SECTION XXIX

L'EPREUVE DE L'INITIE DU SOLEIL

 

Nous commencerons par les anciens Mystères – reçus des Atlantes par les Aryens primitifs – dont l'état mental et intellectuel a été décrit par le professeur Max Müller d'une façon si magistrale et pourtant encore très incomplète.

Il dit :

nous avons là [dans le Rig Véda] une période de la vie intellectuelle de l'homme, dont on ne trouve l'équivalent dans aucune autre partie du monde. Dans les hymnes du Véda nous voyons l'homme livré à lui-même pour résoudre l'énigme du monde... Il invoque les dieux qui l'entourent, il les loue, il les adore, mais cependant, avec tous ces dieux... au-dessous et au-dessus de lui, le primitif poète semble mal à l'aise en lui-même. Là aussi, dans sa propre poitrine, il a découvert une puissance qui n'est jamais muette quand il prie, qui n'est jamais absente quand il a peur et qu'il tremble. Elle semble inspirer ses prières et cependant les écouter ; elle semble vivre en lui et pourtant, le soutenir, lui et tout ce qui l'entoure. Le seul nom qu'il puisse trouver pour désigner cette mystérieuse puissance, c'est "Brahman" ; en effet, brahman signifiait, à l'origine, force, volonté, désir, et le pouvoir propulseur de création. Mais ce Brahman, impersonnel lui-même, aussitôt nommé, se développe en quelque chose d'étrange et de divin. Il finit par devenir un des multiples dieux, l'un de la grande triade adorée jusqu'à présent. Et pourtant la pensée qui est en lui n'a pas de vrai nom ; cette puissance qui n'est rien qu'elle- même, qui soutient les dieux, les cieux et tous les êtres vivants, flotte devant son esprit – conçue mais non exprimée.  A la fin, il l'appelle "Atman", car âtman, originairement souffle ou esprit, en vient à signifier le Soi, et le Soi seul, le Soi, tant divin qu'humain ; le Soi, tant créateur que souffrant, le Soi Unique ou Tout, mais toujours, le Soi indépendant et libre. "Qui a vu le premier-né, dit le poète, alors que celui qui n'avait pas d'os (c'est-à-dire de forme) portait celui qui avait des os ? Où étaient la vie, le sang, le Soi du monde ? Qui donc vint poser cette question à quelqu'un qui le savait ?" (Rig Véda, I, 164 ; 4). Cette idée d'un Soi divin une fois exprimée, tout le reste doit en reconnaître la suprématie. "Le Soi est cela, le Seigneur de toutes choses ; il est le Roi de toutes choses ; de même que les rayons d'une roue sont contenus dans le moyeu et la circonférence, tout est [V 297] contenu dans le Soi ; tous les sois sont contenus dans ce Soi" (Brihadàranyaka, IV ; v, 15) 511.

Ce Soi, le plus haut, l'unique et universel, étant symbolisé sur le plan des mortels par le Soleil, dont l'effluence vitalisante était à son tour l'emblème de l'âme – tuant les passions terrestres qui ont toujours été un empêchement à la réunion du Soi Unique (l'Esprit) avec le Tout-Soi. De là le mystère allégorique, dont nous ne pouvons qu'esquisser ici les grands traits. Il était représenté par les "Fils du Brouillard de Feu" et de la "Lumière". Le second Soleil (la "seconde hypostase" du Rabbin Drach) était représenté comme mis en jugement, et Vishvakarma, l'Hiérophante, lui coupait sept de ses rayons et les remplaçait par une  couronne  de ronces ; le "Soleil" devenait alors Vikarttana, dépouillé de ses rayons. Après cela le Soleil dont le rôle était joué par un néophyte prêt à être initié était supposé descendre dans Pâtâla, les régions inférieures, pour une épreuve de Tantale, En sortant triomphant, il émerge de cette région de concupiscence et d'iniquité pour redevenir Karmasâkshin, témoin  du karma des hommes 512, et il s'élève une fois de plus triomphant dans  toute la gloire de sa régénération, en qualité de Graha-Râjah, Roi des constellations, et on l'invoque comme Gabhastiman "remis en possession de ses rayons".

