SECTION XVIII
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FAITS SOUS-JACENTS AUX BIOGRAPHIES DES ADEPTES
On connaît l'arbre à ses fruits ; la nature de l'Adepte à ses paroles et à ses actes. Les paroles de charité et de pitié, les nobles conseils attribués à Apollonius (ou à son fantôme sidéral), tels que les donne Vopiscus, montrent aux Occultistes ce qu'était Apollonius. Pourquoi donc l'appeler "Médium de Satan" dix-sept siècles plus tard ? Il doit y avoir une raison, et même une très puissante raison, pour justifier en en dévoilant le secret, cette violente animosité de l'Eglise contre un des hommes les plus nobles de son époque. Cette raison existe et nous l'exposons en nous servant des termes employés par l'auteur de Key to the Hebrew-Egyptian Mystery in the Source of the Measures et par le professeur Seyffarth. Ce dernier analyse et explique les dates saillantes de la vie de Jésus et éclaire ainsi les conclusions du premier. Nous les citons tous deux en même temps.
D'après les mois solaires (de trente jours ; un des calendriers dont les Hébreux faisaient usage), tous les événements remarquables de l'Ancien Testament se produisirent aux époques des équinoxes et des solstices ; par exemple, la fondation et la dédicace des temples et autels [et la consécration du tabernacle]. Aux mêmes époques cardinales, se produisirent les plus remarquables événements du Nouveau Testament : par exemple, l'annonciation, la naissance et la résurrection du Christ et la naissance de Jean-Baptiste. Nous constatons ainsi que toutes les époques remarquables du Nouveau Testament furent symboliquement sanctifiées longtemps à l'avance par l'Ancien Testament, à commencer par le jour qui suivit la fin de la Création et qui était le jour de l'équinoxe de Printemps. Durant la crucifixion, le 14ème jour de Nisan, Denys l'Aréopagite vit, en Ethiopie, une éclipse de soleil et s'écria : "En ce moment le Seigneur (Jéhovah) endure une souffrance". Puis le Christ ressuscita d'entre les morts le 22 mars, dimanche 17 Nisan, jour de l'équinoxe de Printemps (Seyf. citant Philon de Septen), c'est-à-dire à Pâques, ou le jour où le soleil revivifie la terre. Les paroles de Jean-Baptiste : "Il doit croître et moi je dois diminuer", servent à prouver, ainsi que l'affirmèrent les pères de l'église, que Jean naquit durant le jour le plus long de l'année et que le Christ, qui était de six mois plus jeune, durant le plus court, les 22 juin et 22 décembre, jours des solstices. [V 154]
Cela prouve seulement, en ce qui concerne une autre phase, que Jean et Jésus ne furent que des abrégés de l'histoire du même soleil sous différents aspects ou dans différentes conditions ; et les conditions se succédant nécessairement, la phrase contenue dans Luc, IX, 7, non seulement n'était pas vide de sens, mais était vraie en exprimant que "des gens prétendent que Jean (en Jésus) est ressuscité d'entre les morts". (Et cette considération sert à expliquer pour quel motif la Vie d'Apollonius de Tyane par Philostrate a été mise avec tant de persistance à l'abri de toute traduction et de toute lecture publique. Ceux qui l'ont étudiée dans l'original ont été obligés de conclure que la Vie d'Apollonius a été tirée du Nouveau Testament, ou bien que les récits que contient le Nouveau Testament ont été tirés de la Vie d'Apollonius, à cause de l'évidente similitude du mode de construction des récits. L'explication est assez simple lorsque l'on remarque que les noms de Jésus, en Hébreu שי et d'Appolonius ou Apollon, sont tous deux des noms du soleil dans les cieux et que, nécessairement, l'histoire de l'un, en ce qui concerne ses voyages, à travers les signes avec les personnifications de ses souffrances, de ses triomphes et de ses miracles, ne peut être que l'histoire de l'autre, alors qu'était partout répandue une méthode commune de décrire ces voyages en les personnifiant. Il semble aussi que, pendant longtemps après, on savait que tout cela reposait sur une base astronomique ; en effet, l'église séculière, si l'on peut s'exprimer ainsi, fut fondée par Constantin et la condition objective du culte institué était établie par la partie de son décret dans laquelle il était stipulé que le véritable jour du soleil serait réservé pour le culte de Jésus-Christ (Dimanche, en Anglais Sun-day). Il y a quelque chose de magique et surprenant dans quelques autres faits qui se rattachent à cette question. Le prophète Daniel (vrai prophète, comme dit Graetz) 256, en employant les nombres des pyramides, ou nombres astrologiques, prédit la suppression du Meshiac, telle qu'elle se produisit (ce qui tendrait à prouver l'exactitude de ses connaissances astronomiques, s'il y eut une éclipse de soleil à cette époque)... Cependant le temple fut détruit en l'an 71, durant le mois de la Vierge et 71 est le nombre de la Colombe, comme il a été montré, ou 71 ´ 5 = 355 et, avec le poisson, un nombre de Jéhovah.
"Est-il possible", demande encore l'auteur, en répondant ainsi à la pensée intime de tous les Chrétiens et de tous les Occultistes, qui lisent et étudient son ouvrage :
Est-il possible que les événements de l'humanité soient coordonnés avec ces formes de nombres ? S'il en est ainsi, tandis que Jésus-Christ, comme figure astronomique, fut vrai pour tout ce qui a été avancé et peut-être plus encore il se peut que, comme homme, [V 155] Il ait, sous le voile des nombres, déversé des réponses dans l'océan de la vie, pour un type prédestiné. Il ne semble pas que la personnalité de Jésus ait été détruite parce que, comme condition, il répondait à des formes et à des rapports astronomiques. L'Arabe dit : Votre destinée est écrite dans les étoiles 257.
La "personnalité" d'Apollonius n'est pas non plus "détruite" pour la même raison. Le cas de Jésus implique la même possibilité dans le cas de tous les Adeptes et Avatars – tels que Bouddha, Sankarâchârya, Krishna, etc. – qui sont tous aussi grands et aussi historiques pour leurs disciples respectifs et dans leurs pays respectifs, que l'est aujourd'hui Jésus de Nazareth, pour les Chrétiens et dans ce pays.
256 "Vrai prophète" parce que c'était un Initié, un homme parfaitement versé dans l'Astronomie Occulte.
257 Key to Hebrew Egyptian Mystery, p. 259 et seq. L'astronomie et la physiologie sont les corps et l'astrologie et la psychologie, les âmes qui les animent. On étudie les premiers avec l'œil de la perception sensorielle et les derniers avec l'œil interne ou œil de l'âme" et les deux sciences sont des sciences exactes.
Il y a encore quelque chose de plus dans l'antique littérature des premiers siècles. Jamblique a écrit une biographie du grand Pythagore.
Qui ressemble tant à la vie de Jésus, qu'on pourrait la prendre pour une imitation. Diogène Laerte et Plutarque racontent l'histoire de Platon d'une façon analogue 258.
Pourquoi, dans ces conditions, s'étonner des doutes qui assaillent tout savant qui étudie toutes ces existences ? L'Eglise elle-même a connu ces doutes à ses débuts et bien qu'un seul de ses Papes ait été publiquement et ouvertement connu comme un Païen, combien n'y en eût-il pas d'autres qui furent trop ambitieux pour révéler la vérité ?
