XI
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LES MYSTERES DE LA REINCARNATION
RENAISSANCES PÉRIODIQUES
Question – Alors, vous voulez dire que nous avons tous déjà vécu sur la terre, en de nombreuses incarnations passées, et que nous continuerons à renaître de la même manière ?
Réponse – Précisément. Le Cycle de Vie, ou plutôt le cycle de vie consciente, commence au moment où la séparation des sexes a lieu pour ; l'homme-animal mortel, et se terminera à la fin de la dernière génération d'hommes, au septième cercle et à la septième race de l'humanité. Et, comme nous n'en sommes encore qu'à la cinquième race du quatrième cercle, il est plus aisé ''de se représenter que d'exprimer ce que peut être cette durée".
Question – Et nous nous incarnerons, tout le temps et successivement, en de nouvelles, personnalités ?
Réponse – Certainement ; car ce cycle de vie ou [277] cette période d'incarnation peut se comparer à la vie humaine. Semblable à chaque vie humaine qui se compose de journées d'activité, séparées par des nuits de sommeil ou d'inaction, chaque vie active du Cycle d'Incarnation est suivie d'un repos dévakhanique.
Question – Et c'est à cette succession de naissances que l'on donne généralement le nom de Réincarnation ?
Réponse – C'est cela même ; et ce n'est que par le moyen de ces naissances que peut être accompli le progrès incessant des millions innombrables d'Egos qui marchent vers leur perfection et leur repos final – d'une longueur égale à celle de la période d'activité.
Question – Et qu'est-ce qui détermine la durée ou les qualités spéciales de ces incarnations ?
Réponse – KARMA, la loi universelle de la justice et de la rétribution.
Question – Cette loi est-elle intelligente ?
Réponse – II est évident que pour le Matérialiste, qui donne le nom de forces aveugles et de lois mécaniques à la loi de périodicité qui gouverne la course des différents corps, ainsi qu'aux autres lois de la nature, Karma ne peut être autre chose qu'une loi de hasard. A nos yeux, ce qui est impersonnel, ce qui n'est pas une entité, mais une loi active et universelle, ne peut être décrit par aucune qualification ; si vous me demandez de vous parler de l'intelligence causative qui s'y [278] trouve, je serai forcé de vous répondre que je n'en sais rien. Mais si vous désirez que je vous définisse les effets de cette loi et que je vous dise ce qu'ils sont, d'après notre croyance, je puis constater que l'expérience de milliers d'âges nous en a prouvé l'équité, la sagesse, et l'intelligence absolues et infaillibles. Karma est un réparateur qui ne peut errer dans ses effets ; réparateur de l'injustice, humaine et de tous les insuccès de la nature redresseur sévère de tous les torts ; loi de rétribution qui récompense et qui punit avec une égale impartialité, qui n'a strictement, "aucun respect pour les personnes", et ne se laisse ni attendrir, ni détourner par la prière. Telle est la foi commune aux Indous et aux Bouddhistes, qui croient, les uns et les autres, à KARMA.
Question – Mais les dogmes Chrétiens ne sont pas d'accord avec eux en cela, et je doute fort qu'il se trouve un seul Chrétien qui consente à accepter cette doctrine.
Réponse – Cela va sans dire ; et Inman en a donné la raison, il y a déjà plusieurs années. Voici ce qu'il dit : "Tandis que les Chrétiens acceptent toute absurdité, pourvu que l'Église en fasse un article de foi... les Bouddhistes maintiennent que tout ce qui se trouve en contradiction avec la saine raison ne peut être une vraie doctrine de Bouddha. " Ils ne croient pas que leurs péchés leur seront pardonnés, avant qu'ils n'aient subi, eux- mêmes, dans une incarnation future, le juste [279] châtiment que mérite chaque mauvaise action ou chaque mauvaise pensée, et que les personnes offensées n'aient obtenu une compensation proportionnée au tort qui leur a été fait.
Question – Et où est-ce écrit ?
Réponse – Cela se trouve dans leurs ouvrages les plus sacrés. Ainsi, vous pouvez lire, dans la Roue de la Loi (page 57), l'enseignement théosophique que voici :
"Les Bouddhistes croient que chaque action, chaque parole ou chaque pensée, a des conséquences qui apparaîtront tôt ou tard, durant l'état présent ou futur. Les mauvaises actions produisent de mauvaises conséquences ; les bonnes actions produisent de bonnes conséquences, telles que la prospérité en ce monde, ou la naissance au ciel (Dévakhan)... dans la vie future. "
Question – Les Chrétiens ne croient-ils pas la même chose ?
Réponse – Nullement ; ils croient au pardon et à la rémission de tous les péchés. Ils ont la promesse que s'ils croient seulement au sang de Christ (la victime innocente !), au sang qu'Il a offert en expiation pour les péchés de l'humanité tout entière, chaque péché mortel sera effacé. Et nous ne croyons, nous, ni à un sacrifice propitiatoire, ni à la possibilité de rémission du plus petit péché, par quelque dieu que ce soit, pas même par un "Absolu personnel" ou "Infini", s'il pouvait exister. Nous croyons à une justice stricte et [280] impartiale. L'idée que nous nous formons de la Déité Universelle inconnue, représentée Karma, est celle d'un Pouvoir infaillible, qui, par conséquent, ne peut éprouver ni courroux ni compassion, mais qui agit avec une équité absolue, laissant chaque cause, petite ou grande, produire, ses conséquences inévitables. Les paroles de Jésus : "De la mesure dont vous mesurez, vous serez mesurés" (Matthieu VII. 2), n'impliquent et ne laissent aucun espoir de miséricorde ou de salut futur par procuration". Et voilà pourquoi, persuadés comme nous le sommes de la justice de cette déclaration, nous ne pouvons assez recommander la compassion, la charité et le pardon mutuel des offenses. "Ne résistez point au mal, rendez, le bien pour le mal" ; ces préceptes Bouddhistes ont été prêchés, dès le début, en vue de l'implacabilité de la loi Karmique. Car, de toutes manières, c'est une présomption sacrilège de l'homme que de prendre la loi dans ses propres mains. La loi humaine peut user de mesures de restriction, mais non de châtiment. L'homme qui, tout en croyant à Karma, se venge, néanmoins, lui-même et refuse de pardonner chaque injure, au lieu de rendre le bien pour le mal, est un criminel qui, en définitive, ne fait de tort qu'à lui-même ; car celui qui l'a offensé sera sûrement atteint par Karma. Et si l'offensé, au lieu d'abandonner le châtiment à la Grande Loi, cherche, en y ajoutant sa vengeance, à infliger un surcroît de représailles [281] à son ennemi, il ne réussit à procréer par- là qu'une compensation future pour cet ennemi et une punition future pour lui-même. Le Régulateur infaillible détermine, durant chaque incarnation, la nature de celle qui suivra – déjà décidée par la somme de mérite ou de démérite de celles qui l'ont précédée.
Question – Faut-il donc juger du passé d'un homme par son présent ?
Réponse – Il suffit de conclure que sa vie présente est absolument ce qu'elle doit être pour expier les péchés de sa vie passée. I1 va sans dire qu'à l'exception de Voyants et de grands Adeptes, les mortels ordinaires ne peuvent pas savoir quels ont été ces péchés. Nous possédons si peu de données qu'il nous est impossible de décider ce qu'a été la jeunesse d'un homme âgé ; et, pour les mêmes raisons, nous ne pouvons pas davantage conclure définitivement ce qu'a été la vie passée d'un homme par ce que nous voyons de sa vie actuelle.