 511 Chips front a Germun Workshop, I, 69, 70.

512 Soûrya, le Soleil, est une des neuf divinités témoins de toutes les actions humaines.

 

La "fable" du Panthéon populaire de l'Inde, fondée sur le mysticisme poétique du Rig Véda, qui lui a donné naissance – mysticisme dont les enseignements étaient pour la plupart dramatisés durant les Mystères religieux – se développa, au cours de son évolution exotérique, en l'allégorie suivante. On peut la trouver dans plusieurs des Pourânas et dans d'autres Ecritures. Dans le Rig Véda et ses hymnes, Vishvakarman, Dieu de Mystère, est le Logos, le Démiurge, un des plus grand Dieux signalé dans deux des hymnes, comme le plus haut. C'est le Créateur de Tout (Vishvakarma), appelé le "Grand Architecte de l'Univers", le Dieu qui voit tout... le père, le générateur, le dispensateur, qui donne aux dieux leurs noms et  se trouve au-delà de la compréhension des mortels comme tous les Dieux-Mystères. Esotériquement, c'est la personnification du Pouvoir créateur manifesté ; et mystiquement, c'est le septième principe de l'homme, dans sa collectivité. En effet, c'est le fils de Bhouvana, l'Essence lumineuse, autocréée et de la vertueuse, chaste et aimable Yoga- Siddhâ, la  Déesse-vierge,  dont  le  nom  parle  de  lui-même  puisqu'elle [V 298] personnifiait le pouvoir du Yoga, la "chaste-mère" qui  les Adeptes. Dans les Hymnes du Rig-Véda Vishvakarman accomplit le "grand sacrifice", c'est-à-dire se sacrifie pour le monde, ou, comme on le fait dire au Niroukta, traduit par crée les Orientalistes :

Vishvakarman commence par offrir le monde entier en sacrifice, puis il finit par se sacrifier lui-même.

Dans les représentations mystiques de son personnage Vishvakarman est souvent appelé Vittoba et il est représenté comme la "Victime", "l'Homme-Dieu", ou l'Avatar crucifié dans l'espace.

[De tout ce qui a trait aux véritables Mystères, aux véritables Initiations, on ne peut naturellement rien dire en public : seuls peuvent les connaître ceux qui sont capables de les affronter. Toutefois quelques indications peuvent être données sur les grands Mystères cérémoniels de l'Antiquité, que le public considérait comme les vrais Mystères et auxquels des candidats étaient initiés au milieu de beaucoup de cérémonies et d'un grand déploiement d'Arts Occultes. Cachés derrière ceux-ci, dans  le silence et les ténèbres, se trouvaient les vrais Mystères, tels qu'ils ont toujours été et tels qu'ils continuent à exister. En Egypte, comme en Chaldée, et, plus tard en Grèce, les Mystères étaient célébrés à des époques déterminées, et le premier jour était fête publique, durant laquelle les candidats étaient conduits en grande pompe à la Grande Pyramide, dans laquelle ils disparaissaient aux yeux du public. Le second jour était consacré à des cérémonies de purification, à la fin desquelles on présentait une robe blanche au candidat ; durant la troisième journée 513 il était soumis à des épreuves et examiné au point de vue de ses progrès en  savoir Occulte. Le quatrième jour, après une nouvelle cérémonie symbolique de purification, il était laissé seul pour subir diverses épreuves, puis il était mis en catalepsie dans une crypte souterraine dans l'obscurité complète, durant deux jours et deux nuits. En Egypte, le néophyte entransé était placé dans un sarcophage vide, dans la Pyramide où avaient lieu les cérémonies de l'initiation. En Inde et en Asie Centrale, il était attaché sur une planche et lorsque son corps était devenu semblable à celui d'un mort (en transe), il était transporté dans la crypte. Il était alors veillé par le Hiérophante qui "guidait l'âme des apparitions (corps astral) depuis ce monde de Samsâra (ou d'illusion) jusqu'aux royaumes inférieurs, d'où, s'il réussissait, il avait le droit [V 299] de délivrer sept âmes souffrantes" (Elémentaires). Revêtu de son Amandamayakosha, corps de béatitude – le Srotâpanna  demeurait là où nous n'avons aucun droit de le suivre et à son retour – recevait le Mot avec ou sans le "sang du cœur" de l'Hiérophante 514.

 

 

 

 

513 [Il y a une lacune dans le manuscrit d'H.P.B. et le paragraphe entre parenthèses remplace ce qui manquait. – A.B.] [Voir Notes Supplémentaires sur cette partie manquante, telle qu'elle est dans le Manuscrit de 1886. – N.d.E.]

