SECTION XXII

LE "ZOHAR" AU SUJET DE LA CREATION ET DES ELOHIM

 

La première phrase de la Genèse, comme le savent tous les Hébraïsants, est la suivante :

 

ץראה תאו מימשה תא מיהלא הרב תישארב

 

Or, il y a deux manières bien connues de traduire cette ligne, de même que toute autre phrase hébraïque : l'une exotérique, comme la lisent les interprètes orthodoxes (chrétiens) de la Bible, et l'autre cabalistique, divisée, en outre, en méthode rabbinique et en méthode purement cabalistique ou occulte. De même que dans les écrits sanscrits, les mots, en hébreu, ne sont pas séparés, mais se suivent sans interruption surtout dans les antiques systèmes. Par exemple, en divisant la phrase ci-dessus, on lirait : B'rashith bara Elohim eth hashamayim v'eth h'areths et l'on peut également la diviser ainsi : B'rash ithbara Elohim eth hashamayim v'eth'arets, ce qui en modifie entièrement le sens. La dernière phrase veut dire : "Au commencement Dieu créa les cieux et la terre", tandis que la première, écartant toute idée de commencement, voudrait simplement dire que "du sein de l'éternelle Essence [divine] [ou de sa matrice, – ou de sa tête], la Force [les Dieux] double [ou androgyne] forma le double ciel" – le ciel supérieur et le ciel inférieur, étant généralement traduits par ciel et terre. Ce dernier mot veut dire, ésotériquement, le "Véhicule", car il donne l'idée d'un globe vide, à l'intérieur duquel a lieu la manifestation du monde. Or, suivant les règles qui régissent la lecture symbolique occulte, telles qu'elles sont établies dans l'antique Sépher Jetzirah (dans le Livre des Nombres 384 chaldéen) les quatorze premières lettres (ou B'rasitb' raalaim) suffisent amplement à elles seules pour expliquer la théorie de  la "création" sans qu'il faille d'autres explications ou qualifications.  Chacune de ces lettres constitue une phrase et si on les plaçait à côté [V 221] de la version originale, hiéroglyphique ou picturale de la "création" qui  se trouve dans le LIVRE DE DZYAN, l'origine des lettres phéniciennes et juives serait bientôt découverte. Tout un volume d'explications n'en apprendrait pas plus que cela à l'étudiant de la Symbologie Occulte primitive : la tête d'un taureau dans un cercle, une ligne droite horizontale, un cercle ou sphère, puis un autre renfermant trois points, un triangle, puis la Svastika (ou croix Jaina) ; après cela vient un triangle équilatéral inscrit dans un cercle, sept petites têtes de taureaux rangées sur trois lignes superposées ; un point noir rond (une ouverture), puis sept  lignes, signifiant le Chaos ou l'Eau (féminin).

Tous ceux qui connaissent la valeur symbolique et numérique des lettres hébraïques, reconnaîtront au premier coup d'œil que ce glyphe et les lettres qui composent les mots "B'rasitb'raalaim" ont une signification identique. "Beth" veut dire "demeure" ou "région" ; "Resh" signifie un "cercle" ou une "tête" ; "Aleph" veut dire "taureau" (le symbole de la puissance génératrice ou créatrice) 385 ; "Shin" signifie "dent" (ésotériquement 300 – un trident ou trois en un dans son sens occulte) ; "Jodh" veut dire l'unité parfaite ou "Un" 386 ; "Tau" signifie la "racine" ou "fondation" (de même que la croix chez les Egyptiens et les Aryens) ; puis encore "Beth", "Resh" et "Aleph". Enfin "Aleph", ou sept taureaux pour les sept Alaïm ; un aiguillon de bouvier "Lamedh", procréation active ; "Hé", "ouverture" ou "matrice" ; "Yodh", l'organe de la procréation et "Mém", "eau" ou "chaos", le Pouvoir femelle auprès du mâle qui le précède.

 384 Le Sépher Jetzirah connu de nos jours ne constitue qu'une partie de l'original incorporé dans le Livre des Nombres chaldéen, Le fragment que possèdent actuellement les Cabalistes occidentaux a été fortement retouché par les Rabbins du moyen âge, comme le prouvent ses points massorétiques. Le plan de la "Massore" est un voile moderne datant d'après notre ère et perfectionné à Tibériade (voyez Isis Dévoilée, vol. IV, pp. 114-115).

 385 Dans le plus antique symbolisme – celui qui est employé dans les hiéroglyphes égyptiens – lorsqu'on trouve la tête de taureau seule, elle signifie la Divinité, le Cercle parfait, avec les pouvoirs créateurs qui sont latents en lui. Lorsque le taureau entier est représenté, il indique un dieu solaire, une divinité personnelle, car c'est alors le symbole du pouvoir générateur agissant.