Ce "mystère", car c'en est vraiment un pour ceux qui, n'étant pas Initiés, n'arrivent pas à découvrir la clef de la similitude parfaite qui existe entre les vies de Pythagore, Bouddha, Apollonius, etc. – n'est qu'un résultat très naturel pour ceux qui savent que tous ces grands personnages étaient des Initiés de la même Ecole. Pour eux il n'y a ni "travestissement" ni "copie" de l'un par l'autre ; pour eux ils constituaient tous des "originaux", mais dépeints de façon à représenter un seul et même sujet, à savoir : la vie mystique et, en même temps, la vie publique des Initiés envoyés dans le monde pour sauver des fractions de l'humanité, s'ils ne parvenaient pas à sauver la masse entière. De là le même programme tracé pour tous : la prétendue "origine immaculée" de chacun d'eux, se rapportant à leur "naissance mystique" durant le Mystère de l'Initiation et acceptée littéralement par les foules encouragées en cela par le clergé, qui en savait davantage mais que poussait l'ambition. Ainsi, [V 156] la mère de chacun d'eux fut déclarée vierge, ayant conçu son fils par l'intervention directe du Saint-Esprit de Dieu et les Fils furent, en conséquence, des "Fils de Dieu", bien qu'à vrai dire aucun d'eux n'eut plus de droits à ce titre que les autres Initiés ses frères, car ils n'étaient tous – en ce qui concernait leurs vies mystiques – que "des résumés de l'histoire d'un seul et même Soleil", résumés qui constituaient un autre mystère dans le Mystère. Les biographies des personnalités extérieures qui portaient les noms de ces héros n'avaient pas à tenir compte de leurs vies privées, dont elles étaient tout à fait indépendantes, car elles ne constituaient que l'enregistrement mystique de leurs vies publiques et, parallèlement, de leurs vies internes, dans leurs rôles de Néophytes et d'Initiés. De là, la similitude manifeste du mode de construction de leurs biographies respectives. Dès les débuts de l'Humanité, la Croix, ou l'Homme avec ses bras étendus horizontalement, typifiant son origine cosmique, fut rattachée à sa nature psychique et aux luttes qui conduisent à l'Initiation. Mais si l'on démontre une fois pour toutes :
- que tout véritable Adepte devait, et doit encore, passer par les sept et les douze épreuves de l'Initiation, symbolisées par les douze travaux d'Hercule ;
- que l'on considère comme son véritable jour de naissance, celui durant lequel il naît dans le monde spirituel et que son âge est compté à partir de l'heure de cette seconde naissance, qui fait de lui un "deux fois né", un Dvija ou Initié et qu'à ce moment il est réellement né d'un Dieu et d'une Mère immaculée ;
- et que l'on fasse correspondre les épreuves que subissent tous ces personnages, avec la signification Esotérique des rites de l'initiation – qui correspondent tous aux douze signes du Zodiaque – tout le monde comprendra alors la signification des voyages de tous ces héros à travers les signes du Soleil dans le Ciel et se rendra compte qu'ils sont dans chaque cas individuel, la personnification "des souffrances, des triomphes et des miracles" d'un Adepte, avant et après son Initiation. Lorsque tout cela sera expliqué au monde en général, le mystère de toutes ces vies, qui se ressemblent tellement que l'histoire de l'une semble être l'histoire de l'autre, et vice versa, deviendra aussi clair que tout le reste.
Prenons un exemple. Les légendes – car ce sont toutes des légendes, dans des buts exotériques, quelles que puissent être dans un cas les dénégations – des vies de Krishna, d'Hercule, de Pythagore, de Bouddha, de Jésus, d'Apollonius et de Chaitanya. Leurs biographies, sur le plan de ce monde, si elles étaient écrites par quelqu'un d'étranger au cercle, différeraient grandement de ce que nous lisons à leur sujet dans les récits qui ont été conservés et qui traitent de leurs vies mystiques. Pourtant les principales caractéristiques de [V 157] ces vies, si masquées, si cachées qu'elles soient aux regards profanes, s'y retrouveront toutes en commun. Chacun de ces personnages est représenté comme un Soter (Sauveur) divinement conçu, ce qui est le titre donné aux divinités, aux grands rois et aux héros ; chacun d'eux, soit à sa naissance, soit après, est poursuivi et menacé de mort (sans être pourtant jamais tué) par une puissance adverse (le monde de la Matière et de l'Illusion), qu'on l'appelle le roi Kansa, le roi Hérode ou le roi Mâra (la Puissance du Mal). Ils sont tous tentés, persécutés, puis enfin représentés comme ayant été assassinés à la fin de la cérémonie de l'Initiation, c'est-à-dire dans leurs personnalités physiques, dont ils sont supposés avoir été débarrassés à jamais après la "résurrection" ou "naissance" spirituelle. Ayant ainsi pris fin à la suite de cette mort violente supposée, ils descendent tous dans le Monde Inférieur, dans le Gouffre ou Enfer – le Royaume de la Tentation, de la Concupiscence et de la Matière, par conséquent des Ténèbres et lorsqu'ils en reviennent après avoir dépassé "l'état-Christ", ils sont glorifiés et deviennent des "Dieux".
Ce n'est donc pas dans le cours de leur vie journalière que la grande similitude doit être recherchée, mais dans leur état interne et dans les événements les plus importants de leur carrière d'instructeurs religieux. Tout cela rattache à une base astronomique qui lui sert d'assise et qui sert en même temps de base à la représentation des degrés et des épreuves de l'Initiation : la descente dans le Royaume des Ténèbres et de la Matière, pour la dernière fois, pour en émerger comme "Soleils de Justice", est la plus importante de celles-ci, aussi la retrouve-t-on dans l'histoire de tous les Soters – depuis Orphée et Hercule, jusqu'à Krishna et au Christ. Euripide dit :
Héraclès, qui a quitté les chambres de la terre, Abandonnant la demeure inférieure de Pluton 259.
Et Virgile écrit :
Les lacs Stygiens tremblèrent devant toi ; le portier d'Orcus devant toi
A craint... Toi que Typhon lui-même n'a pas effrayé...
Salut, vrai fils de Jupiter, gloire ajoutée à celle des Dieux 260.
259 Héracles, 807.
Orphée cherche dans le royaume de Pluton, Eurydice son Ame perdue ; Krishna descend dans les régions infernales et y délivre ses six frères, lui-même étant le septième Principe ; c'est une allégorie transparente de sa transformation en "parfait Initié", alors que tous les six Principes se fondent dans [V 158] le septième. Jésus est représenté comme descendant au royaume de Satan pour sauver l'âme d'Adam, ou le symbole de l'humanité matérielle physique.
Y a-t-il un seul de nos savants Orientalistes qui ait jamais pensé à chercher l'origine de l'allégorie de la "Semence" originelle de cet "Arbre de Vie" qui porte de si verdoyants rameaux, depuis qu'il fut planté pour la première fois sur la Terre par les soins de ces "Constructeurs" ? Nous craignons que non ! Pourtant on la trouve, ainsi qu'il est aujourd'hui démontré, même dans les interprétations exotériques défigurées des Védas – du Rig Veda, le plus antique et le plus digne de foi des quatre – où cette racine, cette semence, de tous les futurs Sauveurs-Intiés est appelée Visvakarmân, le Principe du "Père", qui "dépasse la compréhension des mortels" ; puis dans la seconde phase Soûrya, le "Fils" qui s'offre en sacrifice à Lui-même et, dans la troisième, l'Initié qui sacrifie Son soi physique à Son Soi Spirituel. C'est en Vishvakarmân, le "créateur de tout", qui devient (mystiquement) Vikartana, le "Soleil dépouillé de ses rayons", qui souffre à cause de sa nature trop ardente, puis est glorifié (par la purification), que résonnait la tonique de l'Initiation au plus grand Mystère de la Nature. C'est là que gît le secret de la merveilleuse "similitude".
Tout cela est allégorique et mystique, mais cependant parfaitement compréhensible et clair pour tout étudiant d'Occultisme oriental qui connaît, fût-ce même superficiellement, les Mystères de l'Initiation. Dans notre Univers objectif de Matière et d'apparences trompeuses, le Soleil est l'emblème le plus approprié pour désigner la Divinité bienfaisante qui distribue la vie. Dans le Monde subjectif illimité de l'Esprit et de la Réalité, le brillant Luminaire a une autre signification mystique qui ne peut être complètement donnée au public. Les prétendus "idolâtres" Parsis et Hindous se rapprochent certainement plus de la vérité par leur vénération religieuse pour le Soleil, que n'est porté à le croire, jusqu'à présent, le froid public, qui analyse toujours et se trompe toujours aussi. Aux Théosophes, seuls capables d'en comprendre la signification, on peut dire que le Soleil est la manifestation extérieure du Septième Principe de notre Système Planétaire, tandis que la Lune en est le Quatrième Principe, qui brille sous les vêtements empruntés à son maître et qui est saturé par toutes les impulsions passionnées et par tous les appétits mauvais de son corps grossièrement matériel, la Terre, qu'il reflète. Le cycle entier de l'Adeptat et de l'Initiation, avec tous ses mystères, se rattache à ces deux et aux Sept Planètes, auxquelles il est soumis. La clairvoyance spirituelle est dérivée du Soleil ; tous les états psychiques, les maladies et même la folie, proviennent de la Lune.[V 159]
260 Enéide, VIII, 274, ff.
D'après les données mêmes de l'Histoire – dont les conclusions sont remarquablement erronées, tandis que ses prémisses sont généralement correctes – il y a une concordance extraordinaire entre les "légendes" de tous les Fondateurs de Religion (de même qu'entre les rites et les dogmes de toutes celles-ci) et les noms ainsi que la marche des constellations parcourues par le Soleil. Il ne s'ensuit cependant pas que les Fondateurs et leurs Religions soient, les premiers des mythes et les secondes des superstitions. Le tout représente les différentes versions du même Mystère naturel primordial, sur lequel était basée la Religion-Sagesse et le développement de ses Adeptes formés subséquemment.