514 Dans Isis Dévoilée, vol. III, pp. 57, 58, il est fait mention d'une partie de cette cérémonie. Parlant du dogme de la Rédemption, nous le faisons remonter encore à l'antique "paganisme". Nous disons : "Cette pierre angulaire d'une église qui s'était crue édifiée pour des siècles sur un roc solide, est aujourd'hui déterrée par la Science qui prouve qu'elle provient des Gnostiques.  Le professeur Draper montre qu'elle n'était guère connue du temps de Tertullien et qu'elle "a pris naissance parmi les hérétiques Gnostiques" (voyez Conflict between Religion and Science, p. 224, voir traduction française "Les Conflits de la Science et de la Religion". Paris, F. Alcan)... mais il y a des preuves suffisantes pour établir qu'elle ne prit pas plus naissance parmi eux, que leurs Christos et Sophia oints. Ils modelèrent le premier sur l'original du Roi Messie, le principe mâle de la sagesse et la seconde sur la troisième Séphiroth, de la Cabale Chaldéenne et même sur les Brahmâ et Saravastî Hindous et sur les Dyonisios et Demeter des Païens. Nous foulons ici un terrain plus solide, ne fût- ce que parce qu'il est aujourd'hui prouvé que le Nouveau Testament n'apparut sous sa forme complète, tel que nous le voyons aujourd'hui, que 300 ans après la période des Apôtres et qu'il est reconnu que le Zohar et autres livres cabalistiques appartiennent au premier siècle avant notre  ère, si même ils ne sont pas plus anciens encore.

"Les Gnostiques partageaient beaucoup des idées des Esséniens et les Esséniens possédaient leurs Mystères majeurs et mineurs au moins deux siècles avant notre ère. Ils étaient les Isarims ou Initiés, les descendants des Hiérophantes égyptiens, dans le pays desquels ils avaient résidé pendant plusieurs siècles avant d'être convertis à la vie monastique Bouddhiste par les missionnaires du Roi Asoka et d'être amalgamés plus tard aux premiers Chrétiens, et ils existaient, probablement, avant que les antiques temples égyptiens ne fussent profanés par les incessantes invasions des Perses, des Grecs et autres hordes conquérantes. Les Hiérophantes avaient leur rédemption représentée dans le Mystère de l'Initiation bien des siècles avant que n'aient apparu les Gnostiques ou même les Esséniens. Cette cérémonie était connue des Hiérophantes sous le nom de Baptême de Sang et était considérée, non pas comme une rédemption de la "chute de l'homme" dans l'Eden, mais simplement comme l'expiation des péchés passés, présents et futurs de l'humanité ignorante mais pourtant souillée. L'Hiérophante avait le choix entre l'offrande aux dieux qu'il espérait rejoindre et comme sacrifice pour sa race, soit de sa vie pure et sans péchés, soit d'une victime animale. Le premier choix dépendait entièrement de sa propre volonté. Au dernier moment de la solennelle "naissance nouvelle", l'Initiateur transmettait "le mot" à l'Initié et de suite après une arme était placée dans la main droite de ce dernier qui recevait l'ordre de frapper. C'est la véritable origine du dogme Chrétien de la rédemption."

Comme le dit Ballanche, cité par Ragon : "La Destruction est la grande Divinité du Monde", justifiant ainsi la conception philosophique du Shiva Hindou. Suivant cette loi immuable et sacrée, l'Initié était obligé de tuer l'Initiateur, autrement l'Initiation demeurait incomplète... C'est la mort qui génère la vie" (Orthodoxie Maçonnique, p. 104). Tout cela, néanmoins, n'était qu'emblématique et exotérique. L'arme et le meurtre doivent être interprétés dans leur sens allégorique.

 

Seulement, en réalité, le Hiérophante n'était jamais tué – ni en Inde ni ailleurs, car le meurtre n'était que simulé – [V 300] à moins que l'Initiateur n'eût choisi l'Initié pour son successeur et ne se fût décidé à lui communiquer le dernier et suprême MOT, après quoi il devait mourir – car dans chaque nation un seul homme avait le droit de connaître ce mot. Nombreux sont les grands Initiés qui sont ainsi sortis de la scène du monde, disparaissant aux yeux des hommes, aussi mystérieusement que Moïse disparut du sommet du Mont Pisgah (Nébo, Sagesse qui rend des oracles), après qu'il eut imposé les mains à Josué, qui devint ainsi "rempli de l'esprit de sagesse", c'est-à-dire initié.