386 Il fallut trois Races-Racines successives pour dégrader le symbole de l'Unique Unité Abstraite, manifestée dans la Nature comme un rayon émanant de l'Infini (le Cercle), au point d'en faire un symbole phallique de génération, comme il l'était même dans la Cabale. Cette dégradation commença avec la Quatrième Race et avait sa raison d'être dans le Polythéisme, car ce dernier fut inventé pour mettre l'Unique Divinité Universelle à l'abri de la profanation. Les Chrétiens peuvent invoquer leur ignorance de sa signification comme une excuse pour l'avoir accepté, mais pourquoi chanter les louanges éternelles des Juifs Mosaïques qui repoussèrent tous les autres Dieux, conservèrent le plus phallique et se proclamèrent avec impudence des Monothéistes ? Jésus persiste à ignorer Jéhovah. Il enfreignit les commandements de Moïse. Il ne reconnut que son seul Père Céleste et interdit le culte public.

 

La traduction exotérique la plus satisfaisante et la plus scientifique de la première phrase de la Genèse– sur laquelle [V 222] repose, dans une foi aveugle, toute la religion chrétienne synthétisée par ses dogmes fondamentaux – est incontestablement celle qui est donnée par M. Ralston Skinner dans l'Appendice de The Source of Measures. Il y donne et, nous devons le reconnaître, de la façon la plus claire et la plus scientifique, l'interprétation numérique de cette première phrase et de ce premier chapitre de la Genèse. A l'aide du nombre 31, ou du mot "El" (1 pour "Aleph" et 30 pour "Lamedh"), et d'autres symboles numériques de la Bible, comparés avec les mesures employées pour la grande pyramide d'Egypte, il établit la parfaite identité qui existe entre ses mesures  – pouces, coudées et plan – et les valeurs numériques du Jardin d'Eden, d'Adam, d'Eve et des Patriarches. Bref, l'auteur montre qu'au point de vue architectural, la pyramide renferme toute la Genèseet dévoile les secrets astronomiques et même physiologiques, dans ses symboles et ses glyphes ; il semble pourtant qu'il ne veuille pas admettre les mystères psycho- cosmiques et spirituels qu'ils impliquent. L'auteur ne paraît pas non plus s'apercevoir qu'il faut rechercher la source de tout cela dans les légendes archaïques et dans le Panthéon de l'Inde 387. Ayant perdu cela de vue, à quoi donc ses grands et admirables travaux le font-ils aboutir ? Tout simplement à constater qu'Adam, la terre, et Moïse ou Jéhovah "sont les mêmes" – à l'ABC de la Symbologie Occulte comparative – et que les jours de la Genèseétant des "cercles" "représentés par les Hébreux comme des carrés", le résultat du sixième jour de travail a pour point culminant le principe fructifiant. Ainsi la Bibleest amenée à produire le Phallisme et cela seul.

Et – lue dans ce sens et suivant l'interprétation que les savants occidentaux donnent à son texte hébreu – elle ne peut rien produire de plus haut ou de plus sublime que ces éléments phalliques, qui constituent la base et la pierre angulaire de son sens littéral. L'Anthropomorphisme et la Révélation creusent un abîme infranchissable entre le monde matériel et les vérités spirituelles ultimes. Il est facile de montrer que la création n'est pas ainsi décrite dans la Doctrine Esotérique.[V 223] Les Catholiques Romains donnent une interprétation beaucoup plus rapprochée du véritable sens Esotérique que celle des Protestants. Plusieurs de leurs saints et de leurs docteurs admettent en effet que la formation du ciel et de la terre, des corps célestes, etc., fait partie de l'œuvre des "Sept Anges de la Présence". Saint Denys appelle les "Constructeurs", les "collaborateurs de Dieu" et saint Augustin, allant plus loin encore, attribue aux Anges la possession de la pensée divine, prototype, dit-il, de toutes les choses créées 388. Enfin, saint Thomas d'Aquin disserte longuement sur ce sujet et appelle Dieu la cause primaire et les Anges la cause secondaire de tous les effets visibles. En cela, à part quelques différences dogmatiques dans la forme, le "Docteur Angélique" se rapproche de très près des idées Gnostiques. Basilide parle des Anges de l'ordre le moins élevé comme des Constructeurs de notre monde matériel et Saturnilus croyait, comme les Sabéens, que les Sept Anges qui président aux planètes sont les véritables créateurs du monde ; le moine cabaliste Trithème enseignait la  même chose dans son De Secundis Deis.

387 Est-ce tout que d'avoir découvert que le cercle céleste de 360° est déterminé par "le mot complet exprimant Elohim" et que cela donne, lorsque le mot est placé dans un cercle, "3,1415 ou le rapport de la circonférence au diamètre de un". Ce n'est que son aspect astronomique ou mathématique. Pour connaître la signification septénaire complète du "Cercle primordial", il faut interpréter la pyramide et la Biblecabalistique en s'inspirant du plan suivant sur lequel sont construits les temples de l'Inde. La quadrature mathématique du cercle n'est que le résumé terrestre du problème. Les Juifs étaient satisfaits des six jours d'activité et du septième consacré au repos. Les progéniteurs de l'humanité ont résolu les plus grands problèmes de l'Univers avec leurs sept Rayons ou Richis.