Il nous faut, une fois de plus, prier le lecteur de ne pas prêter l'oreille à l'accusation – lancée contre la Théosophie en général et l'auteur en particulier – de manquer de respect envers un des plus grands et des plus nobles personnages de l'Histoire de l'Adeptat – Jésus de Nazareth – ou même d'éprouver de la haine contre l'Eglise. L'expression de la vérité et des faits ne peut guère, si l'on veut rester juste, être considérée comme un blasphème ou une preuve de haine. Toute la question repose sur la solution de ce seul point : Jésus, en Sa qualité de "Fils de Dieu" et de "Sauveur" de l'Humanité, fut-Il unique dans les annales du Monde ? Entre autres choses, Son cas fut-il le seul exceptionnel et sans précédent, Sa naissance, la seule surnaturelle et immaculée, et tous les autres ne furent-ils, comme le soutient l'Eglise, que copies blasphématoires et sataniques et des plagiats par anticipation ? Ou bien ne fut-Il que le "fils de ses œuvres", un homme éminemment saint et un réformateur qui, parmi tant d'autres, paya de Sa vie la prétention de chercher en dépit de l'ignorance et du despotisme, à éclairer l'humanité et à alléger son fardeau par Son Ethique et Sa Philosophie ? La première opinion exige une foi aveugle inébranlable ; la dernière est indiquée à tout le monde par la raison et la logique. D'ailleurs l'Eglise a-t-elle toujours eu les croyances qu'elle a aujourd'hui – ou plutôt qu'elle prétend avoir, afin d'être en droit de lancer ses anathèmes contre ceux qui ne sont pas d'accord avec elle – ou bien a-t-elle passé par les mêmes doutes angoissants, voire même par des phases de négation et d'incrédulité, qui n'ont été vaincus que par la force de l'ambition et de l'amour du pouvoir ?
C'est par l'affirmative que l'on doit répondre, en ce qui concerne cette seconde hypothèse. C'est une conclusion irréfutable et une déduction naturelle basée sur des faits tirés des archives historiques. Laissant, pour le moment, de côté les vies des nombreux Papes et Saints qui démentirent hautement leurs prétentions à l'infaillibilité et à la sainteté, que le lecteur dirige son attention du côté de l'Histoire Ecclésiastique, [V 160] du côté des documents qui ont trait au développement et au progrès de l'Eglise chrétienne (et non pas du Christianisme) et il y trouvera la réponse à ces pages. Un auteur s'exprime ainsi :
L'Eglise n'a que trop bien connu les suggestions de la libre pensée créée par les recherches, ainsi que les doutes qui provoquent aujourd'hui sa colère ; et les "vérités sacrées" qu'elle promulguait ont été tour à tour, admises et repoussées, transformées et altérées, amplifiées et réduites, par les dignitaires de la hiérarchie de l'Eglise, même en ce qui concerne les dogmes les plus fondamentaux.
Quel est le Dieu ou Héros dont l'origine, la biographie et la généalogie aient été plus obscures, ou plus difficiles à définir, puis à fixer, que celle de Jésus ? Comment a-t-on fini par se mettre d'accord au sujet du dogme, aujourd'hui irrévocable, qui traite de Sa vraie nature ? Par Sa mère, suivant les Evangélistes, Il était un homme – un simple mortel ; par Son Père, Il est Dieu ! Mais comment ? Est-Il donc homme et Dieu, ou est-Il les deux à la fois ? Telle est la question que pose le lecteur perplexe. En vérité, les propositions émises sur ce point de doctrine, ont fait répandre tour à tour des torrents d'encre et de sang sur la pauvre Humanité et pourtant les doutes ne sont pas encore calmés. En cela, comme en toutes choses, les sages Conciles de l'Eglise se sont contredits et ont changé souvent d'avis. Récapitulons et jetons un coup d'œil sur les textes qui nous sont soumis. C'est de l'Histoire.
Au premier Concile d'Antioche, l'évêque Paul de Samosate nia la divinité du Christ ; à l'origine même du Christianisme théologique, Il n'était appelé "Fils de Dieu" qu'en raison de Sa sainteté et de Ses bonnes actions. Son sang était susceptible de se corrompre dans le Sacrement de l'Eucharistie.
Au Concile de Nicée, assemblé en l'an 325 du Seigneur, Arius exposa ses prémisses qui faillirent briser l'Union Catholique.
Dix-sept évêques défendirent les doctrines d'Arius qui firent exiler ce dernier. Néanmoins, trente ans après, l'an 355 du Seigneur, au Concile de Milan, trois cents évêques signèrent une lettre d'adhésion aux doctrines d'Arius, bien que dix ans auparavant, en l'an 345 du Seigneur, lors d'un nouveau Concile assemblé à Antioche, les partisans d'Eusèbe eussent proclamé que Jésus Christ était le Fils de Dieu et ne faisait qu'Un avec Son Père.
Au Concile de Sirmium, en l'an 357, le "Fils" avait cessé d'être consubstantiel. Les Anomaeens, qui niaient cette consubstantialité, triomphèrent avec les Ariens. Un an plus [V 161] tard, au second concile d'Ancyre, on décréta que "le Fils n'était pas consubstantiel, mais seulement semblable au Père dans sa substance". Le Pape Liberius ratifia la décision.
Durant plusieurs siècles, on lutta, on se querella dans les Conciles, on y défendit les opinions les plus contradictoires, les plus opposées et le résultat de ce laborieux travail fut la Sainte Trinité qui, pareille à Minerve, jaillit du cerveau théologique, armée de toutes les foudres de l'Eglise. Le nouveau mystère fut annoncé au monde au milieu de terribles luttes, dans lesquelles le meurtre et autres crimes occupaient la première place. Au Concile de Saragosse, en l'an de grâce 380, on proclama que le Père, le Fils et le Saint-Esprit constituaient une seule et même Personne et que la nature humaine du Christ n'était qu'une simple "illusion" – un écho de la doctrine hindoue des Avatars. "Une fois sur cette pente glissante, les Pères ne pouvaient que rouler ad absurdum – ce qu'ils ne manquèrent pas de faire." Comment nier la nature humaine de Celui qui était né d'une femme ? La seule remarque sage, faite durant l'un des Conciles de Constantinople, est due à Eutychès, qui fut assez courageux pour s'écrier : "Que Dieu me préserve de raisonner sur la nature de mon Dieu" – exclamation qui lui valut d'être excommunié par le Pape Flavius.
Au Concile d'Ephèse, en l'an de grâce 449, Eutychès eut sa revanche. Comme Eusèbe, le véridique évêque de Césarée, voulait le forcer à admettre deux natures distinctes en Jésus-Christ, le Concile se révolta contre lui et on proposa de brûler vif Eusèbe. Les évêques se dressèrent comme un seul homme et, les poings tendus, écumant de rage, demandèrent qu'Eusèbe fût coupé en deux et traité comme il voulait traiter Jésus, dont il divisait la nature. Eutychès fut rétabli dans son autorité et ses fonctions, tandis qu'Eusèbe et Flavius étaient déposés. Ensuite les deux partis s'attaquèrent réciproquement avec la plus grande violence et luttèrent entre eux. Saint Flavius fut si maltraité par l'évêque Diodore, qui l'assaillit à coup de pieds, qu'il mourut quelques jours plus tard des suites des coups qu'il avait reçus.
Toutes les inconvenances étaient accueillies dans ces Conciles et il en est résulté les paradoxes vivants actuels que l'on appelle les dogmes de l'Eglise. Par exemple, au premier Concile d'Ancyre, en l'an 314, cette question fut posée : "Si l'on baptise une femme portant un enfant dans son sein, l'enfant qui doit naître est-il baptisé par le fait" ? Le Concile répondit négativement, parce que, prétendait-on, "la personne recevant le baptême doit être partie consentante, ce qui est impossible pour l'enfant dans le sein de sa mère." Ainsi donc l'inconscience est un obstacle canonique au baptême et aucun [V 162] des enfants actuellement baptisés ne l'est effectivement. Que deviennent alors les dizaines d'enfants païens et mourant de faim, que les missionnaires baptisent durant les famines, ou qui sont subrepticement "sauvés" d'une autre façon par les trop zélés Pères ? Suivez les uns après les autres, les débats et les décisions des innombrables Conciles et rendez-vous compte de l'amas de contradictions sur lequel est édifiée l'infaillible Eglise Apostolique actuelle !
Nous pouvons maintenant comprendre à quel point est paradoxale, lorsqu'on la prend littéralement, cette assertion de la Genèse : "Dieu créa l'homme à son image". Indépendamment du fait manifeste que ce n'est pas l'Adam de poussière (du chapitre II) qui est fait à l'image de Dieu, mais bien l'Androgyne divin (du Chapitre I) ou Adam Kadmon, l'on peut se rendre personnellement compte que Dieu – le Dieu des Chrétiens, tout au moins – a été créé par l'homme à son image, au milieu des coups de pieds, des coups de poings et des meurtres des premiers Conciles.
Un fait curieux, qui jette un flot de lumière sur l'assertion d'après laquelle Jésus fut un Initié et un Adepte martyrisé, est signalé dans l'ouvrage (déjà si souvent cité) que l'on pourrait appeler "une révélation mathématique" – dans The Source of Measures.