Mais il mourut ; il ne fut pas tué. En effet, le meurtre, s'il avait réellement lieu, relèverait de la Magie noire et non de la Magie divine. C'est la transmission de la lumière, plutôt qu'un transfert de vie, de vie spirituelle et divine et c'est une effusion de Sagesse et non de sang. Mais les inventeurs non-initiés du Christianisme théologique prirent le langage allégorique à la lettre et instituèrent un dogme dont l'expression brutale et mal interprétée remplit d'horreur et de répulsion le "païen" spirituel.

Tous ces Hiérophantes et Initiés étaient des types du Soleil et du Principe Créateur (puissance spirituelle), comme le furent Vishvakarman et Vikarttana depuis l'origine des Mystères. Le fameux franc-maçon Ragon donne des explications et des détails curieux touchant les rites du Soleil.  Il établit que le Hiram biblique, le grand héros de la Franc-Maçonnerie (le "fils de la veuve"), type dérivé d'Osiris, est le Dieu-Soleil, l'inventeur des arts et "l'architecte" car le nom de Hiram signifie "l'élevé", titre qui appartient au Soleil. Tous les Occultistes connaissent les rapports étroits qui rattachent à Osiris et aux Pyramides, les récits concernant Salomon, son Temple et sa construction, que l'on trouve dans les Rois ; ils savent aussi que tout le rituel de l'Initiation Maçonnique est basé sur l'allégorie biblique de la construction de ce Temple, les Francs-Maçons oubliant à propos, ou ignorant peut-être, le fait que cette dernière allégorie est composée d'après le symbolisme Egyptien et d'après d'autres symbolismes plus anciens encore. Ragon l'explique en prouvant que les trois compagnons d'Hiram, les "trois meurtriers", représentent les trois derniers mois de l'année et que Hiram représente le Soleil – à partir de son solstice d'été, lorsqu'il commence à décroître – car le rituel entier n'est qu'une allégorie astronomique.

Durant le solstice d'été, le Soleil provoque des chants de gratitude de la part de tout ce qui respire ; aussi Hiram, qui le représente, peut-il donner, à tous ceux qui y ont droit, le mot sacré, c'est-à-dire la vie. Lorsque le soleil descend dans les signes inférieurs, toute  la Nature devient muette et Hiram ne peut plus [V 301] donner le mot sacré aux compagnons, qui représentent les trois mois inertes de l'année. Le premier compagnon frappe faiblement Hiram avec une règle longue de vingt-quatre pouces, symbole des vingt-quatre heures qui constituent chaque révolution diurne ; C'est la première distribution du temps qui, après l'exaltation de la puissante étoile, attaque faiblement son existence et lui porte le premier coup. Le second compagnon le frappe avec une équerre de fer, symbole de la dernière saison, figurée par l'intersection de deux lignes droites, qui diviseraient en quatre parties égales le cercle du Zodiaque dont le centre symbolise le cœur d'Hiram, là où il touche le point des quatre carrés représentant les quatre saisons : seconde distribution du temps qui, à ce moment, porte un coup plus rude à l'existence solaire. Le troisième  compagnon le frappe mortellement au front d'un violent coup de son maillet,  dont  la  forme  cylindrique  symbolise l'année, l'anneau ou cercle ; troisième distribution du temps, dont l'accomplissement porte le dernier coup à l'existence du Soleil expirant. On a conclu de cette interprétation qu'Hiram, un fondeur de métaux, héros de cette nouvelle légende avec le titre d'architecte, est Osiris (le Soleil) de l'Initiation moderne ; qu'Isis, sa veuve, est la Loge, l'emblème de la terre (en Sanscrit, loka le monde) et qu'Horus, fils d'Osiris (ou de la lumière) et le fils de la veuve est le franc-maçon, c'est-à-dire l'Initié qui habite la loge terrestre (le fils de la Sagesse et de la lumière) 515.

515 Orthodoxie Maçonnique, pp. 102-104.

 

Ici encore il nous faut mentionner nos amis les Jésuites, car le rituel ci-dessus est leur œuvre. Pour donner un exemple du succès avec lequel ils jettent de la poudre aux yeux des individus ordinaires pour les empêcher de voir les variétés de l'Occultisme, nous allons mentionner ce qu'ils ont fait dans ce qu'on appelle aujourd'hui la Franc-Maçonnerie.