 

L'éternel Cosmos, le Macrocosme, de même que l'homme, le Microcosme, est divisé dans la DOCTRINE SECRETE en trois Principes et quatre Véhicules 389, qui constituent collectivement les sept Principes. Dans la Cabalechaldéenne ou juive, le Cosmos est divisé en sept mondes : l'Original, l'Intelligible, le Céleste, l'Elémentaire, l'Inférieur (Astral), l'Infernal (Kâmaloka ou Hadès) et le Temporel (de l'homme). Dans le système chaldéen, c'est dans le Monde Intelligible, le second, qu'apparaissent les "Sept Anges de la Présence", ou les Séphiroth (dont les trois supérieurs ne font, par le fait, qu'un et forment aussi la somme totale de tous). Ce sont aussi les "Constructeurs" de la Doctrine Orientale et ce n'est que dans le troisième monde, le céleste, que les sept planètes de notre système solaire sont construites par les sept Anges Planétaires et que les planètes deviennent leurs corps visibles. Aussi – comme [V 224] on l'a déclaré avec raison – si l'univers dans son ensemble est tiré du sein de la Substance ou Essence Eternelle Unique, ce n'est pas cette éternelle Essence, la Divinité Absolue, qui la construit formellement ; c'est l'œuvre des premiers Rayons, des Anges ou Dhyân-Chohans, qui émanent de l'Elément Unique, lequel devenant périodiquement Lumière et Ténèbres, reste éternellement, dans son Principe Fondamental, l'unique Réalité inconnue et pourtant existante.

388 La Genèse commence à la troisième phase de la "création", en sautant les deux premières.

389 Les trois principes fondamentaux sont, exotériquement, l'Homme, l'Ame et l'Esprit (en entendant par "homme" la personnalité intelligente), et ésotériquement, la Vie, l'Ame, l'Esprit. Les quatre véhicules sont le Corps, le Double Astral, l'Ame animale (ou humaine) et l'Ame divine (Stoûla- Sharira, Linga-Sarîra, Kama-Roûpa et Bouddhi, le véhicule d'Atmâ ou de l'Esprit). Ou, pour être plus clair :

[1] le Septième Principe a pour véhicule le Sixième (Bouddhi) ; [2] le véhicule de Manas est Kâma-Roûpa ;

[3] celui de Jiva ou Prâna (Vie) est le Linga-Sharîra (le "double" de l'homme ; le Linga-Sharîra proprement dit ne peut jamais quitter le corps jusqu'à la mort : ce qui apparaît est un corps astral réfléchissant le corps physique et servant de véhicule à l'âme humaine ou intelligence) et

[4] le Corps, le véhicule physique de tous les précédents collectivement. L'Occultiste reconnaît que le même ordre existe, pour la totalité cosmique, pour l'Univers psycho-cosmique.

 

Un savant Cabaliste occidental, M. S. L. Mac Gregor Mathers, dont les raisonnements et les conclusions seront d'autant plus à l'abri de tout soupçon qu'il n'est pas entraîné à la Philosophie orientale et qu'il n'en connaît pas les enseignements secrets, écrit au sujet du premier verset de la Genèse, dans un essai inédit :

Bérashith   Bara   Elohim  –  "Au commencement  les Elohim créèrent !" Qui sont ces Elohim de la Genèse ?

Va-Yivra Elohim Ath Ha-Adam Bé-Tzalmo, Bé-Tzélem Elohim Bara Otho, Zakhar Vingebah Bara Otham. "Et les Elohim créèrent l'Adam à leur Image. Ils le créèrent à l'Image des Elohim. Ils le créèrent Mâle et Femelle !" Qui sont ces Elohim ? La traduction ordinaire anglaise de la Bibletraduit le mot Elohim par "Dieu" : elle traduit un nom pluriel par un nom singulier. La seule excuse que l'on donne est plutôt faible et consiste dans la déclaration que le mot est certainement pluriel, mais qu'il ne doit pas être employé dans un sens pluriel : que c'est "un pluriel dénotant l'excellence". Mais ce n'est qu'une supposition dont on peut exactement peser la valeur par le chapitre 1er vers 26 de la Genèse, dont voici la traduction dans la version Biblique orthodoxe : "Et Dieu [Elohim] dit :

"Créons l'homme à notre image, selon notre ressemblance." Nous avons ici la reconnaissance claire de ce fait qu' "Elohim" n'est pas "un pluriel d'excellence",  mais  un  nom  pluriel  se  rapportant  à  plus  d'un  être 390.

 390 Saint Denys l'Aréopagite, le contemporain supposé de saint Paul, son co-disciple, qui fut le premier évêque de Saint-Denis près Paris, enseigne que le gros de "l'œuvre de la création" fut exécuté par les "Sept Esprits de la Présence", les Collaborateurs de Dieu, grâce à une participation de la Divinité en eux (Hiérarch., p. 196). Et saint Augustin pense aussi que "Les choses furent

 

[V 225] Quelle est donc la traduction exacte d' "Elohim" et à qui cela se rapporte-t-il ? "Elohim" est non seulement un pluriel, mais encore un pluriel féminin ! Et pourtant les traducteurs de la Bibleen ont fait un masculin singulier ! Elohim est le pluriel du mot féminin, El-h, car la lettre finale h indique le genre. Cependant, au lieu de former son pluriel en "oth", ce mot prend la terminaison habituelle du masculin pluriel qui est "im".