Nous appelons l'attention sur la partie du 46ème verset du 27ème chapitre de Mathieu, qui est ainsi conçue : "Eli, Eli, lama sabachthani ? – ce qui veut dire, Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" Nos versions sont, bien entendu, tirées des manuscrits grecs originaux (la raison pour laquelle nous ne possédons aucun manuscrit original en Hébreu à ce sujet, c'est qu'en Hébreu les énigmes se trahiraient elles-mêmes, si on les comparait avec la source d'où elles sont tirées, l'Ancien Testament). Tous les manuscrits grecs, sans exception, expriment ainsi ces paroles :
̉Ηλι Ηλι λαµα̉ σαβαχθαυί
Ce sont des mots hébreux, écrits en Grec et les voici en hébreu ;
ינ־תחבש המל ילא ילא
Les Ecritures donnent comme traduction correcte de ces paroles, "c'est-à-dire, Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" Nous venons de reproduire les mots, sans discussion possible et il est hors de doute que telle est l'interprétation qu'en donnent les Ecritures. Or, les mots n'ont pas cette signification et c'est une fausse traduction. Voici le véritable sens, qui est précisément le contraire de celui que l'on donne :
Mon Dieu, Mon Dieu, comme tu me glorifies !
Mieux encore, car si lama veut dire pourquoi ou comment, comme nom verbal il se rattache à l'idée d'éblouir et, adverbialement, pourrait se traduire par "combien brillamment" et ainsi [V 163] de suite. Aux yeux du lecteur qui n'est pas sur ses gardes on renforce cette interprétation et on le représente en quelque sorte comme répondant à l'accomplissement de paroles prophétiques, au moyen d'une note marginale rappelant le premier vers du vingt-deuxième psaume, qui est le suivant :
"Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" Le texte hébreu de ces mots est le suivant :
ינ־תבזע המל ילא ילא
En ce qui les concerne, la citation est correcte et l'interprétation très bonne, mais avec un mot complètement différent. Les mots sont :
Elie, Elie, lamah azabvtha-ni ?
Le talent d'aucun homme, si savant qu'il soit, ne saurait empêcher la fausseté de la traduction de ce passage et, cela étant, c'est un terrible coup porté au caractère sacré du récit 261.
Pendant dix ans et plus, se réunirent les réviseurs (?) de la Bible, groupe aussi important que solennel des érudits du pays, des plus grands Hébraïsants et Hellénistes de l'Angleterre, dans le but de corriger les erreurs et les fautes, les péchés par omission, et par commission, de leurs moins savants prédécesseurs, les traducteurs de la Bible. Voudrait-on nous faire croire qu'aucun d'eux ne remarqua l'évidente différence qu'il y a entre les mots hébreux du Psaume XXII, azabvtha-ni et le mot sabachthani dans Mathieu – qu'ils ne s'aperçurent pas de cette falsification délibérée ?
En effet, ce fut une "falsification", et si l'on nous demande pourquoi les premiers Pères de l'Eglise y eurent recours, notre réponse sera claire : Parce que les mots Sacramentels appartenaient, dans leur véritable sens, aux rites des temples Païens. On les prononçait après les terribles épreuves de l'Initiation et elles étaient encore toutes fraîches dans la mémoire de quelques "Pères", lorsque l'Evangile de saint Mathieu fut publié en langue grecque. Enfin, parce que beaucoup des Hiérophantes des Mystères et un plus grand nombre encore d'Initiés, vivaient encore à cette époque et que la phrase correctement reproduite classerait de suite Jésus parmi les simples Initiés. Les mots : "Mon Dieu, mon soleil, tu as déversé sur moi ta clarté radieuse ?" étaient les paroles finales par lesquelles se terminait la prière d'actions de grâce de l'Initié, "du Fils et du glorieux Elu du Soleil" – En Egypte, nous découvrons jusqu'à présent des sculptures et des peintures qui représentent ce rituel. Le candidat se trouve entre ses deux divins parrains : l'un, "Osiris-Soleil", avec une tête d'épervier, représente la vie, l'autre, Mercure [V 164] – le génie psychopompe à tête d'ibis, qui guide les Ames après la mort jusqu'à leur demeure, le Hadès – représente au figuré la mort du corps physique. Tous deux sont représentés versant sur la tête de l'Initié le "torrent de vie". L'eau de purification, dont les deux courants forment une croix en s'entrelaçant. Afin de mieux cacher la vérité, on a aussi représenté ce bas-relief comme "un exposé païen d'une vérité chrétienne".
261 App. VII, p. 301.
Le Chevalier des Mousseaux appelle ce Mercure
L'assesseur d'Osiris-soleil, comme saint Michel est l'assesseur, le Férouer, du Verbe.
Le monogramme du Chrestos et le Labarum, l'étendard de Constantin – qui, entre parenthèses, mourut païen et ne fut jamais baptisé – sont des symboles dérivés du rituel cité plus haut et indiquent aussi "La vie et la mort". Bien avant que le signe de la Croix n'eût été adopté comme symbole chrétien, on l'employait comme un signe secret de reconnaissance parmi les Néophytes et les Adeptes. Voici ce que dit Eliphas Levi :
Le signe de la croix adopté par les Chrétiens ne leur appartient pas exclusivement. C'est un signe cabalistique qui représente les oppositions et l'équilibre quaternaire des éléments. Nous voyons par le verset occulte du Pater, sur lequel nous avons appelé l'attention dans un autre ouvrage, qu'il y avait à l'origine deux manières de le faire, ou, du moins, deux formules très différentes pour en exprimer le sens, l'une réservée aux prêtres et aux initiés, l'autre communiquée aux néophytes et aux profanes 262.
262 Dogme et rituel de la Haute-Magie, II, 88.
On peut maintenant comprendre pourquoi l'Evangile de saint Mathieu, l'Evangile des Ebionites, sous la forme hébraïque, a toujours été caché aux regards curieux du monde.
Jérôme découvrit l'Evangile original et authentique écrit en Hébreu par Mathieu le Publicain, dans la bibliothèque réunie à Césarée par le martyr Pamphilius. "Il m'a été permis par les Nazaréens, qui se servaient de cet évangile à Beroea de Syrie de le traduire, écrit-il, vers la
fin du IVème siècle 263." "Dans l'Evangile dont se servent les Nazaréens et les Ebionites, dit Jérôme, que [V 165] j'ai récemment traduit de l'Hébreu en Grec et que la plupart des gens appellent l'authentique évangile de Mathieu, etc. 264."
Le fait que Jésus confia une "doctrine secrète" aux apôtres et qu'il en enseignait Lui-même une, est rendu évident par les paroles suivantes de Jérôme, qui fit cet aveu dans un moment où il n'était pas sur ses gardes. Ecrivant aux évêques Chromatius et Héliodore, il se plaignait de ce que "un travail difficile lui eût été imposé, lorsqu'il reçut de leurs Béatitudes l'ordre de faire cette traduction, que saint Mathieu lui-même, l'Apôtre et Evangéliste ne souhaitait pas de voir écrite ouvertement. En effet, s'il n'avait pas été secret, il (Mathieu) aurait ajouté à l'Evangile que ce qu'il donnait était de lui, mais il écrivit ce livre scellé sous des caractères hébraïques et le publia de telle façon que ce livre écrit de sa propre main en caractères hébraïques, put être possédé par les hommes les plus religieux, qui dans la suite des temps le reçurent de ceux qui les avaient précédés. Mais ils ne donnèrent jamais ce livre à traduire à personne et ils en exposaient le texte, les uns d'une façon et les autres d'une autre 265". Et il ajoute encore à la même page : "Et il arriva que ce livre ayant été publié par un disciple de Manès, nommé Séleucus, qui écrivit aussi faussement Les Actes des Apôtres, dévoila des choses qui n'étaient pas pour l'édification, mais pour la destruction et que ce (livre) fut approuvé par un synode auquel l'Eglise refusa à juste titre de prêter l'oreille 266"
Jérôme admet lui-même que le livre qu'il déclare avoir été écrit "de la main même de Mathieu", n'en était pas moins, bien qu'il l'eût traduit deux fois, un livre presque inintelligible pour lui, parce qu'il était occulte. Pourtant Jérôme qualifie froidement d'hérétiques tous les commentaires de ce livre, sauf le sien. Bien plus, Jérôme, sachant que cet Evangile était le seul original, devint plus zélé que jamais dans ses persécutions contre les "Hérétiques". Pourquoi ? Parce que l'accepter eût équivalu à lire l'arrêt de mort de l'Eglise établie. L'Evangile selon les Hébreux était bien connu comme le seul accepté durant quatre siècles, par les Juifs [V 166] chrétiens, les Nazaréens et les Ebionites et aucun de ceux-ci n'acceptait la divinité du Christ 267.
Les Ebionites furent les premiers, les plus anciens chrétiens, dont le représentant fut l'auteur gnostique des Homélies clémentines et, ainsi que le démontre l'auteur de Supernatural Religion 268, le Gnosticisme des
263 (Saint Jérôme, De Viris illust., III.) Il est à remarquer que les Pères de l'Eglise qui disaient tous que Mathieu écrivit en Hébreu, employaient tous le texte Grec comme le véritable texte apostolique, sans faire mention du rapport qui existe entre le Mathieu Hébreu et notre Mathieu Grec ! Le premier contenait de nombreuses additions spéciales qui font défaut dans notre Evangile (Grec)." (Olhausen, Nachweiss der Echtheit des Sämmtlichen Schriften des Neuen Test., p. 32 ; Dunlap, Sôd, the Son of Man, p. 44).
