-ce que ce ne serait pas là un pouvoir terrible, si on le laissait entre les mains de personnes sans moralité ? Et veuillez remarquer que ce n'est là qu'une brindille de l'arbre de l'Occultisme.
Question – Mais toutes ces sciences occultes, la magie, la sorcellerie, ne sont-elles pas considérées par les savants et les gens instruits comme des restes de l'ignorance et de la superstition antiques ?
Réponse – Permettez-moi de vous faire remarquer que cette objection est une arme à deux tranchants. "Les plus savants et les plus instruits" parmi vous regardent aussi le christianisme et les autres religions comme des restes de l'ignorance et de la superstition. Quoiqu'il en soit, les gens commencent à croire aujourd'hui à l'hypnotisme et quelques-uns ; même parmi les plus instruits, à la Théosophie et aux phénomènes. Mais qui donc parmi eux, les prédicateurs et les fanatiques aveugles mis de côté, avouera qu'il croit aux miracles de la Bible ? Voilà le point où se marque la différence. Il y a de bons et purs théosophistes qui peuvent croire aux miracles surnaturels, voire même divins, mais on ne trouvera pas un [40] occultiste qui soit capable d'avoir cette croyance. Car un occultiste pratique la Théosophie scientifique, basée sur une connaissance exacte des forces secrètes de la Nature, tandis qu'un théosophiste qui emploiera ce qu'on appelle des pouvoirs anormaux ne fera pas autre chose que s'avancer vers une forme dangereuse de la médiumnité, parce que, bien qu'il suive la Théosophie et qu'il pratique dans toute sa rigueur son code de morale supérieure, il agit dans la nuit, par la vertu d'une foi sincère, mais aveugle.
Tout homme, théosophiste ou spirite, qui essaye de cultiver une des branches de la Science Occulte l'hypnotisme, le mesmérisme, la production des phénomènes physiques, sans connaître philosophiquement la raison de ces pouvoirs, se place dans la situation d'un bateau sans gouvernail lancé sur la mer pendant une tempête.