Bien que dans la majorité des cas, les mots des deux genres prennent les terminaisons qui leur sont propres, il y a cependant beaucoup de mots masculins qui ont leur pluriel en "oth" et de mots féminins qui ont le leur en "im", sans parler des mots des deux genres dont le pluriel revêt alternativement les deux formes. Il y a lieu toutefois d'observer que la terminaison du pluriel n'affecte pas le genre du mot qui reste le même qu'au singulier.

Pour découvrir le véritable sens du symbolisme qu'implique ce mot d'Elohim, il nous faut recourir à la clef de la Doctrine Esotérique juive, à la Cabalesi peu connue et encore moins comprise. Nous y découvrirons que ce mot représente deux Pouvoirs unis masculin et féminin, co-égaux et co- éternels, joints dans une union éternelle pour le maintien de l'Univers – le grand Père et la grande Mère de la Nature dans laquelle l'Unique Eternel se conforme avant que l'Univers puisse subsister. La Cabale  enseigne, en effet, qu'avant que la Divinité ne se fût ainsi conformée – c'est-à-dire comme mâle et femelle – les Mondes de l'Univers ne pouvaient subsister, ou, suivant les termes employés dans la Genèse, que "la terre était sans forme et vide". La conformation des Elohim est donc la fin du Sans Forme, du Vide et des Ténèbres, car ce n'est qu'après cette conformation que le Ruach Elohim –  "l'Esprit des Elohim" –  peut vibrer sur la surface des plutôt créées dans les mentals angéliques que dans la Nature, c'est-à-dire que les Anges percevaient et connaissaient toutes choses dans leurs pensées, avant que celles-ci pussent naître à la vie réelle (Vid. De Genesis ad Litteram, p. 11). (Résumé d'après de Mirville, vol. II, pp. 337-338). Ainsi les premiers Pères chrétiens et même un non-initié comme saint Augustin, attribuaient la création du monde visible aux Anges, ou Puissances Secondaires, tandis que saint Denis les représente non seulement comme les Sept Esprits de la Présence", mais comme tirant leur puissance de l'énergie divine qui les anime – Fohat dans la DOCTRINE SECRETE. Mais les ténèbres égoïstes qui portèrent les races occidentales à s'attacher si désespérément an Système Géo-centrique, leur firent aussi négliger et mépriser tous les fragments de la vraie Religion qui les aurait dépouillés eux et le petit globe qu'ils prenaient pour le centre de l'Univers de l'honneur insigne d'avoir été expressément "créés" par le Dieu Infini, Unique, Sans Egal !

 Eaux. Mais cela ne constitue qu'une très faible partie des renseignements que l'Initié peut tirer de la Cabaleau sujet de ce mot d'Elohim.

Il faut attirer ici l'attention sur la confusion – si ce n'est pis encore – qui règne dans les interprétations occidentales de la Cabale. On représente l'Unique Eternel comme se formant en deux : les Grands Père et Mère de la Nature. Tout d'abord, c'est une horrible conception anthropomorphique que d'employer des termes qui impliquent une distinction sexuelle lorsqu'il s'agit de la toute première différenciation de l'Unique et il est encore plus erroné d'identifier ces premières différenciations – Pourousha et Prakriti de la Philosophie indienne – aux Elohim, les pouvoirs créateurs dont il est ici question, comme aussi d'attribuer à ces abstractions [V 226] inimaginables pour nos intellects), la formation et la construction de ce monde visible, plein de souffrance, de péché et de chagrin. En fait, la "création par les Elohim" dont on parle ici, n'est qu'une "création" bien postérieure et les Elohim, loin d'être des puissances suprêmes, ou même supérieures, de la Nature, ne sont que des Anges inférieurs. Tel était l'enseignement des Gnostiques, qui formaient la plus philosophique de toutes les Eglises Chrétiennes primitives. Ils enseignaient que les imperfections du monde étaient dues aux imperfections de ses Architectes ou Constructeurs – les Anges imparfaits et, par suite, inférieurs. Les Elohim Hébreux correspondent aux Prajâpatis des Hindous et il est établi ailleurs, par l'interprétation Esotérique des Pourânas, que les Prajâpatis n'avaient formé que les formes matérielles et astrales de l'homme ; qu'ils étaient incapables de lui donner l'intelligence ou raison et que, par suite, en langage symbolique, ils "ne réussirent pas à créer l'homme". Mais pour ne pas répéter ce que le lecteur peut trouver autre part dans cet ouvrage, bornons- nous à appeler son attention sur ce fait que la "création", dans ce passage, n'est pas la Création Primaire et que les Elohim ne sont pas "Dieu", ni même des Esprits Planétaires supérieurs, mais bien les Architectes de cette planète physique visible et du corps matériel, ou revêtement, de l'homme.

Une des doctrines fondamentales de la Cabale, c'est que le développement graduel de la Divinité, depuis l'Existence négative jusqu'à l'existence positive, est symbolisée par le développement graduel des Dix Nombres de l'échelle décimale de numération, partant du zéro pour passer par l'Unité, dans la Pluralité. C'est la doctrine des Séphiroth ou Emanations.