264 Commen to Matthew (XII, 13), Livre II. Jérôme ajoute qu'il était écrit en langue chaldéenne, mais avec des caractères hébreux.
265 "Saint Jérôme", v. 445 ; Sôd, the Son of Man, p. 46.
266 Cela explique aussi le rejet des oeuvres de Justin Martyr, qui ne se servait que de cet "Evangile selon les Hébreux", comme le faisait très probablement aussi son disciple Tatien. Nous pouvons nous rendre compte de l'époque tardive durant laquelle la divinité du Christ fut complètement établie, par ce fait que, même au IVème siècle, Eusèbe ne dénonça pas ce livre comme apocryphe, mais se borna à le classer avec l'Apocalypse de saint Jean et, Credner (Zur Gesch. des Kan, p.120) nous montre Nicéphore l'insérant avec l'Apocalypse dans sa Stichométrie, parmi les Antilegomena. Les Ebionites, les véritables Chrétiens primitifs, repoussant le reste des écrits apostoliques, n'employaient que cet Evangile (Adv. Hoer., I, 26) et les Ebionites, comme le déclare Epiphane, croyaient fermement, ainsi que les Nazaréens, que Jésus n'était qu'un homme "issu de la semence d'un homme".
267 Isis Dévoilée, III, 244-245.
268 Op. cit., II, 5.
Ebionites constitua jadis la forme la plus pure du Christianisme. Les Ebionites furent les élèves et les disciples des premiers Nazaréens – les Gnostiques Cabalistes. Ils croyaient aux Æons, de même que des Cérinthiens, et croyaient aussi que "le monde fut assemblé par les Anges" (Dhyan-Chohans). Comme le reproche Epiphane (Contra Ebionitas) : "Ebion avait les opinions des Nazaréens, la forme des Cérinthiens". "Ils décidèrent que le Christ était issu de la semence d'un homme", gémit-il
Puis encore :
Le signe de Dan-Scorpion est mort-vie, dans le symbole
☧ comme les os croisés et le crâne... ou vie-mort... l'étendard de Constantin, l'Empereur Romain. On a démontré qu'Abel était Jésus et que Caïn-Vulcain, ou Mars, le transperça. Constantin fut l'Empereur Romain
dont Mars était le dieu guerrier et un soldat romain transperça Jésus sur la croix... 269
Mais le transpercement d'Abel fut la consommation de son mariage avec Caïn et ce fut précisément sous la forme de Mars-Générateur ; de là le double glyphe en un seul, Mars-Générateur (Osiris-Soleil), et Mars- Destructeur (Mercure, le Dieu de la Mort dans le bas- relief égyptien), qui rappelle encore l'idée primordiale du Cosmos vivant, ou de la naissance de la mort, comme nécessaire à la continuation du torrent de vie 270.
Empruntons une fois de plus une citation à Isis Dévoilée :
Une croix latine d'une forme chrétienne parfaite fut découverte gravée sur les dalles de granit de l'Adytum du Serapeum et les moines ne manquèrent pas de prétendre que la croix avait été sanctifiée par les Païens dans "un esprit de prophétie". Du moins, Sozomène signale triomphalement le fait 271, mais l'archéologie [V 167] et le symbolisme, ces infatigables et implacables ennemis des fausses allégations cléricales, ont découvert dans les hiéroglyphes de la légende qui entoure le dessin, une interprétation au moins partielle de sa signification.
269 Voyez Isis Dévoilée, III, 242.
270 Source of Measures, p. 299. Ce "torrent de vie" est représenté dans le bas-relief de Philae dont il vient d'être question, par l'eau versée, en forme de croix, par Osiris, sur la tête du candidat initié – la Vieet le Soleil – et Mercure – la Mort. C'était la finale du rite d'Initiation après que l'on avait passé, avec succès, par les sept et les douze tortures dans les cryptes d'Egypte.
Suivant King et d'autres numismates et archéologues, la croix était placée là comme le symbole de la vie éternelle. Ce Tau, on croix égyptienne, était employé dans les Mystères de Bacchus et d'Eleusis. Symbole de la double puissance génératrice, il était placé sur la poitrine de l'Initié, lorsque sa "nouvelle naissance" était accomplie et que les Mystes étaient de retour après leur baptême dans la mer. C'était un signe mystique indiquant que sa naissance spirituelle avait régénéré et uni son âme astrale avec son esprit divin et qu'il était prêt à s'élever en esprit jusqu'aux séjours bénis de la lumière et de la gloire – les Eleusinies. Le Tau était un talisman magique en même temps qu'un emblème religieux. Les Chrétiens l'adoptèrent par l'entremise des Gnostiques et des Cabalistes, qui en faisaient largement usage, ainsi que le prouvent leurs nombreuses pierreries. Ceux-ci empruntèrent à leur tour le Tau (ou croix ansée) aux Egyptiens et la Croix Latine aux missionnaires Bouddhistes, qui l'apportèrent de l'Inde (où l'on peut la trouver jusqu'à présent) deux ou trois siècles avant J.-C. Les Assyriens, les Egyptiens, les anciens Américains, les Hindous et les Romains la possédaient avec des modifications de forme, diverses mais très légères. Jusqu'à une époque très avancée du moyen âge, on le considérait comme un puissant charme contre l'épilepsie et la possession du démon et le "signe de Dieu vivant" apportée, dans la vision de saint Jean, par l'ange qui s'élevait de l'Orient pour "imposer un sceau sur les fronts des serviteurs de notre Dieu" n'était autre que ce même Tau mystique – la Croix Egyptienne. Dans les vitraux de Saint-Denis (France) cet légende porte SIGNUM TAV. Dans les Gnostics de King, l'auteur nous rappelle que "cette marque est portée d'habitude par saint Antoine, un reclus égyptien 272". Ce qu'était la véritable signification du Tau nous est expliqué par le saint Jean Chrétien, l'Hermès Egyptien et les Brahmanes Hindous. Il n'est que trop évident que, tout au moins pour l'Apôtre, il signifiait le "Nom Ineffable", attendu que quelques chapitres plus loin 273, il appelle ce "signe du Dieu vivant", le nom du Père écrit sur leurs fronts.
Le Brahmâtmâ, le chef des Initiés Hindous, portait sur sa coiffure comme symbole du mystère révélé de la vie et de la mort, deux clefs placées en croix et, dans quelques pagodes Bouddhistes de la Tartarie et de la Mongolie, l'entrée d'une des chambres du temple, qui renfermait généralement l'escalier conduisant au [V 168] dagoba interne 274 ainsi que les portiques de quelques prachidas 275, sont ornés d'une croix formée de deux poissons, comme on en trouve sur certains zodiaques des Bouddhistes. Nous ne serions nullement surpris d'apprendre que la devise sacrée qui se trouve sur les tombeaux des catacombes de Home, le "Vesica Piscis", fut tirée de ces signes zodiacaux des Bouddhistes. On peut se rendre compte à quel point l'emploi de cette figure géométrique a dû être général, par ce fait qu'une tradition maçonnique dit que le temple de Salomon fut construit sur trois fondations, formant le "triple Tau" ou trois croix.
271 Autre auteur, indigne de confiance, ignorant et dépourvu de véracité, historien ecclésiastique du Vème siècle. Sa prétendue histoire de la lutte entre les Païens, les Néo-platoniciens et les Chrétiens d'Alexandrie et de Constantinople, qui s'étend de l'an 324 à l'an 439 et qu'il dédia à Théodose le Jeune, fourmille de falsifications voulues.
272 Gems of the Orthodox Christians, vol. I, p. 135.
273 Apocalypse, XIV, 1.
274 Un Dagoba est un petit temple en forme de globe, dans lequel sont conservées les reliques de Gautama,
275 Les Prachidas sont des constructions de toutes dimensions et de toutes formes, dans le genre de nos mausolées et qui sont consacrées à des Offrandes votives aux morts.
Dans son sens mystique, la croix égyptienne doit son origine, en tant qu'emblème, à la réalisation par la plus ancienne philosophie d'un dualisme androgyne de toutes les manifestations de la Nature, qui procède de l'idéal abstrait d'une divinité également androgyne, tandis que l'emblème chrétien n'est dû qu'au hasard. Si la loi mosaïque avait prévalu, Jésus eût été lapidé 276. Le crucifix était un instrument de torture, [aussi] commun chez les Romains qu'il était inconnu des nations sémitiques. On l'appelait "l'Arbre d'Infamie". Ce ne fut que plus tard qu'on l'adopta comme symbole chrétien, mais pendant les deux premières décennies les Apôtres le considéraient avec horreur 277. Ce n'est certainement pas à la Croix Chrétienne que Jean Pensait lorsqu'il parlait du "Signe du Dieu vivant", mais au Tau mystique – au Tetragrammaton ou nom puissant qui, sur les plus anciens talismans cabalistiques, était représenté par les quatre lettres hébraïques qui composent le Mot Sacré.