Cette Fraternité possède une partie considérable du symbolisme, des formules et du rituel de l'Occultisme, transmis de temps immémorial et tirés des Initiations primordiales. Pour faire de cette Fraternité une inoffensive négation, les Jésuites envoyèrent dans cet Ordre quelques-uns de leurs plus habiles émissaires, qui firent d'abord croire aux simples frères que le véritable secret avait été perdu avec Hiram Abiff, puis  les amenèrent à insérer cette croyance dans leurs formulaires. Ils inventèrent ensuite des degrés supérieurs, spéciaux mais falsifiés en prétendant jeter plus de lumière sur ce secret perdu, afin de diriger le candidat et de l'amuser avec des formes empruntées à la réalité, mais ne renfermant aucune substance et arrangées avec art de façon à conduire le Néophyte nulle part. Et pourtant des hommes, pleins de bon sens et de capacités sous d'autres rapports, se réuniront parfois et, solennellement, avec zèle et activité, se livreront à la ridicule [V 302] occupation de révéler  "des secrets substitués" au lieu des choses réelles.

Si le lecteur se reporte à un très remarquable et très utile ouvrage intitulé The Royal Masonic Cyclopoedia, à l'article "Rosicrucianism", il constatera que son auteur, savant Franc-Macon de haut rang, montre ce qu'ont fait les Jésuites pour détruire la Franc-Maçonnerie. Parlant de la période durant laquelle cette mystérieuse Fraternité (au sujet de laquelle tant de personnes prétendent "savoir quelque chose" si ce n'est beaucoup, alors qu'en fait elles n'en savent rien) commença à être connue, il dit :

Dans le passé, les grandes masses de la société éprouvaient une crainte de l'invisible – crainte qui n'a pas encore complètement disparu, comme le prouvent clairement des événements et des phénomènes  récents. En conséquence, ceux qui étudiaient la Nature et le mental étaient obligés de se réfugier dans une obscurité, d'ailleurs accueillie assez volontiers... Les rêveries cabalistiques d'un Jean Reuchlin conduisirent à l'action enflammée d'un Luther et les patients travaux d'un Trithème produisirent le système moderne de la correspondance diplomatique chiffrée... Il est vraiment digne de remarque qu'un siècle spécial, et précisément celui où les Rose-Croix se montrèrent pour la première fois, se distingua dans l'histoire comme l'époque durant laquelle les plus grands efforts furent faits en vue de briser ces entraves du passé [la Papauté et l'Ecclésiasticisme]. De là l'opposition du parti menacé et sa virulence envers tout ce qui est  mystérieux ou inconnu. En retour, il organisa largement des sociétés pseudo-Rosicruciennes et Maçonniques et ces sociétés eurent pour consigne de prendre au piège irrégulièrement les frères les plus faibles, de l'Ordre Véritable et Invisible, puis de trahir triomphalement tout ce qu'ils auraient en la sottise de communiquer aux Chefs de ces associations transitoires et insignifiantes. Toutes les ruses furent employées par les autorités qui, pour leur propre défense, luttaient contre les progrès de la vérité, pour attirer, par persuasion, intérêt ou terreur,  ceux qui seraient susceptibles d'être amenés à accepter le Pape pour Maître... Une fois conquis, ainsi que de nombreux convertis à cette foi le savent, mais n'osent l'avouer, ils sont traités négligemment et abandonnés à leurs propres moyens, dans la lutte pour la vie, sans même être admis à connaître les misérables aporrheta que la foi Romaine se croit en droit de tenir cachées.

 Mais si la Maçonnerie a été dépouillée, personne n'est capable d'écraser le véritable et invisible Rose-Croix et l'Initié Oriental. Le symbolisme de Vishvakarman et de Soûrya Vikarttana, où Hiram Abiff était vraiment tué, a survécu, et nous allons maintenant y revenir. Ce n'est pas seulement un rite astronomique, mais c'est le plus solennel des rites, héritage [V 303] des Mystères Archaïques, qui a traversé toutes les époques et qui est usité jusqu'à présent. Il représente tout un drame du Cycle de la Vie, des incarnations progressives et des secrets tant psychiques que physiologiques, dont ni l'Eglise ni la Science ne savent rien bien que ce soit ce même rite qui ait conduit l'Eglise au plus grand de ses Mystères Chrétiens.

[Avec l'omission de quelques éléments incertains vers la fin, cette Section est pratiquement la sous-section 5 de la section V du manuscrit de 1886. Note de l'Editeur.]