 Pour les formes négatives internes et cachées, se concentre un centre qui est l'Unité primordiale. Mais l'Unité est une et indivisible ; elle ne peut, ni être augmentée par multiplication, ni diminuée par division, car 1 ´ 1 = 1 et rien de plus, et 1 : 1 = 1 et rien de moins. Et c'est ce caractère inchangeable de l'Unité ou Monade qui en fait le type approprié de la Divinité Unique et Invariable. Cela répond ainsi à l'idée chrétienne de Dieu le Père, car de même que l'Unité est le père des autres nombres, de même la Divinité est le Père de Tout.

L'esprit philosophique des Orientaux ne tomberait jamais dans l'erreur qu'implique l'emploi de ces mots. D'après eux, "l'Unique et  Inchangeable" – Parabrahman – le Tout Absolu et l'Unique, ne se pourrait concevoir comme ayant un rapport quelconque avec des choses limitées et conditionnées, aussi n'emploieraient-ils jamais des termes comme ceux-là qui, par leur essence même, impliquent de tels rapports. Séparent-ils donc absolument l'homme d'avec Dieu ? Au contraire. [V 227] Ils sentent une union plus étroite que celle que l'esprit occidental a réalisé, lorsqu'il appelle Dieu le "Père de Tout", car ils savent que, dans son essence immortelle, l'homme est lui-même l'Inchangeable, l'Unique Sans Second.

Mais nous venons de dire que l'Unité est unique et inchangeable, soit par multiplication, soit par division ; comment deux, la Dyade, s'est-il donc formé ? Par réflexion. En effet, différant en cela du Zéro, l'Unité est définissable en partie – c'est-à-dire dans son aspect positif et la définition crée d'elle un Eikon ou Eidolon qui, joint à elle, forme une Dyade, de sorte que  le nombre deux est, jusqu'à un certain point, analogue à l'idée chrétienne du Fils comme seconde Personne. Et comme la Monade Tibre et se replie dans les Ténèbres de la Pensée primaire, la Dyade reste comme son délégué et représentant et de cette façon l'Idée Triple est co-égale à la Dyade positive, le nombre trois co-égal et co-éternel à la Dyade, dans le sein de l'Unité, d'où, pourtant, elle procède en quelque sorte, selon la conception numérique de son rang.

 Cette explication semblerait impliquer que M. Mathers sait que cette "création" n'est pas la vraie Création divine ou primaire, puisque la Monade – première manifestation sur notre plan objectif – "se replie dans les Ténèbres de la Pensée Première", c'est-à-dire dans la subjectivité de la première Création divine.

Cela répond également, en partie, à l'idée chrétienne du Saint-Esprit et des trois formant ensemble une Trinité dans l'unité. Cela explique aussi le fait qu'en géométrie trois lignes droites constituent le plus petit nombre de lignes permettant de représenter une figure plane rectiligne, alors que deux ne peuvent jamais encadrer un espace et demeurent impuissants et sans effet jusqu'à ce qu'elles soient complétées par le nombre Trois. A ces trois premiers nombres de l'échelle décimale, les Cabalistes donnent le nom de Kéther, la Couronne, Chokmah, la Sagesse et Binah, l'Entendement, et ils leur associent, en outre, ces noms divins : avec l'Unité, Eheich, "J'existe" ; avec la Dyade, Yah ; avec la Triade, Elohim. Ils dénomment aussi spécialement la Dyade, Abba – le Père, et la Triade, Aima – la Mère, dont l'éternelle conjonction est symbolisée dans le mot Elohim.

Mais ce qui frappe surtout celui qui étudie la Cabale, c'est la malicieuse persistance avec laquelle les traducteurs de la Bibleont jalousement mis à l'abri des regards et supprimé toute allusion à la forme féminine de la Divinité. Ainsi que nous venons de le voir, ils ont traduit le mot féminin pluriel "Elohim" par le mot masculin singulier "Dieu", mais ils ont fait mieux que cela ; ils ont soigneusement caché le fait que le mot Ruach – l'Esprit – est féminin et que par suite le Saint-Esprit du Nouveau Testament est un Pouvoir féminin. Combien y a-t-il de [V 228] Chrétiens qui sachent que dans le compte rendu de l'Incarnation de Luc (I, 35) deux Puissances divines sont mentionnées ?

"Le Saint-Esprit descendra sur toi et le Pouvoir du Très-Haut t'adombrera." Le Saint-Esprit (la Puissance féminine) descend et le Pouvoir du Très-Haut (la puissance masculine) est uni avec lui. "C'est pourquoi aussi l'être saint qui naîtra de toi sera appelé le Fils de Dieu" – c'est-à-dire des Elohim puisque ces deux Puissances descendent.