La fameuse Lady Ellenborough, connue chez les Arabes de Damas et dans le désert, après son dernier mariage, sous le nom de Hanoum Medjouye, avait en sa possession un talisman qui lui avait été offert par un Druse du mont Liban. On reconnut, à un certain signe que portait son coin gauche, qu'il appartenait à la catégorie de pierreries que l'on appelle, en Palestine, des amulettes Messianiques, du second ou du troisième siècle avant J.-C. C'est une pierre verte en forme pentagonale ; au bas est gravé un poisson ; plus haut, le sceau de Salomon 278 et plus haut encore [V 169] les quatre lettres chaldéennes – Jod, Hé, Vau, Hé, IAHO, qui forment le nom de la Divinité. Elles sont placées dans un ordre tout à fait inusité, courant de bas en haut ; en ordre renversé et formant le Tau Egyptien. Autour d'elles court une légende que nous n'avons pas le droit de donner, attendu que la pierre ne nous appartient pas. Le Tau, dans son sens mystique, de même que la Croix Ansée, est l'Arbre de la Vie.
276 Les traditions talmudiques prétendent qu'après avoir été pendu, il fut lapidé et enterré sous l'eau au point de jonction de deux courants, Mishna Sanhédrin, vol. VI, p. 4 ; Talmud de Babylone, même article, 43 a, 67 a.
277 Coptic Legends of the Crucifixion, MSS. XI.
278 Nous n'arrivons pas à comprendre pourquoi King, dans ses Gnostic Gems, représente le sceau de Salomon comme nue étoile à cinq branches, tandis qu'elle en a six et qu'elle est le signe de Vishnou, aux Indes.
Il est bien connu que les premiers emblèmes chrétiens – avant que l'on eût jamais tenté de représenter l'aspect corporel de Jésus – étaient l'Agneau, le Bon Berger et le Poisson. L'origine de ce dernier emblème, qui a tant intrigué les archéologues, devient ainsi compréhensible. Tout le secret réside dans le fait, facile à vérifier, que tandis que, dans la Cabale, le Roi Messie est appelé "Interprète" ou Révélateur du Mystère et représenté comme la cinquième émanation, dans le Talmud – pour des raisons que nous allons expliquer – le Messie est très souvent appelé "DAG" ou le Poisson. C'est un héritage des Chaldéens et se rapporte – comme le nom même l'indique – au Dagon babylonien, à l'homme-poisson, qui était l'instructeur et l'interprète des gens auxquels il apparaissait. Abarbanel explique le nom en exposant que le signe de la venue du Messie est la conjonction de Saturne et de Jupiter dans le signe des Poissons 279. Aussi, comme les Chrétiens tenaient à identifier leur Christos avec le Messie de l'Ancien Testament, ils l'acceptèrent avec un tel empressement, qu'ils en oublièrent que sa véritable origine peut être retrouvée à une époque antérieure à celle du Dagon babylonien. Le langage de Clément d'Alexandrie, lorsqu'il s'adressait à ses coreligionnaires, nous montre à quel point l'idéal de Jésus était étroitement uni par les premiers Chrétiens avec tous les dogmes imaginables des cabalistes et païens.
279 King (dans Gnostics) donne le dessin d'un Symbole Chrétien très commun au moyen âge ; trois poissons formant un triangle et portant, gravées, les CINQ lettres (nombre pythagoricien très sacré) ІΧΘΥΣ. Le nombre cinq se rattache à la même computation cabalistique.
Lorsqu'ils discutaient le choix du symbole le plus propre à leur rappeler Jésus, Clément leur donna des conseils en ces termes : "Faites graver sur les pierres de vos bagues une colombe, un vaisseau fuyant devant le vent (l'Arche) ou un poisson." Lorsqu'il écrivit cette phrase, le bon père était-il poursuivi par le souvenir de Josué, fils de Nun (appelé Jésus dans les versions grecques et slaves), ou bien avait-il oublié la signification réelle de ces symboles païens 280 ?
Maintenant, à l'aide de ces passages, disséminés çà et là dans Isis et dans d'autres ouvrages de ce genre, le lecteur sera à même de juger et de décider lui-même quelle est, des deux explications – celle des Chrétiens ou celle des Occultistes – celle qui se rapproche le plus de la vérité. Si Jésus n'était pas [V 170] un Initié, pourquoi aurait-on donné tous ces incidents allégoriques de sa vie ? Pourquoi se serait-on donné tant de mal, pourquoi aurait-on gaspillé tant de temps :
- pour les faire cadrer avec les phrases choisies à dessein dans l'Ancien Testament, afin de les représenter comme des prophéties et
- pour y conserver les symboles initiatiques, les emblèmes si riches de signification Occulte, appartenant tous à la philosophie mystique des païens ?
L'auteur de Source of Measures développe ce but mystique, mais seulement incidemment, dans sa signification particulière et limitée, numérique et Cabalistique, sans s'occuper et sans tenir compte de l'origine primordiale plus spirituelle et il n'en parle que dans la mesure où cela se rattache à l'Ancien Testament. Il attribue le changement voulu de la phrase "Eli, Eli, lama sabachthani" au principe, déjà mentionné, des os en croix et du crâne dans le Labarum.
Comme un emblème de mort, placé au-dessus de la porte de la vie et signifiant naissance, ou comme celui de l'existence de deux principes opposés en un seul, de même que, mystiquement, le Sauveur était considéré comme homme-femme 281.
280 Op. cit., III, 242 et seq.
281 Op. cit., 301. Tout cela rattache Jésus aux Grands Initiés et aux héros solaires ; tout cela est purement païen, dans une variante renouvelée, le schéma chrétien.
282 Op. cit., 296.
L'idée de l'auteur est de prouver le mélange mystique par les auteurs des Evangiles, de Jéhovah, Caïn, Abel, etc., avec Jésus (en accord avec la numération cabalistique juive) : il n'en réussit que mieux à établir très clairement que c'était un mélange forcé et que nous n'avons pas de rapports sur les événements réels de la vie de Jésus, racontés par des témoins oculaires, ou par les Apôtres. Les récits sont tous basés sur les signes du Zodiaque :
Chacun... de ces signes était double, ou mâle-femelle [dans l'antique astrologie magique] – il y avait le Taureau-Eve et le Scorpion était Mars-Lupa, ou Mars avec la louve [en rapport avec Romulus]. Aussi, comme ces signes étaient opposés les uns aux autres et pourtant se rencontraient au centre, ils étaient rattachés entre eux. De fait, il en était ainsi et, dans un double sens, la conception de l'année résidait dans le Taureau, de même que la conception d'Eve par Mars, son opposé, était dans le Scorpion. La naissance aurait lieu au solstice d'hiver ou à Noël. Au contraire, par la conception dans le Scorpion – soit celle de Lupa par le Taureau – la naissance aurait lieu dans le Lion, Le Scorpion était Chrestos dans l'humiliation, tandis que le Lion était Christos dans le triomphe. Tandis que le Taureau-Eve remplissait des fonctions astronomiques, Mars-Lupa en remplissait de spirituelles en raison même de son type 282.[V 171]
L'auteur base tout cela sur des corrélations et des significations égyptiennes de Dieux et de Déesses, mais il ignore les Aryennes, qui sont bien plus anciennes.
Mouth était le surnom égyptien de Vénus (Eve, mère de tous les vivants) ou de la Lune [comme Vach, mère de tous les vivants, une permutation d'Aditi, comme Eve était une permutation de Séphira]. Plutarque (Isis, 374) nous fait savoir qu'Isis était parfois appelée Mouth, mot qui veut dire mère... (Issa, השא femme). (Isis, p. 372.) Isis, dit-il, est cette portion de la Nature qui, féminine, renferme en elle-même, comme une nourrice (nutrix), toutes les choses qui doivent naître... "Certainement la Lune, astronomiquement parlant, exerce principalement cette fonction dans le Taureau, Vénus étant la maison (par opposition à Mars, générateur, dans le Scorpion) parce que le signe est luna, hypsoma. Puisque... Isis Métheur diffère d'Isis Mouth et que sous le vocable Mouth la notion de mettre au jour peut être cachée et puisque la fructification doit avoir lieu, Sol étant joint à Luna dans la Balance, il n'est pas improbable que d'abord Mouth signifie vraiment Vénus dans la Balance et, par suite, Luna dans la Balance" (Beiträge zur Kenntniss, pars. II, 8, 9, dans Muth) 283.
Nous citons maintenant Fuerst dans Bohu, pour montrer que le double jeu sur le mot Mouth, à l'aide duquel le but réel est atteint, par une voie occulte... péché, mort et femme ne font qu'un dans le glyphe et sont en rapports corrélatifs avec relation et mort 284.