Dans le Sepher Yetzirah, ou Livre de la Formation, nous lisons :

 "Elle est Unique la Ruach Elohim Chiim – (Esprit des Vivants Elohim)... Voix, Esprit et Verbe, et Elle est l'Esprit du Saint Unique." Nous constatons encore ici le rapport intime qui existe entre le Saint-Esprit et les Elohim. En outre, un peu plus loin dans le Livre de la Formation – qui est, ne l'oublions pas, un des plus anciens Livres Cabalistiques et dont on attribue la paternité au Patriarche Abraham – nous découvrirons l'idée d'une Trinité Féminine en premier lieu, de laquelle procède une Trinité masculine, ou, comme il est dit dans le texte : "Trois Mères desquelles procèdent Trois Pères" et pourtant cette double Triade ne forme, en quelque sorte, qu'une seule Trinité complète. Il est bon de remarquer aussi que la Seconde et la  Troisième Séphiroth (Sagesse et Entendement) sont désignées toutes deux par des noms féminins. Chokmah et Binah, bien que l'idée masculine soit plus particulièrement rattachée au premier et l'idée féminine au second, sous les titres de Abba et Aima (ou Père et Mère). Cette Aima (la Grande Mère) est magnifiquement symbolisée dans le douzième chapitre de l'Apocalypse, qui est incontestablement un des livres les plus cabalistiques de la Bible. Il est en fait, absolument inintelligible  sans l'aide des clefs cabalistiques.

Or, dans l'alphabet Hébreu, comme dans l'alphabet Grec, il n'existe pas de caractères numéraux distincts, aussi une certaine valeur numérique est-elle rattachée à chaque lettre. Il résulte de cette circonstance ce fait important, que chaque mot hébreu constitue un nombre et chaque nombre un mot. Il y est fait allusion dans l'Apocalypse (XIII, 18) par la mention du "nombre de la bête !"  Dans la Cabale, les mots d'une valeur numérique égale sont supposés avoir entre eux certains rapports explicatifs. Cela constitue la science de la Gématrie qui est la première division de la Cabalelittérale. En outre, chaque lettre de l'alphabet hébreu avait pour les Initiés de la Cabaleune certaine valeur et un certain sens hiéroglyphique qui, correctement employés, donnaient  à chaque mot, la valeur d'une phrase mystique et cela variait encore suivant les positions  relatives qu'occupaient les lettres, les unes par rapport aux autres. Etudions maintenant le mot Elohim en nous plaçant à ces divers points de vue mystiques. [V 229] Nous pouvons d'abord diviser le mot en deux qui signifient "La Divinité féminine des Eaux" ; comparez avec l'Aphrodite grecque "jaillie de l'écume de la mer". On peut encore diviser le mot en "Etre Puissant, Etoile de la Mer" ou  "Etre Puissant soufflant l'Esprit sur les Eaux". Nous obtenons aussi par la combinaison des lettres, "la Puissance silencieuse de Jah" et aussi "Mon Dieu Auteur de l'Univers", car Mah est un nom cabalistique secret qui s'applique à l'idée de formation. Nous obtenons aussi, "Qui est mon Dieu". En outre encore, "la Mère de lah".

Le nombre total est 1 + 30 + 5 + 10 + 40 = 86 = "Violente chaleur" ou "la Puissance du Feu". Si nous additionnons ensemble les trois lettres du milieu nous obtenons 45 et la première et la dernière font 41, constituant ainsi la Mère de la Formation". Enfin, nous découvrirons les deux noms divins "El" et "Yah" en même temps que la lettre m qui signifie "Eau" car le mot Mem, nom de cette lettre, veut dire "eau".

Si nous décomposons le mot en ses lettres et que nous les considérions comme des signes hiéroglyphiques, nous aurons :

"La Volonté perfectionnée par le Sacrifice progresse grâce à des Transformations successives dues à l'Inspiration."

Les quelques paragraphes ci-dessus, dans lesquels le mot "Elohim" est analysé au point de vue cabalistique, montrent suffisamment que les Elohim ne sont ni un, ni deux, ni même une trinité, mais bien une Légion – l'armée des puissances créatrices.

L'Eglise chrétienne, en faisant de Jéhovah – un de ces Elohim – l'unique Dieu Suprême, a introduit une irrémédiable confusion dans la hiérarchie céleste, en dépit des volumes écrits sur ce sujet par Thomas d'Aquin et son école. La seule explication qui se trouve dans tous leurs traités sur la nature et l'essence des innombrables classes d'êtres célestes mentionnées dans la Bible– Archanges, Trônes, Séraphins, Chérubins, Messagers, etc. – c'est que la Légion angélique est la milice de Dieu". Ils sont "Dieux les Créatures" tandis qu'il est "Dieu le créateur", mais au sujet de leurs véritables fonctions – de leur place réelle dans l'économie de la Nature – il n'est pas dit un seul mot. Ils sont :

Plus brillants que les flammes, plus rapides que le vent et ils vivent dans l'amour et l'harmonie, s'éclairant mutuellement, se nourrissant de pain et d'un breuvage mystique – le vin et l'eau de la communion ? – enveloppant comme d'un fleuve de feu le trône de l'agneau et se voilant la face avec leurs ailes. Ils ne quittent ce trône d'amour et de gloire que pour porter l'influence divine aux étoiles, à la terre, en un mot à toutes les créatures [V 230] semblables à eux-mêmes... Quant à leur nombre, c'est celui de la grande armée du Ciel (Sabaoth), plus nombreuse que les étoiles... La Théologie nous représente ces luminaires rationnels comme constituant chacun une espèce et comme renfermant dans leurs natures telle ou telle position de la Nature : comme couvrant un espace immense, bien que d'une étendue déterminée ; comme résidant – tout incorporels qu'ils soient – à l'intérieur de limites fixes : ... comme plus rapides que la lumière et la  foudre, disposant de tous les éléments de la Nature, produisant à volonté d'inexplicables mirages [illusions ?], tour à tour objectifs ou subjectifs, parlant aux hommes une langue tantôt articulée, tantôt purement spirituelle 391.

Nous apprenons un peu plus loin, dans le même livre, que c'est à ces Anges et à leurs Légions que fait allusion la phrase suivante du premier verset du chapitre II de la Genèse : Igitur perfecti sunt coeli et terra et omnis ornatus eorum 392 et que la Vulgate a péremptoirement substitué le mot "ornement" au mot hébreu "tsaba" ("légion"). Munek prouve cette erreur de substitution et établit que le titre composé de "Tsabaoth-Elohim" dérive de "tsaba". En outre, Cornelius à Lapide, "le maître de tous les commentateurs de la Bible", selon de Mirville, nous prouve que tel était le véritable sens. Ces Anges sont des étoiles.

391 De Mirville, II, 295.

392 [Ainsi furent finis le ciel et la terre, et toutes leurs armées.]

 

Tout cela nous instruit pourtant fort peu au sujet des réelles fonctions de cette armée céleste et ne nous apprend rien en ce qui concerne sa place dans l'évolution et ses rapports avec la terre sur laquelle nous vivons. Pour obtenir une réponse à cette question : "Qui sont les véritables créateurs", il nous faut avoir recours à la Doctrine Esotérique, puisque c'est là seulement que l'on peut trouver la clef qui rend intelligibles les Théogonies des diverses religions mondiales.

Nous y trouvons que le réel créateur du Cosmos, comme de toute la Nature visible – si ce n'est de toutes les invisibles légions d'Esprits non encore entraînés dans le "Cycle de Nécessité" ou de l'évolution – est "le Seigneur – les Dieux" ou la "Légion Active", "l'Armée" prise collectivement, "l'Unique dans le multiple".

L'Unique est infini et inconditionné. Il ne peut créer, car Il ne peut avoir de rapports avec le fini et conditionné. Si tout ce que nous voyons, depuis les glorieux soleils et planètes jusqu'aux brins d'herbe et aux grains de poussière, avait été créé par la Perfection Absolue, ou était même l'œuvre de la [V 231] Première Energie qui procède d'Elle 393, tout cela aurait été parfait, éternel et non-conditionné, comme son auteur. Les millions et millions d'œuvres imparfaites que l'on découvre dans la Nature témoignent hautement qu'elles ont été produites par des êtres finis et conditionnés – bien que ceux-ci aient été et soient des Dhyan-Chohans, des Archanges ou autres, quel que soit le nom qu'on leur donne. En résumé, ces œuvres imparfaites sont la production inachevée de l'évolution, dirigée par les Dieux imparfaits. Le Zohar nous l'assure aussi bien que la DOCTRINE SECRETE. Il parle des auxiliaires de "l'Ancien des Jours", du "Vieillard Sacré" et les appelle les Auphanim ou les Roues vivantes des orbes célestes, qui participent à l'œuvre de la création de l'Univers.

393 Pour l'occultiste et le Chéla, il est inutile d'expliquer la différence établie entre Energie et Emanation. Le mot sanscrit "Shakti" est intraduisible. Cela peut être de l'énergie, mais une énergie qui procède d'elle-même, qui n'est pas due à la volonté active et consciente de celui qui la produit. Le "Premier né" ou Logos, n'est pas une Emanation, mais, une énergie inhérente à Parabrahman, l'Unique, co-éternelle à Lui. Le Zohar parle d'émanation, mais réserve le mot aux sept Séphiroth émanés des trois premiers qui forment une triade – Kéther, Chokmah et Binah. En ce qui concerne ces trois, il explique la différence en les appelant des "immanations", quelque chose d'inhérent et de contemporain au sujet supposé ou en d'autres termes, des "Energies".

Ce sont ces "Auxiliaires", les Auphanim, les Prajâpatis semi-humains, les Anges, les Architectes sous la direction de "l'Ange du Grand Conseil" qui, avec le reste des Constructeurs du Cosmos des autres nations, peuvent seuls expliquer l'imperfection de l'Univers. Cette imperfection constitue un des arguments de la Science Secrète en faveur de l'existence et de l'activité de ces "Puissances". Et qui sait mieux que les quelques philosophes de nos terres civilisées, combien Philon se rapprochait de la vérité en attribuant l'origine du mal à un mélange de puissances inférieures dans l'organisation de la matière et même dans la formation de l'homme – tâche confiée au Logos divin ?

 

Ce n'est donc pas le "Principe" Unique et Inconditionné, ni même Sa réflexion, qui crée, ce sont seulement les "Sept Dieux" qui façonnent l'Univers en le tirant de l'éternelle Matière, vivifiée, dans la vie objective, par le reflet en elle de l'Unique Réalité.