Tout cela est appliqué par l'auteur uniquement aux symboles éphémérisés, exotériques et juifs, tandis qu'ils avaient pour but de cacher, tout d'abord les mystères cosmogoniques, puis ceux de l'évolution anthropologique, par rapport aux Sept Races, déjà évolués et à venir et particulièrement en ce qui concerne les derniers rameaux de la troisième Race-Racine. Toutefois, on démontre que le mot vide (Chaos primordial) est pris dans le sens d'Eve-Vénus-Naamah, suivant la définition de Fuerst. Il dit en effet :
283 Pp. 294-295.
284 P. 295.
Dans cette signification primitive [de vide] il y avait והב (bohu) pris dans la cosmogonie biblique et employé pour établir le dogme [ ןיאמ שי Jes(us) m'aven, Jes-us du sein du néant], à propos de la création. [Ce qui nous montre que les auteurs du Nouveau Testament étaient très versés dans la Cabaleet dans les Sciences Occultes et n'en corrobore que davantage notre assertion]. Aussi Aquila traduit-il ούδεν vulg. vacua (de là vacca. vache), [d'où aussi les cornes d'Isis – la Nature, la Terre et la Lune – empruntées à Vâch, la "Mère de tout ce qui vit" [V 172] des Hindous, identifiée à Virâj et appelée, dans l'Atharvaveda, la fille de Kâma, les premiers désirs : "Ta fille, ô Kâma, est appelée la vache, elle que les Sages nomment Vâch-Virâj", qui fut traite par Brihaspati le Richi, ce qui constitue un autre mystère], par Onkelos et Samarit ינקיר.
La cosmogonie phénicienne a rattaché Bohu והב βααν à une expression personnifiée qui dénote la substance primitive et, en tant que divinité, la mère des races des dieux [qui est Aditi et Vâch]. Le nom araméen ת־והב, ת־והב, את־והב, βαω̉θ, βυθ-ός, Buto pour la mère des dieux, qui fut transmis aux Gnostiques, babyloniens et égyptiens, est donc identique à Môt ( תומ notre Mouth) réellement (βω̉θ) prit naissance en Phénicie par un changement du b en m 285.
285 Pp. 295, 296.
On serait tenté de remonter plutôt à l'origine. L'évhémérisation mystique de la Sagesse et de l'Intelligence, agissant dans l'œuvre de l'évolution cosmique, ou Bouddhi sous les noms de Brahmâ, Pourousha, etc., comme puissance masculine et d'Aditi-Vâch, etc., comme féminine, d'où Saravastî, déesse de la Sagesse, qui devint, sous les voiles de l'Esotérisme, Butos, Bythos-Abîme, la femelle grossièrement matérielle et personnelle, appelée Eve, la "femme primitive" d'Irénée, et le monde jaillissant du Néant.
Le développement de ce glyphe du 4ème chapitre de la Genèseaide à comprendre la division d'un personnage en deux personnes ; comme Adam et Eve, Caïn et Abel, Abraham et Isaac, Jacob et Esaü [tous mâles et femelles]
... D'abord comme rattachant entre eux plusieurs points saillants importants de l'édifice biblique
- comme l'Ancien et le Nouveau Testament ;
puis
- comme l'Empire Romain ;
- comme confirmant le sens et l'emploi des symboles et
- comme confirmant l'explication tout entière et la lecture des glyphes ;
- comme relevant et exposant la base de la grande pyramide comme carré fondamental de la construction biblique ;
- ainsi que la nouvelle adoption romaine sous Constantin – étant donné ce qui suit 286 :
On a prouvé que Caïn était... le cercle de 360 degrés du Zodiaque, l'étalon parfait et exact, par une division juste ; d'où son nom de Melchisédech... [Les démonstrations géométrique et numérique suivent plus bas]. On a répété maintes fois que la construction de la grande pyramide avait pour but de mesurer les cieux et la terre... [les sphères objectives comme évoluant du subjectif, [V 173] du Cosmos purement spirituel, nous permettra-t-on d'ajouter] : en conséquence la mesure de son contenu indiquerait toute la substance des mesures des cieux et de la terre ou, suivant l'antique classification, de la Terre, de l'Air, de l'Eau et du Feu 287. (Le côté de la base de cette pyramide était le diamètre d'une circonférence de 2 400 pieds. La caractéristique en est 24 pieds, ou 6 ´ 4 = 24, ou ce même carré Caïn- Adam). Or, il résulte de la restauration du mode de campement des Israélites, tel que l'inaugura Moïse, par le grand savant Jésuite, le Père Athanase Kircher, que d'après la Bible et les traditions, ce qui précède est précisément la méthode employée pour établir ce camp. Les quatre carrés intérieurs étaient consacrés :
- à Moïse et à Aaron ;
- à Kohath ;
- à Gershom et
- à Mérari – les trois derniers étant les chefs des Lévites.
Les attributs de ces carrés étaient les attributs primordiaux d'Adam-Mars et étaient formés par les éléments de la Terre, de l'Air, du Feu, de l'Eau, ou מי = Iam = Eau, רונ = Nour = Feu, חור = Rouach = Air et השבי = Iabéshah = Terre. Les lettres initiales de ces mots sont INRI le symbole traduit ordinairement par Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum – "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs". Ce carré d'INRI est le carré d'Adam qui fut élargi, comme base, en quatre autre de 144 ´ 2 = 288, jusqu'au côté du grand carré de 288 ´ 4 = 1152 = la circonférence entière. Mais ce carré est le développement d'éléments également circulaires et 115-2 peut l'indiquer. Inscrivez INRI dans un cercle, ou lisez-le dans l'ordre où les lettres se trouvent dans le carré, pour leur valeur, formant 1521 et vous aurez
286 Si nous avions connu le savant auteur avant que son livre n'eût été imprimé, nous aurions, peut- être, pu l'amener à ajouter un septième chaînon, bien plus ancien que ceux qui ont été énumérés et les surpassant tous en signification philosophique universelle, d'où tous les autres sont dérivés, même la grande pyramide, dont le carré fondamental n'était autre que les grands mystères Aryens.
287 Nous dirions Matière cosmique, Esprit, Chaos et Lumière Divine, car l'idée égyptienne était en cela identique à l'idée aryenne. Toutefois, l'auteur a raison en ce qui concerne le Symbolisme Occulte des Juifs. Ce fut en tous temps un peuple remarquablement positif, non spirituel et pourtant, même chez lui, "Ruach" était l'Esprit Divin et non "l'air".
Mais, comme nous l'avons vu, Caïn l'indique par le 115 de son nom : ce 115 était le complément nécessaire pour constituer l'année de 360 jours, pour concorder avec les résultats du cercle standard, qui étaient Caïn. Les carrés des coins du grand carré sont A = le Lion et B = Dan- Scorpion et on voit que Caïn transperce Abel à l'intersection des lignes croisées des équinoxes et des solstices, mentionnées depuis Dan-Scorpion sur le cercle céleste. Mais Dan-Scorpion est voisin de la Balance, dont le signe est .n. (signe [V 174] qui est celui de l'antique oreiller sur lequel reposait la partie postérieure de la tête jusqu'aux oreilles 288, l'oreiller de Jacob) et qui est représenté, entre autres symboles, par .n. / XPS... l'insigne de Dan-Scorpion est aussi mort-vie, dans le symbole ☧. Or, la croix est l'emblème de l'origine des mesures, sous la forme en ligne droite de Jéhovah, celui d'un chiffre de 20612 la circonférence parfaite : Caïn était donc cela, en tant que Jéhovah, car le texte dit qu'il était Jéhovah. Mais la fixation d'un homme sur cette croix était celle de 113 : 355 à 6561 : 5154 ´ 4 = 20612, ainsi qu'il est démontré. Au-dessus de la tête de Jésus crucifié était placée l'inscription, dont les lettres initiales Koph, la moitié de la tête derrière les oreilles. (The Source of Measures, p. 299.)
288 M. Ralston Skinner démontre que le Symbole ☧ les os croisés et le crâne, contient la lettre ק
Chaque mot ont toujours été considérées comme symboliques et ont été transmises et employées comme un monogramme de Jesus Chrestos – savoir, INRI ou Jesus Alazarenus Rex Judaeorum, mais elles sont localisées sur la croix, ou forme cubique de l'origine circulaire des mesures, qui mesure la substance de la Terre, de l'Air, du Feu, et de l'Eau, ou INRI = 1152 comme nous l'avons démontré. Nous voyons là l'homme sur la croix, ou 115 : 355, combiné avec 6561 : 5153 ´ = 20612. Ce sont les nombres de base de la pyramide comme découlant de 113 : 355 comme source hébraïque. De là le carré d'Adam, qui EST la base de la pyramide et le carré central du plus grand carré du camp. Inscrivez INRI dans un cercle et nous aurons 1152, ou la circonférence de ce cercle. Mais Jésus mourant (ou Abel marié) employa précisément les mots qu'il fallait pour tout énoncer. Il dit, Eli, Eli, Lama Sabachthani... Lisez-les d'après leurs valeurs, sous forme circulaire, comme découlant de la forme Adam expliquée et nous aurons ילא= 113 ילא 113 ou 113-311 המל = 345, ou Moïse dans le cercle de la pyramide de Caïn-Adam תחבש = 710 égale Colombe ou Jonas et 710 : 2 = 355, ou 355-553 et enfin, comme déterminatif de tout ינ oו ni, ou נ = nun, poisson = 565 et י = 1 ou 10 ; ensemble 565 י = הוהי ou la valeur du Christ.