Le Créateur est ceux – "Dieu la Légion" – que l'on appelle dans la DOCTRINE SECRETE les Dhyân Chohans ; chez les Hindous, les Prajâpatis ; chez les Cabalistes occidentaux, les Séphiroth et chez les Bouddhistes, les Dévas – forces impersonnelles parce qu'aveugles. Ce sont les Amshaspends chez les Zoroastriens et tandis que pour le Mystique Chrétien "le Créateur" n'est autre que "les Dieux du Dieu", pour l'homme d'Eglise dogmatique c'est "le Dieu des Dieux", le "Seigneur  des Seigneurs", etc.

"Jéhovah" est simplement le Dieu plus grand que tous les Dieux, aux yeux d'Israël. [V 232]

Je sais que le Seigneur [d'Israël] est grand et que notre Seigneur est au-dessus de tous les Dieu 394.

Et encore :

Car tous les Dieux des Nations sont des idoles, mais le Seigneur a fait les cieux 395.

Les Neterou égyptiens, que Champollion traduit par "les autres Dieux", sont les Elohim des écrivains Bibliques, derrière lesquels est caché le Dieu Unique, considéré dans la diversité de ses pouvoirs 396. Cet  Unique n'est pas Parabraham, mais le Logos Non-Manifesté, le Démiurge, le véritable Créateur ou Façonneur, qui le suit, représentant les Démiurges pris collectivement. Plus loin, le grand égyptologue ajoute :

Nous voyons l'Egypte dissimuler et cacher, pour ainsi dire, le Dieu des Dieux derrière les agents dont elle l'entoure ; elle donne à ses grands dieux la préséance sur l'unique et seule Divinité, de sorte que les attributs de ce Dieu deviennent leur propriété. Ces grands Dieux se proclament incréés... Neith est "Ce qui est" comme Jéhovah 397 ; Thoth est auto-créé 398 sans avoir été conçu, etc. Le Judaïsme annihilant ces puissances devant la grandeur de son Dieu, elles cessent d'être simplement des Puissances, comme les Archanges de Philon, comme les Séphiroth de la Cabale, comme les Ogdoades des Gnostiques – elles se fondent entre elles et sont transformées en Dieu lui-même 399.

394 Psaumes, CXXXV, 5.

395 Psaumes, XCVI, 5.

396 Plutôt comme Ormazd ou Ahoura-Mazda, Vit-nam-Ahmi et tous les Logoï non manifestés. Jéhovah est le Virâj manifesté, correspondant à Binah, la troisième Séphira de la Cabale, Pouvoir féminin dont on trouverait le prototype plutôt dans les Prajâpatis, que dans Brahmâ, le Créateur.

397 Neith est évidemment Aditi.

398 Le Logos Auto-créé, Nârâyana, Pouroushottama et autres.

399 Mère d'Apis, pp. 32-35. Cité par de Mirville.

400 Voyez la République, I, VI.

 

D'après les enseignements de la Cabale, Jéhovah n'est donc, tout au plus, que "l'Homme Céleste", Adam Kadmon, employé par l'Esprit auto- créé, par le Logos, comme un chariot, un véhicule, dans Sa descente vers la manifestation dans le monde phénoménal.

Tels sont les enseignements de la Sagesse Archaïque, qui ne peuvent être repoussés même par le Chrétien orthodoxe, s'il est sincère et a l'esprit ouvert dans l'étude de ses propres Ecritures. Car, s'il lit avec soin les Epîtres de saint Paul, il constatera que la DOCTRINE SECRETE et la Cabalesont complètement admises par "l'Apôtre des Gentils". La Gnose qu'il semble condamner n'en est pas moins pour lui comme pour Platon "la suprême connaissance de la Vérité et de l'Etre [V 233] Unique" 400, car ce que saint Paul condamne, ce n'est pas la véritable, mais bien la fausse Gnose et ses abus : autrement comment pourrait-il employer le langage d'un Platonicien pur sang ? Les idées (Archétypes) du Philosophe grec ; les intelligences de Pythagore ; les Æons ou Emanations du Panthéiste ; le Logos ou Verbe, Chef de ces Intelligences ; Sophia ou la Sagesse ; le Démiurge, le Constructeur du monde sous la direction du Père, le Logos Non-Manifesté d'où Il émane Aïn-Souph, l'Inconnu de l'Infini, les Périodes angéliques les Sept Esprits qui sont les représentants des Sept de toutes les cosmogonies plus anciennes – on les retrouve tous dans ses écrits que l'Eglise reconnaît comme canoniques et divinement inspirés. On peut y reconnaître aussi les Abîmes d'Ahriman, Recteur de ce Monde où nous sommes, le "Dieu de ce Monde" ; le Plérôme des Intelligences ; les Archontes de l'Air ; les Principautés, le Metatron Cabalistique et l'on peut encore les retrouver dans les écrivains Catholiques romains, lorsqu'on les lit dans les textes originaux grecs et latins, car les traductions anglaises ne donnent qu'une piètre idée de leur véritable contenu.