[Tout ce qui précède] explique la scène de la transfiguration sur la montagne. Pierre, Jacques et Jean étaient présents avec Jésus ; ou מי Iami, Jacques, Eau ; השבי Pierre, Terre ; חור Jean Esprit, Air et רוני Jésus, Feu, Vie – ensemble INRI. Remarquez qu'Elie et Moïse les rencontrèrent là, ou ילא et המל ou Eli et Lamah, ou 113 et 345, ce qui prouve que la scène de la transfiguration se rattachait à celle exposée plus haut] 289.[V 175]
289 Pp. 296-302. Par ces nombres, explique l'auteur. "Eli est 113 (en écrivant le mot en cercle) ; [1] amah étant 345, doit par un changement de lettres concorder avec la même valeur השמ (dans un cercle) ou Moïse, tandis que Sabaohth est Jean ou la colombe, ou Saint-Esprit, parce que (dans un cercle) c'est 710 (ou 355 ´ 2). La terminaison ni comme meni ou 5651, devient Jéhovah."
Cette méthode cabalistique de lire les récits des Evangiles – supposés jusque-là contenir les événements les plus importants, les plus terriblement mystiques et en même temps les plus réels de la vie de Jésus – doit porter un terrible coup à certains Chrétiens. Tous les honnêtes croyants qui ont versé des larmes de respectueuse émotion sur les événements de la courte vie publique de Jésus de Nazareth, ont à choisir l'une des deux voies qui s'ouvrent devant eux, après avoir lu ce qui précède : ou bien leur foi les rendra insensibles à toutes clartés émanant du raisonnement humain et de l'évidence des faits, ou bien ils confesseront qu'ils ont perdu leur Sauveur. Celui qu'ils avaient considéré jusqu'à présent comme l'unique incarnation, sur cette terre, du Seul Dieu Vivant dans le ciel, disparaît dans les airs, devant le témoignage de la Bibleelle-même, correctement lue et interprétée. En outre, puisque d'après Jérôme lui-même, d'après sa confession authentique et acceptée, le livre écrit de la main de Mathieu "expose des faits qui ne sont pas pour l'édification, mais pour la destruction" (de l'Eglise et du Christianisme – humain seulement) quelle vérité peut-on espérer tirer de sa fameuse Vulgate ? On y voit des mystères humains, élaborés par des générations de Pères de l'Eglise occupés à faire évoluer une religion inventée par eux, au lieu d'y trouver une Révélation divine, et c'est tellement vrai que le fait est corroboré par un prélat de l'Eglise Latine. Saint Grégoire de Naziance écrivit à son ami et confident Saint Jérôme :
Rien ne saurait en imposer mieux aux gens que le verbiage ; moins ils comprennent et plus ils admirent... Souvent nos pères et nos docteurs ont dit, non pas ce qu'ils pensaient, mais ce que les circonstances et la nécessité les forçaient à dire.
Lesquels des deux – des ecclésiastiques ou des Occultistes et Théosophes – blasphèment le plus ou sont les plus dangereux ? Sont-ce ceux qui voudraient imposer au monde un Sauveur imaginé par eux, un Dieu ayant des insuffisances humaines, et qui, par suite, n'est certainement pas un Etre parfait, ou bien ceux qui disent : Jésus de Nazareth était un Initié, un personnage grand, noble et saint, mais pourtant humain, bien que véritablement "Un Fils de Dieu" ?
Si l'Humanité doit accepter une Religion soi-disant surnaturelle, combien la transparente allégorie de Jésus, donnée par les Gnostiques, semble plus logique aux yeux de l'Occultiste et du Psychologue. Ceux-ci, comme Occultistes et avec des Initiés pour Chefs, ne différaient entre eux que par leurs traductions du récit et par leurs symboles et nullement en substance. Que disent les Ophites, les Nazaréens et autres "hérétiques" ? Sophia, "la Vierge Céleste", est persuadée d'envoyer Christos, son émanation, au secours de l'humanité [V 176] menacée de périr, à laquelle Ilda-Baoth (le Jéhovah des Juifs) et ses six Fils de Matière (les Anges inférieurs terrestres) cachent la lumière divine. En conséquence, Christos, le parfait 290, S'unissant à Sophia [la Sagesse divine], descendit à travers les sept régions planétaires, en assumant dans chacune une forme analogue... [et] entra dans l'homme Jésus au moment de son baptême dans le Jourdain. Dès ce moment Jésus commença à opérer des miracles : avant cela il avait complètement ignoré sa propre mission.
Ilda Baoth, découvrant que Christos allait détruire son royaume de Matière, souleva les Juifs, son propre peuple, contre Lui et Jésus fut mis à mort. Lorsque Jésus fut sur la Croix, Christos et Sophia quittèrent Son corps et retournèrent dans Leur propre sphère. Le corps matériel de Jésus fut abandonné à la terre, mais Lui-même, l'Homme-Interne, fut revêtu d'un corps d'aether 291.
Dès lors il ne fut plus composé que d'âme et d'esprit... Durant le séjour de dix-huit mois qu'il fit sur la terre, après sa résurrection, il reçut de Sophia la connaissance parfaite, la véritable Gnose qu'il communiqua à la petite fraction des Apôtres qui étaient en état de la recevoir 292.
Ce qui précède est clairement Oriental et Hindou ; c'est la Doctrine Esotérique pure et simple, sauf les noms de l'allégorie. C'est plus ou moins l'histoire de tout Adepte qui obtient l'Initiation. Le Baptême dans le Jourdain est le Rite de l'Initiation, la purification finale, que ce soit dans une pagode sacrée, un réservoir, un fleuve ou dans le lac d'un temple en Egypte ou au Mexique. Le Christos parfait, et Sophia – la Sagesse et l'Intelligence divines – pénètrent l'Initié au moment de la cérémonie mystique, par transfert du Gourou ou Chélâ, et quittent le corps physique au moment de la mort de ce dernier, pour rentrer dans le Nirmânakâya, ou Ego astral de l'Adepte.
290 La personnification occidentale de cette puissance, que les Hindous appellent Bija, la "semence unique", ou Mahâ Vishnou – une puissance et non pas le Dieu – ou ce mystérieux Principe qui renferme en Lui-même le Germe des Avatars.
291 "Elève-toi jusqu'au Nervi, depuis ce corps décrépi dans lequel tu as été envoyé. Regagne ta précédente demeure, ô saint Avatar !"
292 The Gnostics and their Remains, par King, pp. 100, 101.
L'esprit de Bouddha [collectivement] adombre les Bodhisattvas de son Eglise. dit le Rituel Bouddhiste d'Aryâsangha.
L'enseignement gnostique dit :
Quand il [l'esprit de Christos] aura recueilli tout le Spirituel, [V 177] toute la Lumière [qui existe dans la matière] de l'empire d'Ildabaoth, la Rédemption sera accomplie et l'on atteindra la fin du monde 293.
Les Bouddhistes disent Lorsque Bouddha [l'esprit de l'Eglise] entendra sonner l'heure, il enverra Maitreya Bouddha – après quoi l'ancien monde sera détruit.
Ce que King dit de Basilide peut s'appliquer aussi bien à tout innovateur, que ce soit d'une Eglise Bouddhiste ou d'une Eglise Chrétienne. Aux yeux de Clément d'Alexandrie, dit-il, les Gnostiques enseignaient fort peu de choses blâmables dans leurs doctrines mystiques transcendantes.
A ses yeux, ce dernier [Basilide] n'était pas un hérétique, c'est-à-dire un innovateur au sujet des doctrines acceptées de l'Eglise Catholique, mais simplement un spéculateur théosophique qui cherchait à exprimer d'antiques vérités, au moyen de formules nouvelles 294.
Il y avait une DOCTRINE SECRETE prêchée par Jésus et à cette époque le mot "Secret" voulait dire Secrets ou Mystères d'Initiation qui ont tous été repoussés ou défigurés par l'Eglise. Dans les Homélies de Clément, nous lisons :
Et Pierre dit : "Nous nous souvenons que notre Seigneur et Maître nous commande en disant : "Conservez les mystères pour moi et pour les fils de ma maison". C'est pourquoi Il expliquait en secret à ses disciples les Mystères du Royaume des Cieux 295.
293 Loc. cit.
294 Op. cit., p. 258.
295 Homélies, XIX, XX, 1.